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Drogue, bière & complot contre le LOSC

Drogue, bière & complot contre le LOSC

Le foot est un sport qui se joue à 11, et à la fin il y a un complot qui empêche le LOSC de gagner

Archive pour la catégorie ‘Donne-nous des nouvelles …’


Posté le 6 mars 2018 - par dbclosc

Le jour où Nadon a rendu son brassard

Jean-Claude Nadon a connu des hauts et des bas à Lille. Parmi les épisodes difficiles, il a même rendu son brassard de capitaine en janvier 1993 après une sortie du président Paul Besson à son endroit. À un moment-charnière pour sa carrière.

Jean-Claude Nadon est arrivé au LOSC en 1989, afin de pallier le départ de Bernard Lama. Formé à Vichy, Jean-Claude Nadon a jusqu’alors évolué en D2, à Guingamp, à partir de 1984, club qui lui a permis d’être sélectionné à 15 reprises en équipe de France Espoirs. On en a parlé ici : même gardien de but en D2, il a même été question, très brièvement, qu’il soit le troisième gardien des Bleus à la coupe du monde 1986. Il faut dire qu’à cette période, Nadon échoue de peu à monter en D1 avec Guingamp : 5e en 1985, c’est ensuite lors du barrage d’accession que les costarmoricains échouent en 1986 face à Alès. Pendant que les Guingampais rentrent dans le rang, Nadon dispute les jeux méditerranéens en 1987 avec l’équipe de France « amateurs » (qui est composée des meilleurs joueurs de D2, dont le futur Dogue Victor Da Silva), où il est battu en finale par la Syrie. Il rejoint le nord de la France en 1989.

 

Gardien emblématique du LOSC

Le 22 juillet 1989 contre Caen, Jean-Claude Nadon débute une aventure de 7 années au LOSC. 7 années globalement marquées par des performances solides, mais ponctuellement remarquées pour une certaine fébrilité. Là n’est pas l’objet de l’article, mais rappelons-nous par exemple que dès sa première saison, il a été remplacé pour les 8 derniers matches de championnat par sa doublure Jean-Pierre Lauricella. Et on garde le souvenir également que lors de sa dernière saison à Lille, il a perdu sa place au profit de Jean-Marie Aubry, après un début de saison catastrophique, aussi bien collectivement que personnellement, sa responsabilité étant clairement engagée par exemple contre Lens puis à Gueugnon en septembre 1995. C’est donc dans les coupes nationales que J-C enfile la tunique lilloise pour les dernières fois, contribuant au relativement bon parcours en coupe de France, avec les éliminations de Saint-Leu, Nancy (où il détourne un pénalty, avant de qualifier le LOSC aux tirs aux buts) et Monaco (où il détourne le dernier tir au but d’Anderson), avant de chuter en quarts à Marseille sur un pénalty scandaleux.

http://droguebierecomplotlosc.unblog.fr/files/2018/03/nadonn.mp3 Olivier Hamoir sur Fréquence Nord, Nancy-Lille 2 février 1996

Mais Jean-Claude Nadon a été un quasi-inamovible gardien de but, signant par exemple un record de longévité dans le but lillois : du 9 novembre 1991 contre Saint-Étienne au 16 septembre 1995 à Gueugnon, il est titulaire en championnat durant 145 rencontres consécutives en championnat. Régulièrement capitaine, connu pour son franc-parler, Jean-Claude Nadon est indissociable du LOSC de la première moitié des années 1990. Une de ses plus remarquables performances ? À Lens, le 16 novembre 1991. Ce jour-là, Nadon est imbattable et il repousse même un pénalty du milieu Israëlien Shalom Tikva.

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Parfois appelé en équipe de France A’ (appelée aussi « équipe de France B »), la presse évoque fréquemment l’intérêt que lui portent de nombreux clubs français. Au cours d’une saison 1992-1993 difficile pour le LOSC (on en a parlé ici et là), Nadon est considéré comme un leader dans le vestiaire. À la veille de jouer un match contre Marseille début janvier 1993, qui avait été remis à cause de la neige un mois auparavant, Nadon est officiellement promu capitaine pour succéder à Thierry Oleksiak qui joue de moins en moins. Et J-C l’ouvre : « J’ai un tempérament de gagneur, et j’aime bien le montrer. Si je n’étais pas capitaine, je me comporterais exactement de la même façon (…) Je suis un révolté, je ne peux pas rester insensible quand quelque chose se passe. S’il y a quelque chose à dire, il faut le dire… Même si ça ne plaît pas à tout le monde ».

Nadon3Na-Don Quichotte (dans la balle)


Un mois de janvier 1993 de toutes les émotions

Après la victoire surprise du LOSC contre l’OM, Nadon est de nouveau appelé en équipe de France A’ (en même temps que Pascal Nouma), pour un match au Sénégal. Pour lui, c’est une première depuis 2 ans et un match contre la Finlande à Beauvais en 1991. La Voix du Nord écrit : « Gérard Houiller n’a fait que confirmer une tendance : à savoir que l’ancien international espoir ne cesse de monter. Ne dit-on pas à ce propos que Monaco, où Ettori songe à une possible retraite en fin de saison et Saint-Etienne auraient des vues sur lui ? ». Bon, il a manifestement fait une grosse boulette lors de ce match au cours duquel il est entré, du moins c’est ce qu’on comprend quand le même journal écrit que Nadon « fut assez malchanceux sur le but de Sané ». Mais ce n’est pas bien grave : il est titulaire en D1, son club va mieux, on murmure son nom à droite et à gauche… Et pourtant : Nadon a « le blues ».

1

En voici les causes : 10 jours après la belle victoire sur Marseille, Lille concède le nul face à Montpellier, à Grimonprez-Jooris (0-0). Le LOSC est retombé dans ses travers : on s’ennuie, Lille ne marque pas. Surtout, en coulisses, le club est touché par de nombreuses secousses et semble en sursis. Pierre Mauroy, maire de Lille, s’impatiente. De nombreux changements se préparent : le désengagement de la ville, la baisse des subventions de la région, et le départ du président Besson est acté pour juin. Des rumeurs font état de dettes colossales. Un tandem constitué de Bernard Lecomte et de Marc Devaux est chargé de réfléchir à l’avenir du club en proposant un plan de survie qui consiste à mobiliser le milieu économique régional autour du LOSC. Car oui, le LOSC est menacé tantôt du dépôt de bilan, tantôt de fusion avec Lens, et même avec Valenciennes ! Devant l’opacité de la situation, Nadon s’exprime abondamment dans la presse… et ça déplaît fort au président Besson : « Je ne suis pas en fin de contrat en juin. Mais je n’hésiterai pas à solliciter un transfert au président si ça continue comme ça ».

Dans la foulée, le LOSC a l’occasion de se relancer sportivement en recevant Valenciennes, relégable. Tu parles ! Lille s’incline 1-2 à domicile, et Nadon, piégé par le vent, se troue complètement sur l’ouverture du score de l’USVA dès la 5e minute, en boxant directement dans son but un corner valenciennois tiré par Thierry Fernier… Et la Voix indique qu’il est « auteur par la suite de relances directement en touche ». Nadon reconnaît sans problème son erreur : « On a pris un sacré coup derrière la tête. Et c’est le premier but qui déclenche tout. Un but stupide ! J’en assume tout à fait la responsabilité (…) Il faut savoir s’adapter à toutes les conditions atmosphériques. Le vent est à l’origine du but, mais il était gênant pour les 22 acteurs. Je ne cherche pas d’excuse… ».

 2Gianfranco Zola et son « J’accuse ! » peuvent aller se rhabiller

Le président Besson démonte son gardien à la radio

 Le lendemain, invité à commenter l’actualité du LOSC sur Fréquence Nord, le président Paul Besson profite de la responsabilité du dernier rempart lillois la veille pour lui reprocher ses prises de position face aux problèmes du LOSC et lui dire sa façon de penser : « il ne faut pas oublier qu’il est arrivé à Lille inconnu et qu’il n’était pas très bon. Il a fait d’énormes progrès, mais quand on se considère comme un grand gardien de but, il faut quelquefois être modeste ». Vu l’extrait précédemment cité, on ne peut pourtant pas dire que Nadon l’ait beaucoup ramenée… Mais pour Besson, on l’a vu, le problème Nadon n’est pas sur le terrain.

Immédiatement, Nadon fait savoir à l’entraîneur Bruno Metsu qu’il rend son brassard de capitaine. Et il s’en explique dans une lettre recommandée adressée à Besson1. Le lendemain, lundi 25 janvier 1993, il ne se rend pas en mairie de Lille, où le groupe lillois est convoqué pour écouter la bonne parole de Mauroy quant à l’avenir du club. Il faut savoir qu’outre le statut public du LOSC à l’époque, le président Besson est également adjoint aux sports de la ville de Lille, ce qui renforce les liens pour ne pas dire la confusion des genres.
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♫♫ Jean-Claude, Jean-Claudeoutai, Jean-Claude, Jean-Claudeoutai ♫♫

À la demande de Metsu, Le capitanat revient désormais à Jean-Luc Buisine, à droite sur la photo ci-dessus, une fonction qu’il a déjà occupée par le passé. Après une nouvelle défaite à Paris (0-3), le LOSC reçoit Toulouse début février. Dans les tribunes, deux banderoles en soutien au gardien : « Tous avec Nadon » et « Nadon Président » !


Besson se casse, Nadon revient

Mais plus que du soutien des supporters, Nadon va bénéficier de révélations sur les finances du LOSC. Fin janvier, une assemblée générale de la SAEM a lieu. Sont alors révélés des chiffres alarmants : le LOSC souffre d’un passif de 33 320 466 francs, et d’une dette de 67 385 405 francs. Il se murmure alors que la succession de Besson pourrait être plus rapide que prévue, et que la lettre de démission du président, sur le bureau de Mauroy depuis des semaines, peut enfin servir ; et, en effet, le 20 février, Paul Besson démissionne. Lui succède Marc Devaux qui s’exprime dès le 21 février dans la Voix du Nord. Sa première décision est surprenante : elle concerne le domaine sportif ! « J’ai déjà demandé à Jean-Claude Nadon de reprendre son brassard de capitaine, avec l’accord de Bruno Metsu. Il a accepté. Mais rassurez-vous, je ne m’immiscerai pas dans le domaine technique. C’est la première fois. Et la dernière. Je vous invite même à me le reprocher, le cas échéant, si je manquais à ma parole ». Le soir-même, Jean-Claude Nadon est capitaine pour la réception d’Auxerre. La fin d’un trou d’air sportif et administratif. Sans cet épisode, on doute que la carrière de Nadon eut connu une autre ampleur, mais il n’a plus jamais été question de lui en équipe de France, pas même en B, ni d’un grand club, puisqu’il a ensuite rejoint Lens.

Contre Auxerre, le LOSC s’impose 1-0, ce qui a notamment pour effet de… virer Bruno Metsu. Quelle grande époque.

Nadon

 

FC Note :

1 Vous imaginez aujourd’hui Thauvin prendre la plume pour argumenter quant à son choix de ne pas s’entraîner… ?

 


Posté le 24 février 2018 - par dbclosc

♫ Souaré dit « SCO » ♫

Le LOSC reçoit Angers ce soir. Pardon, le « SCO d’Angers », l’Angers Sporting Club de l’Ouest. On espère que ce sera la soirée du LOSC, et non la soirée du SCO, même si la version que nous vous proposons a l’air pas mal.

