• Home
  • Bédés sur le complot contre le LOSC
  • Documents confidentiels sur le LOSC
  • Drogue, bière & complot contre le LOSC
  • Live, potins et rumeurs infondées
S'abonner: Articles | Commentaires | E-mail
  • Classements oubliésCes classements oubliés, ringards, ou inventés par mes soins à partir de la réalité.
  • Complot contre le LOSCCar le foot est un sport qui se joue à 11, et à la fin, il y a un complot contre le LOSC.
  • Derbys du NordCar rien ne vaut plus qu'un Lille-Lens, si ce n'est un Lille-Lens gagné 4-0.
  • Donne-nous des nouvelles ...sinon, on va inventer des interviews bidons sur toi.
  • Elucubrations vaguement intellectualiséesParce qu'on est cons, mais qu'on voudrait que ça se voit pas trop
  • Féminines
  • le LOSC est grand, le LOSC est beau
  • Tournois oubliésHommage aux petits tournois, du Challenge Emile Olivier au tournoi de Pérenchies
Drogue, bière & complot contre le LOSC

Drogue, bière & complot contre le LOSC

Le foot est un sport qui se joue à 11, et à la fin il y a un complot qui empêche le LOSC de gagner

Archive pour la catégorie ‘Donne-nous des nouvelles …’


Posté le 30 juin 2016 - par dbclosc

Patrice Sauvaget, le goleador des matches qui comptent pour du beurre

Alors qu’il devenait sélectionneur de l’équipe de France, Jacques Santini se faisait interroger sur son style défensif, ce qu’il réfutait. En substance, Jacquot affirmait qu’il avait cette réputation depuis son passage à Lille et que ce style de jeu tenait aux qualités de l’effectif lillois. Et il avait ajouté un truc très proche du genre : « Forcément, avec Sauvaget, j’allais pas avoir une attaque de fou ». Bel hommage tout en finesse de Santini à celui qui avait participé à la mutinerie de solidarité envers lui lors d’un fameux match à Sedan en 1992.

Il est cependant vrai que rares sont ceux qui gardent de Patrice Sauvaget le souvenir d’un goleador. Et encore, ceux qui ont un tel souvenir le confondent avec un autre. En trois saisons au LOSC, Patrice est en effet titulaire au sein de l’attaque lilloise, mais ne score que 10 fois en 88 matches de D1 plus une fois en 6 matches de coupe de France. Et tout ça avec un record de 4 buts en une saison.

Et bien rendons à Patrice ce qui appartient à Patrice et complétons ce portait a priori moyennement flatteur en présentant une autre facette de lui : peu prolifique en D1 et en coupe de France, Patrice était en revanche un redoutable goléador lors des matches qui comptait pour du beurre (façon de parler, je parle des matches non officiels, et aucun beurre n’était en jeu).

Au cours d’une récente crise de geekation, je me suis mis en tête de recenser les matches amicaux du LOSC lors de ses préparations estivales des années 1990. Bref, je ne sais pas si Sauvaget a été efficace lors des matches amicaux de l’été 1989, mais je peux t’assurer qu’ensuite ça a été quelque chose.

Sauvaget, le goleador pour du beurre, Acte 1

La saison 1989-1990 s’achève, difficile pour le LOSC. Devant, Vandenbergh a fait une saison pourrie, Mobati est parti avant la fin des matches aller, ce qui a fait de Patrice le meilleur des attaaquants du LOSC cette saison-là. Mais un meilleur qui n’a quand-même marqué que 4 buts (dont 1 en coupe).

sauvaget

Il y a une erreur de flocage : il ne s’agit pas de Rolland, mais bien de Patrice. Ici, sous le maillot angevin

Mais comme Patrice est un garçon charmant, il nous fait espérer une belle saison lors de la préparation estivale. Il marque d’abord contre Lens pour le premier match (1-0), puis encore lors du second contre Dunkerque (1-1), avant de provoquer le pénalty transformé par Périlleux contre Rouen (2-0).

Pour terminer, il offre une passe décisive à H.Nielsen lors du quatrième et dernier match amical contre Waregem (5-1). Ca s’annonce bien.

Sauvaget, le goleador pour du beurre, Acte 2

La saison 1990-1991 a été très satisfaisante pour le LOSC, 6ème du championnat, mais un peu moins pour Patrice, auteur de seulement 4 buts en D1.

Il ne marque pas contre Toulon (1-2) mais marque le seul but lillois contre Beauvais (1-1). Mais on a encore rien vu : il inscrit un doublé contre Lens (3-0) puis un autre contre le Cercle Bruges (3-0), portant son total à 5 buts en préparation, ne laissant que des miettes à Frandsen (2 buts) et Brisson (1 but).

Sauvaget, le goleador pour du beurre, Acte 3

La saison 1991-1992 se termine pour le LOSC, et Patrice est pointé du doigt : il n’a marqué que trois buts en championnat. Enfin, la saison n’est pas tout à fait terminée, puisqu’il y a encore la coupe de la Ligue ancienne version à jouer et qu’elle est quand-même officielle quoi que nettement moins valorisée.

sauvaget 2

Patrice joue le premier match, à Lens et que fait-il à ton avis : comme lors des deux précédents matches amicaux contre le voisin honni, il plante marque, et un doublé, comme la fois précédente. Et encore se fait-il refusé un troisième but. Juste pour ça (5 buts en 3 derbys!), Patrice mérite sa médaille de dogue éternel, même s’il n’a pas marqué lors de son seul derby joué en D1. Il marquera un troisième but dans la compétition, contre St-Quentin (défaite 5-3), terminant meilleur buteur du club en coupe de la Ligue.

Seulement 3 buts en championnat en 1991-1992. Mais 5 autres en amical et 3 en coupe de la Ligue.

Patrice Sauvaget, le goleador pour du beurre, Acte final

La préparation de la saison 1992-1993 commence. Patrice est à l’entraînement à la reprise, mais clairement, on veut se débarasser de lui. Mota est arrivé, mais Patrice ne veut pas en rester là. Contre l’USVA (3-0), il marque encore une fois. Son dernier but avec le LOSC.

Le LOSC veut engager le Cannois José Bray. Ils s’arrangent avec les dirigeants azuréens et échangent Bray contre Sauvaget.

Patrice s’en va après avoir marqué au moins 22 buts avec le LOSC. Au moins, parce qu’on n’a pas compté ceux de l’été 1989.


Posté le 19 juin 2016 - par dbclosc

La génération du LOSC née en 1963-1964 (Partie 2) : que sont-ils devenus après le LOSC ?

Deuxième et dernière partie de notre feuilleton à succès sur les jeunes joueurs du LOSC nés en 1963 et 1964 et sur leurs parcours. Tu remarqueras que ces jeunes sont aujourd’hui vachement moins jeunes, mais là n’est pas la question. Non, aujourd’hui, je vais te parler des carrières post-LOSC des douze joueurs dont on t’a parlé il y a très peu.

Ce schéma suivant récapitule les « réussites » des carrières de ces différents joueurs. L’axe horizontal représente le niveau de ces joueurs sous le maillot du LOSC. En gros, plus ils sont placés sur la droite, plus ils ont été bons et prometteurs avec notre chère équipe, plus ils sont placés à gauche, moins ils ont montré de choses avec notre maillot. L’axe vertical représente ces mêmes joueurs selon leur après carrière lilloise, plus ils sont placés haut, plus ils ont fait une belle carrière après le LOSC, plus ils sont bas, moins ils réalisé de belles performances après leur départ de chez nous.

jeunes années 1980

Tu remarqueras qu’un axe rouge traverse le schéma, partant du coin en bas à gauche et allant jusqu’au coin en haut à droite. En gros, ceux qui sont au-dessus de cet axe se sont montré plus à leur avantage après leur départ que lorsqu’ils portaient le maillot des Dogues. C’est le cas de Michemiche Titeca et, surtout, de Bernard Lama ; ceux qui sont sur cet axe ont fait aussi bien au LOSC qu’après. Ce cas de figure concerne Rudi Garcia, Jean-Pierre Meudic, Éric Prissette et Philippe Périlleux. Les autres ont connu des carrières plus décevantes après leur départ, comme c’est le cas pour Thierry Froger, Luc Courson et Éric Péan, mais encore davantage pour Pascal Guion, Dominique Thomas et Pascal Plancque.

Ces joueurs dans le détail.

Pour eux, ça a progressé

Bernard Lama

C’est celui qui a joué le plus tard en équipe première, mais c’est finalement lui qui a fait la plus belle carrière. Titulaire au LOSC de 1986 à 1989, il joue ensuite à Metz (1989-1990), Brest (1990-1991), Lens (1991-1992), puis à Paris, où il connaît le sommet de sa carrière, devenant international A (44 sélections), champion de France et vainqueur de la C2 (entre autres).

Il joue ensuite brièvement à West Ham (1998) avant de revenir à Paris (jusqu’en 2000) avant d’effectuer une dernière saison à Rennes.

Michel Titeca

En 1983-1984, le petit Michel (il se dit qu’il mesure un mètre pile) se révèle. Il s’agira de son sommet lillois puisque son temps de jeu se réduit l’année suivante et qu’il part ensuite à Rouen, dans le cadre d’un échange avec Cyriaque Didaux. Il y fera l’essentiel de sa carrière puisqu’il y reste jusqu’en 1994, avec un intermède d’un an à Beauvais, pour rejoindre Wasquehal en National 2 et avec lequel il remontera, et jouera, en D2.

A Rouen, Michel Titeca (« Toi tu es chat » en français) connaît une carrière honorable. En D2, certes, mais il s’impose comme titulaire au poste de meneur dans un club qui joue chaque année la montée : il échoue d’ailleurs à trois reprises au stade des barrages. A titre individuel, la saison 1991-1992 est sa meilleure, Michel inscrivant 8 buts et réalisant 8 passes décisives, presque toutes pour Jean-Pierre Orts, un autre ancien Lillo. Il marque 32 buts en D2 et fait un paquet de passes décisives même si on ne les a pas toutes comptées.

Pour eux, ça a été dans la continuité du LOSC

Philippe Périlleux

Philippe passe sept années au LOSC, termine premier joueur de champ au classement des étoiles France Foot en 1989-1990 et devient ensuite international A’. Il part à Montpellier en 1991 où il passe quatre années, dont les trois premières comme indiscutable titulaire d’une équipe qui joue les outsiders. En 1995, Philippe revient au LOSC pour disputer une 8ème saison sous le maillot des Dogues, mais Périlleux n’a plus son (brillant) niveau d’antan. Il s’en va en 1996 pour disputer sa dernière saison pro avec Dunkerque.

Rudi Garcia

Sans jamais être titulaire indiscutable, Garcia est un élément utile de l’effectif lillois de 1983 à 1988 avec lequel il dispute 68 matches de D1. Parti à Caen, où il est enfin titulaire, Rudi passe trois années correctes en D1. Il part en 1988, pour une dernière saison pro à Martigues.

Comme Thierry Froger il se révèle avant tout comme entraîneur. Comme Thierry, il devient entraîneur du LOSC. A la différence de Thierry, il y rencontre le succès, notamment matérialisé par le doublé coupe-championnat de 2011.

Jean-Pierre Meudic

Jean-Pierre Meudic quitte le LOSC en 1987, après avoir montré des choses très intéressantes, mais sans avoir pu s’imposer. Normal, son entraîneur c’était Georges Heylens, qui lui préférait des stars confirmées. Il s’en va donc à La Roche-sur-Yon, en D2, où il passe trois saisons et marque 15 buts en D2. Il passe ensuite une dernière saison en D2, cette fois-ci à Bourges, sa ville natale, où il inscrit 11 buts, son record sur une saison.

