Archive pour la catégorie ‘Donne-nous des nouvelles …’
Posté le 6 avril 2016 - par dbclosc
6 avril 2001 : l’histoire d’un coup de boule de Laurent Peyrelade
Le 6 avril 2001, veille de son anniversaire, Laurent Peyrelade inscrivait un doublé dont un but fantastique grâce à un lointain coup de boule au cours d’un match de haut niveau contre Bordeaux. Revenons sur son parcours lillois, et rappelons-nous (encore) une période dorée.
Quand on évoque Laurent Peyrelade, on a le sourire. D’abord parce qu’il a a été durant 4 saisons un attaquant losciste aux performances régulières. Outre un très honnête total de 36 buts en 126 matches de championnat (D1 et D2 confondues), il fait partie de ces joueurs dont on n’a pas le souvenir qu’ils aient fait un jour un mauvais match, et ce en dépit de deux saisons en D2 (97/98 et 98/99) qui ont souvent conduit à remettre en cause, en plus de l’équipe dans sa globalité, quelques performances individuelles. Adroit devant le but, altruiste, grand artisan de la remontée en 2000 puis de la 3e place en 2001, et auteur de quelques réalisations marquantes (voir plus bas), il était la garantie d’une performance exemplaire. Et on a aussi le sourire en se remémorant son propre sourire : Laurent Peyrelade, c’est le mec sympa, cool, et content de jouer au foot. En témoigne sa manière récurrente de répondre aux journalistes, sans se prendre au sérieux, glissant souvent une petite vanne, ou même la difficulté que nous avons eue à trouver des photos « sérieuses » dans nos archives : on le voit souvent fêter ses buts ou ceux des autres avec un sourire communicatif ou des grimaces qui nous font bien marrer.
Débuts modestes et révélation au Mans
Laurent Peyrelade débute sa carrière en championnat amateur : formé au Limoges Landouge foot, il rejoint ensuite l’ASPTT Limoges qu’il contribue à faire monter en PH en 1988 puis en DH en 1989. Il découvre la 3e division (National 1) à Brive de 1990 à 1993, où il profite de la proximité avec Clermont pour y passer son DEUG STAPS, à Pau en 1993/1994, où il a comme coéquipiers Bob Senoussi, Fred Viseux et Pascal Plancque, et de nouveau à Brive la saison suivante. Il découvre donc le football professionnel assez tardivement : en 1995, à 24 ans, il est en effet recruté par le FC Nantes, tout juste sacré champion de France. D’un strict point de vue numérique, le club nantais compense ses deux départs en attaque (Loko au PSG et Siasia au Portugal) par les deux arrivées de Kosecki, et donc de Laurent Peyrelade. Bien sûr, Laurent arrive plutôt pour remplacer Siasia, nigérian au faible temps de jeu, auteur de 4 buts en deux saisons. La saison s’annonce cependant longue, puisqu’il faut jouer la ligue des champions, et il pourrait alors profiter de l’accumulation des matches pour tirer son épingle du jeu. Mais, concrètement, le temps de jeu de Laurent Peyrelade est très faible en championnat : 21 matches joués, dont seulement deux comme titulaire, pour un total de 361 minutes jouées sur la saison… et tout de même un but, à Lyon, lors de la 32e journée, qui permet aux Nantais d’arracher le 1-1 à la 86e. Dans les coupes nationales, Laurent profite d’un temps de jeu plus élevé pour se distinguer : en coupe de la Ligue, il est titulaire à Montpellier en 1/16, et Nantes s’impose ; en 1/8e, son but en prolongation n’empêche pas l’élimination face à Guingamp (2-3). En coupe de France, il marque l’un des sept but nantais Saint-Quentin en 1/32e, mais manque le dernier tir au but en 1/16e, et Monaco se qualifie à la Beaujoire. À l’arrivée, Laurent Peyrelade présente la particularité d’être le seul joueur nantais à avoir marqué dans les trois compétitions nationales, mais c’est bien insuffisant : alors que la saison nantaise est moyenne, N’Doram, Ouédec, Kosecki, Pedros et Gourvenec se partagent l’attaque, Franck Renou monte parfois au jeu, et Garcion et Peyrelade ne récupèrent que les miettes. En manque de temps de jeu, Laurent est alors prêté au Mans à l’été 1996, club entraîné par Thierry Froger. Titulaire indiscutable, il prend part à 35 matches et inscrit 11 buts, terminant ainsi meilleur buteur du club à égalité avec… Dagui Bakari. Pour la deuxième année consécutive, Le Mans termine à une belle 6e place. Son entraîneur est récompensé du titre du meilleur entraîneur de Division 2 sur l’année civile 1996 par France football. Sollicité à l’issue de cette saison 1996/1997, il rejoint le LOSC, un autre club dans lequel il a joué, pour remplir l’objectif de remontée immédiate. Dans ses valises, deux joueurs du MUC 72 : Bob Senoussi et Laurent Peyrelade.
Un joueur incontestable dans un collectif parfois contesté
À son arrivée à Lille en 1997, Laurent Peyrelade est donc l’un des rares joueurs à avoir connu une saison complète en D2, la plupart des joueurs de l’effectif, venant de D1, sont de vieux briscards de l’élite (Aubry, Collot, Duncker), des jeunes formés au club (Carrez, Dindeleux, Leclercq, Sanz, Boutoille, Landrin, Machado) ou ailleurs en D1 (Renou), ou encore des joueurs que le LOSC est allé chercher à l’époque en D3 (Cygan, Hitoto, Tourenne). Les mouvements de l’été 1997 visent donc en partie à recruter des joueurs rompus à la D2 : outre les deux manceaux, on note l’arrivée d’un grand buteur à ce niveau : Samuel Lobé.
Après un premier nul à Saint-Etienne (2-2), il suffit de 2 minutes pour que Laurent Peyrelade marque son premier but à Grimonprez-Jooris, puis son deuxième quelques minutes plus tard, au cours d’une mémorable victoire 7-3 contre Martigues. Au cours de cette première saison, il prend part à 3/4 des matches (une blessure l’éloigne des terrains en octobre), et inscrit 7 buts, loin derrière les 19 de Samuel Lobé, mais dans un rôle d’attaquant de soutien, le jeu étant principalement tourné vers Lobé. Dans une saison où le niveau de jeu est souvent critiqué et les performances jugées trop peu satisfaisantes, Laurent Peyrelade échappe aux détracteurs. Il parvient dès lors à garder une place importante dans l’équipe la saison suivante, alors que Lobé est resté et que les recrues Pickeu et Valois semblent menacer sa place. Pour la première journée de la saison 1998/1999 contre Guingamp, il est d’ailleurs remplaçant : il entre en jeu à la 69e minute alors que Lille est mené, et égalise à la 70e. Finalement, Guingamp s’impose, mais Peyrelade montre qu’il faudra encore compter avec lui. Le début de saison reste poussif d’un point de vue individuel : s’il est parfois titularisé, le trio Boutoille-Pickeu-Valois est privilégié. Le départ de Thierry Froger et les mauvaises performances de Samuel Lobé lui rendent service : lors de la 9e journée, contre Nîmes, il inscrit un doublé après avoir remplacé Lobé à la mi-temps, et le LOSC s’impose 3-0. Au cours d’une saison là aussi irrégulière collectivement, il parvient, comme l’équipe, à finir en trombe, inscrivant 10 buts lors des 13 dernières journées, dont certains ont entretenu l’espoir jusqu’au bout, comme celui de la victoire face à Troyes en février (1-0, sur un service Nénem), la superbe remontée de balle sur 50 mètres ponctuée d’une frappe en lucarne contre Nice (2-0), ou le pénalty face à Valence en avril donnant la victoire 2-1 (alors que le LOSC est mené à la mi-temps et que les DVE sortent des pancartes évoquant des « chèvres »). Malheureusement, le doublé lors de l’ultime journée, à Guingamp, portant son total à 15 buts, s’avère inutile (0-2) : c’est encore raté pour cette année.
Belle photo, hein ? Pendant ce temps, le pire, c’est que c’est Lobé qui marque pour Troyes à Cannes
La consécration avec Vahid
Deux fois consécutivement 4e, quand on vise la montée, c’est donc deux fois raté. Un nouveau ménage d’intersaison s’annonce et, cette fois, Vahid Halilhodzic va pouvoir choisir ses joueurs. La confiance envers Laurent Peyrelade est logiquement renouvelée : sur sa lancée, il part comme titulaire, mais à une place similaire à celle qu’il avait lors de sa première année : l’attaquant axial est désormais Dagui Bakari, chargé de peser sur les défenses adverses, tandis que les attaquants autour, le plus souvent Boutoille et Peyrelade, mais aussi Valois ou Giublesi, et les milieux offensifs, Agasson, Collot et Cheyrou, sont censés profiter de ce point de fixation. Comme chacun le sait, cette saison se déroule à merveille. Laurent Peyrelade inscrit son premier but lors de la 4e journée contre Ajaccio (4-2), et en inscrit au total 7, dont deux lors du match face à Caen en mars 2000 (3-2), match de la montée officieuse avec envahissement de terrain hivernal, même si, mathématiquement, ce n’est pas encore fait. Il semble sur une pente toujours ascendante et, s’il a moins marqué cette année là, son influence sur le jeu a semblé grandissante. La remontée en D1 acquise, il devient, au même titre que Carl Tourenne, Patrick Collot ou Djezon Boutoille, l’un des rares à avoir connu les 3 saisons de D2 et à en être sorti avec une côte intacte, tant ses performances et sa régularité ont ravi les supporters, pendant que bien d’autres sont trop marqués du sceau des saisons-galère.