On s’est récemment rappelé que parmi les éminentes personnalités que nous avons pu rencontrer à Grimonprez-Jooris figurait Boris. On l’avait déjà évoqué dans cet article. Boris, vous savez ? Le chanteur. Soirée Disco ! Un carton de l’automne-hiver 1995-1996 ♫ Top délire méga groove ! ♫ L’été suivant, il a fait « chauffer dans les bermudas » avec le fameux titre Miss Camping. Boris, de son vrai nom Philippe Dhondt, natif de Roubaix, fut en effet dès 1983 animateur et DJ sur la radio Radio Galaxie, basée à Wattrelos, et spécialisée dans les musiques électroniques. À partir de 1992, l’animateur Philippe Dhondt y raconte les histoires d’un personnage nommé Boris sur fond de musiques auxquelles je ne connais rien, mais que je regroupe sous le qualificatif global de « bizarres », mais bien hein.

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Croisant donc Boris à intervalles réguliers, et notamment quand le club était en D2 entre 1997 et 2000, on en conclut logiquement qu’il fut et est peut-être toujours un supporter du LOSC. C’était l’époque où il portait des pantalons avec des poches au niveau des genoux, alors même que c’était pas à la mode. Peut-être bien que ça n’a jamais été à la mode d’ailleurs. Il y rangeait des photos de lui-même qu’il dédicaçait très gentiment. Vraiment, le souvenir d’un type très sympa avec qui nous serions ravis d’échanger, s’il nous lit. À cette période, il collaborait avec DJ Xam avec lesquels il fit deux tubes remarquables lors de l’été 1999 : le très osé T’es zinzin ? et l’inoubliable Ta mère elle va jumper.

Ce souvenir éminemment lié au LOSC méritait qu’on en parle un jour, voilà qui est donc fait désormais. Et pour pimenter encore plus cette anecdote déjà savoureuse en elle-même, quoi de mieux qu’une adaptation de Soirée Disco ? Soirée Disco d’Angers… Souaré dit SCO ! Voilà en une ligne à peine notre cheminement intellectuel précisément restitué.

Nous vous encourageons donc monter le son, et à suivre nos paroles. Et promis, pour les soirées plus prestigieuses face au Real Madrid, on vous prépare une autre adaptation : Soirée d’Isco.

 

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Ce soir, Dernis est chez lui!
L’est avec Eden qu’y est MDR
c’est son p’tit wallon rouge, pompes blanches
Ce soir, c’est match, Dernis chante!
Ce soir, chez Dernis: événement! C’est « Souaré dit SCO »!

MOUMOUMOUMOUSSILOU

Dernis, demande à Pape contre qui qu’on joue
Il est déjà aphone
Ce soir, chez Dernis, c’est « Souaré dit SCO »
Go, go, go! Chaud, Dernis!

TUBTUBIDUBIDUB

Chez Stathis, ce soir, c’est le match du SCO

Chez Stathis, ce soir: entrée Abidal, gratuit pour Aubry
Chez Stathis, ce soir: y a Philippe Piette, Foulon en relief, Baratte et Souaré dit « SCO ! »

Allez Stathtis, danse, Stathis, danse!

Ambiance top délire à son paroxysme

C’est beau, pas Sochaux, c’est le SCO !

Top délire Milivoje
Top Top Top Top délire Milivoje
C’est beau, pas Sochaux, c’est le SCO !
Top délire Milivoje
Mounir Obbadi
Top Top Top Top délire Milivoje
Mounir Obbadi
Top délire Milivoje

Mounir Obbadi
Top Top Top Top délire Milivoje
Mounir Obbadi

Brisson-Karasi
Brisson-Karasi
Brisson-Karasi
Brisson Brisson Brisson Brisson Brisson Brisson Brisson Brisson Brisson Brisson Brisson Brisson
Zeudfwéwènts izindemiz zedidjéboyze !

Pouêt ! Toutoutou !

DERNIIIIS !

Top délire Milivoje
Top Top Top Top délire Milivoje
C’est beau, pas Sochaux, c’est le SCO !
Top délire Milivoje
Mounir Obbadi
Top Top Top Top délire Milivoje
Mounir Obbadi

L’ambiance du samedi Souar, elle est chez toi!
À bas Lens
Un Ié devant l’autre, Nangis
Ce soir, t’es le roi de la piste, Dernis
Ce soir, c’est normal, C’est « Souaré dit SCO »

pape-souare-lille_3258341Souaré dit « SCO »


Posté le 20 février 2018 - par dbclosc

Nicolas Savinaud, le buteur-fantôme

Nous préférons vous prévenir de suite : vous vous apprêtez à lire un article de fond.

Vous connaissez probablement Nicolas Savinaud, né le 20 novembre 1975, c’est-à-dire le même jour qu’un joueur du LOSC qui évoluait à peu près au même poste que lui : Yohan Cabaye (à 10 ans, 1 mois et 26 jours près, puisque Yohan Cabaye est en fait né le 10 janvier 1986). Bref, il est milieu défensif et on avait une pensée pour Cabaye. Mais en fait, Nicolas Savinaud a joué à bien d’autres postes que milieu défensif, notamment en défense, à droite, à gauche, et il a même joué gardien de but lors d’un match contre Troyes après que le gardien de son équipe, Mickaël Landreau, a été expulsé, et qu’aucun autre remplacement n’était encore possible. Mais que voulez-vous, il faut bien introduire un article, même quand on n’a pas grand chose à dire.

 savinaud-gPhoto Pierre Minier/Ouest Médias

Nicolas Savinaud a réalisé l’essentiel de sa carrière à Nantes. Il joue son premier match en D1 en novembre 1995 à Metz, en remplaçant à la 9e minute Serge Le Dizet, blessé. Était-il vraiment blessé ? En tout cas, Serge le disait. C’est un match au cours duquel Laurent Peyrelade est également entré. Nicolas Savinaud a la particularité d’inscrire son premier but en D1 lors de son 2e match dans l’élite, 3 mois plus tard, contre Bastia. C’est d’ailleurs un match au cours duquel Laurent Peyrelade et David Garcion sont également entrés.

Titulaire indiscutable chez les Canaris durant les 10 saisons suivantes, il y conquiert notamment 2 coupes de France (en 1999 et 2000) et un titre de champion (en 2001). Il est progressivement poussé vers la sortie lors de la saison 2006/2007, à l’issue de laquelle son contrat n’est pas renouvelé. Il joue alors 2 saisons à Guingamp, une à Vannes, et termine au niveau amateur à Carquefou.

En championnat, avec Nantes, Nicolas Savinaud a affronté 11 fois le LOSC : la première fois le 22 mars 1997 à la Beaujoire (1-0), la dernière fois le 3 février 2007 au Stadium (0-0). Rien de particulièrement notable lors de ses confrontations avec le LOSC, jusqu’à la saison 2001-2002. Au match aller, à Grimonprez-Jooris, les Nantais, champions en titre, sont en grave difficulté en championnat : derniers, avec seulement 3 points en 9 journées. Et le déplacement à Lille ne va rien arranger, puisque le LOSC s’impose 1-0 grâce à un but marqué par Bakari à la 93e. Les Nantais restent derniers, et Lille prend la tête du championnat. Ce cruel scénario pour les Nantais nous offre à la fin du match une toute belle réaction de Nicolas Savinaud en mode « philosophe à fleur de peau », à voir dans la vidéo ci-dessous à 3’03 :

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1« On s’en fout c’qu’on mérite ou c’qu’on mérite pas ! On a perdu… Moi j’dis : quand on perd, c’est l’équipe la meilleure qui a a gagné, c’est tout ! »

Fort heureusement, la suite de la carrière de Nicolas Savinaud contre Lille est de bien meilleure facture. En effet, lors du match retour joué le 16 février 2002 à La Beaujoire, il ouvre le score à la 28e minute : 1-0 pour Nantes, bravo ! Les images de la joie de buteur sont visibles à travers ce gif :

cliquez sur ce lien pour visionner la vidéo


Si le gif ne se lance pas automatiquement, suivez ce lien : https://j.gifs.com/zK4lzO.gif

C’est toutefois bizarre car finalement, le LOSC remporte ce match… 1-0, sur un but de Sterjovski ! Où est donc passé le but de Nicolas Savinaud ?

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En fait, le Nantais n’a jamais marqué ce jour-là : sa frappe de 20 mètres, légèrement déviée par Fernando D’Amico, est détournée par Grégory Wimbée sur le poteau, avant de revenir sur le gardien lillois. Une action à revivre à travers les images ci-dessous, qui révèlent aussi la suite du gif précédemment présenté :

Image de prévisualisation YouTube Tel un vulgaire Nigel Mansell saluant le public lors du dernier tour de course avant d’abandonner sur panne électrique pour avoir oublié de rétrograder


Rebelote en 2005

Avançons de 3 ans. Comme en 2002, Nantes-Lille 2005 se joue un samedi à 17h15, devant les caméras de Canal +. C’est la 36e journée de L1 : le LOSC est 2e, tandis que les Nantais n’ont qu’un point d’avance sur la zone de relégation. Stéphane Dumont ouvre le score de la tête dès la 9e minute. Mais à la 19e minute, Nicolas Savinaud transforme superbement un coup-franc dans la lucarne de Tony Sylva et égalise : 1-1 !
Dès le début de la seconde période, Rafaël redonne l’avantage au LOSC, de la tête, inscrivant là son premier but sous le maillot lillois (1-2).
Quelques minutes plus tard, sur un coup-franc à distance similaire de celui obtenu en première mi-temps, Nicolas Savinaud place de nouveau le ballon dans la lucarne gauche de Sylva. But pour Nantes, 2-2, bravo ! Les images de la joie de buteur sont visibles à travers ce gif :

cliquez sur ce lien pour visionner la vidéo


Si le gif ne se lance pas automatiquement, suivez ce lien : https://media.giphy.com/media/61ZaHL2sObCzkAJi89/giphy.gif

C’est toutefois bizarre car finalement, le LOSC remporte ce match 3-1, Mathieu Debuchy ayant finalement inscrit le 3e but lillois, toujours de la tête ! Où est donc passé le but de Nicolas Savinaud ?

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En fait, le Nantais n’a mis qu’un seul but ce jour-là. Son deuxième coup-franc ayant été obtenu pour jeu dangereux, il fallait le tirer de façon indirecte… Et comme 3 ans auparavant, il lui a fallu quelques secondes pour se rendre compte de la situation. C’est vraiment ballot ces ascenseurs émotionnels qui terminent mal en si peu de temps. Le bras levé de l’arbitre au moment où il s’apprête à siffler rappelle la particularité de l’exécution du coup de pied, et surtout l’inattention du tireur, qui le reconnaît bien volontiers. Le jeu reprend alors par un 6 mètres. Tout cela est à revivre dans le résumé de la rencontre ci-dessous :

Image de prévisualisation YouTube

Bon, on se moque, mais si nous aussi nous avions l’impression, même 2 secondes, de marquer un but en première division, on aurait sûrement été très contents également. Mais comme on n’est pas footballeurs professionnels, ça ne risque pas d’arriver de sitôt.

Voici deux images que vous pouvez utiliser comme fond d’écran par exemple, en souvenir de Nicolas Savinaud, le buteur-fantôme contre le LOSC.

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Posté le 6 février 2018 - par dbclosc

Fernando et Alvaro apprennent aux enfants à ne rien lâcher

Le 21 décembre 2017, DBC avait envoyé la fine fleur de son service « littérature jeunesse » pour rencontrer Fernando D’Amico qui présentait la version française du livre « Happy Foot. La bande du chat » à la librairie V.O à Lille, ouvrage co-écrit avec Alvaro Roa. Comme à son habitude, Fernando s’est montré adorable. On a acheté le livre et Manoa, notre expert de 6 ans, a testé pour vous l’ouvrage.