A 27 ans, la carrière de Jean-Pierre touche visiblement à sa fin. Il passera encore deux saisons à Pau, en D3, où il sera l’indiscutable leader technique de son équipe, pour enfin terminer sa carrière à Lyon-Duchère, toujours en D3, où il arrive en 1993. Meudic symbolise bien cette génération née en 1963-1964 : du talent que tout le monde voit, mais en même temps une grande difficulté à passer un cap.

Éric Prissette

Sans jamais avoir été le meilleur de sa génération, Eric Prissette a fait une carrière honnête, restant plus de trois ans titulaire en défense, de 1985 à la fin de l’année 1988. Oublié par Jacques Santini, il s’en va en D2 au Havre en 1990. Il va alors avoir ses 26 ans. Après une année comme titulaire, il s’en va à Châteauroux où il reste deux ans. Mais il y joue très peu.

Pour eux, ça a été moins bien

Éric Péan

Il débute avec les Dogues en équipe première à 17 ans, en 1981, pour ne plus quitter le onze jusqu’à son départ plus de 6 ans plus tard. Péan n’a que 23 ans quand il quitte le LOSC, mais déjà 204 matches de D1 et 29 en coupe de France. Il joue deux ans à Bordeaux, où il termine d’abord deuxième du championnat et joue la Coupe d’Europe, mais il semble déjà un cran en-dessous lors de la seconde partie de sa première saison girondine.

En 1989, à seulement 25 ans, il entame un tour de France à Caen (1989-90), Toulon (1990-92), Lyon (1992-93), Angers (1993-1994) puis Tours (1994-1996). Très clairement, après son départ du LOSC il n’a jamais franchi le palier qui lui était promis.

Pascal Plancque

De l’ensemble des joueurs de cette génération, c’est vraisemblablement Pascal qui connaît la carrière post-LOSC la plus décevante. A Lille, il se révèle sans doute comme le plus prometteur de sa génération et il connaît le sommet de sa carrière au début de l’année 1985, lors de la double confrontation en coupe contre Bordeaux. Il a alors 21 ans. En 1987, il part pour Auxerre, un club ambitieux et il y découvre la coupe d’Europe. A son grand malheur, puisque c’est en coupe de l’UEFA qu’il se blesse gravement.

Il quitte Auxerre pour Laval en 1988, mais il ne retrouve plus jamais son niveau d’antan, ne jouant plus que les faire-valoir. Il part en 1990, à Pau en D3 : il n’a pas encore 27 ans. A Pau, Pascal est un joueur important, sans plus. En 1992-1993, il termine premier de son groupe de D3 avec les Palois et reste dans le club béarnais jusqu’en 1995. Très loin de ce que ses impressionnantes débuts avaient laissé espérer.

Dominique Thomas

Presque dix ans. C’est la période qui sépare le premier match en D1 de Dominique Thomas, avec le LOSC, de son dernier, toujours avec le LOSC. Une fidélité record, seulement entrecoupée d’une saison, 1988-1989, avec Bordeaux. Pas de bol pour Dominique, ça n’était pas le bon choix : il part pour Bordeaux pour passer un pallier dans une équipe qui joue la Coupe d’Europe tous les ans et termine 13ème du championnat quand Lille finit à la 8ème place. Quand, il revient, il est en-dessous de son niveau habituel.

Il se blesse gravement en fin de saison et ne joue plus pendant deux ans et demi, pour faire enfin 3 matches d’adieu en 1992-1993.

Pascal Guion

A l’été 1985, Pascal a 20 ans. Il vient de réaliser une saison pleine avec le LOSC en tant que quasi-titulaire, c’est-à-dire certes en concurrence avec Bernard Bureau mais par rapport auquel il s’est montré plus à son avantage, en 1984-1985. En outre, il est surtout l’auteur du but qui met Bordeaux et Lille à égalité en seizième de coupe de France, et ouvre la voie des prolongations pour une qualification historique (1-3 ; 5-1). Et puis, avec Michel Titeca, il est échangé contre Cyriaque Didaux. Direction Rouen et la D2.

Pascal ne le sait pas encore, mais cette saison 1984-1985 avec le LOSC, c’est le sommet de sa carrière. Il joue ensuite successivement à Rouen (1985-1986), Cannes (1986-1987), Beauvais (1987-1990), Reims (1990-1992), sans jamais sortir du lot. En 1992, Pascal n’a pas encore 28 ans quand il signe à Château-Thierry, en D4. Il y restera quatre ans et signera une dernière saison à Reims, alors en National 3, le cinquième échelon national.

Thierry Froger

Quand Thierry s’en va en 1986, il a 50 matches de D1 au compteur et demeure un honnête joueur de football. Il poursuit sa carrière à Grenoble, une année, puis passe quatre ans au Mans et met alors un terme à sa carrière, pas exceptionnelle, mais quand-même correcte. Mais c’est comme entraîneur que Thierry se révèle ce qui lui vaut même un titre France Foot d’entraîneur de l’année de D2 en 1996 avec Le Mans.

Il revient à 34 ans comme entraîneur des Dogues et on y croit. Mais ça se terminera mal pour Thierry, qui se fait péter la gueule (et une dent) par un supporter mécontent. Il est encore élu entraîneur de l’année de D2 en 2004 avant de se faire à nouveau molester par les supporters, cristoliens cette fois-ci, en 2015.

Luc Courson

De tous les joueurs de cette génération, Luc est le seul à n’être jamais parvenu à s’imposer, ne serait-ce que fugacement, comme un titulaire. Il quitte le LOSC avec seulement 16 matches en D1, étalés sur cinq saisons de 1983 à 1988, avec un pic à 8 matches et 323 minutes de jeu en 1984-1985. Comme un symbole de sa difficulté à passer un cap, Luc tire sur la barre en fin de match lors d’un fameux Lille-Bordeaux de coupe 1985, ratant l’occasion d’offrir la qualification aux siens.

Luc s’en va alors à Calais, en D3. Et puis plus rien en pro. Aux dernières nouvelles, il est maintenant l’entraîneur de Breteuil qui joue en DH.

La remarque très pertinente pour conclure

Ah oui, pour finir, je ne sais pas si tu as remarqué, mais les Pascal débutent vachement bien leur carrière pour ensuite avoir beaucoup de mal. Ceci est très révélateur et explique beaucoup de choses sur le déclin de l’émission « Pascal le grand frère ».

 

 


Posté le 14 juin 2016 - par dbclosc

Les destins liés du LOSC et de Didier Simon (Last night, Didier saved my life)

Quand on évoque l’équipe du LOSC de la fin des années 1970, celle de José Arribas qui est remontée en première division en 1978 pour terminer 6ème de l’élite l’année suivante en proposant un football spectaculaire, on évoque le plus souvent – et nous les premiers –  la partie la plus visible de l’iceberg – c’est une expression, ne cherche pas d’iceberg autour de toi – c’est-à-dire les finisseurs de l’équipe, Pierre Pleimelding, Roberto Cabral et Zarko Olarevic.

Pourtant, le succès de cette équipe doit aussi beaucoup à d’autres, humbles tâcherons qui ont contribué, en partant de plus ou moins bas sur le terrain, à cette belle réussite collective. On peut penser à Philippe Bergerôo qui gagne sa place de gardien en équipe de France sous nos couleurs, au regretté Serge Besnard, milieu et défenseur de devoir, à Alain Grumelon, le Rio Mavuba de l’époque, mais aussi à Arnaud Dos Santos, à mi-chemin entre un rôle de récupérateur et d’animateur de l’attaque.

Mais s’il ne fallait en retenir qu’un, il s’agirait de Didier Simon. Arrivé de Reims en 1976, son parcours épousera les contours de l’évolution de son club, comme si le destin de l’entité et du joueur étaient intimement liés.

Last night, Didier saved ma life

Au début de la saison 1976-1977, Didier Simon, 22 ans, joue encore au Stade de Reims dont il est le meneur de jeu. Dès la première journée, Simon et son club jouent contre le LOSC. Didier fait alors une partie d’une très grande qualité et se montre comme le meilleur bonhomme du match. Cette belle prestation a-t-elle attiré le regard des dirigeants lillois ? On ne sait pas. Toujours est-il que Didier rejoint le LOSC après quelques journées de championnat pour y rester six années.

simon1

Didier, le maillot rémois te donne un air constipé : t’es sûr que tu préfères pas porter le nôtre ?

En 1976, le LOSC reste sur une 13ème place en championnat. La performance apparaît modeste au regard de la qualité d’un effectif qui comptait alors Alain de Martigny, Ignacio Prieto, Stanislav Karasi et quatre internationaux français, Bernard Gardon, Michel Mézy, Patrick Parizon et Christian Coste, les deux premiers quittant le club – un peu forcés – à l’intersaison 1976. Le club dispose pourtant encore d’un effectif sympathique sur le papier, en tout cas suffisamment qualitatif pour espérer passer une saison tranquille voire pour espérer tutoyer les places d’honneur.

Didier y découvre une ambiance bien pourrave, laquelle est sans doute pour beaucoup dans l’explication du fait que le LOSC se retrouve déjà largué, bien au chaud à la dernière place, dès la fin des matches aller. Les cadres sont presque tous décevants, et Lille finit le championnat à la 19ème place. Didier constitue pour sa part l’une des rares satisfactions de la saison. A l’été 1977, il veut pourtant partir, un peu traumatisé par l’ambiance.

Fort heureusement, on prendra une sage décision. On dégage nos vedettes et on garde les jeunes joueurs qui ont émergé la saison précédente et qui, à défaut d’être les plus grands talents que la Terre ait portés, montrent sur le terrain une hargne qui ne sera pas inutile pour reconstruire un club dans la difficulté financière. Exit les Mézy, Karasi, Coste, Parizon et Gardon, bienvenue aux Pleimelding, Olarevic, Dos Santos et autres jeunes du club. Et José Arribas donc, en tant que coach, qui vient instiller sa philosophie du football et demande trois ans aux dirigeants pour remonter dans l’élite.

L’histoire en Didier et le LOSC est déjà commencée, mais c’est seulement maintenant qu’elle prend son essor. Il est, avec Zarko Olarevic, le leader technique de cette équipe qui assure la montée en D1 sur son terrain un soir de victoire contre Quimper. Indéniablement, Didier fait une très bonne saison, marquant 10 buts, mais offrant bien davantage que cela.

simon3

Didier + Simon = Didier Simon

En 1978, Didier retrouve donc la D1. Cette division, il la connaît bien, puisqu’il y a joué quatre ans avec Reims et une année avec le LOSC. Mais la situation n’est plus vraiment la même. C’est notamment son statut qui a changé, puisqu’il était un jeunot à Reims et que, à Lille, son aura était limitée par la concurrence des quelques stars et autres grandes gueules. Certes, au niveau sportif les ambitions de Simon ne sont pas beaucoup plus importantes puisqu’elles sont liées à celles, modestes, de son club. Mais il est maintenant un cadre au statut affirmé. Et il deviendra bientôt plus que cela.

Entre 1974 et 1977, le LOSC comptait dans ses rangs un certain nombre de joueurs dont la réputation dépassait largement le cadre du club, puisque plusieurs ont porté le maillot de l’équipe de France et que d’autres s’étaient fait une réputation pour leur talent, comme Prieto, et d’autres pour leurs frasques et leur talent (comme Karasi). En 1978, la donne est tout autre : il n’y a plus de vedettes à Lille, tout au plus quelques joueurs confirmés, comme Dos Santos, et surtout beaucoup de quasi-inconnus.