C’est littéralement l’époque où le LOSC survole le championnat et marche sur ses adversaires
Comme pour bien d’autres, on se demande ce que ça va donner en D1. Réponse dès la première journée, avec un nul probant face à Monaco (1-1), puis un carton à Strasbourg une semaine plus tard (0-4), avec un premier but dans cette saison, son 2e en D1. Dans cette équipe où presque tout le monde marque, il finit même meilleur buteur avec, encore une fois, le même chiffre que derrière son maillot depuis 1998 : 7 (il a porté le n°22 en 97/98). L’équipe tourne beaucoup devant entre lui-même, Bakari, Beck, Boutoille, Valois et Sterjovski, voire Agasson, Cheyrou, Collot, Dernis et Murati, si bien que le nombre de titularisations est assez faible (12). Comme beaucoup d’autres remplaçants sous Vahid, il met à profit ses 13 entrées en jeu, notamment en marquant le but de la victoire à la dernière minute contre Lens en septembre 2000, 5 minutes après que Dagui Bakari a égalisé : sur un corner de Ted Agasson, il est déjà à un cheveu de reprendre le ballon de la tête; Christophe Pignol récupère, transmet à N’Diaye qui centre, Bakari s’efface et surprend la charnière centrale lensoise ; Peyrelade envoie le ballon dans la lucarne de Warmuz.
Fernando, Laurent, Dagui, et Rool dépité : coeur avec les doigts
Mais, signe de son importance, il est titulaire lors de 5 des 6 derniers matches de la saison, au moment où le LOSC lutte encore pour le titre puis pour la ligue des champions. Dans ce sprint final, après une interruption du championnat de 3 semaines, Lille, leader à égalité avec Nantes, reçoit Bordeaux, 4e, pour le match au sommet de cette 30e journée.
Dans un match très ouvert et riche en occasions, Pauleta ouvre le score de la tête en première mi-temps. Dès la reprise, Peyrelade égalise après s’être bien démarqué.
Mais le chef-d’œuvre survient 7 minutes plus tard : sur une perte de balle de Jérôme Bonnissel, Sterjovski déborde côté droit. Il a deux solutions : passer à Dagui Bakari, apparemment pris par la défense centrale, ou trouver Laurent Peyrelade au second poteau. L’Australien envoie un long centre qui paraît difficilement négociable. Mais Peyrelade, au prix d’une incroyable extension, reprend instantanément de la tête et surprend tout le monde, à commencer par Ramé, très loin du ballon.
Sur Europe 1, Lionel Gougelot est en admiration :
Score final : 2-2, puisque Pauleta repasse par là. Le LOSC perd la tête du championnat lors de cette journée, mais a offert un superbe spectacle ; surtout, il reste en course pour la ligue des champions, obtenue lors de la dernière journée à Monaco, où Peyrelade marque à nouveau un superbe but, grâce à une reprise de volée en extension sur une longue ouverture de Fahmi. En fin de match, il prend de vitesse toute la défense monégasque avant de servir Cheyrou, qui envoie le LOSC en ligue des champions. Il quitte le LOSC sur ces deux derniers coups d’éclat : curieusement, son contrat n’est pas prolongé.
La carrière de Laurent Peyrelade se poursuit de façon plus anonyme, d’abord à Sedan, en D1, pour 3 buts en 20 matches, puis un retour au Mans, qu’il contribue à faire monter en D1 en 2003, mais ses 5 buts et la présence de Fernando D’Amico ne suffisent pas à maintenir le club. Sa carrière s’achève le 21 février 2005, la faute à une blessure au genou lors d’un match à Brest.
Par la suite, Laurent Peyrelade a passé son DEF (diplôme d’entraîneur de football) et s’est investi au MUC (entraîneur des U17 et éducateur au centre de formation de 2006 à 2009 ; entraîneur adjoint de l’équipe première, notamment chargé des séquences vidéo sur l’adversaire, de 2009 à 2011). Après la liquidation judiciaire du club, il continue de s’engager bénévolement auprès des sports-études et de la préformation des U12/U13/U14/U15. Depuis fin mai 2015, Laurent Peyrelade entraîne le Rodez Aveyron Football, et est passé de la CFA à la L2.
Crédits photo : Maxime Raynaud pour Centre Presse Aveyron
Posté le 4 avril 2016 - par dbclosc
Et j’ai crié… Buisine
J’avais recruté sur le sable
Ce doux Nenem qui me dribblait
Ça m’a pas plu sur cette plage
Goal-average, je l’ai revendu
Et j’ai crié, crié : « Buisine ! », pour qu’il revienne
Et j’ai pleuré, pleuré, oh ! j’avais trop de chèvres
J’ai réfléchi pour garder mon âme
Et le grand Buisine est revenu
Je l’ai gardé dans l’organigramme
Puis comme Hazard, il a disparu
Et j’ai crié, crié : « Buisine ! », pour qu’il revienne
Et j’ai pleuré, pleuré, oh ! j’avais trop de chèvres
Je n’ai rencontré après ce personnage
Que des entraves pour recruter
Et j’ai crié, crié : Buisine », pour qu’il revienne
Et j’ai pleuré, pleuré, oh ! j’avais trop de chèvres
Posté le 1 avril 2016 - par dbclosc
18 ans après son départ-surprise, Thierry Froger plébiscité par les Lillois
Voilà qui mettra sans doute un peu de baume au cul à Thierry Froger : un sondage exclusif DBCLOSC/Troufinon way révèle que près de 78% des supporters lillois considèrent qu’il a été le meilleur entraîneur du LOSC des 20 dernières années. Il devance ainsi largement d’autres techniciens comme Vahid Halilhodzic (1%) ou Rudi Garcia (0,5%), majoritairement considérés comme « chiants » et « associés à de mauvais résultats ».
C’est là une reconnaissance bien légitime pour celui qui a entraîné le LOSC de juin 1997 à septembre 1998. Les supporters interrogés mettent avant tout en avant les résultats sportifs : « c’était clairement l’âge d’or du LOSC, souligne Armand : cohérence du jeu, esprit de groupe, football offensif : tout cela a donné du grand spectacle à Grimonprez ». « C’est sûr que quand un entraîneur parvient à remplir les objectifs du club, il reste dans nos cœurs, renchérit Alain. Moi je me rappelle que finir 4e de D2 avec des joueurs de D1, c’est pas donné à tout le monde ». Nostalgiques, les dirigeants des principales sections de supporters mettent également en avant les qualités de communication du natif du Mans : pour Ahmed, « il n’a jamais fui ses responsabilités, sauf dans la défaite. La marque des grands ». Les plus connaisseurs gardent en tête quelques coups tactiques : « quand il s’est acharné à jouer avec 2 milieux défensifs à domicile contre des relégables, j’ai trouvé ça admirable. Je me suis dit « voilà un mec fidèle à ses principes ». Hitoto et Senoussi se marchaient dessus mais il n’était pas question de faire entrer un attaquant, alors qu’on était menés ». Pour le vieux Robert, la fin de saison 97/98 reste indélébile : « quand t’as 6 points d’avance sur le 4e à 5 journées de la fin et que tu montes pas, tu te dis que c’est beau la glorieuse incertitude du sport, surtout quand tu te la prends dans la gueule ! ».
Même chez ses rares détracteurs, Thierry Froger jouit également d’une grande réputation quant à ses qualités psychologiques : « le type a quand même été conspué pendant des mois, il est resté imperturbable ». Un hooligan dont nous tairons le nom se rappelle être allé donner des coups de pieds sur le banc de touche lors d’un Lille-Cannes en septembre 1998 : « le mec a pas bougé : droit dans ses bottes ! C’est à ce moment-là que je me suis assagi en prenant un abonnement en honneurs centrales. Après son départ, il n’y a plus eu de huées contre l’équipe : ce mec a pacifié le club ».
Le public lillois souligne son incompréhension quand le technicien a été démis de ses fonctions après 6 journées en 1998 : « tout allait bien jusque là, se remémore Cyrielle. On avait déjà 4 points et on n’était pas dans la zone de relégation« . Pour Thomas, la surprise est totale : « bon, ok, on perd à Beauvais… Mais 1-0 seulement ! ». Et Damien de compléter « tout ça pour faire venir un bosniaque dont on n’a jamais entendu parler ! ». Patrick résume bien le sentiment général, celui d’une injustice : « on lui a pas donné de moyens. Moi je me demande si Bernard Lecomte peut se regarder dans un miroir aujourd’hui. Quand en attaque t’as que des Boutoille, Lobé, Renou, Peyrelade, Pickeu, Valois, qu’est-ce que tu veux faire ? ».
Le principal intéressé, lui, garde la tête froide : « je ne me suis jamais enflammé. Dès qu’on me parle des exploits de cette époque, je rappelle que Toulon nous a pris 6 points en 97/98. Ou qu’on a perdu tous les matches qu’il ne fallait pas perdre : Amiens, Beauvais, Troyes ». Une modestie tout à son honneur : « Bien sûr, je garde une côte intacte à Lille. C’est pas comme mes dents », référence à un sale épisode en août 1998.
NB : Cet article a été publié le 1er avril 2016.
Posté le 1 avril 2016 - par dbclosc
Chapeau ! Melon, et botte-lui l’cul !
Dans la seconde partie des années 1980, le LOSC a vu signer chez lui deux joueurs africains de grand talent. Le premier fût le Zaïrois Gaston Mobati, signant en 1985-1986 pour être prêté immédiatement à Montceau-les-Mines en D2, revenant en 1986 pour s’imposer en 1987/1988. Abedi Pelé arrive comme joker au mois de septembre 1988 et il animera brillamment le jeu lillois jusqu’à l’été 1990 et son retour à Marseille.