Fernando manoa moiManoa, notre expert littérature jeunesse avec Fernando et Bobby, grand reporter (comme Tintin) à DBC. Un grand merci à Marc pour ses photos !

Dans la deuxième partie des années 1980 dans l’Argentine championne du Monde, un entraîneur dit au jeune Fernando, 11 ans, qu’il n’était pas assez bon et qu’il n’avait aucun avenir dans le football. Fernando a alors beaucoup pleuré. Quinze ans plus tard, un journaliste de France 3 interviewe Fernando D’Amico à la mi-temps du match retour du tour préliminaire de Ligue des Champions contre Parme. Vainqueurs à l’aller (2-0), nos Dogues sont bousculés par l’ogre parmesan (1) et on ne sait plus trop si on doit encore rêver à la qualification. Fernando D’Amico, lui a un avis bien tranché sur la question : « il faut pas lâcher, il faut se qualifier, seulement ça : il faut pas lâcher, il faut se qualifier, il faut tout faire pour ne pas perdre ». Les Dogues ne lâcheront pas et se qualifieront, tenant jusqu’au bout, gagnant le droit de disputer la phase de poules de la Ligue des Champions pour la première fois de l’histoire du club.

Image de prévisualisation YouTube

Le jeune Fernando auquel on avait prédit aucun avenir dans le football, c’est bien sûr Fernando D’Amico qui allait donc lier son histoire avec celle de notre club. On en profite pour saluer au passage le visionnaire entraîneur, en nous disant que s’il fallait écouter des gens comme ça, les noms de Lionel Messi et de Cristiano Ronaldo ne nous diraient sans doute pas grand chose à l’heure qu’il est. Ni même celui de Nouma, mais ça c’est moins grave.

Cette expérience du jeune Fernando fût pour lui fondatrice. Dans « Happy Foot », on y découvre la philosophie qui était celle de l’inoubliable milieu de terrain du LOSC et qui fit son succès : il ne « faut pas lâcher », comme il le dédicaça, c’est à dire toujours poursuivre ses rêves, y croire et se donner à fond. Les auteurs nous narrent l’histoire d’un chat assez extraordinaire (le mien est plus basique) et de sept enfants (dont une fille) unis dans leurs aventures onirico-footballistiques. A la fin de chaque chapitre, un « entraînement » est proposé au jeune lecteur, se matérialisant par des questions et exercices invitant les enfants à adopter une attitude réflexive sur l’histoire qu’ils viennent de lire.

Damico gappy futbolAlvaro et Fernando. Au cas où il fallait le préciser.

Alvaro et Fernando y développent leurs propres valeurs mettant en avant les vertus du collectif et l’impératif de prendre du plaisir dans tout ce que l’on fait, valeurs qui manquent peut-être un peu à notre LOSC d’aujourd’hui. On vous conseille le livre, très réussi à notre sens, et on ne dit pas ça seulement parce qu’on a kiffé le Fernando comme joueur.

Pour finir de vous convaincre, laissons la parole à Manoa, notre expert es littérature jeunesse, interviewé à l’occasion.

DBC : Bonjour Manoa, tu as lu l’ouvrage de Fernando D’Amico et d’Alvaro Roa, qu’est-ce que tu en penses ?

Manoa : Il est amusant, il est beau, c’est des beaux dessins, il est drôle, j’le trouve pas mal. Y a le chat, avec les « Buuuuut ! », il y a beaucoup de « u », les prénoms des enfants sont bien.

DBC : Dans le livre, on voit que les enfants jouent toujours ensemble et que ça, c’est beaucoup mis en avant, qu’est-ce que tu en penses ?

M : Parce que des fois, dans les enfants, y en a un qui dès qu’il avait le ballon il voulait que le garder parce que il était fort, mais les autres ils gagnaient et du coup son équipe lui a expliqué et après ils ont rattrapé les adversaires et ils ont gagné. Voilà.

DBC : est-ce que il y a une histoire que tu as préféré ou tu as tout aimé autant ?

M : J’crois toutes autant.

DBC : tu m’as parlé des pizzas tout à l’heure.

M : contre l’équipe des Pizzas, y en a un pour avoir un peu plus d’énergie il les mangeait, mais un moment donné ils étaient un peu ballonnés, mais à un moment donné ils en ont moins mangées et ça allait mieux et ils ont gagné. Ils gagnent tout le temps, mais il y en a une que j’aime un petit peu plus c’est celle où ils jouent contre des hommes qui sont fait en glace, ils ont un cœur de glace et le chat il a fait quelque chose et si ils gagnaient le sort était brisé. Et le chat a réussi et le sort a été brisé.

DBC : est-ce que tu conseillerais l’ouvrage aux fascistes ?

M : c’est quoi un ouvrage ?

DBC : c’est le livre.

M : oui, je leur conseillerais, parce que comme ça, ils deviendraient moins fascistes.

DBC : et, à part aux fascistes, tu conseillerais le livre ?

Manoa : Oui, je le conseillerais, parce qu’il est amusant, il est beau et il est bien.

DBC : Merci Manoa !

En résumé, un livre qui rendra moins fascistes les fascistes, avec de beaux dessins et qui plaira tout particulièrement aux amateurs de « u », puisqu’il y a souvent le mot « buuuuuuut ! ».

Ah oui, on oubliait : Fernando sera encore à Lille, ce 8 février à partir de 18 heures, cette fois aux Quais du Vieux-Lille !

damico happy foot

Pour achever de convaincre d’éventuels hésitants, la maman de Manoa sort un dernier argument massue : « En plus, il est beau gosse ».

(1) Cette expression d’ »ogre parmesan » me donne l’idée d’écrire un roman intitulé : « Un ogre nommé Parmesan ».


Posté le 9 janvier 2018 - par dbclosc

Été 1987, les premiers pas de Christophe Galtier au LOSC

Le mercato losciste printemps/été 1987 est marqué par la volonté de Charly Samoy et de Georges Heylens de rompre avec une fin d’exercice précédente terminée en quenouille. Le manque d’investissement du groupe 86/87 motive le recrutement de joueurs réputés pour leur sérieux et leur professionnalisme. Parmi eux, le jeune Christophe Galtier, 20 ans, qui montre dès ses premières semaines lilloises quelques traits qui caractériseront le défenseur puis l’entraîneur.

Vendredi 5 juin 1987. Aux alentours de 22h, la saison 1986/1987 vient de s’achever pour l’équipe lilloise par une défaite 0-1 contre les Nantais de Jean-Claude Suaudeau. Presque un an auparavant, le club se gargarisait d’avoir engagé les Belges Desmet et Vandenbergh, Felix Lacuesta et le Zaïrois Gaston Mobati : c’était, parait-il, la promesse d’un grand spectacle. Si once de spectacle il y eu lors de l’exercice 1986/1987, c’est via un honorable parcours en coupe de France. Après avoir sorti le Red Star, Bastia et Auxerre, les Lillois se retrouvent, comme en 1985 qualifiés pour les quarts de finale contre Bordeaux. Mais cette fois, ils échouent (1-3 ; 2-1), non sans avoir espéré au match retour un retournement de situation comme 2 ans auparavant (1-3 ; 5-1). Mais les buts lillois de Desmet (85e) et de Mobati (87e), sont arrivés trop tard.

 

Un dernier match catastrophique contre Nantes en 86-87

Mais outre la déception globale causée par le classement final du club (14e, seulement 3 points devant le barragiste Sochaux) après avoir moisi toute l’année dans le ventre mou du championnat, les Lillois ont offert contre Nantes un spectacle indigent. Devant une faible affluence (6 325 spectateurs) qui s’est de toute façon effilochée à mesure qu’avançait la saison, le LOSC a été pathétique. Incapables de réagir à l’ouverture du score d’Anziani (17e), les joueurs suscitent la consternation du public qui, sarcastique, scande les noms de Laval et du PSG : dans un match sans enjeu, eux assurent le spectacle : 4-3 pour les Mayennais ! Sous la plume de Pierre Diéval, la Voix des Sports n’y va pas de main morte dans un article intitulé « Ça, des professionnels ? ». On y trouve pêle-mêle les extraits suivants : « joueurs complètement à côté du sujet du football » ; « incapables de remplir leur contrat, de soigner le spectacle » ; « que dire du comportement des hommes de Georges Heylens ? » ; « manque de conscience professionnelle » ; « bande de footballeurs-pantins » ; « jamais, nous disons bien jamais, nous eûmes le sentiment que ce LOSC-là disputait un match de division 1 » ; « maladresses, erreurs d’appréciation, choix tactiques flous, incapacité à élever le ton, refus de combattre, résignation » ; « indigne » ; « les spectateurs qui ont pris place dans les tribunes de Grimonprez-Jooris vendredi soir croyaient assister à une fête et non à un enterrement de première classe »… N’en jetez plus ! Seul Mobati est épargné par la critique.

 

« Honteux » : Deschodt, Samoy et Heylens resserrent les boulons

Après le match, les 3 hommes forts du LOSC, le président Roger Deschodt, le directeur sportif Charly Samoy, et l’entraîneur Georges Heylens sont consternés. Le nul contre Toulon (1-1) puis la démission collective à Nice la semaine précédente (0-1) n’avaient donc pas suffi. Alors que, jusque là, Heylens montrait plutôt son agacement devant le mercato agité qui attend le LOSC (déjà 4 recrues officialisées avant même le match contre Nantes, l’occasion de voir que les temporalités du mercato étaient bien différentes de celles d’aujourd’hui : à la reprise le 25 juin, l’effectif est censé être au complet), l’entraîneur Belge, profondément déçu, change d’attitude : « tout bien pesé, je ne suis pas déçu de devoir modifier l’équipe car ce soir certains ont dévoilé leurs limites. Et pas seulement sur le plan technique ». Toujours dans un article signé P. Diéval, on apprend qu’au moment où Heylens prononce ces mots, le président Roger Deschodt arrive, « les traits tirés et la voix tremblante. Un seul mot s’échappa de sa bouche. Un seul : ‘Honteux’ ». Le président évoque un « grand nettoyage de printemps », justifié par l’attitude de certains joueurs tout au long de la saison, dont ce dernier match contre Nantes a été le point d’orgue. Difficile aussi de ne pas penser à l’épisode du tournoi au Cameroun qu’on a évoqué ici, et qui a précipité le départ des frères Plancque (Stéphane à Auxerre, Pascal à Strasbourg). Outre les frangins, quittent le LOSC : Rousseau (Laval), Péan (Bordeaux), Lacombe (Cannes), Didaux (Strasbourg), Soumah (prêt à Louhans-Cuiseaux), et Lacuesta (Cannes). Parmi ces 8 départs, seul celui d’Eric Péan n’était pas souhaité par les dirigeants lillois, mais ces derniers ne pouvaient rivaliser avec les conditions proposées au joueur par Bordeaux. En retour, sont d’ores et déjà officialisées les arrivées de Fernando Zappia (Metz), Jean-François Daniel (Saint-Etienne), Alain Fiard (Auxerre), Dominique Leclerc (Matra Racing). Celle de Jocelyn Angloma (Rennes) est imminente. Le 6 juin 1987, lendemain du match contre Nantes, la Voix du Nord se fait l’écho dans un entrefilet d’une rumeur évoquant l’arrivée du Marseillais Christophe Galtier à Lille.

 

1Un joueur par ligne, sachant qu’il y a déjà 4 lignes sur un terrain de foot, sans compter la ligne médiane et les surfaces de réparation, ça va faire beaucoup de joueurs.