Ce LOSC de José Arribas est particulièrement tourné vers l’avant. Dès la première journée, le LOSC plante 4 buts contre le Nancy d’un certain Michel Platini (Dès qu’on parle de Michel Platini il faut que cela soit précédé par « un certain », me demande pas pourquoi c’est comme ça). Bien sûr, ils en encaissent aussi 3, mais cela leur a suffi pour gagner. Au passage, c’est Simon qui inscrit le but décisif à la 89ème minute de jeu d’un match qui apparaissait mal engagé après le but de Rubio portant le score à 3-1 pour Nancy (34è).

La suite sera du même acabit, Lille marquant beaucoup et encaissant beaucoup : victoire 5-3 contre Laval, match nul 4-4 à Metz, défaite 5-1 à St-Etienne, victoire 4-2 contre le PFC. Bref, au mois de novembre, le LOSC est confortablement installée dans le bas de la première partie du classement et quelques joueurs Lillois se font remarquer. Didier est étincelant à tel point qu’un certain Michel Platini pourrait commencer à se faire du souci. Didier, comme Pleimelding, est convoqué en équipe de France par Michel Hidalgo. Pleimelding jouera, mais pas Didier, en raison de la concurrence particulièrement forte à son poste en France à l’époque, et donc notamment celle d’un certain Michel Platini. Vu la forme hallucinante de Didier à l’époque, il n’est pourtant pas sûr qu’un certain Michel Platini soit vraiment bien au-dessus de lui à ce moment.

Après quelques défaites, les Dogues de José se sont dit qu’ils devaient peut-être mettre un peu d’eau dans leur vin et nuancent leur football-champagne (note que j’ai casé deux alcools, trois boissons, un animal et un José en une phrase d’une ligne et demie). Si leur moyenne de but en pâtit un peu, le LOSC enchaîne 10 matches sans défaite entre la 28è et la 37è journée, tout cela en n’encaissant que 8 buts, alors qu’ils s’en prenaient près de deux par match jusqu’alors. Ils terminent à une très belle 6ème place.

Comme je te le disais en introduction, le succès du LOSC cette saison-là est presque systématiquement associée à la mise en avant du trio d’attaque Pleimelding-Cabral-Olarevic. Forcément, leurs stats impressionnent : chacun 15 buts ou plus, 52 à eux trois. Didier, avec 8 buts, est loin de ces performances, mais des quatre acteurs essentiels du jeu offensif, c’est peut-être bien « Sim » – surnom que nous inventons et qui nous permet de rendre un hommage à l’acteur du même nom – qui a été le maillon le plus important.

Indice de la véracité de cette thèse : les performances lilloises ont été étroitement dépendantes du niveau de performance de Simon.

Simon-LOSC, destins liés

Au début de la saison 1979-1980, le LOSC a davantage d’ambitions qu’un an plus tôt. Certes, l’ambition est avant tout de stabiliser le club dans l’élite, mais une 6ème place pour un promu, ça donne des idées. Après 18 journées, et une victoire convaincante contre le PSG (4-2), le LOSC est d’ailleurs 7ème, confirmant ses belles perfs passées. La première partie de saison de Simon est à l’image de celle du LOSC : excellente et dans la continuité de la précédente. Mais c’est précisément là que Didier connaît une période de moins bien. Et le LOSC avec.

simon2

Ne pas confondre « l’étoile du Nord » (Didier Simon) avec « les poils du Nord » (Arnaud Dos Santos)

Lille enchaîne ainsi 5 défaites de rang, alors qu’il n’avait perdu que 13 des 56 matches depuis sa remontée. Le LOSC bat certes Strasbourg (2-0), le champion en titre, mais la série difficile continue puisqu’il ne prend qu’un point en trois matches, portant sa série négative à 1 victoire, 1 nul et 7 défaites en 9 matches. Peut-être encore pire : le LOSC n’a gagné que 2 de ses 17 derniers matches, pour 10 défaites. Didier retrouve alors sa dynamique d’antan, les Dogues suivent et s’éloignent de la zone rouge dont ils se rapprochaient, mais il est trop tard pour faire mieux qu’une 13ème place.

La saison suivante confirme le lien entre le niveau simonien et les performances du LOSC : Didier est très en-dessous de ce qu’il a montré les années précédentes, et les Dogues s’engluent en bas de classement. Lille s’en sortira finalement, finissant 17ème, à égalité de points avec le barragiste, Tours. D’ailleurs, le déclin statistique du trio Cabral-Pleimelding-Olarevic reflète bien celui de leur meneur de jeu : ils scorent 25 fois à eux trois, soit moins de la moitié de leur total de 1978-1979.

Alors, il est mort Sim ? Non, pas encore. Blessé en tout début de saison, Didier revient vite et montre qu’il n’a rien perdu de ses qualités, retrouvant le niveau qui avait fait de lui un postulant crédible à l’équipe de France. Les résultats s’en ressentent et, l’espace de quelques minutes, le LOSC prend la tête du championnat. Mais sa deuxième partie de saison sera désastreuse : entre pépins physiques et contre-performance, Didier n’est plus que l’ombre de lui-même. Sur le terrain en tout cas. Après, dans sa vie perso, j’en sais rien. Mais, bref, en parallèle, la fin de saison lilloise est très mauvaise.

Et après ?

Après ? Ah, oui, tu veux dire : après le LOSC, j’imagine ! En 1982, Didier a près de 29 ans et vient de passer six années au LOSC et rejoint alors Sochaux. Très rapidement, le meneur se blesse et loupe trois mois de compétitions. Mais son retour sera remarquable. Juste avant la trêve hivernale, Didier montre qu’il est encore là, contribuant royalement à la victoire des siens à Toulouse (2-6), en scorant deux fois et en réalisant une passe décisive (appelée parfois « remise » à l’époque).

Janvier et février seront également superbes pour Didier. Il joue 7 matches pendant ces deux mois (dont 1 en coupe) et marque à 8 reprises et réalise 2 passes décisives. Fait remarquable, quand il finit le mois de février, il reste sur une série de 8 matches au cours desquels il marque à chaque match, pour un total de 10 buts inscrits et 3 passes dé.

Mais Didier se blesse à nouveau, et, comme par Eden, Sochaux fait une fin de saison très pourrie alors qu’il avait enchaîné les victoires quand son meneur marquait en série (1). La fin de carrière de Didier sera compliquée puisqu’il se blessera souvent. Sans être mauvais, Simon n’aura plus l’occasion d’exprimer son talent en professionnel. Il met un terme à sa carrière en 1985, peu avant ses 32 ans.

On pense à toi, Didier. N’hésite pas à nous donner des nouvelles.

(1) La différence de performances du FC Sochaux entre le renouveau simonien et le reste de la saison est éloquente : 5 victoires et 2 nuls sur les 7 matches de D1 où Didier marque, et 4 victoires, 15 nuls et 12 défaites pour les autres matches.


Posté le 9 juin 2016 - par dbclosc

FC Nantes 1995-1996 : un banc de poisons (bientôt) lillois

Quand débute la saison 1995-1996, quatre joueurs qui allaient porter le maillot lillois et un qui l’avait déjà porté font partie de l’effectif du FC Nantes, champion de France en titre. Si Éric Decroix, arrivé de Lille un an auparavant est un titulaire indiscutable comme Christophe Pignol qui allait rejoindre l’effectif des Dogues lors de la remontée de 2000, David Garcion, Franck Renou et Laurent Peyrelade semblent promis au banc. C’est effectivement ce qui s’est passé pour eux, même si ces trois-là en sont très souvent sortis : 11 entrées en jeu pour le premier, 21 pour le deuxième et 25 pour Lolo toutes compét’ confondues, ce qui en a fait les trois joueurs sortant le plus souvent du banc du FC Nantes cette saison-là.

Ces trois joueurs, on le sait, ont été des « poisons » pour les défenses adverses, ce qui nous a autorisé à réaliser ce titre en forme de jeu de mot d’excellence.

Un faible temps de jeu prévisible

On pourrait se dire que c’est bien dommage que ces joueurs aient passé l’essentiel de leur temps de jeu sur le banc des remplaçants. Mais on pourrait prendre l’interprétation inverse, en soulignant que ces trois joueurs semblaient promis à ce statut, voire à moins bien : Franck Renou joue relativement peu, mais il double néanmoins largement son temps de jeu par rapport à la saison précédente ; David Garcion passe de 93 minutes en D1 en 94-95 à 423 ; Lolo Peyrelade signe quant à lui son tout premier contrat pro cette saison-là à l’âge de 25 ans.

Alors, certes, si l’on regarde du côté des minutes jouées par leur club, ces trois-là jouent peu : 26 % du temps total de jeu pour Renou, 14 % pour Peyrelade et 13 % pour Garcion. Mais on peut à l’inverse mesurer leur importance au regard du nombre de matches auxquels ils ont participé sur les 52 du FC Nantes : 31 pour Renou (60 %), 29 pour Lolo (56 %) et 16 pour Garcion (31 %). A défaut d’être des titulaires ils occupaient un rôle réel dans cette équipe et entraient en jeu en fin de matches pour faire valoir leurs talents de déstabilisateurs de défense.

Aucune minute à trois en D1

Etonnamment, alors que ces trois-là entraient très fréquemment, ils n’ont jamais joué en D1 tous les trois ensemble. On relève pourtant quatre matches où ils jouent tous les trois, mais à chaque fois l’un des joueurs sortant était remplacé par l’un des deux autres. Ou, plus précisément, à Chaque fois David Garcion remplace l’un de ses collègues, Franck Renou, deux fois, et Laurent Peyrelade pour ses deux seules titularisations.

Ils ont cependant joué ensemble en Coupe de la Ligue au mois de décembre 1995. Et même que Garcion avait marqué le seul but du match. La preuve si tu m’crois pas (et en plus t’ar ta gueule à la récré).

 peyrelade renou garcion

Franchement, rien qu’à lire les noms des joueur de Montpellier, j’me dis qu’on pourrait faire de bons jeux de mots avec

Des cinq Lillos de l’effectif nantais, seul Christophe Pignol n’a pas joué ce match. En 1/32è de coupe de France, au mois de janvier 1996, les cinq joueront même tous ensemble contre Saint-Quentin (victoire 7-1) : tous sont titulaires, sauf Franck Renou. Il entre en jeu en lieu et place de Savinaud à la 53ème. L’expérience sera cependant brève, 20 minutes en tout, puisque Lolo est remplacé par Da Rocha à la 73ème. Les trois poisons lillois auront passé 98 minutes ensemble sur le terrain en tout et pour tout.

Trois poisons, trois trajectoires différentes avec le LOSC

C’est d’abord David Garcion qui rejoint le LOSC en 1996-1997. Il se fait très vite remarquer et pas qu’un peu. Joueur à la technique impeccable, il joue un rôle essentiel dans l’excellent début de saison lillois. Dès la troisième journée, France Football lui octroie la note maximale de 6 étoiles – et c’est très rare – pour sa prestation ‘achement balèze contre Rennes (victoire 3-1). Jusqu’en janvier, David fait étalage de son talent. Sa fin de saison toute pourrie fait office de symbole de la dégringolade générale du club qui termine relégué, avec en prime une sombre histoire de dopage (tiens, pourquoi est-ce que je me sens obligé de préciser qu’elle est « sombre » cette histoire de dopage ?). Cette affaire plombera le reste de sa carrière. Longuement suspendu, il quittera Nantes après son retour de prêt pour jouer (un peu) à Guingamp.

garcion1

David Garcion a le sourire : ceci nous permet de dater avec certitude la prise de photo au cours de la première partie de saison 1996/1997

Franck Renou arrive en début de saison 1996-1997, comme joker, débute pour la 9ème journée et réalisera une saison très correcte et, sans faire de grandes étincelles, il fera partie des rares qui ont réussi à maintenir à peu près le cap sur la fin de saison. Il restera encore deux ans au LOSC, en D2. Où il effectuera une saison 97-98 correcte, avec un gros temps fort à la fin de l’année 1997, avant de perdre sa place avec Vahid Halilhodzic. Il s’en va en 1999, direction la D2 suisse et le FC Sion où il sera élu (me demande pas par qui) meilleur joueur de la division.

garcion1

Tu gardes toujours la bouche ouverte, Franck ?