Deux joueurs au talent remarquable, auxquels, forcément, on a envie de dire « chapeau, messieurs ! ». Mais des joueurs qui ont aussi agacé, pas forcément pour les mêmes raisons. Pelé, parce qu’il avait un peu trop conscience de son talent (le « melon »),mais peut-être pas assez de ce qu’il doit aux autres dans la possibilité qu’il a eu de s’exprimer. Mobati, parce qu’il était irrégulier et qu’il avait tendance à choisir ses matches, et donc les plus importants. En résumé, « chapeau ! », melon, et botte-lui l’cul !
Chapeau !
Gaston Mobati est l’un des meilleurs joueurs africains quand il arrive au LOSC, venant tout juste de finir 9ème au classement du Ballon d’or africain, et a déjà une Coupe des champions africaine à son palmarès avec Bilima. Il fait ses débuts avec l’équipe première du LOSC contre Valenciennes lors de l’été 1986 (0-0). Ce premier match, c’était en Coupe de la Ligue, une compétition pas tout à fait officielle qui fait surtout office de préparation pour les clubs et leur permet de tester des joueurs. C’est dans cette même compétition que l’attaquant marque son premier but, égalisant contre Abbeville, avant que Pascal Plancque ne donne la victoire aux siens.
Mais, bref, en ce début de saison, Gaston ne part pas titulaire. Il faut dire que la concurrence est sévère avec Jean-Pierre Meudic et surtout Filip Desmet et Erwin Vandenbergh. En 1986-1987, Gaston marque 2 fois en 13 matches, plus, quand-même, 3 buts en 5 matches de coupe. Viens d’ailleurs voir le style Mobati sur le but qu’il marque justement cette saison-là en Coupe contre Auxerre (à partir de 0’25).
http://www.dailymotion.com/video/x8bgg6
Note au passage le commentaire quand Auxerre ouvre le score « c’est grave pour Lille ! » : rigolo quand on sait qu’on avait gagné 3-0 à l’aller.
Au cours de la phase aller de la saison suivante, il ne joue que quelques matches et ne marque pas. Mais à partir de la 20ème journée, Mobati se révèle enfin : il fait le spectacle et claque avec une belle régularité. 10 fois en un demi-championnat, ce qui en fait le meilleur buteur de D1 de la phase retour devant Papin (et je crois que Tibeuf avait marqué autant que Papin, mais faire mieux que Tibeuf ça impressionne déjà moins), et marque également 3 buts en 7 matches de Coupe. Gaston a fait le spectacle comme il savait le faire.
Gaston est beau, Gaston est merveilleux
La saison suivante, il est toujours bon quand il joue, mais il fait déjà face à une concurrence plus féroce, notamment suite à l’arrivée de Roger Boli et d’Abedi Pelé. La saison 1988-1989 débute d’ailleurs de manière royale : buteur pour la première journée à Laval, Lille reçoit l’OM de Tapie pour la journée suivante. Lille ouvre le score, mais Doaré marque contre son camp dans les arrêts de jeu ! C’est pas grave, de suite, sur une action initiée par Gaston, Vandenbergh est accroché par Huard, le gardien marseillais. Péno, transformé par Gaston !
Gaston a porté ce prestigieux maillot
Son début de saison 1989-1990 est encore satisfaisant, mais il joue de moins en moins et agace sa direction et son entraîneur. Le LOSC s’en sépare en janvier et il rejoint le club grec de l’Ethnikos le Pirée. En trois ans et demi au club, Gaston marque 19 buts en D1 plus 8 autres en Coupe. Pas mal avec la forte concurrence qui limitait son temps de jeu.
Quant à Abedi Pelé, il arrive au LOSC comme joker, pour la 12ème journée de D1. Il est prêté par Marseille, avec option d’achat qui sera bien sûr levée malgré les protestations grandiloquentes de Bernard Tapie qui dépose sans succès un recours pour récupérer sa perle ghanéenne. Abedi ne s’est pas encore imposé en Europe, mais il a déjà bien roulé sa bosse, au Ghana, au Bénin, au Qatar, en Suisse et en France, avant Marseille, à Niort puis à Mulhouse. Malgré son échec marseillais, quand il arrive, on sait que c’est une bonne pioche.
Franchement, pour ceux qui ne l’on pas vu jouer, Abedi Pelé, c’est avec Hazard le joueur le plus créatif ayant joué au LOSC. D’ailleurs, en matière de créativité, Pelé bénéficie probablement d’un contexte où les joueurs ont davantage de libertés sur le terrain. Pelé, c’était l’inattendu en permanence et c’était un régal de le voir jouer. Personnellement, les seules fois où je l’ai vu jouer avec le LOSC, c’était a posteriori dans des résumés. Je l’ai par contre vu en live avec l’OM. Et c’était quelque chose, je t’assure.
Son toucher de balle vaut à lui seul un paragraphe. C’est pour moi quelque chose d’indescriptible et d’en même temps tellement beau. Il avait une façon unique de toucher la balle (ou de ne pas la toucher) de manière toujours inattendue, avec l’endroit du pied, ou la feinte, qu’on n’imagine pas. Si j’étais coach, en matière d’efficacité, sans difficulté, je préfère Messi à Pelé. Sans rire (vraiment), en matière d’esthétisme je choisis Abedi. Et depuis 30 ans, je ne vois pas qui je pourrais lui préférer. Viens regarder ce petit montage d’ABCANZ :
On te remet ici un échantillon du talent d’Abedi avec le maillot lillois :
http://www.dailymotion.com/video/x8bbrtViens voir aussi cette vidéo (qu’on t’a déjà montrée mais sans la commenter), à partir de 0’50, qui montre bien comment Pelé a sublimé le débile jusqu’au génie.
http://www.dailymotion.com/video/x2epzlg
On se dit d’abord que Pelé fait une louche débile pour personne. Mais le génie d’Abedi, c’est que pendant que tout le monde sur le terrain se dit que cette louche est débile, il poursuit son action, récupère sa propre passe, et est à deux doigts de marquer. En pro, personne n’aurait jamais tenté cette louche débile. En amateur, certains l’auraient fait, mais sans suivre. Pelé l’a fait et a suivi. C’est sur ce genre d’action que tu te dis qu’il est unique.
Ce joueur est unique et son maillot est tunique
Nanard Tapie rachète Pelé lors de l’été 1990. En un peu moins de deux saisons, Abedi marque 16 buts en 61 matches de D1 et, surtout, il fait le spectacle chaque semaine.
Melon
Donc Pelé, c’était un sacré talent. Et il était au courant. Le melon, le gars. Pourquoi je dis ça ? Franchement, tu vois rien ? Abedi « Pelé » ? Ben oui, en fait, Pelé, c’est pas son vrai nom. Et quand ces camarades de jeu l’ont surnommé Pelé en référence au Roi brésilien du foot, Abedi ne s’est pas démonté et l’a gardé et revendiqué en pro. Avoue qu’il faut quand-même être un peu sûr de soi …
Et puis, Abedi, il s’aime bien et il ne l’a jamais caché. En 1991, il déclarait ainsi à France Foot : « à Lille, j’étais le patron. Il n’y avait aucun problème. J’aurais pu jouer gardien de but si j’avais voulu … » Non, non, franchement Abedi. Justement, t’es très bon comme milieu offensif, alors franchement, si on t’a recruté c’est pas pour te mettre dans les buts et se prendre une branlée sur tes boulettes.
Lille est un bon souvenir pour lui et c’est tant mieux. Il en parle comme le club des copains, un club où il s’est fait plaisir et a fait plaisir au public. Comme il le rappelait encore à France Foot au moment de son départ de Lille, le public avait vu son talent : « Et le public l’a bien vu. Je me régale en le régalant ». Et même quand il parle des amis qu’il a laissé à Lille, des joueurs qu’il a connu avec plaisir là-bas, il ne sait pas en parler sans caser qu’il était bien au-dessus des autres : « à Lille, où je n’ai laissé que des amis, j’étais tout seul pour asseoir le jeu. » Vandenbergh, Desmet, Mobati, Angloma et Périlleux – entre autres – apprécieront.
Et puis Pelé n’hésitait pas à rappeler qu’il méritait gagner énormément d’argent. Pour lui, c’est normal parce qu’il était « sur le terrain ». Allez, Abedi, c’est vrai, t’étais très bon, mais je te rappelle quand-même que s’il n’y a personne derrière les guichets pour vendre des places, il n’y a personne pour venir t’admirer.
Mais bon, à part ça, il faut le dire, t’étais un grand joueur, et t’as été trois fois ballon d’or africain, en 1991, 1992 et 1993.
Botte-lui l’cul !
Mais bref, revenons à Gaston. Comme indiqué précédemment, Mobati était bon, même très bon. Mais quand-même, on se dit que pour un joueur de son talent, sa période de gloire fût brève. Presque deux ans en France ont été nécessaires pour qu’on voit le vrai niveau de Gaston, et sa période de gloire n’a finalement duré qu’un an et demi tout au plus. Il va ensuite six mois en Grèce, revient brièvement en D2 française pour deux passages ratés à Guingamp puis à Beauvais.
Il ne faut certainement pas voir dans l’irrégularité de Mobati le fruit d’une « culture africaine », ce qui serait une grosse connerie. On ne peut pas pour autant nier que Gaston avait une fâcheuse tendance à « choisir ses matches ». D’où des retours assez fréquents avec la D3 où il n’était vraisemblablement pas très motivé : avec la réserve, il ne marque que 2 fois en 27 rencontres dans une division où il est en principe au-dessus du lot.