 

Suspendu à son arrivée

En fait, le LOSC ne recrutera pas « un joueur par ligne », mais cherche en effet activement un défenseur ainsi qu’un n°10 : pour ce poste, les noms de Patrick Delamontagne (Laval) et de Philippe Vercruysse (Bordeaux) reviennent. Lors du quart de coupe de France contre Bordeaux quelques mois avant, Heylens avait loué les qualités du numéro 10 bordelais, qualités qu’il avait aussi évoquées dès le mois de décembre. Côté défense, ce sont les noms de Galtier et de René Marsiglia, un ancien de la maison, qui reviennent avec insistance. La préférence d’Heylens va à Christophe Galtier, et si ce transfert met un peu plus de temps à se conclure, c’est parce que le Marseillais n’a pas fini sa saison : l’OM doit en effet jouer la finale de coupe de France le 10 juin contre Bordeaux.

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L’Olympique de Marseille 1986-1987.
En hommage au Vieux-port, Christophe Galtier imite un brochet, tandis que l’on sait désormais que Gervinho s’est inspiré de la coiffure de Jean-François Domergue.

Après une victoire 2-0, la coupe revient à René Girard, le capitaine bordelais. En face, Christophe Galtier a joué 89 minutes. Dans le résumé ci-dessous, on l’aperçoit sur le premier but bordelais, avec le n°2 dans le dos :

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Le joueur est accrocheur est teigneux : averti lors de cette finale, la ligue lui inflige le 18 juin un match de suspension, qui le privera de la reprise du championnat. Et là on se dit qu’il est vachement bon notre intertitre, putain…

 

23 juin 1987 : Christophe Galtier est Lillois

C’est dans le journal du 24 juin 1987 que l’on apprend l’arrivée de Christophe Galtier, sixième recrue lilloise (septième en fait, on explique juste en dessous de la photo). Nous en concluons donc fort logiquement que c’est le 23 juin que tout s’est officiellement joué. Âgé de 20 ans, le jeune défenseur quitte pour la première fois son club formateur et sa ville natale, alors qu’il lui est encore contractuellement lié pour 3 ans. Il s’agit en fait d’un prêt assorti d’une option avec un transfert définitif. Le groupe est au complet, et l’entraînement reprend le 25 juin.

 3Les recrues lilloises, de gauche à droite : Christophe Galtier, Alain Fiard, Fernando Zappia, Dominique Leclerc, Rodolphe Buchot, Jean-François Daniel. Manque Jocelyn Angloma, retenu par son service militaire.
Quand on évoquait plus haut que Galtier était la 6e recrue, c’est parce qu’a signé avant lui Rodolphe Buchot, mais qui n’a pas joué avec les pros. Il est l’avant-centre d’Amiens et a signé un contrat de stagiaire professionnel.

PRESENTATION LILLE

Les recrues « professionnelles »

 

De l’exigence : Galtier en première ligne

Le premier objectif de Georges Heylens est de former un groupe uni, une tâche difficile avec un effectif renouvelé de moitié. Pour ce faire, les Lillois iront dans un premier temps en stage une semaine au Touquet (avec matches amicaux contre Toulon et Dunkerque), puis joueront le tournoi de la CUDL du 9 au 11 juillet, et un amical contre Waregem. Par ailleurs, 3 autres matches amicaux sont d’ores et déjà fixés en août, après la reprise du championnat, illustration là aussi de mœurs bien différentes en comparaison de l’époque actuelle. Le championnat reprendra quant à lui le 18 juillet, contre… Nantes. Une bonne occasion d’effacer en partie la sale impression du 5 juin. En attendant, le traumatisme est toujours là. À la reprise, la fin de saison précédente est encore brandie comme un repoussoir, le contre-modèle de ce qu’il faut faire : « le recrutement a été effectué sur des critères où la mentalité a joué un grand rôle, déclare Heylens. J’attends, d’ailleurs, beaucoup de Fernando Zappia, Alain Fiard, Christophe Galtier et Jean-François Daniel à ce sujet. Dans le même ordre d’idée, la nomination au capitanat de Jean-Luc Buisine est une excellente nouvelle. Jean-Luc est un homme agréable qui sait taper sur la table et prendre ses responsabilités. Ainsi, j’espère que le public n’assistera plus à des productions du style de la fin de saison dernière. Ce n’est pas que l’on ait leurré les gens, mais autant nous avions laissé une belle impression contre Bordeaux en coupe, autant nous avons déçu dans nos deux derniers matches à domicile. Il n’y aura plus de manquements au professionnalisme ». Illustration de la mentalité exemplaire que veulent insuffler les dirigeants, le comportement de Christophe Galtier, qui renonce à quelques jours de congé pour intégrer au plus vite le collectif au Touquet.

 4La Voix des Sports, 29 juin 1987

 

Et un premier trophée !

Le 1er juillet, le premier amical contre Toulon se solde par un nul 1-1 (le but lillois est un csc de Thierry Taberner, qui bat son gardien Jean-Pierre Mottet). Il ne nous a pas été possible de retrouver la composition de l’équipe, mais il est fort probable que c’est le premier match que Christophe Galtier a joué pour le LOSC dans la mesure où Heylens avait annoncé une revue d’effectif et qu’Angloma et Meudic étaient absents. À l’issue du stage au Touquet, les Lillois s’inclinent 1-0 contre Dunkerque, qui a 10 jours de plus de préparation dans les jambes. Angloma a joué, les deux Belges reviennent de blessure, mais pas d’inquiétude. Arrive alors le grand, l’immense tournoi de la CUDL, officiellement baptisé « tournoi du Stadium », pour sa 11e édition.

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On a parlé du tournoi de la CUDL, son palmarès, quelques-uns de ses faits marquants, dans cet article. Initié en 1977, ce tournoi pas aussi amical qu’on ne le croit comporte 4 équipes : 2 françaises et 2 étrangères. Il a vu jusqu’alors s’imposer LOSC à 3 reprises en 9 participations. Cette année, sont conviés : Lille, Lens, les Allemands de Stuttgart et les Yougoslaves de Hadjuk Split. Le tirage au sort a désigné les confrontations suivantes : Lille/Stuttgart et Lens/Split le 7 ; après une « petite finale » entre vaincus en lever de rideau, les vainqueurs s’affronteront en finale le 9.

Annoncé remplaçant dans la presse, Christophe Galtier est finalement titulaire dans cette rencontre, où Mobati ouvre le score pour les Lillois avant que Walter, bien servi par Jürgen Klinsmann, n’égalise en deuxième mi-temps pour les Allemands. Finalement, le LOSC l’emporte au tirs aux buts (5-4 : pénos réussis par Desmet, Thomas, Vandenbergh, Zappia et Angloma, raté par Buisine), et se qualifie donc pour la finale contre… Split, bien entendu, qui a sorti Lens aux tirs aux buts. La légende raconte que les Yougoslaves auraient traité les Lensois de « bananes » et auraient importé ce vocabulaire dans leur pays, d’où la spécialité des bananes à Split.

67 juillet 1987, LOSC-Stuttgart
Buisine, Zappia, Vandenbergh, Desmet, Lama
Mobati, Fiard, Thomas, Daniel, Angloma, Galtier

L’équipe fait une bonne impression générale, avec un Angloma très en vue, et Christophe Galtier a droit à un petit encadré sur sa prestation, jugée sobre.

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Illustration de la dimension amicale toute relative du tournoi, la finale LOSC/Hadjuk Split s’annonce tendue. En fait, le match entre Lens et les Yougoslaves est complètement parti en sucette. Outre un faible niveau de jeu (« affligeant » écrit la Voix du Nord), les observateurs ont déploré nombre d’agressions et une succession de gestes d’anti-jeu sur le terrain. Du coup, 7 cartons jaunes distribués. Bien entendu, cela n’a pu venir que du camp yougoslave : on apprend en effet que les Yougoslaves sont des « truqueurs », la Voix du Nord en fait même le titre d’un de ses articles, comme un avertissement pour les Lillois !

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On va d’ailleurs vous proposer un extrait de cet article, car ça vaut son pesant de coucougnettes : « quelle bête a piqué les protagonistes de la rencontre initiale ? Était-ce une mouche tsé-tsé car le match fut d’une rare indigence ou encore un moustique au dard hallocinogène qui fit tourner la tête des joueurs. Ils croyaient participer à une quelconque finale européenne tant les gestes d’anti-jeu et les agressions furent nombreux1 (…) Split ne fait guère dans la poésie et la provocation semble être la plus belle de ses vertus ». Georges Heylens n’est pas en reste : « le propre d’une équipe yougoslave, c’est d’être truqueuse, roublarde. Si les Yougoslaves ont montré un visage agressif face à Lens, ils n’en restent pas moins de redoutables footballeurs, d’une technique individuelle au-dessus de la moyenne ». Autres temps, autres mœurs, mais naturaliser et généraliser les « qualités » de l’adversaire, ça porte aussi un nom. Bref. En tout cas, pour l’entraîneur Belge, « gagner le tournoi, c’est mon souhait le plus cher. La dynamique de la victoire pourrait s’installer rapidement, ça c’est important pour le moral des troupes ». Confiance au même 11 de départ ! « Le sérieux de Galtier » est souligné.

910 juillet 1987 : première photo de presse de Christophe Galtier en action avec le maillot du LOSC. Comment ça, c’est Desmet ? Oui mais derrière… ?
Comment ça, c’est Fiard ? Oui mais derrière… ?

Dans un match qui s’est finalement bien déroulé, les Lillois s’imposent 3-1 après prolongation, grâce à l’ouverture du score de Gaston Mobati (40e), « bénéficiant d’une obstruction non sanctionnée de Desmet. Le Belge est tout de même un sacré filou… ». Retenons donc cette leçon : le Yougoslave est truqueur, mais le Belge est filou. Puis Rudi Garcia (95e) et Edwin Vandenbergh (115e) ont marqué. Dans la presse, mentions spéciales à Mobati, Zappia et Angloma. 4 ans que Lille n’avait pas gagné le tournoi, et premier trophée lillois de Galtier ! Sorti à la mi-temps, il voit depuis le banc l’égalisation des Yougoslaves dès la 48e minute… On en conclura ce qu’on en voudra.

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Heylens est content : « Je ne peux qu’être satisfait et même surpris puisque certains automatismes sont déjà au rendez-vous ». Ainsi, l’équipe semble bien tourner et en tribunes, Robert Budzynski, directeur sportif du FC Nantes, peut se faire du souci : dans une semaine, son équipe affrontera un LOSC apparemment en forme.


Un effectif qui pose encore question

Cependant, on reste prudent côté lillois. En fait, on semble même surpris de la victoire au tournoi de la CUDL. Après un dernier match amical le 12 juillet à Linselles contre Waregem, l’ancien club de Desmet, remporté 4-1, la principale question réside dans l’animation offensive du LOSC. Avec les départs des Plancque et de Didaux, qui pour jouer en n°10 ou un poste assimilé ?