Ah, au fait, viens lire cet article sur la victoire des Dogues contre Marseille en coupe de France : la victoire, c’est à ces deux-là qu’on la doit en grande partie, Garcion tirant le coup-franc et Renou concluant l’action.

Les trois ex-Nantais n’auront donc jamais joué tous les trois ensemble sous le maillot lillois puisque Lolo Peyrelade arrive en 1997 quand David Garcion s’en va, Renou faisant le lien entre les deux. Du trio, c’est incontestablement Lolo Peyrelade qui a laissé l’empreinte la plus indélébile auprès des supporters comme en atteste sa désignation dans le 11 de cœur du LOSC. S’il a gagné sa place dans les cœurs, c’est bien sûr grâce à des très belles performances, mais aussi grâce à sa simplicité et sa grande disponibilité auprès des supporters. Laurent Peyrelade, c’est l’attaquant de la montée, et c’est aussi celui qui s’est montré tellement décisif l’année de la remontée et de la première qualification lilloise en coupe d’Europe, en 2001. Il s’en va alors à Sedan.

peyrelade2

Selon certaines légendes africaines, regarder une photo de Laurent Peyrelade donnerait la patate pour sept générations

Des trajectoires très différentes, donc, pour le trio d’ex-Nantais. Mais chacun d’entre eux a contribué, éphémèrement ou non, a faire rêver les supporters lillos.


Posté le 7 juin 2016 - par dbclosc

Bruno Cheyrou, les doublés jumeaux

Comme cela peut arriver dans la vie de tous les jours, le football offre parfois des impressions de déjà-vu, c’est-à-dire le sentiment de vivre une situation que l’on a déjà vécu, tout en sachant bien que cela est impossible. Il existe de nombreuses causes à ce phénomène psychologique encore peu exploré mais, au-delà de toute dimension scientifique, il se peut aussi simplement qu’une impression de déjà-vu soit en effet un déjà-vu. Ainsi, chaque joueur a des caractéristiques propres, ces qualités sont plus ou moins mises en valeur par le système dans lequel les joueurs s’intègrent et, somme toute, les matches se suivent et se ressemblent : si on le connaît bien, on peut même souvent anticiper le choix que va faire un joueur quand il reçoit le ballon (et prier si on sait qu’il opte pour la mauvaise solution. Exemple : Mavuba arme à 25 mètres). On peut même remarquer que certains joueurs ont une préférence pour la réalisation de certains gestes, qu’ils répètent au point qu’on leur donne un nom spécifique (une « papinade » pour une reprise de volée, une « Zidane » pour une roulette, ou une « Zlatan » pour certains types de reprises acrobatiques)1. De même, David Trézéguet a souvent mis des buts similaires et, à Lille, on se rappelle à quel point le jeu de tête de Beck ou les dribbles de Gervinho et d’Hazard ont apporté de nombreuses situations dangereuses qu’on sentait venir de loin.

Ces habitudes et ces possibilités de prévision renvoient donc à des systèmes de jeu liés aux qualités des joueurs, qui créent des automatismes. Il est cependant insolite qu’un joueur semble marquer exactement le même but. C’est ce qui est arrivé à Bruno Cheyrou, sous les couleurs du LOSC : il a même fait plus fort, puisque les buts de ses deux premiers doublés avec le LOSC sont exactement les mêmes : son premier, contre Créteil, est réalisé alors que Lille est encore en deuxième division. Ce match de la 35e journée, le 29 avril 2000, est facilement remporté (5-0), et officialise le titre de champion du LOSC. Bruno Cheyrou y inscrit les 3e et 4e buts : c’est son premier doublé en championnat professionnel.

Image de prévisualisation YouTube

56e minute : bien servi par Laurent Peyrelade, Bruno Cheyrou se retrouve isolé côté gauche : de son pied favori, il croise sa frappe qui termine dans le petit filet opposé.

80e minute : coup-franc lillois à une vingtaine de mètres, décalé côté droit. Du pied gauche, Bruno Cheyrou choisit le côté ouvert, à ras de terre. Le gardien est battu sur son côté droit.

Un peu plus d’un an plus tard, le 12 mai 2001, Lille tente d’accrocher l’Europe à l’issue de sa formidable saison. Lors de la 33e et avant-dernière journée, le LOSC se rend au Parc des Princes, et revient avec un nul (2-2), grâce à au deuxième doublé de son numéro 28 aux 12e et 69e minutes. Le résumé du match est à retrouver sur cette vidéo :

Image de prévisualisation YouTube

Comme on le voit, à la 12e minute, Bruno Cheyrou enroule un coup-franc à une vingtaine de mètres, à ras de terre, légèrement décalé côté droit. Dominique Casagrande est battu sur sa droite. Puis, à la 69e minute, le décalage de Landrin permet à Bruno Cheyrou de frapper pied gauche dans le petit filet opposé.

Voilà. Nous n’avons pas d’explication à proposer, et il n’y en de toute façon aucune à trouver. Le plus incroyable reste tout de même que le LOSC ait, quelques temps après, formé un joueur qui ressemblait très fort à Bruno Cheyrou, et qui laissait une impression de déjà-vu, c’est-à-dire le sentiment de vivre une situation que l’on a déjà vécu, tout en sachant bien que cela est impossible. Par exemple, vous croyez peut-être avoir déjà lu cette phrase. Il existe de nombreuses causes à ce phénomène psychologique encore peu exploré, mais il peut simplement s’agir d’un petit frère : Benoît qu’il s’appelait.

Cheyrouu

 

FC Notes :

1 Ce qui est différent des gestes associés à un joueur parce qu’il est le premier – devant des caméras de télévision en tout cas – à l’avoir réalisé (comme une Madjer ou une Panenka).


Posté le 2 juin 2016 - par dbclosc

Aux origines du LOSC (3/4) : le logo motive

L’euro commence dans 8 jours. Comme toutes les autres grandes compétitions sportives, il sera un haut lieu de démonstration identitaire, avec ses couleurs, ses drapeaux, ses hymnes, et le « folklore » plus ou moins authentique des supporters. Ce phénomène de déclinaison traditionnelle du patrimoine identitaire, avec des enjeux commerciaux tout aussi puissants, est exacerbé au niveau des équipes nationales. Mais il se retrouve également déjà à l’échelle d’un club, qui ne peut se construire sans avoir lui-même de références qui, à l’image de la formation d’une nation, créent un sentiment d’appartenance commune. Au LOSC, cela se traduit notamment par la création d’un logo, évolutif selon les périodes, renvoyant lui-même à plusieurs symboles censés puiser dans l’imaginaire que le club souhaite refléter.

« La vie, c’est du théâtre », chante Alain Souchon, qu’on aime bien, et qu’il fait chic de citer comme ça, même si ça n’a peut-être pas de rapport direct avec ce qui suit. Ce qu’on veut dire, c’est qu’il peut paraître a priori paradoxal, dans monde supposément rationnel dans lequel on vit et, disons-le, légal-rationnel pour reprendre la terminologie de Max Weber, d’observer l’importance de la théâtralisation et de la personnification dans les relations sociales. Ainsi, les attributs dont s’entourent une personne (par ses vêtements, par exemple) ou une institution (par un logo) visent à créer une sorte de surplus d’affirmation de soi, voire de domination, sur ceux sur lesquels ils s’exercent. Les symboles représentent le plus souvent autant de signes qui renvoient à l’existence de groupe, et lui permettent d’exister en tant que tel. C’est donc notamment le rôle joué par les logos des clubs de foot. Chacun d’eux se doit d’en être doté : symbole esthétique, repère identitaire, il est aussi une marque commerciale, parfaitement valorisé dès le plus jeune âge car les albums Panini ont l’excellente idée de les rendre brillants. Ils permettent aux équipes de se mettre en scène pour les adversaires et le grand public, de plus en plus nombreux à mesure que les moyens de communication se développent. Les grands événements sportifs internationaux se doublent de cérémonies spectaculaires qui, à certaines périodes de l’histoire, puisent intensément dans la revendication de ce que l’on est ou supposé être. Au point que l’on a reproché aux Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996 de manquer d’âme et d’afficher trop crûment une identité fondée sur des produits de consommation à diffusion mondiale. Les Jeux de Nagano en 1998, et, dans d’autres contextes, de Berlin en 1936 ou de Salt Lake City en 2002, par contraste avec ces « jeux Coca Cola », se sont appuyés sur des drapeaux, des hymnes, des détails vestimentaires à forte connotation patriotique. Le drapeau pour une équipe nationale, le logo pour un club : c’est là la base de la reconnaissance aux yeux des autres. Voyons ce qu’il en est pour notre club chéri.

 

Le logo entre en lys

 Les logos du LOSC ont toujours comporté du rouge, du blanc, et parfois du bleu. Cela renvoie bien entendu aux origines de l’Olympique Lillois et du Sporting Club Fivois, eux-mêmes reflets des couleurs de leur ville, on en a parlé ici. L’emblème du club reprend donc les couleurs traditionnelles des deux équipes dont le LOSC est le produit.

Olympique_lillois.svgSC_Fives.svg Directement inspiré des meilleurs panneaux routiers, le logo de l’Olympique Lillois prête à confusion car il semble signifier l’interdiction de l’OL. Ceci rappelle la bonne blague du type qui arrive à Calais alors qu’il avait précédemment vu un panneau « Pas-de-Calais ». Le Logo du SCF est quant à lui rassurant car il rappelle évidemment le Caducée, symbole de la médecine, signe que les joueurs sont en bonne santé.

Ces deux emblèmes ont un côté artisanal tout à fait charmant. Le premier écusson du LOSC est conçu pour la saison 1945/1946. Sobre, il représente une fleur de lys blanc sur fond rouge. Très vite, on lui ajoutera l’appellation LOSC. Pourquoi donc une fleur de lys ? Et d’ailleurs, est-on bien sûr qu’il s’agit d’une fleur de lys ?

1945Premier écusson du LOSC, conçu pour la saison 1945/1946

Nous écrivions dans le précédent volet qu’en héraldique, les symboles lillois se décrivent ainsi : « de gueules à la fleur de lys florencée d’argent » (en français : une fleur de lys argentée sur fond rouge).

lis1199On trouve trace des armoiries de Lille dès 1199 sur le sceau d’une charte. Dans un premier temps, le lys comporte 5 fleurs, ou 5 pétales, et est très proche du lys royal de France, que l’on trouve sur les monnaies au XIIe siècle. C’est au siècle suivant, au XIIIe, que sur divers documents (notamment la Charte Jeanne de Flandres), le lys, en tant que symbole (et pas seulement lillois), ne comprend plus que 3 fleurs, au lieu de 5. La ville de Lille semble ainsi faire allégeance à l’autorité royale. Cela semble en plus correspondre avec le latin lilia, qui signifie lys, façon de faire coïncider le nom de la vile avec son emblème. En fait, c’est un peu plus complexe que cela : la fleur représenterait non pas un lys, mais de l’iris, et plus précisément l’iris d’eau, qui poussait jadis dans les marais entourant la ville. En effet, si Lille a pareille dénomination, c’est parce qu’elle est originellement une île située dans la vallée marécageuse de la Deûle. Sur cette île, les comtes de Flandres avaient un château au XIe siècle (quand Lille était rattachée au comté de Flandres), autour duquel s’est construite la ville. Ses anciennes appellations, aussi bien en ancien français (L’Isle) qu’en Flamand (Rijsel, de Ter Yssel) rappellent cette localisation primitive. Par ailleurs, un lys florencé n’est rien d’autre qu’une variété d’iris (un iris horticole). Alors, symbole politique ou attachement à la flore locale ? Sans doute un peu des deux, et on saura manier l’une ou l’autre interprétation selon les circonstances.