Le pire, c’est que quand il part à la mi-saison 1989-1990, les rares matches qu’il a joués n’ont pas été mauvais. Mais Gaston agace par son attitude à l’entraînement. Il a alors tout juste 28 ans et, on ne le sait pas encore, mais le haut niveau s’arrête ici pour lui. Dommage, on se dit qu’il a en partie gâché son grand talent même s’il a quand-même réussi à nous faire bien kiffer.
Gaston s’en va ensuite sur l’île de la Réunion. Il y décède d’une crise cardiaque en 1995. Il n’a pas encore 34 ans. De tout ton parcours, c’est bien sûr tes fulgurances que l’on retiendra en premier lieu.
Posté le 31 mars 2016 - par dbclosc
Rébus pour le LOSC
DBC te propose aujourd’hui un rébus : il s’agit de trouver quelle est la composition de cette équipe du LOSC organisée en 4-3-3. Les joueurs représentés sont passés par le LOSC de 1994 à 2013.
N’hésite pas à faire des propositions et à les justifier.
Les réponses en soirée !
Les réponses sont sur la page facebook !
https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1704808996410683&id=1676184769273106
Posté le 24 mars 2016 - par dbclosc
Les malheurs de Matt. Une ode à Moussilou
Cet article a été d’abord publié le 24 mars 2016, quatre jours après le premier match de Matt Moussilou sous le maillot du FC Le Mont en D2 suisse de retour d’une grave blessure. Le 2 avril, pour sa deuxième entrée en jeu sous son nouveau maillot, Matt a retrouvé le chemin des filets, un peu moins de deux ans après son précédent but officiel en Tunisie. Fin août 2016, Matt se lance son dernier défi footballistique et signe à Yverdon-Sport, club de 1ère ligue suisse. Ça veut dire la quatrième division.
Ce 20 mars 2016, sur la pelouse de Neufchâtel Xamax, c’était un petit évènement. A la 89è minute du match, Matt Moussilou, l’attaquant du FC Le Mont Lausanne (Challenge league, D2 suisse) a fait ses débuts officiels avec l’équipe qu’il a rejointe l’été dernier, en remplaçant son coéquipier Fejzulahi.
On se risquerait presque à dire que son été reflète la carrière de Matt : pas de bol, vraiment pas d’bol. Dès la phase de préparation, Moussilou s’est en effet déchiré le tendon d’Achille, le genre de blessures qui exigent du temps avant d’être opérationnel. Pas d’bol, Matt. Et pourtant, ça n’a pas toujours été comme ça. Petit retour sur la carrière d’un joueur qui m’aura quand-même bien fait kiffer, quoi qu’on en dise.
Les débuts en L1 sous les ordres de Vahid (1)
Des grands, Matt a déjà la date de naissance : naître le 1er juin 1982, pile le jour de mes 1 an, c’est pas donné à tout le monde. Originaire de la Courneuve et de sa célèbre Cité des 4000, Moussilou rejoint le centre de formation du LOSC en 1998. Titulaire en CFA, aux côtés d’un Jean II Makoun alors attaquant avec la réserve, Matt explose les compteurs (14 buts) en 2001-2002. C’est cette saison-là que Matt débute, sous les ordres de coach Vahid : le 2/2/2 pour être précis (plus communément appelé « 2 février 2002 »), il entre à 25 minutes de la fin du déplacement à Bastia en lieu et place de Sébastien Michalowski. Mais Lille perd quand-même.
Premiers buts avec Cloclo Puel
Quand débute la saison 2002-2003, Moussilou est un espoir, mais un espoir qui n’a en tout et pour tout que 25 minutes dans les jambes avec les pros. Avec Puel, ça change d’entrée de jeu : Matt joue tous les matches de Coupe intertoto (pas toujours comme titulaire) puis marque rapidement ses premiers buts. Le 19 octobre 2002, il entre à la place de Manchev lors d’un déplacement à Monaco et égalise six minutes plus tard. Il aura fallu seulement 98 minutes dans l’élite française avant qu’il ne marque son premier but : normalement, comme on l’a montré, seuls les Belges savent marquer aussi vite. Viens-y écouter son premier but en L1 en direct à la radio (à l’époque c’était en direct, hein, plus maintenant) :
Le 7 décembre, il est titulaire en coupe de la Ligue à Istres et marque un doublé, encore à écouter ici (avoue que tu es choyé par nos soins) :
Matt commence à se faire sérieusement connaître des supporters.
L’année 2003 commence pourtant mollement, Matt n’ajoutant que 232 minutes de jeu en L1, pour aucun but. La première partie de la saison 2003-2004 est à peine plus encourageante, puisque Moussilou marque 1 but en coupe de la Ligue contre la L2 de Nîmes, et aucun lors de ses 5 matches (2 comme titulaire) en L1.
La révélation
Et puis, c’est la reprise. Profitant de la blessure de Manchev, – surnommé « Vlad l’empalé » - Matt est titulaire contre Sochaux, et il marque. La semaine suivante, à Monaco, Matt fait le filou. Alors que Flavio Roma, le goal monégasque tarde à dégager, Matt va récupérer le ballon dans ses pieds pour marquer le but de la victoire à un quart d’heure du terme (0-1). Il continue sur sa lancée et s’il joue moins ensuite avec le retour de Manchev, il claque quand-même 7 buts en un demi-championnat. Il n’a pas encore 22 ans, mais le petit Matt s’est fait un nom en quelques mois (NDDBCLOSC : c’est « Moussilou », le nom qu’il s’est fait).
Et encore, on n’avait encore rien vu. Avant que le championnat ne commence, Moussilou contribue largement au succès en coupe Intertoto en marquant 5 fois en 4 rencontres. Lille jouera l’UEFA et Matt jouera un rôle intéressant dans la belle performance lilloise. Il contribue d’abord à l’élimination des irlandais de Shelbourne en tour préliminaire (2-2, 2-0) avec un but, est le seul buteur du match de poule gagné contre le FC Séville (76è) et il marque également contre St-Pertersbourg (2-1). Regarde, si tu ne me crois pas. Et avec l’accent anglais.
http://www.dailymotion.com/video/x2x6ve5
Il marque encore contre Bâle en 16ème de finale. Lille est finalement éliminé en huitième par Auxerre (0-1, 0-0). Matt aura marqué 4 buts en C3 cette saison-là.
En parallèle, il marque 13 fois en L1 et contribue à bien traumatiser les Lyonnais d’Aulas, marquant d’abord en coupe de la Ligue (victoire 3-2) puis un doublé en championnat. Il entre aussi cette saison-là dans la page des records de L1 en marquant le triplé le plus rapide de l’histoire lors de la victoire contre Istres (8-0), en seulement 5 minutes. Il ajoutera même le n°4 peut avant sa sortie à l’heure de jeu. Matt est alors élu joueur du mois d’avril 2005.
Lille-Istres avec Queen en bonus
http://www.dailymotion.com/video/x7exz
Matt a tout déchiré cette saison-là. Même la photo du journal il l’a déchirée
Et vient voir l’interview qu’il donne dans L’Equipe suite à son quadruplé.
Mais pourquoi diable L’Equipe parlent-ils d’œuf au riz dans leur gros titre ?!
Il finit la saison avec 23 buts toutes compétitions confondues, aucun joueur de L1 ne faisant mieux en 2004-2005. Matt est alors à son zénith (St-Petersbourg).
Les premiers doutes
Il ne commence pas trop mal la saison 2005-2006, mais très vite, il galère. Matt perd vite sa place de titulaire au profit de Peter Odemwingie avec seulement cinq buts inscrits, tout competitions confondues. Il conserve cependant une belle cote sur le marché et Nice l’achète pour 4 millions d’euros, sa plus grosse dépense de son histoire jusque là.
Il est libre Matt. Par contre, faudrait peut-être lui dire qu’on le verra jamais voler
A Nice, sous la direction de Fredo Antonetti, la préparation se passe bien et Moussilou claque pas mal. En championnat, ça sera autre chose, et à la mi-saison, il n’a pas encore marqué un but. Son année 2006 est très loin des espoirs qu’il avait fait éclore. Il est prêté à Saint-Etienne. Là-bas, Matt joue peu, faute à la concurrence de Bafé Gomis. En 399 minutes de jeu, il marque tout de même 3 buts. Note qu’on n’y est pas pour rien : il nous met un doublé pour l’une de ses 2 titularisations stéphanoises. Dont l’un, à voir ci-dessous, sur une passe de Landrin. Quand j’vous parle de complot …
http://www.dailymotion.com/video/x1wuh5
Il retourne à Nice, mais il y est persona non grata. Curieusement, il est prêté à l’OM. Quatre entrées en jeu plus tard, il est prêté au Qatar, à Al-Arabi.
Le Ballon de plomb 2007
Quelques jours après son transfert, Moussilou faisait ses débuts avec Al-Arabi. Et dès ce premier match, il inscrivait son premier but. Cela n’allait pas empêcher qu’il soit désigné « ballon de plomb » 2007, récompense attribuée sur vote des internautes et organisée par Les cahiers du foot. Pour tout te dire, cette récompense m’est alors apparue – et m’apparaît encore – un peu injuste. Matt ne s’était pas distingué par ses coups de sang, il n’avait pas fait de déclarations tapageuses, et si son année n’avait pas été mirobolante, on ne peut pas vraiment dire qu’il avait eu les moyens de faire beaucoup mieux.
En effet, s’il fallait désigner Matt Moussilou comme ballon de plomb, il aurait été plus légitime de le faire l’année précédente, c’est-à-dire une saison où il avait été inoffensif en jouant tout de même pas mal : on pourrait presque même, pour 2006, lui reprocher son « erreur stratégique » en signant à Nice (Vraiment en cherchant des erreurs, hein).