Durant le tournoi de la CUDL, Heylens a joué avec deux pointes (le plus souvent, les Belges) soutenues par un meneur (Mobati). Seulement, cette triplette, quelle que soit sa configuration, est impossible en championnat (du moins, si Zappia joue : on ne peut aligner plus de 3 joueurs étrangers sur la feuille de match). C’est en effet la stratégie offensive idéale : Mobati pète la forme, et si les Belges sont encore poussifs en ce début de saison, on connaît leur talent et leur entente. En fait, le LOSC est dans l’attente, d’une part, d’un assouplissement du règlement concernant le nombre d’étrangers qu’il est possible d’aligner et, surtout, d’autre part, d’une naturalisation de Gaston Mobati pour l’automne, qui éliminerait le problème. Contre Stuttgart, Vandenbergh a alterné entre les postes de n°9 et de n°10, et Heylens ne cachait pas ses espoirs : « Erwin m’a beaucoup plu dans ce nouveau rôle. Il joue juste et sait dépouiller son jeu, ce qui ne l’empêche pas, le cas échéant, de trouver les ressources nécessaires pour redevenir un attaquant dangereux. Voyez son but ! Dans l’optique d’une éventuelle naturalisation ou assimilation de Mobati, le test ne manquait pas d’intérêt. J’opérerai par conséquent de la même manière devant Split. Bien sûr qu’Erwin n’est pas un véritable n°10. Il n’empêche que beaucoup de ballons passent par lui, qu’il sait les tenir… et les passer au bon moment à la faveur d’une très grande lucidité. Cela fait deux ou trois saisons qu’il occupe une position plus en retrait. Il n’en est pas moins précieux pour autant ! ». Cependant, il recherche toujours un n°10 de métier. Les noms de Marco Morgante (Mulhouse), Rubén Umpiérrez (Racing Club de France, « Umpierrez, dont tout le monde me parle, c’est 20 briques par mois. Est-ce vraiment intéressant à ce tarif-là ? ») sont repoussés, tandis que Philippe Vercruysse, hors d’atteinte (son transfert serait « supérieur au milliard de centimes, et son salaire supérieur à 300 000F2 »), ne sera de toute façon pas lâché par Aimé Jacquet, l’entraîneur de Bordeaux. Samoy ne peut que constater : « c’est vrai, l’équipe ne dispose pas pour l’instant d’un homme capable au milieu de canaliser les énergies, de diriger la manœuvre. Mais les bons numéros 10 sont rares et très chers en France. Pouvait-on dès lors mettre en péril la gestion du club ? ». C’est bien une question de dirigeant à l’ancienne ça ! En attendant, Heylens a pour le moment renoncé à faire reculer Vandenbergh. Il compte sur Fiard, Daniel, et pourquoi pas Angloma, pour servir les attaquants.


Des débuts en fanfare

18 juillet 1987, le championnat reprend. Des fois qu’on aurait mal compris, Heylens pose à nouveau le décor : « nous voulions changer les mentalités, ouvrir en quelque sorte un nouveau chapitre. À quoi bon le cacher : il y a des choses que je n’ai pas du tout digérées de la saison dernière, le comportement de certains – reportez-vous aux derniers matches du précédent exercice – ne cadrant absolument pas avec l’idée que l’on se fait du football pro. Dès lors, pourquoi continuer avec les mêmes hommes ? ». En face, Nantes, qui a fait « un malheur dans sa série de matches amicaux ». Devant une cinquantaine de journalistes belges, ravis de voir nos deux avants et Franky Vercauteren, nouveau Nantais, la saison commence. Sans Christophe Galtier, rappelons-le, suspendu.

11Des Belges, trois fois.

Et de façon assez surprenante, le LOSC s’impose 3-0, grâce à Périlleux frappant fort en angle fermé (64e), Angloma, superbement servi par une talonnade de Desmet (71e) et Desmet, d’un lob lointain (90e) qui « allumait la dernière fusée, à mi-chemin entre les fêtes nationales française et belge » indique la Voix du Nord. C’est bien dit hein ?


L’effet Galtier

Deuxième journée. Lille se rend à Nice. Logiquement, Heylens reconduit la même équipe que celle victorieuse des Canaris cui-cui. Seul changement : Galtier, opérationnel, est intégré au groupe, au détriment de Prissette.

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Lille est rapidement mené, la faute à un but de Philippe N’Dioro dès la 8e minute. 1-0 pour Nice à la mi-temps. En début de seconde période, Galtier entre. Nous sommes à la 50e minute… et Lille égalise à la 51e par Angloma ! Finalement, les Lillois s’inclinent (1-2), mais l’effet Galtier a été saisissant.

 

Et la suite de la saison… ?

Galtier s’installe au sein d’un collectif qui alterne le bon et le moins bon. Au soir de la 10ème journée, après une victoire (3-1) sur le terrain du PSG (c’est-à-dire au Parc des Princes), on se met à croire que la mayonnaise pourrait prendre, Lille accrochant alors une inespérée 3ème place, de surcroît à égalité de points avec le deuxième. Ne nous emballons cependant pas trop : c’est aussi le même total que Saint-Etienne, 9ème, et seulement un point de plus que Cannes, 15ème. Mais quand-même.

13A la surprise générale, Le Havre n’est qu’à une victoire de la qualification européenne

Troisièmes, 14 buts inscrits en 10 matchs malgré de l’absence de meneur, c’est un peu le genre de sensations dont on n’avait pas l’habitude. C’était trop beau. Sagement, les Lillois décidèrent de rentrer dans le rang : jusqu’à la trêve hivernale, ils ne prennent que 10 points supplémentaires en 14 matchs, marquant 8 buts pour 15 encaissés. Nous voilà soulagés : c’est à nouveau à la lutte pour le maintien que nous nous préparons. Dans cette galère, Galtier est convainquant mais l’animation pèche. Finalement, le LOSC n’a pas recruté de n°10, et l’équipe en souffrira toute la saison. Le rôle revient de manière plus ou moins explicite à Daniel, Thomas ou Angloma. En novembre, Heylens tenait dans Onze mondial le même discours qu’en été : il n’y a pas de meneur de jeu…

 

14Sympa l’entraîneur qui annonce que le problème de l’équipe, c’est son fonds de jeu

Forts de leur expérience camerounaise de la saison précédente, les Dogues optent cette fois pour un programme moins original pour combler la longue trêve hivernale et partent en stage du côté d’Alès. Là-bas, ils en profitent pour participer au célébrissime tournoi de Martigues (dont c’est la première et la dernière édition). Malgré un match déplorable, ils éliminent tout de même Martigues en demi-finale (2-2, 5 tab à 4) avant de rencontrer Posco Atoms, le champion de Corée du Sud, en finale : grâce à un doublé de Vandenbergh, ils s’imposent (2-1). Après le tournoi de la CUDL, Christophe remporte là son deuxième trophée depuis sa signature au LOSC sept mois plus tôt. On lui souhaite un tel bilan pour son retour comme entraîneur.

La suite sera d’un tout autre acabit (Haïfa) que l’avant trêve : encore solides derrière, désormais efficaces devant, les Lillois réalisent encore un parcours sympathique en coupe, achevé en quart en grande partie en raison d’un Amitrano (le gardien niçois) en état de grâce. En championnat, Lille finit bien, terminant 11ème et 4ème sur la période suivant la trêve hivernale. L’animation offensive a connu un réel mieux, le LOSC inscrivant 23 buts sur ces 14 derniers matchs. Et Christophe dans tout ça ? Toujours solide, il rate deux matchs : dommage, avec lui, on n’aurait peut-être pas perdu à Toulouse et à Niort et on n’aurait peut-être pas été loin d’une qualification européenne.

Galtier

À l’arrivée, une saison en dents de scie, assez similaire à la saison précédente, en dépit de quelques coups d’éclat (Lille gagne notamment chez le champion Monaco, ainsi qu’à Marseille). Christophe Galtier, quant à lui, s’impose comme un solide arrière latéral, disputant 33 rencontres dont 29 en tant que titulaire. Sa plus grande joie arrivera en fin de saison, mais hors du LOSC : il remporte, aux côtés notamment de Buisine, Angloma et Franck Passi, l’Euro Espoirs 1988.

 

FC Notes :

1 Syntaxe et orthographe d’origine.
2 Nous appartenons à une génération qui n’a jamais compté en centimes, hormis pour compter les vrais centimes ; et par ailleurs on ne sait pas trop ce que ces chiffres valent, mais on suppose qu’il faut comprendre que c’est beaucoup.


Posté le 6 décembre 2017 - par dbclosc

Vincent Enyeama, l’état de grâce

Le 8 décembre 2013, à la 27e minute du match Bordeaux-Lille, le LOSC encaisse un but. Le premier depuis… 1062 minutes, soit l’équivalent de quasiment 12 matches pleins. Dans les cages, le grand artisan de cette exceptionnelle performance : Vincent Enyeama.

« Le Nigeria est tout pour moi. Je le place au-dessus de tout… après Dieu » ; « La religion, c’est ma vie, tout simplement. Je suis catholique. Ma famille m’a élevé dans cette foi ». Dès qu’il en a l’occasion, Vincent Enyeama le dit et le répète : il est très croyant. On imagine alors que les devoirs religieux auxquels il s’astreint ont pour but l’obtention du salut, une notion spirituelle complexe qui désigne le fait d’être sauvé de l’état de péché. Et pour atteindre le salut, d’aucuns prétendent avoir été ou espèrent être touchés par la grâce. Nous espérons nous-même ne pas pécher en allant chercher nos définitions dans un dictionnaire profane, mais voici ce que le Larousse dit de la grâce : « don ou secours surnaturel que Dieu accorde aux hommes pour leur salut ». Quel que soit son rapport à la religion, on ne peut qu’être frappé par la période qu’a vécue Vincent Enyeama à l’automne 2013 : un épisode proche de l’état de grâce qui, s’il ne dit peut-être pas grand chose de l’existence d’un dieu pour les catholiques, semble au moins attester de l’existence de dieux du football, qui avaient décidé de faire du gardien nigérian leur élu pour le salut losciste, en le transformant en un rempart infranchissable.

 

Un gardien-buteur

Vincent Enyeama arrive à Lille en 2011, dans un relatif anonymat. Après avoir joué dans 3 clubs nigérians depuis ses débuts professionnels en 1999 (Ibom Stars, Enyimba et Iwuanyanwu), ses premières aventures extra-nationales se font en Israël, à Bnei Yehoudah FC (2005-2007), puis à l’Hapoël Tel-Aviv (2007-2011). Il y entretient sa réputation d’excellent gardien, mais aussi… de buteur, puisqu’Enyeama avait déjà inscrit 12 buts en championnat nigérian. Avec l’Hapoël, il en inscrit 8 autres. Tous sur pénalty. Dont 3 en coupe d’Europe : il en convertit un lors de la victoire au FK Teplice en phase qualificative pour l’Europa League en 2009 ; un contre le FC Salzburg en barrages de Ligue des Champions en août 2010, et un dernier contre Lyon en septembre 2010. Autrement dit, Vincent Enyeama fait partie des gardiens-buteurs, une tradition dont l’adaptation en France n’est pas sans rapport avec le LOSC puisque Ruminski, Lama, Nadon et Wimbée, dans des circonstances variées, ont aussi connu la joie du buteur. Avec 20 buts inscrits en compétition professionnelle, Vincent Enyeama est à ce jour le 16e meilleur « gardien-buteur », derrière quelques vedettes du genre tels que le Brésilien Rogero Ceni (131 buts entre 1992 et 2015), le Paraguayen José-Luis Chilavert (62 buts entre 1982 et 2004), le Colombien René Higuita (41 buts entre 1985 et 2010), le Mexicain Jorge Campos (34 buts entre 1988 et 2004), ou l’Allemand Hans-Jörg Butt (31 buts entre 1994 et 2012)

Image de prévisualisation YouTube Avant de dégoûter les attaquants de L1, Enyeama s’amuse à dégoûter un gardien de L1 : Hugo Lloris.

 

Une première saison lilloise sur le banc. Mais avec le sourire.