Quoi qu’il en soit, cette fleur demeure pendant des siècles l’emblème de Lille, jusqu’à la Révolution, où les armes à la fleur de lys, notamment placées aux portes de la ville, sont bannies, puisqu’elles rappellent la monarchie. Quelques années plus tard, afin de rendre hommage à la résistance héroïque de la ville lors du siège de 1792 relatif à la guerre franco-autrichienne, Napoléon dote Lille d’un nouveau blason, marqué par les symboles de l’Empire.

600px-Blason_ville_fr_Lille-Empire_(Nord).svgLe décret du 6 juin 1811 attribue à Lille le blasonnement suivant [entre crochets, la traduction] : « coupé d’azur [bleu] et de gueules [rouge], l’azur au drapeau en barre d’argent orlé [entouré] d’or, de gueules à la ville fortifiée [référence à la Citadelle et aux portes de la ville] et bombardée [référence aux bombardements autrichiens], le tout d’argent. Le chef [le haut] cousu des bonnes villes de l’empire qui est de gueules à trois abeilles [abeille = symbole impérial : organisation autour d'un chef, qui produit quelque chose de doux et bon, le miel] d’or ». Brièvement supprimé durant une partie de la Restauration (de 1816 à 1830) au profit du retour à l’ancien blason, cet emblème perdure finalement jusqu’à la fin du Second Empire et la chute de Napoléon III en 1870. Ces emblèmes impériaux sont encore visibles sur le dôme de la Poste place de la République, sur le fronton de la préfecture, de la salle du Gymnase (place Sébasto), ou du palais Rameau.

Blason_ville_fr_Lille-Restauration_(Nord).svgAu retour de la République, dans les années 1870, les abeilles (symbole impérial) sont remplacées par des étoiles (ci contre ; on trouve ça place Philippe Lebon, sur l’ancienne faculté de médecine). Mais la fleur va vite réapparaître : dès 1882, une séance du conseil municipal débat du retour des armes médiévales, mais on évite de parler de « lys », encore trop marqué politiquement. En 1901, le maire de Lille, Gustave Delory, souhaite enfin se débarrasser des marques impériales et monarchiques, histoire que le blason de la ville ne change pas à chaque changement de régime. Il rétablit finalement le blason initial, sans que l’on ne sache précisément si on a affaire à du lys ou de l’iris… Il s’appuie en fait sur le traité de Péronne (1190), qui porte les armes de Lille (donc, avec une fleur), mais comme ce traité est antérieur à l’intégration de Lille dans la royauté, Delory veut signifier par là que la ville et ses symboles sont apolitiques, et donc en dehors de ces querelles entre partisans et adversaires de la monarchie. Le président de la République Émile Loubet signe en 1902 un décret indiquant que les armoiries de Lille sont « de Gueules à la fleur d’iris d’argent » (une fleur d’iris argentée sur fond rouge). Dans les faits, on parle de « lys », à mesure que la question monarchique s’apaise, c’est-à-dire qu’elle n’est plus une ligne de clivage structurante de la vie politique, qui s’est républicanisée. LilleC’est finalement en 1926, à l’initiative du maire Roger Salengro, que le blason authentique est rétabli. On parle donc traditionnellement de « fleur de lys » pour symboliser Lille, mais tout cela est bien compliqué. 

On remarque donc que le premier logo du LOSC se contente de reprendre l’emblème de la ville de Lille, à savoir « de Gueules à la fleur d’iris d’argent ».

 
Pas triste logo

Au sortir de la guerre, les dirigeants du LOSC se sont certainement dit : « il nous faudrait un pas triste logo », une phrase demeurée célèbre du côté de Nantes qui, au hasard d’un malencontreux défaut de prononciation, a conduit à la formation d’un avant-centre prolifique1. Le logo simpliste initial est rapidement surmonté de LOSC, en blanc sur fond bleu, ce qui évoque Fives. Jusqu’aux années 1980, les emblèmes demeurent assez similaires et sobres, reprenant les trois couleurs traditionnelles, avec un rouge dominant, une fleur de lys blanche plus ou moins étendue ou large. La seule variation notable concerne l’inscription « LOSC » : elle est absente entre 1946 et 1955, au profit du seul « Lille », comme si on avait oublié Fives, en dépit du bleu, et comme si le club se confondait avec la ville. Sinon, LOSC apparaît toujours, une fois décliné en entier, et agrémenté d’un joli ballon en 1974, première innovation visuelle majeure.

logo 1

 

Un logo qui a du chien

Deuxième innovation majeure : l’apparition d’un dogue sur le logo en 1981. Pourquoi donc ? Petit détour par l’histoire.

La fin du XIXe siècle est une période mondiale de nationalisation des États : autrement dit, c’est l’époque où, dans le monde occidental, et notamment en France, les dirigeants politiques, profitant du progrès des communications, des transports, du développement du suffrage universel, s’attachent à uniformiser le territoire qu’ils dirigent : les patois locaux et les identités régionales sont combattues pour mieux mettre en avant une « identité nationale2 » : création d’une éducation nationale, recherche d’ancêtres communs à tous les français (Vercingétorix, Clovis…), valorisation du patrimoine architectural, littéraire, scientifique, généralisation d’une langue nationale, et développement de la culture de masse, qui permet aussi de s’éduquer au national « par la fête », pour reprendre l’expression de l’historienne Anne-Marie Thiesse3 : ainsi, à côté de la nationalisation par les institutions scolaire et militaire, se retrouver au moment du 14 juillet autour de symboles tels que Marianne, le drapeau bleu-blanc-rouge, visiter la Tour Eiffel, permet de créer un sentiment d’appartenance visant à séparer « nous » et « eux », dans un contexte de fort antagonisme avec l’Allemagne. Toutes proportions gardées, ce sont des phénomènes similaires que l’on retrouve dans le sport. C’est dans les compétitions sportives que se généralise l’usage d’un des éléments les plus pittoresques de la « liste » identitaire, l’animal national. Par exemple, dès 1907, les maillots des rugbymen de l’équipe d’Afrique du Sud arborent le Springbok (« antilope sauteuse »). Plusieurs pays sont ainsi associés à un animal4. Et, localement, on associe traditionnellement les Nîmois aux crocodiles, les Nantais aux canaris, les Sedanais aux sangliers, les Lorientais aux merlus, les Niortais aux chamois… et les Lillois aux dogues.

À vrai dire, là aussi, il y a controverse sur l’origine du dogue Lillois : il aurait été est « inventé » dans les années 1920, le dogue étant le chien de la femme du premier président Henri Jooris  ; autre version, selon Patrick Robert, « historien » du LOSC : « Ça remonte aux années 30. Après un match contre Paris gagné par l’Olympique lillois au Parc, un journaliste parisien a comparé les joueurs à des dogues parce qu’ils ne lâchaient rien » ; dernière origine supposée : le dogue aurait été choisi plus tardivement comme emblème car un chenil se situait près du stade Henri-Jooris, où jouait l’équipe. On a pu en tout cas vérifier que dans les années 1920, le surnom de « Dogues » est déjà bien ancré (ou encré, ça marche aussi tiens) dans la presse ; on va alors plutôt suivre la piste ouverte par Jacques Verhaeghe qui raconte que, dans un journal aujourd’hui disparu, hostile à l’OL, dès janvier 1920, le surnom de « Dogues » était déjà utilisé de façon péjorative. L’article de la Voix du Nord poursuit : « [Jacques Verhaeghe] a aussi retrouvé une photo où les Lillois ont entre les mains un dogue en tissu. Il leur avait été remis en février 1920 à l’occasion d’un 8e de finale de Coupe de France contre l’Olympique de Paris. Un match que les Nordistes avaient remporté. Un baptême du dogue a aussi été organisé à la Taverne liégeoise, le 29 février 1920 ». Voilà qui semble attester d’une dénomination canine assez précoce5.
Comme on le signalait pour les couleurs de maillot, les origines précises de chaque détail sont assez mystérieuses, ce qui contribue à les parer d’une dimension quasi-mystique : plus c’est imprécis et hasardeux, et plus c’est paré d’une dimension fantastique. Quoi qu’il en soit, à travers l’animal, ce sont des valeurs de pugnacité et de combat que l’on veut porter. Intégré officiellement au logo en 1981, le Dogue est désormais clairement assimilé au LOSC : les supporters ne s’y trompent pas, en créant des sections aux noms renvoyant directement à cet emblème (Les Dogues Virage Est, les Dogues d’honneur, ou les Doggies, pour ne citer qu’eux). Dans un autre registre, quand certains adversaires – que nous ne citerons pas – nous désignent comme étant « les caniches », il faut aussi y voir une marque de reconnaissance de la patte « Dogues »6 : on ne désacralise que ce qui est sacré.

Jouons aux logos

À partir des années 1980, on a parfois le sentiment que les changements de logo reflètent les lubies des dirigeants, persuadés que cet emblème – pardon, cette « identité visuelle », comme on dit chez les oies gavées aux écoles de commerce – et ce qu’ils y projettent a une importance fondamentale en termes de stratégie marketing. On retrouve là, surtout à partir des années 2000 (comme pour le maillot), la tension entre la volonté de s’ancrer localement, de chercher des racines régionales à exhiber, et l’envie de répondre à des logiques d’un autre domaine, avec ses règles propres et parfois en contradiction avec l’implantation nordiste, les logiques du monde commercial, fait – entre autres – d’apparences et de croyances7.

L’apparition du Dogue en 1981, rouge aux reflets bleus, est une officialisation institutionnelle du surnom de « Dogues », qui avait pu apparaître au départ comme une désignation stigmatisante, mais qui a été finalement rapidement approprié pour en faire un atout, dans une logique de retournement du stigmate, comme dirait Goffman. Il correspond aussi à la période où le LOSC devient une société anonyme d’économie mixte sportive (SAEMS), dont la ville de Lille est l’actionnaire majoritaire : le club passe donc dans le public, ce qui n’est pas sans importance sur l’évolution des logos. Ainsi, l’apparition de Lille Métropole en 1989 signifie la volonté des dirigeants de faire du LOSC « le club de la Métropole » (une ambition toujours d’actualité, on en a parlé ici), en installant de nombreuses infrastructures et en mettant en place des partenariats locaux, et de se servir du LOSC pour promouvoir la communauté urbaine, sponsor qui apparaît sur le maillot à cette période. La reprise en main publique du club constitue donc une sorte de tournant : le LOSC, ce n’est plus que Lille et Fives (même si le bleu est davantage présent), c’est le club de l’agglomération lilloise, dont il devenu le club-phare, et c’est le club du public, qui finance indirectement le plan de sauvetage du président Lecomte en 1994, via le conseil régional, la mairie et la communauté urbaine. C’est en outre à partir de ce moment que le Dogue se confond avec la fleur de lys, symbolisant cette volonté de communion. L’emblème est légèrement modifié en 1997, à une période d’intense activité de merchandising dont on avait parlé dans notre bilan de la saison qui s’est achevée par la descente en D2, et avant la cession totale du club au privé. Le club devient officiellement le LOSC Lille Métropole en 1998, la communauté urbaine ne souhaitant subventionner que les clubs sportifs la promouvant par cette mention.