En 2007, cela me semble différent. En janvier 2007, il est prêté à St-Etienne, et s’il est remplaçant, c’est plutôt logique : le titulaire est Bafé Gomis (c’est-à-dire pas n’importe qui) et il parvient quand-même à marquer trois fois malgré un maigrelet temps de jeu. Revenu à Nice, il n’est plus désiré. Quoi de plus logique alors que d’accepter son prêt à Marseille ? Même s’il est clair que ses chances de s’y imposer sont faibles, mieux vaut alors y signer que rester en réserve à Nice. Vu son échec marseillais, accepter de partir à Al-Arabi apparaît plutôt relever du bon sens. Et, dès son début là-bas, il y marque. Certes, ça n’est « que » le championnat du Qatar, mais que pouvait-il y faire de plus ? Le « ballon de plomb » de Matt, c’est encore mon seul grief à l’encontre des Cahiers.
Matt, footballeur précaire
Au Qatar, ça se passe pas mal. Matt marque 12 buts en 22 rencontres, ce qui en fait l’un des attaquants les plus efficaces du championnat. De retour de son prêt à Nice, Moussilou est directement envoyé en équipe réserve et y passera toute la saison. Au début de la saison 2009-2010, Moussilou n’est plus très motivé pour rester à Nice et il part au clash. Libéré de ses engagements par un commun accord plus ou moins commun (Eric Roy, le nouvel entraîneur assure qu’il comptait sur lui). Matt ne trouve aucun club pendant la période d’été. Vive, le chômage.
Premier passage par le chômage donc, pour Matt. Boulogne-sur-Mer, nouveau promu en L1 cherche un attaquant et se décide à lui proposer un contrat. En 15 matches avec Boulogne, il ne retrouve pourtant pas ses sensations, ne marquant qu’un but. Mais quel but ! Elu but de l’année par l’UNFP. A voir sur la vidéo à partir de 4’52 :
http://www.dailymotion.com/video/xdhest
Ce but ne lui empêche pas de se retrouver à nouveau au chômage la saison suivante. Il « rebondit » lors du mercato d’hiver à Lausanne sport, en D2 suisse. Très loin de ce à quoi il pouvait rêver il y a encore deux à trois ans. Et encore, il est alors loin d’être titulaire indiscutable, mais marque quelques buts qui contribuent à la montée de Lausanne sport en première division suisse. Au passage, indiquons aussi que Matt s’est fait escroquer 450.000 euros par un conseiller financier véreux.
Matt retrouve des couleurs à Lausanne
Avec Lausanne, Matt reprend des couleurs. Certes, il est relativement sevré de bons ballons au sein d’une équipe qui doit son maintien en première division aux déboires de ses concurrents davantage qu’à son niveau, il tire son épingle du jeu, est apprécié des supporters et, en deux saisons, il marque quand-même 14 buts en 57 rencontres.
Bien sûr, là aussi, il y connaît des déboires. Il est notamment suspendu quelques matches pour avoir frappé Vincent Rüfli, un adversaire, à la sortie du match. Selon Matt, son adversaire lui aurait tenu des propos racistes. Ne serait-ce que parce qu’on kiffe Matt, on est bien tentés de le croire.
Mais s’il est loin de son apogée avec nos Dogues, Moussilou retrouve un peu ses sensations. Ah oui, on avait oublié : maintenant il joue avec la sélection nationale congolaise.
Et puis la galère en Tunisie, puis à Amiens
A l’été 2013, Matt signe au Club Africain, un club tunisien ambitieux. Comme souvent pour Matt, ça ne se passe comme prévu. Ça avait pourtant bien commencé. Pour son premier match, contre Tozeur, Moussilou, entré à la mi-temps, ouvre le score pour les siens. Mais quand on a la poisse, on a la poisse : il se blesse et ne retrouve les terrains que trois mois plus tard, en janvier 2014. En avril, il est sanctionné par son club pour avoir séché l’entraînement. Matt quitte le club en fin de saison, fâché avec son club, et après n’avoir joué que 456 minutes, pour 12 matches et 4 petites titularisations, marquant quand-même deux fois. C’est déjà ça.
A l’aube de la saison 2014-2015, il rejoint Amiens, en National. Malheureusement pour lui, la galère continue : faute d’avoir reçu sa lettre de sortie de Tunisie – ce qui est vraisemblablement une obstruction volontaire – il n’est pas qualifié avant le mois de février 2015. Pour la troisième fois de sa carrière, Moussilou reste plus de 6 mois sans compétition. Et encore, on ne compte pas sa troisième saison niçoise qu’il passe exclusivement en réserve, ne jouant que quelques matches avec la CFA2. Bref, pas dans le rythme, la seconde partie de saison avec Amiens est loin de ses espérances initiales et il termine la saison sans aucun but marqué et en ayant joué seulement 471 petites minutes. Une énième galère. Certains disent que c’est une punition divine : en voulant quitter le LOSC, façon de renier – et non de « René » - le maillot sacré, Matt se serait attiré les foudres divines.
Matt a donc rejoint Lausanne l’été dernier. Au FC Le Mont, et pas à Lausanne Sport, en D2 suisse. Ça s’est encore mal passé d’entrée de jeu avec une rupture du tendon d’achille dès les matches amicaux. Il faut attendre fin mars 2016 pour le revoir sur les terrains. En 451 minutes de jeu et 9 rencontres, Matt tire son épingle du jeu et marque 2 fois et effectue une passe décisive. Mais bon, ça sent franchement la fin.
A tel point que, début 2016/2017, on ne sait pas trop ce que Matt fait et s’il resigne au FC Le Mont. Quand on va sur leur site, on a même l’impression qu’eux-mêmes ne sont pas au courant. Au final, Matt signe fin août à Yverdon-Sport, en première ligue suisse. Hein ? Non, non, Matt ne retrouve pas l’élite. La « première ligue », c’est la D4 suisse. Bon, voilà, je crois qu’on peut enfin le dire : on ne t’as pas oublié Matt, mais là, ta carrière se finit.
Bisous.
(1) « Vahid » et « ordres » dans la même phrase, c’est vrai que c’est un peu redondant.
Posté le 13 mars 2016 - par dbclosc
Entretien exclusif (un peu bidon) avec Zlatan Ibrahimovic
Récemment, nous avons sollicité un entretien avec Zlatan Ibrahimovic. Il n’a d’abord pas donné de réponse. A force qu’on le complimente, qu’on lui dise qu’on le trouve beau, qu’il est le meilleur, que c’est grâce à lui que les Nazis n’ont pas placé le monde sous leur joug et qu’on le remercie pour avoir inventé tant de vaccins contre des maladies terribles, il a accepté. Nous vous en rendons compte ici.
DBCLOSC : Zlatan, bonjour. Vous avez déclaré récemment que le PSG est né avec l’arrivée des investisseurs du Qatar. N’avez-vous rien a ajouté ?
ZI : Je ne veux froisser personne, mais bon, force est de reconnaître que le PSG n’avait aucune histoire avant mon arrivée.
« Force est de reconnaître », « Force est de reconnaître » … c’est bon, on a compris, tu parles bien français, Zlatan est le plus fort, machin tout ça, mais tu réponds pas à la question …
Ben, je vois pas …
(notre intervieweur met un claquot derrière la tête de Zlatan) Et là ? Tu vois toujours pas ?
(surpris et s’agaçant) Eh ! Tu es qui, toi, pour faire ça à Zlatan Ibrahimovic ?!
(notre intervieweur met un deuxième claquot) Zlatan qui ? Connais pas ! Et tu es qui, toi, pour parler comme ça à un authentique mec de Drogue, bière et Complot contre le LOSC ?! (Il lui fout un troisième claquot) Donc, bon, si le PSG n’avait pas d’histoire avant, tu sais pas pourquoi ?
(surpris, mais n’ayant perdu qu’un peu d’aplomb) Eh ! Je te rappelle que c’est grâce à moi que le monde entier sait placer la France sur une carte alors tu … (Notre intervieweur met une série de claquots dans la grande gueule d’Ibrahimovic. Il tombe par terre).
T’es sûr que c’est grâce à toi ?
(Décontenancé, apeuré, mais toujours grande gueule) Je suis Zlata … (notre intervieweur lui met une autre série de claquots. Zlatan commence à revenir à la raison) euh … c’est grâce à vous ? (Notre intervieweur fait non de la tête et fout deux-trois claquots) euh … c’est grâce au LOSC ? (Notre intervieweur fait une moue qui dit « t’approches, mais c’est pas encore ça ») C’est grâce à vous et au LOSC !
Tu vois quand tu veux ! … Et donc, sur le fait que le PSG n’avait pas d’histoire, toujours rien à ajouter ?
Euh … peut-être que le PSG avait déjà une histoire avant ? (Notre intervieweur lui fout une rafale de claquots) Je sais ! le PSG n’avait pas d’histoire car le grand LOSC lui faisait de l’ombre !
Ben, voilà ! Allez, casse-toi …
Je peux signer au LOSC si vous voulez …
Dégage !
(Zlatan s’en va. Notre intervieweur lui court après et lui fout une dernière rafale de claquots).
Ibrahimovic prenant la fuite en fin d’entretien
La rédaction tient à remercier Zlatan Ibrahimovic pour sa disponibilité et sa grande gentillesse.