Vincent Enyeama passe la saison 2011-2012 dans le rôle de doublure de Mickaël Landreau, un rôle auquel il s’attendait. Il n’a pu se montrer que lors d’un match de Ligue des Champions contre l’Inter Milan (0-1), car Landreau était blessé, et de deux apparitions en coupe de la Ligue (contre Sedan, où il concède d’ailleurs un pénalty, puis à Lyon). Pour son premier ballon touché en match officiel, Enyeama arrête facilement un coup-franc lointain de Sneijder, qui a tenté de le surprendre alors qu’on s’attendait à un centre. Comment réagit le Nigérian ? Il a un grand sourire. Content de ne pas s’être fait avoir, ou juste content de toucher le ballon, Vincent Enyeama est content de jouer au foot et il le montre (à partir de 3’45 dans la vidéo ci-dessous) :

http://www.dailymotion.com/video/xlsnh4

Demandeur de davantage de temps de jeu, il est prêté la saison suivante au Maccabi Tel-Aviv, où il effectue une saison pleine. C’est le retour en Israël : normal, pour celui que ses coéquipiers lillois surnommeront « Jésus ».

 

Enfin titulaire

En 2013-2014, l’arrivée de René Girard redistribue les cartes au niveau de la hiérarchie des gardiens. Lors de la saison précédente, Mickaël Landreau, précipitamment parti en décembre, a été remplacé par Steve Elana, sa doublure, qui a alterné le bon et le moins bon. Après un suspense de quelques jours, René Girard indique que le gardien titulaire pour la saison 2013-2014 sera Vincent Enyeama. C’est la fin du chemin de croix lillois.

Le 15 septembre 2013, le LOSC reçoit Nice pour la 5e journée du championnat. Jusqu’alors, au niveau des résultats, le début de saison est correct (Lille est 8e, 2 victoires, 1 nul, 1 défaite), et Enyema a déjà 3 clean-sheet à son actif. À la 45e minute du match, le Niçois Dario Cvitanich porte la marque à 0-2. C’est le moment d’enclencher le chronomètre : s’ouvre une longue période durant laquelle Vincent Enyeama ne va plus encaisser de but. Et pourtant, on ne peut pas dire que les attaquants adverses aient pris des gants pour l’épargner (normal, c’est le gardien qui prend des gants) : il va en effet effectuer de spectaculaires parades.

Dans un premier temps, on souligne surtout la solidité défensive de ce LOSC là, capable de faire déjouer n’importe quel adversaire. Jusque là, Enyeama s’est surtout fait remarquer par un double arrêt lors de la première journée contre Lorient : il repousse d’abord dans l’axe une frappe de Jouffre, avant de s’interposer devant Aboubakar. Mais après Nice, les clean-sheet à Sochaux (2-0), contre Évian (3-0), à Lyon (0-0) et contre Ajaccio (3-0) permettent surtout de louer la charnière Basa/Kjaer ou la suractivité d’Idrissa Gueye. C’est à partir du déplacement à Montpellier qu’Enyeama commence à focaliser l’attention : non seulement parce qu’il détourne en fin de match un pénalty de Cabella, mais aussi parce qu’il prend la peine de consoler le malheureux tireur, en pleurs, à la fin du match. Lille s’est encore imposé, est 3e au classement, et on se rend compte que, l’air de rien, son gardien n’a pas encaissé de but depuis 495 minutes.

Image de prévisualisation YouTube Y a un mec qui a une écharpe « René Girard », pour contrer ses systèmes frileux

Après une nouvelle victoire à Nantes (1-0), le LOSC reçoit Monaco, 2e et invaincu. Lille s’impose encore (2-0), chipe la place de dauphin du PSG à son adversaire du soir et, surtout, Enyeama brille ce soir-là avec une série d’arrêts spectaculaires, notamment devant James Rodriguez, Falcao et Rivière. Avec, en toute fin de match, sa spéciale « double-arrêt » : Falcao frappe de la droite, Vincent se couche bien mais repousse dans l’axe, Rivière suit mais, même à terre, il repousse de nouveau. À croire qu’il a fait exprès de donner une deuxième chance aux attaquants pour mieux briller. Nous voilà à 675 minutes d’invincibilité.

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Sur la route du record

Désormais, tous les regards se tournent vers Enyeama, dont on découvre les qualités : ses rapides sorties dans les pieds des attaquants, son sens de l’anticipation, et sa capacité à sortir d’étonnants réflexes. Souvent avec le sourire, et toujours en montrant les dents : sa propension à donner l’impression d’hurler quand son corps touche le ballon ajoute à la force qu’il dégage.

Vincent-Enyeama-le-mur-lillois

Le match à Guingamp (0-0), mi-novembre, lui permet d’entrer dans le Top 10 des séries d’invincibilité en championnat de France de D1/L1. On en est à 765 minutes. Puis 855 quand Toulouse repart bredouille du grand stade (1-0), en dépit de 3 face-à-face avec le Nigérian : mais ni Ben Yedder, ni Sylla, ni, surtout, Regattin dans le temps additionnel, ne trouvent le chemin des filets. Sur cette dernière action, on se demande encore comment Vincent est parvenu à arrêter un ballon si difficile d’une seule main, pendant qu’un coéquipier de Regattin levait déjà les bras, croyant au but (à 2’55 dans la vidéo ci-dessous) :

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Le LOSC gagne ensuite à Valenciennes (1-0), nous voilà à 945 minutes pour Enyeama. Contre Marseille, le 3 décembre, il franchit deux caps supplémentaires : d’abord, à la 7e minute du match, il devient le deuxième gardien le plus imperméable de l’histoire de la Ligue 1, en devançant la performance de Salvatore Sirigu qui, de novembre 2012 à février 2013, avait tenu 949 minutes sans encaisser de but. Puis, à la 55e minute, il atteint la barre des 1000 minutes. Jusqu’alors, un seul gardien avait réussi cette performance : Gaëtan Huard, gardien de Bordeaux, qui de décembre 1993 à avril 1994, avait tenu 1176 minutes. À l’issue du match contre l’OM, gagné (1-0), le gardien du LOSC atteint les 1035 minutes. 1035 minutes au cours desquelles 33 tirs cadrés par les adversaires du LOSC ont trouvé les mains d’Enyeama. Mais contre Marseille, Enyeama semble invincible : Gignac à 3 reprises ou Thauvin se cassent les dents sur le rempart nigérian avec, en point d’orgue, un nouveau double arrêt particulièrement prodigieux :

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Le Lendemain, L’équipe consacre à sa Une à Spider Enyeaman et évoque ses « parades hallucinantes » :

BaoiVSICQAAeVZr« Quand vous avez un homme derrière vous avec huit bras, ça rassure », s’amuse Simon Kjaer. Pas sûr que ce soit bien réglementaire, mais fermons les yeux. Vincent Enyeama, de son côté, prend ses performances et l’éventualité de battre Gaëtan Huard avec détachement : « Je dois dire la vérité : je ne fais pas le décompte. Je ne regarde pas les records, je m’en fiche. Si je le bats, c’est bien, sinon tant pis ». Le LOSC se déplace désormais à Bordeaux, au stade Chaban-Delmas, kom1symbol de résistance pour approcher encore le record. Il faut encore tenir durant ce match, puis 51 minutes contre Bastia pour le battre.

 

1062 minutes après…

Ce 8 décembre 2013, le match est fermé entre Bordeaux et Lille. À la 27e, minute, N’Guemo, à 25 mètres dans l’axe, frappe. Le ballon est dévié au passage par Kjaer. Enyeama, au départ sur la trajectoire, est pris à contre-pied et, avec l’aide du poteau, le ballon entre doucement dans le but.

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Gaëtan Huard, terrorisé depuis quelques semaines, profite de son poste de consultant sur Be in sports pour constater que son record ne tombera pas : il retrouve le sourire et salue les supporters bordelais, bonjour la déontologie, bonjour la neutralité, bonjour le Lensois (« Je ne cache pas que je suis soulagé car j’étais inquiet pour ce record »). Vincent Enyeama ne battra pas le record de Gaëtan Huard, mais peu importe : fidèle à lui-même, il encaisse ce but avec le sourire. Ce stade bordelais est donc celui des fins de série : ironie du sort, celle de Gaëtan Huard était aussi tombée sur une frappe déviée, du montpelliérain Asanovic. Si jamais Enyeama avait dépassé Huard, il aurait pu attaquer plus haut, plus fort : les 1311 minutes d’invincibilité d’Edwin Van der Sar en 2008-2009 ou, record européen, les 1390 minutes de Dany Verlinden, gardien du Club de Bruges en 1990.

 

Un saison de récompenses

Cet automne 2013 a permis à Vincent Enyeama de remporter successivement deux trophées UNFP de meilleur joueur du mois, octobre puis novembre. À l’issue de la saison, après avoir encaissé seulement 26 buts et réalisé 21 clean-sheet, il remporte le Prix Marc-Vivien Foé du meilleur joueur africain évoluant dans le championnat de France de Ligue 1, succédant à Pierre-Emerick Aubameyang. C’est la troisième fois qu’un joueur du LOSC obtient ce prix après le doublé de Gervinho en 2010 puis en 2011. Enyeama est également l’un des 4 gardiens nommés aux trophées UNFP, trophée finalement enlevé par Salvatore Sirigu. En juin, il part au Brésil avec sa sélection pour disputer la coupe du monde. À cette occasion, son image Panini connaît un petit détournement en forme d’hommage à sa saison au LOSC :

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En 2013-2014, le stade Pierre Mauroy a accueilli 19 matches de championnat du LOSC, 19 matches que Vincent Enyeama a joués en intégralité. Il n’y a a encaissé que 10 buts. Et comme Lille ne marquait pas beaucoup non plus, on n’a pas vu beaucoup de buts en cette saison 2013/2014. Résultat, en raison de ses performances – et du système de jeu de René Girard – les spectateurs lillois n’ont vu « que » 35 buts au stade, en L1. On a calculé ce chiffre amusant : si certains d’entre eux sont aussi allés en juin voir France-Jamaïque (8-0), ils ont donc vu en une soirée près de 20% des buts marqués cette saison-là dans ce stade.

Rozenhal Enyeama

Pour finir, voici un petit florilège des arrêts de cette saison 2013-2014. Des performances qui lui permettent, d’ores et déjà, d’être pour l’éternité en odeur de sainteté dans le cœur des supporters.

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Posté le 15 novembre 2017 - par dbclosc

Arnaud Duncker : « Valenciennes, mon club formateur ; Lille, mon club de cœur »

La célèbre équipe de DBC, au complet, poursuit ses entretiens pour mettre en lumière la non moins célèbre grandeur losciste, qui saute déjà aux yeux : au tour d’Arnaud Duncker d’évoquer ses souvenirs !

Pour rappel, on est allés voir Rachel Saïdi en août sur l’actualité de la section féminine et, du côté des mecs, Fernando D’Amico et Grégory Wimbée durant le premier semestre. Si ces deux derniers sont associés à une période sportive exceptionnelle pour le LOSC, on ne peut pas dire que les années durant lesquelles Arnaud était Lillois (1994-1998) furent associées à du beau jeu et à des résultats faramineux. Ce qui ne signifie pas, loin de là, que c’est une période que l’on n’a pas appréciée. On l’a souvent écrit ici : quand, enfant, on effectue sa socialisation footballistique dans les années 1990 à Grimonprez-Jooris, il reste toujours un on-ne-sait-quoi d’amour pour le football laborieux, les tribunes vides, les 0-0 pas contre le cours du non-jeu. Dans un collectif moyen, c’est aussi le temps où les teigneux sur le terrain peuvent particulièrement s’épanouir. Et Arnaud Duncker était bien de ceux-là : on se rappelle son activité débordante, son endurance au-dessus de la moyenne, ses chevauchées-bulldozer côté droit, ses récupérations de balles spectaculaires et parfois peu académiques. Mais il n’était pas que ça : on se rappelle aussi sa capacité à apporter du danger offensivement, et sa qualité de centre et de passe. Et on se souvient qu’il a marqué sans doute un des plus beaux buts de l’histoire du LOSC, du moins d’un point de vue collectif, performance d’autant plus exceptionnelle à cette époque. C’était contre Caen, son premier but à Lille, et le résumé du match se trouve ci-dessous, juste avant le début de l’échange.