La privatisation en 2002 est symbolisée par un changement de présidence, mais aussi de logo, manière classique de marquer une césure et de laisser une empreinte personnelle. Le duo de présidents Dayan-Graille ayant davantage assuré la transition financière, ils n’y ont pas touché. C’est en 2002 que le LOSC entre donc dans une ère plus commerciale, avec des dirigeants rompus aux exigences de l’image (le président est issu du monde du cinéma), du fonctionnement du marketing privé, de la communication et de la publicité. Les abonnés reçoivent lors de l’été 2002 un courrier dans une novlangue libérale et publicitaire justifiant le changement de logo. L’acronyme LOSC est désormais central, et la fleur de lys bien plus discrète, symbole du désengagement de la ville. Dernier changement en 2012 : justifié par l’entrée dans le grand stade, il se distingue là aussi par des justifications marketing sur lesquelles on reviendra plus précisément dans le 4e volet : la fleur de lys y est plus visible, le bleu réapparaît, le Dogue (devenu blanc) est toujours présent, et apparaît une flamme rouge. Avec la fin de la subvention métropolitaine, la mention « Lille métropole » disparaît.

logo 2


L’intériorisation d’une identité commune passe par un ensemble d’actes sociaux comme le fait de partager les mêmes symboles. Après le nom dans le premier volet, les maillots dans le deuxième, on a vu ici que les logos, aussi intériorisés et naturalisés qu’ils soient, sont porteurs d’une histoire complexe qui ne va pas de soi. Le blason change, mais restent ses traits fondamentaux originels, qui visent à inscrire l’entreprise dans un ancrage temporel et géographique qui lui est pourtant largement antérieur. Cette histoire met avant tout en exergue des origines, à moitié avérées, à moitié reconstruites a posteriori, comme c’est le cas de tout processus de reconnaissance collective, tout en lui laissant une marge qui lui permet de modifier, sur le temps long, en fonction des conjonctures, une identité amenée à évoluer au gré des stratégies économiques. On prolongera cette idée dans le quatrième et dernier volet de notre dossier.

FC Notes :

1 Au cas où cette phrase demeurerait mystérieuse, y a un lien hein.
2 Nous mettons l’expression entre guillemets car nous n’ignorons pas les usages politiques dont elle fait l’objet, mais elle reste objectivable et pertinente en tant que création politique historiquement située.
3 Thiesse Anne-Marie, La création des identités nationales : Europe, XVIIIe-XXe siècle, Paris, Seuil, 2001.
4 L’histoire du coq français est longue et complexe, mais cet animal permet notamment un jeu de mots avec le mot latin « gallus », qui signifie à la fois coq et gaulois. Un peu comme lilus : lys (et Lille).
5 Suite de l’article, avis aux archéologues de la presse : « Maintenant, il faut que j’arrive à retrouver l’article qui parle du match. J’ai une piste, c’est que ce journal n’existe plus », conclut Jacques Verhæghe. « Ce serait intéressant de savoir où ce match s’est joué et pourquoi le journaliste a appelé les Lillois comme ça ».
6 Patte… Dogues… Tu l’as ?

7 On y reviendra plus spécifiquement dans le 4e volet du dossier.

Volet 1 du dossier : http://droguebierecomplotlosc.unblog.fr/2016/05/31/aux-origines-du-losc-14-comment-le-losc-sest-fait-un-nom/
Volet 2 : http://droguebierecomplotlosc.unblog.fr/2016/06/01/aux-origines-du-losc-24-le-losc-prend-des-couleurs/

Volet 4 : http://droguebierecomplotlosc.unblog.fr/2016/06/04/aux-origines-du-losc-44-lactualisation-de-lheritage/


Posté le 30 mai 2016 - par dbclosc

Joël Henry, c’était le temps des copains

Etrangement, Joël Henry n’a pas été cité lors de notre consultation pour la désignation du « 11 de cœur ». Pourtant, Joël Henry – Joël Depraetere lors de son premier match en D1 – est l’un des plus grands talents ayant joué au LOSC, pas si loin que ça dès Hazard et Karasi à en croire certains. Il est aussi quelqu’un qui véhicule des valeurs plutôt sympathiques : privilégiant les valeurs de l’amitié, n’exprimant aucun regret de ne pas avoir réussi une carrière à la hauteur de ce que son talent pouvait lui permettre d’espérer et se reconvertissant en dehors du football avec bonheur, illustrant par-là que le football est autre chose que la compétition forcenée qu’on nous vend souvent aujourd’hui.

Joël est ainsi lancé dans le grand bain le 18 août 1978 à Nantes par José Arribas. Il n’a alors que 16 ans et pas tout à fait quatre mois, lui qui est né à Armentières le 19 avril 1962. La saison suivante, il marque son premier but sous le maillot lillois lors d’un match contre le PSG (4-2), à seulement 17 ans et 7 mois. Joël Henry est incontestablement un talent précoce. A l’issue de la saison, Joël a joué 10 matches avec l’équipe première (2 buts marqués) et représente l’avenir du club.

Dans le cadre du recrutement de Merry Krimau en provenance de Bastia, Henry fait le chemin inverse et rejoint en prêt l’Ile de Beauté. Le milieu offensif ne part cependant pas dans la peau d’un titulaire mais les difficultés rencontrées par le club bastiais vont rapidement lui offrir du temps de jeu. En début d’année 1981, le coach Antoine Redin décide – avec bonheur – d’en faire un titulaire au poste de milieu offensif. Henry débute 13 des 15 matches de de janvier à mai 1981 en D1 avec Bastia, pour 4 buts et 2 passes décisives.

Mais c’est surtout avec la Coupe que Henry se fait un nom et connaît ses premières heures de gloires : à tout juste 19 ans, il remporte la finale contre le Saint-Etienne de Platini et est considéré par de nombreux observateurs comme le meilleur joueur de la finale, donnant la leçon à un Platoche fantomatique. Au total, il marque 6 fois au cours de la saison et, plus généralement, il joue un rôle offensif fondamental : le talent de dribbleur de Joël est désormais bien connu de la France du foot et c’est avec difficulté que le LOSC le fait revenir de son prêt.

Lille a indéniablement une pépite. Son début de saison tonitruant n’est pas sans lien avec l’excellent début de saison du LOSC. Après 12 journées, Henry a déjà marqué 6 fois et donné 2 passes décisives. Puis il connaît la première de ses nombreuses blessures, ne jouant plus de ce fait que deux matches (pour 117 minutes) après la 16ème journée.

joel henry4

Ben oui les Dogues montrent « les crocs », ils vont pas montrer leurs … non, laisse tomber.

La saison 1982-1983 s’annonce en revanche radieuse pour le LOSC qui recrute quelques vedettes : l’Algérien Kourichi et les internationaux français Didier Christophe et Albert Gemmrich signent ainsi au LOSC, rejoignant (entre autres) Bergeroo, Muslin, Verel et donc Joël Henry, au sein d’un effectif qui peut nourrir de légitimes ambitions. Christophe ne se plaira pourtant jamais à Lille et Gemmrich fût plus efficace comme fouteur ed’brin dans les vestiaires que devant les buts (0 but). Une excellente saison de Henry, notamment ponctuée de 8 buts – mais aussi de quelques pépins physiques – , sera insuffisante pour permettre au LOSC de terminer plus haut qu’à la 13ème place. Mais les Dogues auront cependant un sympathique lot de consolation en atteignant la demi-finale de la coupe : déjà une routine pour Joël, déjà vainqueur de l’épreuve deux ans plus tôt.

Henry n’a alors que 21 ans, mais il est déjà en fin de contrat à Lille

Brest et les copains

A l’été 1983, Joël est très courtisé, mais il fait le choix du cœur en rejoignant Brest où joue son pote Bernard Pardo qu’il a connu à Lille. Choix du cœur et, paraît-il, choix de la teuf : il se dit que Jojo ne rechignait pas à partager quelques pintes de chouchen avec son pote Nanard Pardo et ses autres co-équipiers brestois. Un écart de conduite de trop – lui et Pardo sont retrouvés dans la voiture de Jojo, la voiture dans le fossé, à 6 heure du mat’ quelques heures avant un match contre Metz – aboutit à sa mise à l’écart du groupe pendant une quinzaine de jours.

joel henry5

Contrairement aux allégations de cette photographie, Henry et les Brestois n’avaient rien de bouchers

Bref, Henry s’amuse bien à Brest et ses deux premières saisons brestoises sont assez correctes même si elles sont un gros poil en-dessous de ce qu’on aurait pu attendre étant donné le talent du bonhomme. Mais l’essentiel n’est pas là pour Joël …

Mais sa troisième saison est celle de trop, en tout cas footballistiquement. Henry n’est plus l’ombre du virevoltant milieu offensif qu’il était et finit sa saison avec la réserve du club finistérien.

Nice et Toulon

Joël s’en va alors pour la Côte d’Azur et pour Nice. Il fait des débuts canon, marquants 4 buts, faisant 2 passes décisives après 15 journées et marquant le jeu azuréen de son empreinte. Mais on assiste très vite à ce qui est finalement un « retour à la normale » pour Henry : il perd ensuite en influence et en efficacité sur le jeu azuréen.

Eté 1987, nouveau déménagement pour Joël qui s’en va rejoindre les anciens lillois rencontrés au centre de formation, Bernard Pardo et Jean-Pierre Mottet, ainsi qu’un futur dogue historique, Patrick Collot. Il y rejoint aussi par ailleurs Bernard Casoni, David Ginola et Laurent Paganelli. Il fait une saison globalement moyenne dans une équipe qui monte progressivement en puissance. Paradoxalement, Joël semble footballistiquement plutôt sur la pente descendante, mais il joue pour la première fois dans une équipe qui termine à la 5ème place en D1.

Fin de carrière nantaise

1988. Henry a désormais 26 ans et, après 10 ans de carrière, sa cote a légèrement pris du plomb dans l’aile. S’il trouve un contrat à Nantes, une équipe assez ambitieuse, il ne part pas comme titulaire, situation inédite pour lui depuis son prêt à Bastia alors qu’il avait alors 18 ans. Il doit faire ses preuves et ses débuts sont logiquement difficiles dans une équipe au jeu alors assez défensif.

Joël réussit pourtant son pari : il est en pleine bourre sur la fin des matches aller, marquant 1 but et faisant 2 passes décisives en 4 matches et réalisant de très belles prestations. Blessé en décembre, il loupe quelques matches, mais il revient bien fin janvier. Encore blessé en avril, il revient bien dans la dernière ligne droite. Arrivé sur la pointe des pieds, Joël remporte son pari et obtient une prolongation de contrat à Nantes qui termine 7ème et nourrit de belles ambitions.

Mais il s’agissait des derniers soubresauts dans la carrière chaotique de Joël Henry. S’il est titulaire pendant encore deux an et demi au FCN, il est un bon cran en dessous de ce qu’il a monté par le passé, à Bastia, Lille, Brest et même à Nice. Blessé au cours de sa dernière saison nantaise, il met fin à sa carrière professionnelle en 1992, à l’âge de 30 ans. Ses statistiques de ses trois dernières saisons nantaises sont très modestes : seulement 5 buts et 4 passes décisives en 86 matches, très loin de ses performances de la période 1980-1984 au cours de laquelle il inscrit 27 buts en 108 rencontres.

Quel bilan pour la carrière de Joël ?

D’un point de vue sportif, il est indéniable que le sommet de la carrière d’Henry se situe à son début, d’abord avec Bastia puis avec Lille. Quand il quitte Lille, à seulement 21 ans, il vient de réussir trois très belles saisons, ponctuées d’une finale de coupe remportée, d’une autre demi-finale, et de performances de très haut niveau qui en font alors un candidat très sérieux à l’équipe de France.