Posté le 12 mars 2016 - par dbclosc
Non, Tony Heurtebis
Saison 2000-2001 : Lille vient de remonter en première division. Parmi les dix-sept adversaires de la saison, on trouve l’équipe de Troyes, montée la saison précédente au nez et la barbe du LOSC mais, avec le recul, ce n’était pas plus mal comme ça. Troyes est la seule équipe qui, cette saison là, a pris 6 points contre Lille : victoires 2-1, aussi bien à Grimonprez-Jooris qu’au stade de l’Aube. Il faut dire que, sous la direction d’Alain Perrin, ça joue bien à Troyes à cette époque.
Nous t’invitons tout d’abord à regarder les résumés de ces deux matches, et de particulièrement observer ce qui se passe sur les deux buts lillois : d’abord, le match à Lille, où Cheyrou marque un superbe coup-franc, puis le match à Troyes, où Boutoille marque un but pas très joli. Ne remarques-tu rien ?
Il semblerait que le gardien troyen, Tony Heurtebis, ait complètement perdu la raison : oubliant que la ligne de but sert à déterminer si on accorde ou non un but (marquer un but étant un objectif dans le football), il décide de chercher à arrêter le ballon derrière cette ligne, tout en se jetant dans son petit filet gauche. Ainsi, à l’aller comme au retour, Heurtebis s’acharne à vouloir arrêter des ballons qui sont déjà rentrés. À quoi cela peut-il bien servir ?
Ces captures d’écran t’aideront à poser un diagnostic sur la pathologie dont souffre le malheureux.
Oubliant qu’il est footballeur et non tennisman, Tony Heurtebis monte au filet.
Pris dans les filets : il n’est pourtant pas un merlu de Lorient
Rebelote. Quand on cherche à ce point à passer entre les mailles du filet, c’est qu’on a quelque chose à se reprocher
Tony Heurtebis a beau lever les bras, cette intervention n’est pas réussie
Non, Tony Heurtebis, être gardien ne consiste pas à courir en direction de son petit filet gauche quand l’adversaire frappe.
Non, Tony Heurtebis, toucher le ballon une fois qu’il est rentré n’empêche pas l’adversaire de marquer.
Non, Tony Heurtebis, lever les bras après avoir fait n’importe quoi ne vous attirera pas la sympathie de vos supporters.
Non, Tony Heurtebis.
Avec un gardien ayant développé une telle stratégie, il est étonnant que Troyes soit parvenu à se maintenir, terminant même à une belle 7e place, mais tout de même 47 buts encaissés, ce qui en fait la 14e défense. On comprend pourquoi.
Et d’abord, Tony, c’est qui ce « Bis » que tu heurtes ? C’est ton petit filet ? Si tu nous lis… Donne-nous des nouvelles !
Posté le 9 mars 2016 - par dbclosc
Lille, stade de sévices publics
Il y a un truc particulièrement marrant quand on se rend dans un stade : c’est quand l’un des membres de l’équipe adverse est pris en grippe. Pour celles et ceux qui ne sont pas familiers de la langue française et de ses subtilités, cela ne veut pas dire qu’un adversaire tombe soudainement malade ; cela signifie que tout ou partie du public lui manifeste une animosité, voire une hostilité certaine. Ce comportement collectif se répartit en deux catégories : l’accueil hostile prémédité, et l’hostilité gagnée en direct sur le terrain. Puis, au sein de ces deux catégories, l’hostilité peut se traduire par des procédés très divers : le plus souvent, des sifflets accompagnent chaque touche de balle, ce qui suscite un regain d’intérêt pour la rencontre, chaque spectateur scrutant avidement le malheureux sur qui se défouler. Mais les supporters ont un éventail assez large de réactions, des chants relatifs à la maman au chambrage gentillet, en passant par l’incitation à la violence. Grimonprez-Jooris et ses successeurs n’ont pas échappé à cette constante du comportement humain. Je m’en vais dès lors te conter quelques souvenirs constituant des illustrations de ces manifestations antipathiques.
Sévices après-vente
Dans la catégorie « celui-là on va se le faire, et d’ailleurs on va au stade pour ça », on trouve l’ancien de la maison qui a laissé le souvenir de performances sportives médiocres avec le LOSC, une mentalité de connard, un sentiment de traîtrise, ou s’est fendu dans la presse d’une déclaration ambiguë à l’égard de son ancien club. Certains, plein de talents, combinent l’ensemble de ces qualités : bien entendu, Florian Thauvin en est le pire exemple, et cet individu est une telle honte pour le genre humain que je ne m’appesantirai même pas dessus, sauf pour rappeler l’accueil que lui réserva le grand stade le 3 décembre 2013. Mais n’omettons pas le mérite de Pascal Nouma qui, le 5 avril 1994, se rend à Lille sous les couleurs de Caen, où il est prêté après avoir été prêté la saison précédente au LOSC, pour 2 buts en 22 matches, et il n’a manifestement pas laissé un souvenir impérissable. Des sifflets accompagnent chacune de ses prises de balle ; pas de chance, il ouvre le score à la 32e minute. Malin comme tout, il célèbre son but devant le virage des DVE. Conspué de bout en bout, il voit finalement Lille s’imposer 3-1, et ne donne pas suite à la demande du public qui scande « Nouma, une chanson ! »1. Ce résumé du match t’offre un petit aperçu de la performance du bonhomme ce soir là2.
Les ex envers qui on garde de la rancune
Un autre n’a laissé que très peu d’amis à Lille : Thierry Froger, considéré comme le principal responsable de l’échec de la montée en 1998, puis du mauvais début de saison suivante. Limogé en septembre 1998, il revient à Lille en janvier 2000 avec son nouveau club, Châteauroux, et est accueilli, avant le match, par quelques supporters qui le huent quand il sort du bus, mais rien de bien méchant, dans un contexte où le LOSC caracole tant en tête du championnat qu’on se fiche un peu désormais de Thierry Froger. Et c’est surtout moins grave que de lui balancer son poing dans la figure, comme celui que lui avait balancé un supporter en août 1998.
Parmi les ex figurent des cas bien particuliers : ceux qui traduisent une infidélité en partant à Lens, équivalent footballistique d’une désertion militaire. Le retour de ces joueurs se transforme en un mélange de doux souvenirs et de méfiance nouvelle, souvent à l’énonciation de leur nom quand les compositions sont annoncées, sans que cela n’ait vraiment de suite au cours du match. Ainsi, Antoine Sibierski, en septembre 2000, ou Dagui Bakari, en février 2003, ont été accueillis froidement sans être franchement chahutés.
Le cas de Dimitri Payet est également intéressant : bien que sifflé lors de son retour, il laisse le souvenir d’un joueur talentueux. Cependant, irrégulier (et assez peu en vue lors de sa première saison), et ayant davantage donné le sentiment de considérer le LOSC comme un tremplin pour sa carrière qu’il ne s’est investi dans le club, il ne laisse pas beaucoup de regrets. D’aucuns disent même que la proximité sonore de son nom avec « paupiette » aurait joué en sa défaveur.
Il y a aussi le cas de ceux qui ont osé fricoter avec le voisin, mais qui n’ont rien à voir avec le LOSC. C’est juste pour faire chier, et chercher à déstabiliser. Par exemple, Gaëtan Huard, passé par Lens, s’est fait traiter pendant tout une mi-temps de « sale lensois » en mai 1995 par les DVE, qui l’enjoignirent ensuite à baisser son short à coups de « Vas-y, Guéguette, montre-nous tes fesses, vas-y, Guéguette, montre-nous ton cul ». Pour le coup, Huard avait eu une réaction sympa, en souriant au public et en faisant comprendre par un geste de la main qu’il ne ferait rien. À vous décourager d’insulter l’adversaire.
Enfin, l’imbroglio autour du vrai-faux transfert d’André-Pierre Gignac en 2007 a, jusqu’à la dernière venue de l’attaquant en 2015 avec Marseille, déclenché les sifflets du public.
Le type pris dans une affaire judiciaire
À l’instar des supporters de Valence qui embêtent Karim Benzema en criant « Valbuena », il n’est pas rare que des affaires extra-sportives aient des répercussions sur le terrain. Je tiens l’anecdote suivante de mon père, car je n’étais pas présent à ce Lille/Bastia de l’été 1995 : dans l’équipe corse, Jean-Jacques Eydelie, de retour en France après des mois de suspension puis un exil d’une saison au Benfica Lisbonne. Il est l’un des acteurs centraux de l’affaire VA/OM : reconnu coupable de corruption, il a joué les intermédiaires entre les dirigeants de l’OM et les joueurs de Valenciennes, à qui il a proposé de l’argent en échange de « lever le pied ». Mon père m’a raconté que dès qu’Eydelie touchait le ballon à proximité de la tribune dans laquelle il était, des dizaines de personnes criaient « Hé, Jean-Jacques, on a des sous ! », certains brandissant même des enveloppes qu’ils avaient spécialement apportées.
La grande gueule pour qui ça tourne mal
Pour faire la transition avec la deuxième catégorie d’éxutoires consacrée à ceux qui suscitent soudainement l’énervement du public alors que celui-ci était dans de bonnes dispositions, évoquons un cas hybride : Luis Fernandez. Hybride car, en tant qu’entraîneur du PSG, grande gueule, qui en fait des tonnes dans la théâtralisation sur le banc, il peut provoque d’emblée un certain agacement. Mais, ce 13 décembre 2000, le public lillois n’est pas venu pour l’embêter. Ce sont les circonstances du match qui vont l’y inciter. Explication : Lille et le PSG rejouent un match interrompu par la pluie le 25 novembre, alors que le score, reflétant un match très équilibré, était de 1-1 en deuxième mi-temps. Avant le match, Lille était 3e avec 26 points, et Paris, entraîné par Philippe Bergeroo, un ancien gardien de but du LOSC, était 4e, avec 25 points. 3 semaines plus tard, Bergeroo, malgré des résultats très corrects, est licencié car le président du PSG veut placer Luis Fernandez. C’est donc Luis qui dirige le PSG pour rejouer le match à Lille… et à la différence du premier match, Lille est largement dominateur, et est sur le point de s’imposer 2-0. En fin de match, alors que Fernandez s’agite sur la touche, le public scande « Bergeroo, Bergeroo ! », manière de saluer un ancien lillois, de rappeler les conditions de son licenciement, de faire s’asseoir Fernandez, et surtout de bien rigoler.