C’est donc d’abord pour l’excellent souvenir de l’ensemble de son œuvre footballistique que nous l’avons sollicité. Mais aussi pour revenir plus généralement sur la vie au LOSC durant les 4 années qu’il y a passé, l’ambiance dans les groupes, les relations avec les entraîneurs, le public, le jeu pratiqué. Ces quatre saisons ont chacune leurs singularités – n’oubliez pas de cliquer sur les liens qui renvoient à nos bilans saison par saison quand c’est souligné et en gras, comme ça : une saison correcte mais irrégulière en 1994-1995, un maintien acquis de justesse en 1995-1996, la descente en 1996-1997 malgré un départ en trombe, et enfin une saison en D2 et la 4e place avec Thierry Froger. D’ailleurs, on sent bien chez Arnaud une certaine nostalgie de ce temps – du moins, sur certains aspects liés à l’évolution du football – et, corollairement, un propos plus critique sur le LOSC actuel.

Arnaud nous évoque aussi dans cet entretien ses débuts au centre de formation de Valenciennes, ses années à l’USVA, notamment marquées par le match contre Marseille en mai 1993, qu’il a joué. Et l’après-LOSC : son départ avorté en Angleterre, le retour à Valenciennes, puis le foot en amateur en Belgique.

Probablement, beaucoup l’ont rencontré ou sont allés le saluer dans les années 2000 quand il tenait un magasin de sport dans le Vieux-Lille. Arnaud nous parle également de cette première reconversion, et de sa situation professionnelle actuelle. Et si DBC peut servir à jouer les entremetteurs, il y a comme une petite annonce en fin d’entretien ! En tout cas, on a pris beaucoup de plaisir à discuter avec Arnaud, et on espère que ses recherches seront vite fructueuses.

L’entretien a eu lieu juste avant le match de Metz. On discutait alors à bâtons rompus du match à venir, et l’entretien commence sans question précise. On est comme ça nous.

Image de prévisualisation YouTube 23 septembre 1994, le jour des 50 ans du LOSC, Arnaud Duncker inscrit son premier but avec le LOSC, son deuxième en D1, après une belle action collective. Par la suite, Kennet Andersson lui balance un ballon et se fait expulser, puis Amara Simba égalise. LOSC représente.


Si tu ne gagnes pas à Metz, même si Metz est dans une situation similaire, tu as du souci à te faire. Je n’ai jamais vu autant le LOSC passer à la télé depuis 6 mois, sur TF1, à Téléfoot, partout ; j’ai même vu Patrick Collot à la télé (rires) ! Le club a beaucoup communiqué vers l’extérieur depuis 6 mois. Mais en fait on nous explique quoi ? Quel est le projet ? L’année dernière, j’étais avec les anciens du LOSC en Angleterre. On apprend que le club recrute 7 joueurs au mercato. 7 joueurs ! Probablement des joueurs que Bielsa avait déjà validés. On fait venir Passi, et maintenant, Bielsa, qu’on présente comme le meilleur entraîneur du monde. Pour le moment, je n’ai rien vu. J’ai vu un argument com’, il y a 6 mois, et l’envie d’attirer de nouveaux publics autour du nom « Bielsa ». Mais ça ne suffit pas ! J’aurais préféré qu’on prenne un Kombouaré par exemple. Quand je vois ce qu’il a fait à Valenciennes… Depuis qu’il est parti, on voit qu’il faisait du boulot ! Quand je vois ce qu’il fait à Guingamp, ce qu’il a fait à Lens ! Il s’est fait virer du PSG mais il était quand même premier ! J’aurais préféré un mec comme ça.

Ne penses-tu pas qu’il s’agit avant tout d’une question de temps avec Bielsa ?

Du temps… En attendant, on entend beaucoup parler d’argent. Le club a un nouvel entraîneur, très connu. J’ai du mal à comprendre sa communication. Déjà, il ne parle pas français. On nous dit qu’il est le meilleur entraîneur du monde ? Franchement, il n’a aucun palmarès, excuse-moi. Après c’est peut-être un bon technicien, un bon tacticien, mais je ne sais pas si c’est un bon entraîneur. Il y a aussi une attitude à avoir ! Quand je vous parle de communication, c’est vis-à-vis des supporters. Autant le club communique beaucoup vers les médias, autant il y a un manque de communication flagrant au sein du club. Je pense qu’il y a un manque de communication en interne, et que l’équipe professionnelle est séparée du reste du club. Je voyais aussi que récemment, il y a eu un petit problème avec Pascal Cygan par exemple, qu’on envoie en Belgique avec Arnaud Mercier.

 

 « On parle beaucoup d’avenir et peu de présent »

 

Tu crois qu’il peut y avoir un problème pour que les supporters s’identifient ?

Exactement, il y a un problème d’identification. Je regarde tous les matches du LOSC, soit directement au stade, soit la télé. Je veux bien qu’on recrute des jeunes ; la moyenne d’âge de l’effectif est très basse. Je n’ai rien contre les joueurs individuellement, mais je ne m’y reconnais pas. Il n’y a pas encore de confirmation des espoirs placés dans les joueurs. Après, sur la durée, peut-être que ça prendra… On montre aussi de l’impatience parce qu’on a été habitués à être en haut de l’affiche, mais aussi parce qu’on nous a vendu un projet. Mais quel projet ? Indéniablement, il y a eu des erreurs. Bon après, il y a eu des blessés…

ADOn doit à Arnaud Duncker un de nos tweets rigolos. Enfin nous, on trouve ça rigolo. D’ailleurs, il avait été repris dans Réservoir Dogues : si c’est pas un signe…

Quand on est joueur et que, peut-être, on ne comprend pas bien le projet du club, on est dans quel état d’esprit ? C’est peut-être quelque chose que tu as aussi connu toi, à une époque où ce n’était pas très clair non plus.

L’état d’esprit… On essaie d’y croire ! Mais on est à la 10e journée, il va falloir se grouiller un petit peu ! Parce que là, on parle beaucoup d’avenir et assez peu du présent. Bon là, c’était pas mal contre Marseille ! Ça n’a pas été un grand truc encore mais il y a du mieux. Mais on a une moyenne d’âge de 22 ans, et j’aurais aimé qu’on garde un ou deux cadres. Des gens plus expérimentés par rapport à la panique qu’il doit y avoir. Là, qui va relever le niveau ? Quand je vois des joueurs confirmés, les Mavuba, Balmont… Champions de France, vainqueurs de la coupe de France, et on les laisse sur le côté ? « Allez dégage, on n’a plus besoin de toi » ? On a le sentiment que c’est devenu un football-business, du business total. Et ça, tu le vois aussi à la manière dont est configuré le stade : les gens qui prennent les loges, c’est pour faire du réseau. C’est aussi un moyen de faire du business. La dernière fois, il y avait Lille-Monaco : y avait le match en bas, et je le regardais à la télé ! Parce que des mecs arrêtaient pas de me parler. Et pourtant le match était en bas…

Et tu situes cette évolution avant l’arrivée de Gérard Lopez, ou c’est vraiment associé à lui ?

Je l’associe à l’arrivée de Gérard Lopez. Quand c’était Seydoux, on était dans une certaine continuité dans la progression. Quand je jouais au LOSC, on avait l’habitude de jouer la deuxième partie de tableau, on n’était même pas des trouble-fête, et l’identité était celle-là. On avait notre stade, même s’il n’y avait pas grand monde, mais il y avait des valeurs. Maintenant, le football, même un stagiaire est riche ! Je n’ai pas gagné grand chose en comparaison. Le plus que j’aie gagné, c’était en 1998, c’est entre 55 000 et 70 000 francs. C’est déjà pas mal ! Le football évolue, bien sûr. Mais là, sur le terrain, je ne vois pas grand chose. Le rapport entre ce que je vois sur le terrain et la valeur marchande, je ne le vois pas. Je pense que Seydoux a fait ce qu’il fallait : champion de France, dans les 3 premiers pendant quelques années, des sacrés joueurs, une belle équipe… Des entraîneurs, Puel et Garcia, qui ont aussi compris qu’à un moment c’était limité, donc ils sont partis autre part. Et là, je reviens là-dessus, quel est le projet ? Est-ce que c’est de faire venir des jeunes pour les revendre dans 2 ans ?

En même temps, les dernières années avec Seydoux, c’était ça aussi.

Oui mais c’était moins flagrant.

Quand on recrute Sehrou Guirassy plutôt que de faire jouer un jeune du centre de formation… Il est recruté à Laval pour 1 M€, il est prêté une demi-saison à Auxerre et il est revendu 6 M€. Est-ce que c’est pas la même chose ?

Après si t’as une opportunité… Là, c’est clairement du bénéf ! Mais s’agissant de la situation actuelle, l’année dernière t’as 7 joueurs qui ont signé, quelle est la plus-value là ? Qui est au-dessus ?

Mais est-ce que, vu ce qu’est devenu le foot, cette transition du LOSC vers du foot-business, c’est pas une condition de survie ? En gros c’est ça ou être condamné à jouer la 15e place tous les ans ?

Je pense que cette année t’iras pas plus haut, hein (on rit) ! Quand je vois Lopez qui dit « on vise le top 5 », attention ! On ferait mieux de regarder derrière, plutôt 15-20. Encore une fois, on parle d’avenir mais là, il y a urgence. Et difficile pour les joueurs de le dire. Maintenant, si tu ouvres la tronche… Avant tu pouvais l’ouvrir un peu et maintenant c’est tellement médiatisé que le moindre truc prend des proportions énormes. Avant t’étais plus cool, t’étais relax, on était à Grimonprez avec les supporters, du bois de Boulogne jusqu’à la porte du vestiaires quasiment ! Tu me parles de Grimonprez, quand je vois les deux petits terrains qu’on avait, et là maintenant tu vois Luchin, tu vois les caviars que c’est !

Donc tu es critique sur le LOSC actuel, mais tu restes un de ses supporters !

Bien sûr ! Le LOSC est un grand club. Je suis critique aujourd’hui parce qu’il n’y a pas de résultat ! S’il y avait des résultats, je dirais peut-être l’inverse… Peut-être que dans 6 mois-1 ans, ils seront dans les 3 premiers, et je dirai que je me suis trompé ! Et puis je joue toujours avec les anciens Dogues. Si on fait appel à nous, je réponds présent parce que ça reste des potes. Même si je n’ai pas joué avec eux, c’était juste après moi, il y a aussi la génération des Wimbée. On fait une dizaine de matches dans l’année. Je joue aussi parfois avec les anciens de Valenciennes, car c’est mon club formateur. Valenciennes, c’est plus compliqué, car il n’y a pas autant de joueurs qu’à Lille. Mais c’est probablement ma dernière année avec les anciens Dogues. Avec le temps qui passe, je connais de moins en moins de monde ! Et j’ai aussi plus de mal à me retrouver dans le nouveau projet. Je suis très attaché à Michel Castelain – et j’en ai récemment parlé avec lui-, à Patrick Robert, et à notre secrétaire, Sandrine, mais place aux jeunes ! Je vais avoir 47 balais…

Duncker (3)


« J’ai été viré du centre de formation de Valenciennes… »


On va revenir sur ton parcours plus personnellement ! Tu nous rappelais ta formation à Valenciennes. Tu débutes donc là-bas en équipe de jeunes.