Henry garde de bons souvenirs de sa période lilloise et sans doute encore davantage de son année bastiaise. Mais, quand il évoque ses souvenirs de footeux, c’est sa période brestoise qu’il met le plus volontiers en avant : c’est le temps des copains et, pour lui, ça n’a pas de prix.

Et ça, il l’a payé Joël. Et On peut comprendre que ça ait dérangé. Mais Henry a fait un choix et a finalement un discours assez frais sur le football : pas de rancœur mal placée, pas de regrets exprimés sur sa carrière peut-être pas tout à fait au niveau de son talent. Non, Joël exprime surtout la joie d’avoir fait une carrière de footballeur pro et d’avoir fait de belles rencontres.

joel henry ratio

Le graphique ci-dessus, qui montre le déclin progressif de son ratio buts/50 matches, traduit le fait qu’il n’a pas été aussi haut que ses débuts pouvaient faire espérer. Aujourd’hui, on dirait qu’il a raté sa carrière : mais n’a-t-il pas au contraire compris que l’essentiel n’est pas là ?


Posté le 28 mai 2016 - par dbclosc

Lille 1965-1967 : la « André Guy dépendance » ?

Il y a un nouveau thème de polémique très con qui a été lancé il y a quelque temps dans la presse footballistique, c’est celui de la « quelqu’un dépendance ». Je te résume : en gros, il s’agit de souligner que quand un joueur particulièrement bon est absent, son équipe marche moins bien. Il en découle des polémiques du genre : « mais tu te rends pas compte ! Ils ont fait une grave erreur en le prenant, parce que quand il est pas là, leurs résultats sont moins bons ! ».

Ce à quoi t’as envie de répondre : « non ? Sans rire ? Quand tu recrutes un super joueur, ton équipe elle a de meilleurs résultats avec lui que sans lui ? » (Bordel, c’était donc à ça que ça sert de recruter de bons joueurs ! Avoir de meilleurs résultats avec eux que sans eux !). Et, au passage, d’un coup tu comprends vachement mieux le petit gamin bourge qui était privé de piscine privée par ses parents et qui était triste : c’est parce qu’il était piscine-privée dépendant ! Et en fait, tu te dis d’un coup, les riches ils ont pas d’bol.

La polémique a quand-même de quoi faire un peu rigoler. Les mecs – parce que c’est surtout des mecs qui viennent commenter ça – ils arrivent à te trouver des problèmes là où il n’y en a pas, c’est terrifiant. Rappelle-toi, en début de saison, on a eu droit à cette polémique avec Sofiane Boufal. On nous a mis en garde contre la « Boufal dépendance ». Tu remarqueras en plus que, vu nos résultats de l’époque, on avait quand-même un peu de mal à croire dans la « Boufal dépendance » : franchement, sans lui, je suis pas persuadé qu’on aurait fait une entame bien plus pourrie (1).

En plus, quand tu regardes les résultats du LOSC, la Boufal dépendance ne s’est pas trop vérifiée. Avec Sofiane titulaire, le LOSC a pris 1,48 point par match. Sans lui, 1,82 (2). Alors, à part vendre du papier, les polémiques sur la « Boufal dépendance », je vois pas trop à quoi ça sert.

Bref, tout ça pour dire que y’a pas de raisons. Si certains vendent du papier sur la « quelqu’un dépendance », pas de raison qu’on n’en profite pas. D’où ce papier sur la « André Guy dépendance » du LOSC entre 1965 et 1967.

André Guy, le buteur coquet aux 46 buts en 2 ans

André Guy arrive au LOSC en 1965, de Saint-Etienne où il vient d’inscrire 45 buts en deux saisons. Il a 24 ans, et 3 sélections et un 1 but avec les Bleus. Incontestablement, c’est une bonne pioche pour les Lillois qui viennent de terminer à la 9ème place du championnat pour leur première année en D1 après la remontée. Soit dit en passant, il ne sera pas de trop, puisque le LOSC vient de perdre son trio Ehrardt-Magny-Lachot auteur de 37 buts en 1964-1965.

andré guy

Bienvenue André … enfin Guy … enfin … pfff … je sais plus à la fin …

Au LOSC, Guy marquera 22 puis 20 buts. Il reste à ce jour le dernier joueur à avoir atteint la barre des 20 buts en une saison deux fois de suite avec le LOSC, même s’il est vrai que Pierre Pleimelding fût ensuite tout proche de cette performance. 42 buts en deux championnats, et 4 en coupe de France, André marque près de la moitié des buts de son club sur la période, soit exactement 46 sur 110 (42%).

La « Guy dépendance » 1

Forcément, avec une telle importance dans le total de Lille, Guy est nécessairement le joueur dont un club est un peu dépendant : avec lui, ça sera particulièrement vrai. Sur les 34 journées au cours desquelles il marque au moins un but, le LOSC gagne à 22 reprises, pour 2 nuls et 10 défaites ; quand il ne marque pas, Lille gagne seulement 5 fois, fait 12 nuls et perd 25 fois. Quand André marque, le LOSC gagne dans 65 % des cas (et prend 1,35 pts/match), mais seulement dans 12 % des cas (0,52 pt/match) quand il ne marque pas.

D’ailleurs, cet article de l’époque te montre que cette question de la Guy dépendance, on se la posait à l’époque, mais sous d’autres termes.

andré guy article

Certes, c’est logique que Lille gagne plus quand son buteur marque. Mais le contraste est cependant particulièrement marqué. A titre de comparaison, depuis que Boufal est arrivé au LOSC, les Dogues ont gagné 58% des 12 matches au cours desquels il marque (2 pts/match) et 43 % des autres (1,53 pts).

 

La « Guy dépendance » 2

Autre illustration de la « André Guy dépendance » du LOSC :

Le 19 mars 1967, des buts des deux André (Guy et Houen) donnent la victoire au LOSC dans le derby contre Lens. A dix journées de la fin, les Dogues se retrouvent quatrièmes, soit leur meilleur classement depuis 1958.

 andré guy classement

C’est à ce moment qu’André, mais pas que lui, commence à cafouiller : il ne marque qu’un seul but lors des 10 dernières journées et cela se ressent dans les résultats de son équipe : Lille ne gagne qu’un match (le jour de son dernier but) contre Monaco, fait trois 0-0, et s’incline 6 fois, marquant 4 fois pour 16 buts encaissés. Lille perd à Sedan (4-1), contre Bordeaux (1-2), à Nantes (4-0) puis retrouve le chemin de la victoire contre Monaco (2-1). Lille se retrouve alors 6ème, et le 3ème est à quatre longueurs.  Restent alors à jouer Valenciennes (11è), le Stade Français (dernier), Sochaux (13è), St-Etienne (1er), Nîmes (17è) et Rennes (12è). Sauf avec le leader stéphanois, le tableau apparaît alors assez dégagé : Mais Lille échoue à Valenciennes (0-3), contre la lanterne rouge (0-0), à Sochaux (0-1), contre le leader (0-1) comme contre les Nîmois (0-0) et les Rennais (0-0).

Le dernier buteur lillois est André Guy, 607 minutes avant la fin de cette saison. Lors de la première journée de la saison suivante, Claude Petyt mettra fin à la série après 63 minutes de jeu. André Perrin vient de Lyon pour remplacer André Guy. Il marque 9 buts (dont 4 en 5 matches sur les 7 premières journées). André Breuval arrivera aussi, d’Abbeville. Il inscrira 4 buts.

Est-ce que c’est vraiment une si bonne idée que ça d’échapper à la « Guy dépendance » ?

Donc, bon, voilà : oui, c’est vrai, le LOSC était un peu « Guy dépendant », mais franchement, on va pas s’en plaindre, ça veut dire qu’on avait André Guy à l’époque. Comment aurait-on pu éviter cette « Guy dépendance » ? Pour te l’expliquer, j’ai imaginé un dialogue entre Jean Denis et Jules Bigot, respectivement président et entraîneur du LOSC en 1965.

Jean Denis : Wesh, Jules. Bien ? Là j’ai un bon contact avec André Guy, il pourrait signer pour nous.

Jules Bigot : Pfiou ! Pfiou ! Pfiou ! je sais pas … si on le prend, il va nous marquer plein de buts, je sais pas si c’est une bonne idée …

JD : hein ?

JB : Ben oui, s’il marque plein de buts, on va se retrouver « Guy-dépendant » et après, si on se retrouve avec un gars genre Perrin à sa place, ça va faire mal.

JD : …

JB : en plus, avec André Houen, on a déjà un André devant, ça ferait deux André, ça serait le bordel quand un joueur crierait « passe à André ! » ou « t’as André sur le côté ! » …

JD : Ah ouais, t’as ptet raison. Je fais quoi alors ? Je prends tout de suite Perrin ?

JB : Ouais, c’est mieux, comme ça on prépare bien la D2.

JD : Ouais, c’est vrai que André Guy pour préparer la D2 c’est pas terrible.

JB : Tope-là président ! Au fait, c’est quoi son prénom à Perrin ?

JD : Ben … André …

JB : euh … ben, oublie mon argument sur les André alors.

Voilà, voilà … comme quoi, c’était possible d’éviter la « Guy dépendance ».

 

(1)    Après 12 journées, seul un but lillois avait été marqué par un autre joueur que Boufal. Franchement, vous vous imaginez vraiment que si on l’avait pas eu on se serait coltiné une moyenne de 1 but tous les 12 matches tout au long de la saison ???

(2)    Même si on ne retient dans le décompte que les matches où Boufal n’a pas joué du tout, la moyenne reste de 1,55 points/match sans lui.

 


Posté le 24 avril 2016 - par dbclosc

Le patient Jean-Pierre Lauricella

Jean-Pierre Lauricella est aujourd’hui l’entraîneur des gardiens du RC Lens. Destinée qui apparaît des plus logiques quand on sait qu’il est né à Charbonnier-les-Mines, la ville au nom le plus minier de la terre entière.

Pourtant, avant d’échouer au RC Lens, Jean-Pierre fût longtemps un « éternel lillois ». Né le 4 février 1965, Jean-Pierre arrive au centre de formation du LOSC en 1979, à l’âge de 14 ans. Le jeune Jean-Pierre – oui, je sais, « jeune » et « Jean-Pierre » nous apparaît aujourd’hui un peu oxymorique, mais pas à l’époque – semble alors promis à un bel avenir.

D’abord derrière Bergeroo, Mottet et Lama

Dès la saison 1981-1982, il fait ses débuts avec la réserve du LOSC en D3. Il ne joue alors qu’un match. Pas mal pour un jeune qui a alors tout juste 17 ans et qui doit faire face à une très forte concurrence : le n°1 est Philippe Bergeroo, international A, le n°2 est alors Jean-Pierre Mottet, quand le n°3, de deux ans son aîné, n’est autre que Nanard Lama.

Puis n°3 …

La saison suivante, le toujours jeune et mineur – bien que footballeur – Jean-Pierre profite du prêt de Lama à Abbeville pour jouer un peu plus avec la réserve : 6 matches. Pas énorme, mais déjà beaucoup vu la concurrence. La saison se finit en apothéose, avec un titre de champion d’Europe avec l’équipe de France des moins de 18 ans. L’avenir s’annonce radieux …

Lama est encore prêté la saison suivante, et la place semble se dégager, avec le départ de Bergeroo qui propulse Momotte comme titulaire de l’équipe première. Jean-Pierre n’est cependant pas n°2, puisqu’il se place derrière le jeune Sylvain Matrisciano, deux ans de plsu que lui. Il joue tout de même 8 matches, améliorant encore son temps de jeu avec la réserve.