Quand tu changes les lettres de Philippe Bergeroo, ça fait « Horlogerie Beipp » (comme si ça sonnait). N’hésite pas à ressortir cette anagramme pour briller en soirée.
Les sifflets par la preuve
Attaquons notre catégorie « on n’avait jamais rien eu contre ce mec, mais il a fait notre soirée ». Il s’agit de s’intéresser ici à des joueurs qui, par malchance, maladresse ou bêtise, ont capté l’ire du public. La réaction n’est donc basée sur aucun a priori ni aucun antécédent : elle ne peut que résulter d’une action ponctuelle, mal perçue par les spectateurs : un tacle mal maîtrisé (qui génère encore plus de colère s’il n’est pas sanctionné par l’arbitre), une altercation avec un joueur du LOSC (ainsi, quiconque s’en prenait à Fernando ne pouvait qu’ensuite prier pour ne pas être lynché à la sortie du stade), un joueur qui discute un peu trop avec l’arbitre (coucou Nestor Fabbri), ou un autre dont on devine une certaine fébrilité. Par exemple, ceux qui ont assisté au Lille/Toulouse de février 2000 et au Lille/PSG de décembre 2000 (celui dont je te parle au-dessus) se souviennent d’un truc : le jeu au pied des gardiens adverses n’était pas grandiose. Ainsi, Fabien Audard envoyait la moitié de ses six mètres en touche, et Lionel Létizi semblait avoir une peur bleue des passes en retrait de ses coéquipiers. Le plus amusant, c’est quand le public en rajoute, alors qu’on sent déjà le manque de confiance de l’adversaire : à chaque coup de pied de but pour Audard ( « En touche ! »), à chaque ballon joué au pied pour Létizi (« Ooo… Ooooo… OooOOO ! », une rumeur se saisit du stade, traduisant l’avidité que ressent le public à le voir se planter, ce qui conduit en général à une panique encore plus grande.
Le nom qui fait rire
En 2000, l’arrière gauche de Niort fait un tacle assez rude sur un joueur lillois. Pas de chance, il s’appelle Mickaël Rol. Devant moi, un mec se met à hurler « PUTAIN, IL PORTE BIEN SON NOM, LUI : ROL ». Tout le monde se marre. Évidemment, les profanes ne peuvent rien comprendre à cette blague : il fallait bien sûr y voir une référence à Cyril Rool, recordman du nombre de cartons reçus (27 rouges et 187 jaunes toutes compétitions confondues). De plus, à cette époque, il joue à Lens, ce qui permet de souligner qu’on n’oublie pas le voisin. Cas similaire, lors d’un Lille-Lens (probablement celui de septembre 2000), avec un jeu de mots assez élaboré : l’attaquant lensois Lamine Sakho manque un contrôle facile, juste en bas de la tribune. On entend alors « retourne à la mine, Sakho ! », calembour d’autant plus excellent qu’il est ancré dans l’histoire régionale, en particulier celle de l’adversaire. Le public, connaisseur, applaudit.
Le mec qui pète un câble
Ça, c’est le bonheur du supporter. On t’a déjà parlé sur ce blog de Claude Michel, le capitaine de Guingamp, prétendument « exemplaire » (c’est du moins l’image qu’il laisse : la fidélité au club, de bonnes performances, la légende des irréductibles Bretons de Guingamp, la coupe de France, le surnom « Coco » et toutes ces conneries là). À Lille, on se souvient surtout de son attitude agressive envers Fernando, et de ce ballon volontairement tiré dans la tribune « Honneurs ». Un bien beau CV qui lui a garanti un tout bel accueil à Grimonprez durant plusieurs saisons.
Intéressons-nous à un joueur moins célèbre, qui nous a offert une scène qu’on imagine plus difficile à réaliser aujourd’hui, du fait de l’aseptisation générale de footballeurs soucieux de leur image et de leur communication. 28 mars 1998 : 36e journée de Division 2. Pour situer un peu le contexte et l’enjeu sportifs de ce match, le LOSC a déjà bien entamé depuis quelques semaines une série catastrophique qui lui fera manquer l’accession en première division. Avant d’enchaîner sur trois défaites consécutives, Lille reçoit Laval, honnête 6e, qui se présente à Grimonprez-Jooris avec l’idée, pourquoi pas, d’espérer encore la montée. En lieu et place d’un peu de rêve, les tangos repartiront avec une belle valise (3-0 grâce à Lobé puis à un doublé de Boutoille), et terminent le championnat à la 13e place, voilà ce qui s’appelle foutre en l’air une fin de saison. Mais là n’est pas l’objet de cet article. Penchons-nous sur l’arrière droit du stade lavallois : Benjamin Clément. Benjamin Clément est un joueur modeste : s’il a débuté en D1 à Monaco, initialement au poste de milieu offensif, il y a peu joué, mais a pu goûter à la coupe d’Europe. Après seulement une trentaine de matches en 3 saisons, c’est à Sochaux qu’il se fait une place de titulaire pendant 3 saisons, avant de partir à Laval, en deuxième division. Son look détonne : blond, cheveux longs, visage carré, c’est une sorte de Charlotte de Turkheim au masculin.
« Benjamin Clément » comment, au fait ?
Arrière latéral est un poste particulièrement exposé quand on est adversaire : on est proche des tribunes ; on est susceptible de tacler davantage, et donc de faire des fautes. Autrement dit, le public peut vite se retourner contre vous. Et, ce soir-là, Benjamin Clément multiplie les fautes, au point d’être chahuté par le public, qui le siffle à chaque touche de balle. Visiblement excédé, il profite d’un arrêt de jeu pour se mettre face à la tribune et effectuer une magnifique révérence, geste qui se veut ironique mais qui trahit surtout le fait que le type a complètement décaroché, d’autant que ses coéquipiers lui font bien comprendre qu’il n’était pas nécessaire de répondre à ces provocations. Inutile de préciser que, en pareil cas, les spectateurs, n’attendant que ça, deviennent hystériques, et que la fin de match est foutue pour le pauvre Benjamin Clément.
Comme tu le vois, le foot, c’est supporter son équipe, bien sûr, mais la communion se fait aussi en trouvant des cibles, et pas seulement l’arbitre. N’est-ce pas là une caractéristique de l’affirmation du groupe social, dût-elle se faire sur l’autel de la stigmatisation d’un seul ? C’est là une question morale et éthique dont peu de supporters s’embarassent.
Notes :
1 Peut-être peut-on considérer qu’il y a répondu 19 ans plus tard, en participant à la version turque de The Voice : http://www.sofoot.com/nouma-dans-le-the-voice-turc-152343-videos.html
2 Il a récemment exprimé tout le bien qu’il pensait du LOSC de l’époque dans une interview à So foot : « Ils m’ont prêté à Lille, six mois. Mais ce n’était pas le LOSC d’aujourd’hui, c’était comme passer d’une Ferrari à une Clio. Il n’y avait rien là-bas. C’était bidon. Un des premiers entraînements, des supporters des Dogues, des skinheads à deux balles, m’ont fait : « Ouais, toi t’es un Parisien, enculé! » Je leur ai fait « va niquer tes cheveux ». Je me suis battu, et à la fin de la première année je me suis barré » (https://www.fichier-pdf.fr/2015/10/02/sofootoctobre2015-70-71-5198/sofootoctobre2015-70-71-5198.pdf).
Posté le 23 février 2016 - par dbclosc
Et le meilleur gardien de l’histoire du LOSC est…
Entre Bergeroo, Lama, Wimbée, Landreau, Dusé ou l’inoubliable Ruminski, trouver qui a été le meilleur gardien de but du LOSC semble une tâche bien compliquée :
d’abord parce qu’il est rare d’avoir vu et connu les performances de chacun d’entre eux, ce qui permettrait une comparaison a minima ; ensuite parce que ce qui est considéré comme « bon » ou « mauvais » diffère d’une personne à l’autre, et il n’est alors pas possible de s’accorder sur des critères objectifs qui détermineraient le « meilleur » gardien : le meilleur gardien est-il celui qui encaisse le moins de buts ? Qui fait le plus d’arrêts ? Qui commande sa défense de sorte que son action le conduit à effectuer moins d’arrêts (mais alors comment s’en rend-on compte ?) ? Qui sort les ballons spectaculaires de sa lucarne mais ne sait pas placer un mur ? Et comment sait-on qu’un gardien sait placer un mur ? Quand un attaquant tire dans un mur, n’est-ce pas le fait de sa maladresse plus que du sens du placement du gardien ?