Le départ de Sylvain Matrisciano malgré le retour de Lama semble lui donner des chances supplémentaires. En 1984-1985, il joue même davantage de matches que Lama avec la réserve, faisant de lui un quasi n°2. La saison 1985-1986 confirme cependant que Nanard est devant et à l’issue de la saison, Jean-Pierre semble donc à peine plus avancé que quatre ans auparavant.

Et puis les prêts et un statut de n°3 persistant

Il est alors prêté à Valenciennes, où il joue ses 17 premiers matches pros, en D2. Revenu à Lille, il reste troisième gardien, derrière Lama, n°1, mais aussi derrière Dominique Leclercq arrivé en début de saison. Jean-Pierre est alors à nouveau prêté en 1988-1989, à Annecy en D2, où il est l’indiscutable taulier dans les cages.

Et puis le Graal …

Et puis voilà, à 24 ans, Jean-Pierre atteignait enfin le Saint-Graal. Enfin, son Saint-Graal à lui : la place de n°2, derrière Jean-Claude Nadon nouveau portier de l’équipe première.

lauricella

Jean-Pierre est tellement lié à Grimonprez que certains prétendent que la décision de détruire ce stade a été prise quand il a quitté le LOSC

Il joue alors l’essentiel des matches avec la réserve, et, chose incroyable, il débute même en D1. Il débute ainsi dans les cages le 3 mars 1990 contre Lyon et préserve sa cage inviolée. Il jouera 7 autres matches, encaissant quand-même au passage 13 buts, dont 5 à Montpellier, sans pourtant être vraiment responsable de la déroute.

Le gardien qui empêchait les buts de son équipe

Jean-Pierre est alors n°2, et il le restera jusqu’à la fin de sa carrière professionnelle en 1996. Entre temps, il disputera en tout et pour tout 6 autres en matches en D1.

Particularité de la carrière de Jean-Pierre, sur les 5 matches qu’il joue entre 1991 et 1996, son équipe ne marque aucun but, puisque Lille s’incline contre Metz (0-2), Toulouse (0-1), Monaco (0-3), Nantes (0-2) et Bordeaux (0-2). Il est en quelque sorte le gardien qui empêchait les buts. Pas ceux de ses adversaires (il en encaisse 2 par match) mais ceux de sa propre équipe.

Bon, d’accord, il ne stoppait pas nos tirs, mais y avait quelque chose en lui qui faisait que, même quand il était bon, ça se passait rarement bien pour nous.

Tu me diras, ça se passait pas non plus génialement bien avec Jean-Claude Nadon. Mais quand-même un peu mieux.

Jean-Pierre rejoint alors Tourcoing en 1996. Dix-sept années après son arrivée avec une fidélité qui force le respect de tout supporter lillois. Jean-Pierre, on ne t’oublie pas.


Posté le 9 avril 2016 - par dbclosc

Ludobraniak : le meilleur de nos super-subs

Ludovic Obraniak, 31 ans, joue aujourd’hui au Maccabi Haïfa en Israël. Arrivé au LOSC en janvier 2007, à l’âge de 22 ans, il y restera cinq ans avant de partir pour Bordeaux, lassé de jouer les doublures de luxe d’Eden Hazard. Il est vrai qu’en matière de « luxe », rarement le LOSC aura eu une doublure de cette valeur.

Les super-subs ce sont des joueurs qui ne sont pas des titulaires indiscutables mais qui sont diablement efficaces quand ils entrent en cours de match. Généralement, ceux qu’on désigne sous cette appellation sont des buteurs et c’est à leur ratio but/temps joué qu’on évalue leurs talents de super-sub.

A Lille, nous avons eu quelques super-subs mais le « meilleur » d’entre eux a sans doute été Ludovic Obraniak. Ludobraniak, doté d’un talent certain spécifiquement sur les coups de pied arrêtés, s’est davantage distingué comme un passeur décisif efficace que comme un buteur, ce qui ne l’a pas empêché de mettre en exergue son talent de super-sub décisif en finale de Coupe de France 2011 en marquant le but vainqueur.

Des débuts comme titulaire

Super-sub de classe, Ludobraniak avait pourtant débuté comme titulaire lors de son arrivée de Metz en janvier 2007. Enfin, les six premiers mois, le temps de s’intégrer, il alternait entre place de titulaire et place sur le banc et entrée en cours de match. Mais dès la saison 2007-2008, il devient titulaire indiscutable et le reste jusqu’à la fin de la saison suivante.

Obraniak

- Et cet Obraniak, il est tatoué ?

- Ben, oui qu’il est à moué !

Cependant, en 2009-2010, le jeune Eden Hazard s’impose progressivement et prend peu à peu la place de Ludo comme titulaire. Ludo résiste encore cette saison-là, mais Eden se montre très vite indispensable. Au LOSC, la place offensive à gauche bénéficie alors d’une densité QSGesque puisque Rudi Garcia dispose de deux des meilleurs – si ce n’est des deux meilleurs – à ce poste.

Ce statut de remplaçant d’Eden Hazard se confirmera par la suite, ce qui finira par lasser Ludo qui s’en va à Bordeaux en janvier 2012.

Jamais aussi bon que comme super-sub

Pourtant, si Ludovic en a marre de cirer le banc à Lille, il faut bien dire que ses performances n’ont jamais été aussi bonnes que quand il était dans ce rôle. Regarde ici la comparaison de ses « actions décisives » (Buts et passes décisives) selon le temps de jeu entre la période janvier 2007-juin 2009 et celle allant d’août 2009 à janvier 2012.

Obraniak G1

D’ailleurs, ce différentiel d’efficacité selon le rôle s’observe encore mieux quand on compare le ratio d’actions décisives quand Ludobraniak était titulaire ou quand il était remplaçant. Entre 2009 et 2012, quand il est titulaire, il fait ainsi une action décisive toutes les 330 minutes environ, alors qu’il lui faut environ 70 minutes quand il entre en cours de jeu. Entré en cours de match, Ludo a des stats cristianoronaldesques.

Obraniak G2

2010-2011, son sommet

En 2010-2011, le statut de Ludobraniak était clairement établi : il n’était pas titulaire, ni titulant ou remplaçaire, il était clairement remplaçant. En ligue 1, il ne débute ainsi que 5 matches. Et pourtant, c’est clairement le sommet de Ludo même s’il ne l’a sans doute pas exactement vécu ainsi. Il devient ainsi champion de France et est d’une belle efficacité quand il entre en cours de jeu.

L’impact de Ludovic Obraniak a été tout particulièrement marquant en Coupe de France puisqu’il est passeur décisif ou buteur sur tous les buts lillois à partir des 16ème de finale. C’est lui qui sert De Melo sur coup-franc contre Wasquehal en 16ème (1-0), qui offre l’égalisation à Hazard contre Nantes en 8ème (1-1, 3 tab à 2), qui est passeur sur les buts de Gervinho et Hazard en demi à Nice (2-0) et, surtout, donc, qui marque le but de la victoire en finale contre Paris (1-0). Il marque également ses tirs aux buts contre Nantes et également contre Lorient en quart (0-0, 5 tab à 4). Seul Mathieu Debuchy peut également prétendre avoir réussi ses tirs aux buts lors de ces deux matches.

S’il profite du fait que Rudi Garcia fait davantage tourner en coupe pour être le plus souvent titulaire, c’est encore comme remplaçant qu’il débute la finale. Et qu’il confirme qu’il est bien le super-sub des Dogues. Et, bien sûr, son but à voir et à revoir.

Image de prévisualisation YouTube


1...89101112

  • Recherchez aussi :

    • - vahid halilhodžić dijana halilhodžić
    • - emilie poyard point
    • - matt moussilou
    • - amis du losc
    • - george kasperczak
  • Articles récents

    • Lille/Valenciennes 1974 : le LOSC à la barre
    • Lille/Boulogne 1974 : le derby traîne dans la boue
    • Un feu d’armistice pour la dernière à la maison
    • Le LOSC à 9 (1995-2022)
    • Les Anciens Dogues à Londres
  • Commentaires récents

    • Beaucourt dans À jamais les premiers ! L’Olympique Lillois premier champion de France professionnel (1932-1933)
    • Antoine dans Destinées de réservistes du LOSC
    • bauwens dans 9 000 spectateurs à Grimonprez… Guichets fermés !
    • Francois dans Les destins liés du LOSC et de Didier Simon (Last night, Didier saved my life)
    • Stanaszek Eddie dans Le coup de barre du LOSC
  • Archives

    • mai 2022
    • avril 2022
    • mars 2022
    • février 2022
    • janvier 2022
    • décembre 2021
    • novembre 2021
    • octobre 2021
    • septembre 2021
    • août 2021
    • juillet 2021
    • juin 2021
    • mai 2021
    • avril 2021
    • mars 2021
    • février 2021
    • janvier 2021
    • décembre 2020
    • novembre 2020
    • octobre 2020
    • septembre 2020
    • août 2020
    • juillet 2020
    • juin 2020
    • mai 2020
    • avril 2020
    • mars 2020
    • février 2020
    • janvier 2020
    • décembre 2019
    • novembre 2019
    • octobre 2019
    • septembre 2019
    • août 2019
    • juillet 2019
    • juin 2019
    • mai 2019
    • avril 2019
    • mars 2019
    • février 2019
    • janvier 2019
    • décembre 2018
    • novembre 2018
    • octobre 2018
    • septembre 2018
    • août 2018
    • juillet 2018
    • juin 2018
    • mai 2018
    • avril 2018
    • mars 2018
    • février 2018
    • janvier 2018
    • décembre 2017
    • novembre 2017
    • octobre 2017
    • septembre 2017
    • août 2017
    • juillet 2017
    • juin 2017
    • mai 2017
    • avril 2017
    • mars 2017
    • février 2017
    • janvier 2017
    • décembre 2016
    • novembre 2016
    • octobre 2016
    • septembre 2016
    • août 2016
    • juillet 2016
    • juin 2016
    • mai 2016
    • avril 2016
    • mars 2016
    • février 2016
    • janvier 2016
    • décembre 2015
    • novembre 2015
  • Catégories

    • Classements oubliés
    • Complot contre le LOSC
    • Derbys du Nord
    • Donne-nous des nouvelles …
    • Elucubrations vaguement intellectualisées
    • Féminines
    • le LOSC est grand, le LOSC est beau
    • Tournois oubliés
  • Méta

    • Inscription
    • Connexion
    • Flux RSS des articles
    • RSS des commentaires
  • Suivez-nous sur Twitter !

    Twitter

    Twitter

    • 70 ans aujourd'hui : joyeux anniversaire Vahid ! https://t.co/R6JfiZiiVQ il y a 1 jour
    • Puis le derby Lille/Valenciennes gagné par les Dogues, qui prolongent une impressionnante série d'invincibilité. Av… https://t.co/f9mR6SttKK il y a 2 jours
    • Tout d'abord, le derby Lille/Boulogne en janvier 1974 : un match heurté, joué dans des conditions difficiles, qui s… https://t.co/C2zcR8fc1f il y a 2 jours
    • Cette semaine, on s'est replongés dans la saison 1973/1974, année de remontée en D1 pour le LOSC ⏬⏬ https://t.co/oR80VBlxWz il y a 2 jours
    • [Rediffusion] Il y a 89 ans, l'Olympique Lillois devenait le premier champion professionnel de football ⬇️ https://t.co/D9svrbgiGq il y a 3 jours

    Suivre @dbc_losc sur TwitterSuivez-moi

© 2022 Drogue, bière & complot contre le LOSC - Le foot est un sport qui se joue à 11, et à la fin il y a un complot qui empêche le LOSC de gagner

Actufootclub |
Danserbougerbouger |
Dbclosc |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Onambg Wrestling
| Book Léo
| Pétanque de l'Europe