On voit avec ce deuxième point qu’en outre, quand bien même on pourrait repérer de façon exhaustive des qualités personnelles, celles-ci demeureraient masquées ou au contraire exagérées car les performances du gardien de but, comme tout poste d’un sport collectif, sont irréductibles de sa seule personne : en effet, les sollicitations qu’il connaît durant un match, et donc les occasions qu’il a de se mettre en vue, positivement ou négativement, demeurent dépendantes du niveau général du championnat dans lequel il évolue, de la place de l’équipe dans laquelle il joue, et du niveau global de ses coéquipiers : comment, dès lors, comparer objectivement des gardiens dont l’équipe joue le haut de tableau avec des gardiens dont l’équipe joue le bas de tableau ? Dans le premier cas, le gardien encaisse évidemment moins de buts, mais fait aussi sans doute peu d’arrêts ; dans le second cas, le gardien encaisse beaucoup, mais effectue aussi beaucoup d’arrêts… Quel critère l’emporte sur l’autre, quand d’autres paramètres, non visibles et non objectivables (tels que la concentration, pour les gardiens peu sollicités) entrent en compte ? Même si on avait la possibilité de trouver un ratio tirs cadrés/arrêts, il faudrait déterminer quelles occasions sont offertes à l’équipe adverse de tirer (s’agit-il de face-à-face, de joueurs isolés, de frappes excentrées, de frappes lointaines…?), et donc mettre en avant un travail collectif. La performance d’un gardien est donc toute relative.
Prenons les deux exemples les plus récents : Mickaël Landreau et Vincent Enyeama, pour lesquels chacun s’accordera à dire qu’ils étaient ou sont de très bons gardiens. Après le match disputé contre Lyon ce dimanche, nous apprenons que Vincent Enyeama a joué son centième match en Ligue 1, parmi lesquels on compte 45 clean sheet, ces matches où l’on n’encaisse pas de buts, performance notamment remarquée lors de la période durant laquelle, de septembre à décembre 2013, il n’a pas encaissé de buts pendant 1062 minutes consécutives, soit l’équivalent de presque 12 matches, réalisant d’impressionnants arrêts, dans et hors de cette période, qui lui donnent régulièrement la récompense symbolique de « meilleur arrêt de la journée » décerné par l’équipe.fr. Mickaël Landreau, pour sa part, en 115 matches avec le LOSC, n’a réalisé « que » 39 clean sheet, et ne laisse pas l’image d’un gardien particulièrement spectaculaire, et même plutôt enclin à réaliser une petite bourde par ci par là, réputation tenace issue d’un passage à vide de quelques semaines sous le maillot parisien.
Si l’on s’en tient aux chiffres, en championnat, Vincent Enyeama a encaissé 84 buts avec le LOSC, et Mickaël Landreau 115 : avec, respectivement, 8978 et 10 710 minutes jouées sous le maillot lillois, ils encaissent un but tous les 109 et 93 minutes. Cette première moyenne peut alors indiquer que Enyeama est « meilleur » que Landreau. Sont-ce cependant à « Enyeama » ou « Landreau » qu’il faut attribuer ces moyennes ? Elles correspondent aussi à la fréquence à laquelle l’équipe du LOSC encaisse des buts…
Comparons plus spécifiquement leurs deux saisons pleines avec le LOSC, c’est à dire 3420 minutes jouées (90 minutes fois 38 journées) : 2010/2011 et 2011/2012 pour Landreau ; 2013/2014 et 2014/2015 pour Enyeama. Landreau encaisse 36 (2011) puis 39 (2012) buts, et Enyeama 26 (2014) puis 42 (2015) buts. Si « Landreau » est stable, l’amplitude que révèle « Enyeama » interpelle et souligne l’idée qu’évidemment, il n’est pas devenu soudainement plus « mauvais » en encaissant 61% de buts de plus d’une saison à l’autre. La première saison d’Enyeama comme titulaire, qui correspond à la première année avec René Girard comme entraîneur, a correspondu à une saison où le club n’a misé que sur le championnat, permettant ainsi de jouer une fois par semaine, ce que la saison suivante, avec le même effectif limité mais la Coupe d’Europe en plus à jouer, n’a pas permis, hormis, ponctuellement, en deuxième partie de saison. Les performances d’un gardien ou d’une défense sont donc avant tout celles de son équipe, et un chiffre pris isolément ne peut permettre de conclure à la supériorité de l’un sur l’autre. En 2011, Lille termine deuxième défense du championnat avec 36 buts encaissés, un nombre qui l’aurait classée 5e en 2014, année où l’équipe termine aussi deuxième défense avec seulement 26 buts encaissés.
Dans le même temps, Lille marque 68 puis 72 buts en 2011 et 2012 ; contre 46 puis 43 en 2014 et 2015. Il n’est donc pas difficile de se rendre compte que le nombre de buts encaissés semble corrélé au nombre de buts inscrits, et que ce constat reflète l’orientation plus ou moins offensive/défensive de l’équipe. Avec Rudi Garcia, c’était certes très offensif et spectaculaire, mais le revers de la médaille était une insécurité défensive parfois très agaçante, tandis que René Girard a préféré empêcher l’adversaire de s’exprimer en l’asphyxiant. Résultat : une défense de fer, mais une animation offensive proche du néant.
Alors, si on devait se risquer à une conclusion quant à ce comparatif, entre Landreau et Enyema, il n’y a pas de « meilleur » gardien car, statistiquement parlant, à ce niveau de qualité, c’est impossible à déterminer. On peut en revanche avoir une appréciation, qui relève davantage du sentiment ou de l’impression générale, et donc elle aussi sujette à caution, selon laquelle Enyeama est plus spectaculaire que Landreau : ses arrêts sont démonstratifs, et ses réflexes parfois étonnants. Mais, au-delà du sentiment, chercher à dégager des individualités, et donc chercher à isoler des talents intrinsèques – ce sur quoi repose la logique des récompenses individuelles comme le Ballon d’or – revient en partie à nier la dimension collective du football, et l’inévitable insertion de chacun dans un système de jeu, qui met en avant certaines qualités plus que d’autres. À Lille, de Garcia à Girard, on est bien placés pour savoir que les mêmes joueurs, dans des systèmes différents, ont eux-mêmes des rendements différents.
Pour terminer et tenter d’appuyer notre raisonnement, posons la question suivante : si le « meilleur » gardien est celui qui n’encaisse pas de buts, pourquoi ne pas considérer que Christophe Landrin est le « meilleur » gardien de l’histoire du LOSC ?
Rappelons-nous : saison 1999/2000, le LOSC est en deuxième division. Cette saison là, notre gardien, Grégory Wimbée, est expulsé lors de la 16e journée et la réception de Sochaux : à la 68e minute, en sortant devant Pierre-Alain Frau, il commet une main en dehors de la surface de réparation. À cette époque, en division 2, il n’y a que 14 inscrits sur les feuilles de match. Les entraîneurs se dispensent alors de la présence d’un gardien sur le banc de touche, préférant la possibilité de faire entrer trois joueurs de champ. Quand un gardien est expulsé ou se blesse, c’est donc un joueur de champ qui prend sa place dans la cage, les entraîneurs ne renonçant pas à se parer d’un gardien de but. Ce 30 octobre 1999, Christophe Landrin, entré en jeu quelques minutes auparavant, remplace donc Gregory Wimbée, car la doublure Eric Allibert n’est pas sur le banc.
Christophe Landrin enfile le maillot de Grégory Wimbée et s’apprête à garder la cage du LOSC. Signe de la bonne ambiance du vestiaire, Pascal Cygan lui dit « hé, je suis Pascal Huit Gants, avec les deux que je te donne ».
À ce moment, Lille est mené 0-1, pousse pour égaliser, et s’expose encore plus aux contres sochaliens qui ont déjà conduit à l’expulsion de Grégory Wimbée. Sur l’un d’eux, profitant du va-tout offensif lillois (Patrick Collot vient de remplacer Abdelilah Fahmi), Stéphane Dedebant se retrouve seul face à Christophe Landrin, qui dévie en corner.
Un va-tout offensif tout relatif puisqu’on note la position de Patrick Collot comme dernier défenseur, ça sent le grand n’importe quoi des fins de matches débridées.
Score final : 0-1, pour la seule défaite à domicile du LOSC mais, surtout, la première du gardien Landrin, qui garde sa cage inviolée.
15 jours plus tard, Lille reçoit Guingamp, et rebelote. À la 53e minute, en sortant devant Fabrice Fiorèse, Grégory Wimbée, qui revient de suspension, commet une main en dehors de la surface de réparation, une action à l’origine d’un célèbre sketch de Fernando D’Amico que nous avons relaté ici. Christophe Landrin reprend les gants et a pour mission de sauvegarder le court avantage de 1 à 0 face au deuxième.
Cette combinaison lui va comme un gant.
Landrin est à peine sollicité dans ce match, et Lille gagne 2-0.
Christophe Landrin est donc resté 59 minutes – comme un symbole – dans les buts du LOSC sans encaisser de but. Il est donc, statistiquement, le meilleur gardien lillois, avec une moyenne de 0 but encaissé par match. S’il n’a pas encaissé de but, c’est surtout parce qu’il a peu joué ; et aussi parce qu’il faisait partie d’une équipe très performante, offensivement et défensivement – cette année-là, Grégory Wimbée n’encaisse que 21 buts en 35 matches et 3089 minutes jouées, soit un but encaissé toutes les 147 minutes). Le LOSC ne l’a plus jamais aligné dans le but en dépit de ces exceptionnels chiffres, car le poste nécessite, bien entendu, d’être tenu par un professionnel, mais cet exemple absurde n’a que pour but d’affirmer voire de démontrer qu’il reste très complexe d’isoler des performances propres par rapport à d’autres facteurs explicatifs.
Une chose est certaine : en dépit du talent d’Enyeama, et aussi bons qu’aient été Landreau, Sylva, Wimbée, Nadon ou Lama, ils ne pourront jamais se targuer d’être parvenu à réaliser ce à quoi Christophe Landrin est arrivé : une carrière de gardien de but sans aucun but encaissé.