Mon premier club, c’est Pérenchies. Puis je suis parti une année au LOSC, en Cadets 1e année. À l’issue de cette saison-là, j’avais le choix entre intégrer le centre de formation du LOSC, à l’époque dirigé par Charly Samoy, et le centre de formation de Valenciennes. Et comme je suis parti au sport-études Le Quesnoy, près de Valenciennes, j’ai choisi Valenciennes. C’était en 1986. Je n’y habitais pas à l’époque, mais c’est là que vivait toute ma famille aussi. C’était le plus pratique. C’est un parcours assez typique, que je partage avec mon ami Jérôme Foulon. On a fait toute notre formation ensemble, en sport-étude et au centre de formation. Mais lui a commencé à jouer pro un an avant moi.

Et tu gardes quels souvenirs de tes années de formation ?

J’ai eu plusieurs entraîneurs : Léon Desmenez, Roger Fleury, Daniel Leclercq, Alexandre Stassievitch. Et je me rappelle avoir été viré du centre de formation ! Les jeunes années, quand t’as 15 ans-16 ans, ça part un peu dans tous les sens. Daniel Leclercq et Alexandre Stassievitch ne m’aimaient pas trop. Et j’ai une anecdote avec Alexandre Stassievitch : lors du premier entraînement, je lui ai fait une passe à 10 centimètres de son pied, et il me dit « vas-y, tu peux retourner aux vestiaires ! ». Je pensais qu’il plaisantait, mais il m’a vraiment demandé de retourner aux vestiaires. Je venais d’arriver là, j’avais 15 ans, je venais de décrocher un titre de vice-champion de France de cadets nationaux avec Valenciennes. J’étais le seul à être mis sur le côté. Viré ! Et en fin de saison, je joue un match amical avec la régionale de Valenciennes, contre des Belges au stade Nungesser. Je ne fais que la deuxième mi-temps, parce que comme j’étais viré, je ne faisais plus grand chose. Victor Zvunka, entraîneur de l’équipe première, est là. Il vient me voir à la fin du match et me dit : « demain matin, 9h avec les pros ». Bon, d’accord ! Et le lendemain matin, je fais l’entraînement avec les pros, premier ballon, centre d’Olivier Legret, reprise de volée, lunette ! Tout le monde m’a regardé, je me suis dit « oh putain…». Je pensais avoir déconné. Parce que je peux te dire qu’à l’époque, les vieux tu les respectais ! C’étaient les jeunes qui portaient les plots ! Et donc le premier match que j’ai joué, c’était à Abbeville, avec Victor Zvunka. J’avais 16 ans, et Victor Zvunka m’a lancé alors que j’étais viré du centre de formation. Et c’est parti, ensuite l’évolution de la carrière que j’ai faite avec Valenciennes.

Duncker ValenciennesAvec le maillot valenciennois


Et donc tu passes pro en 1991, c’est ça ?

Oui, en 1991. Je fais 3 ans en pro avec Valenciennes. En 1991, l’USVA est en D2. Et on monte en première division à l’issue de la saison 1991-1992, avec Francis Smerecki.

Une montée, suivie d’une descente immédiate en 1993.

L’année de… Valenciennes/Marseille.

 

« Jacques Glassmann n’a pas voulu trahir le club »


Tu étais sur le terrain ce jour-là. Tu as quel souvenir de ce match ?

Ben… Un souvenir bizarroïde. La veille, on faisait la mise au vert dans un hôtel sur Vieux-Condé. Et on savait déjà, ça commençait à parler. On entendait des bruits, mais c’est surtout le lendemain que ça s’est confirmé. On faisait réunions sur réunions, entre joueurs, avec les dirigeants… On disait que des gens auraient été payés pour laisser passer le match.

Et vous décidez de jouer.

Oui, on décide de jouer, mais l’ambiance était vachement tendue. Super tendue. À la mi-temps, il y a la réclamation posée par Jacques Glassmann. Après, sur le terrain, c’était pas flagrant ! Oui, tu peux toujours dire, au bout de 10 minutes de jeu, Christophe Robert se blesse. Bon. On ne peut pas deviner que sa blessure est imaginaire. Et je n’ai pas vu Burruchaga ne pas aller de l’avant. On a été entendu par la justice, lors de l’audition, j’étais juste à côté de Christophe Robert, avec son plâtre ! C’étaient des joueurs avec qui je m’entendais bien. Mais pourquoi tout ça ? À l’époque, 25 briques… c’était 25 briques. Aujourd’hui, c’est que dalle, même en euros ! Et après, c’est tout con, mais tu te demandes ce que ça aurait pu donner, rien qu’un match nul ! Un match nul, on se sauvait, et c’est Lille qui descendait !

Comment tu expliques que Jacques Glassmann ait été à ce point vilipendé ? Comment se fait-il que, sur le coup, il ait été considéré comme un traître ?

Quand j’étais footballeur, je ne veux pas te dire que j’allais au bureau. Au contraire, c’est le plus beau métier du monde ! Tu te lèves le matin, tu penses ballon, tu vas jouer au ballon… C’est un métier, j’ai été payé pour ça. Il y a quoi de plus beau ? Mais si j’ai très peu d’amis dans le foot, Jacques est un de mes meilleurs amis. Je l’ai très souvent au téléphone. C’est lui qui s’est occupé de ma reconversion, car il s’occupe des joueurs de l’UNFP en reconversion. Jacques est resté fidèle à ses principes. Il ne voulait pas tromper, et il a dit non. Non, on ne fait pas ça. Jacques, en plus, était là depuis longtemps, il faisait partie des cadres, il a fait des montées. Ce club nous a apporté, et il n’a pas voulu trahir le club. Le club ne lui a pas rendu. Je trouve qu’il aurait dû lui rendre. Avec les galères qu’il a vécues après… Ça a été la descente aux enfers pour lui. Tout le monde l’a laissé tomber. Je l’ai toujours soutenu. Il a révolutionné le foot parce que… C’est quand même lui qui a dénoncé les malversations qui existaient depuis longtemps dans le foot. Les dessous de table, en fin de saison, ça se faisait. Ça a un peu épuré tout ce football.

USVA

L’équipe de Valenciennes 1992-1993. Arnaud est au centre, au 3e rang. Dans la rangée du milieu, on reconnaît Jacques Glassmann et son inimitable coiffure. Et Jérôme Foulon, au premier rang.


Et au niveau des autres joueurs, quelles étaient les réactions vis-à-vis de Jacques Glassmann ?

Je pense que des joueurs lui ont dit qu’il était con de faire ça. Il y en a qui auraient dit oui. Déjà parce que c’était l’OM. À Valenciennes, je connaissais des gens qui supportaient Marseille, parce que Marseille à l’époque, c’était Waddle, Mozer, Barthez… C’était une belle équipe, et tout le monde la supportait. Moi-même, quand ils ont gagné la coupe d’Europe une semaine après, j’étais content ! Jacques a refusé. Nous, les anciens, c’est-à-dire Jérôme Foulon, Stéphane Grosselin, Dominique Corroyer et moi, on a toujours été dans cette optique là. Valenciennes, c’est mon club formateur, tu vois ? C’est ce que je dis tout le temps : Valenciennes, c’est mon club formateur, Lille mon club de cœur. Jacques n’a pas été soutenu : au niveau des instances nationales, au niveau de la présidence du club, Michel Coencas n’a rien dit. Le groupe Valois [principal sponsor de l’USVA] n’a pas réagi. Jean-Louis Borloo était juste derrière, on peut dire qu’il est le bonhomme du valenciennois, mais à l’époque il était l’avocat de Tapie, alors qu’est-ce que tu veux qu’on fasse ? Ensuite, on ne parlait même plus de football, quand tu vois l’argent planqué dans le jardin, les aventures de Mellick… Tu vas au-delà du foot quoi. Tu voyais bien que c’était aussi pour atteindre une personne, Bernard Tapie.

 

« On se faisait siffler partout parce qu’on faisait partie de l’équipe de Valenciennes 1993 »


À ton niveau, quelles conséquences ce match a eu sur ton parcours ?

Ben déjà, on descend en D2. Sportivement, l’année d’après a été catastrophique. On a eu un mélange de galères sportives et des conséquences de l’affaire. Beaucoup de joueurs sont partis, d’autres sont arrivés. Mais il n’y avait pas d’entente, pas de vestiaire. Même les supporters, je pense, ne s’y retrouvaient plus. C’était vraiment chaotique. Quand on se déplaçait, c’était l’enfer. L’enfer total. Tu ne pouvais pas te déplacer sans les flics, sans ceci, sans cela… Quand on est allés à Nice, on nous a balancé des pièces depuis les tribunes… Même à Dunkerque on se faisait insulter et cracher dessus. T’imagines ? Plus personnellement, j’ai dû changer de numéro de téléphone. Je recevais des appels anonymes. J’ai reçu des courriers avec des cercueils chez moi. Tu paniques, hein. Bon, je n’étais pas encore marié, mais j’avais ma future femme… Ça prenait des proportions énormes.

Tu quittes le club en 1994.

Déjà en 1993, après la descente en D2, je devais partir. J’étais sollicité, déjà par Lille, et aussi d’autres clubs. Mais on n’a pas voulu me laisser partir. J’ai accepté de rester une année, avec en échange la garantie que j’aurais un bon de sortie à la fin de la saison. Et on est descendus en National… Je ne voulais plus rester. Le club dégringolait dans tous les sens. Et les dirigeants disent qu’ils veulent me garder encore, malgré ce qu’on s’est dit l’année d’avant ! Alors j’ai fait du Thauvin : je ne suis plus allé à l’entraînement. Mais bon, je n’étais pas dans les journaux ! Je ne suis pas allé à l’entraînement pendant 15 jours. En plus, Lille me voulait vraiment. Donc les négociations ont commencé entre mon agent, Marc Roger, et le directeur sportif de l’USVA, qui était Jean-Pierre Tempet à l’époque.

Donc tu signes à Lille durant l’été 1994, en même temps que Jérôme Foulon. On imagine que tu es heureux de sortir de la galère valenciennoise.

Oui, mais même quand je suis arrivé à Lille, on me parlait encore de Valenciennes. On se faisait siffler quand on jouait dans le Sud. On se faisait toujours siffler parce qu’on faisait partie de l’équipe de Valenciennes d’avant !

Duncker Dindeleux


« Si tu es moyen mais que tu te défonces… les supporters sont contents »


Tu as eu un accueil difficile pour ça, par des joueurs lillois ?

Non ! Nous, on n’était pas dedans de toute façon. Au contraire, l’accueil à Lille, exceptionnel ! J’ai toujours été bien aimé là-bas. Quand on est au taquet, qu’on mouille le maillot… D’ailleurs c’est ce que je regrette et que je ne retrouve plus au club : dernièrement je voyais un Balmont, putain ! Un mec comme ça, c’est exceptionnel ! Il se défonce ! Après, ça reste un joueur moyen, mais il se défonce ! Il y a deux ans, c’était encore un des meilleurs sur le terrain. Et quand tu te défonces, les supporters sont contents. Moi à Lille, c’est ce qui s’est toujours passé. J’ai eu des hauts et des bas, mais voilà, le samedi, j’étais à 3000%. C’était clair. Fallait arracher la prime !

En arrivant à Lille, tu as retrouvé des joueurs avec qui tu avais joué en équipes de jeunes ?

Non, mais je me rappelle avoir joué contre Fabien Leclercq, Frédéric Dindeleux, Cédric Carrez, Antoine Sibierski… C’est un moment où le LOSC refaisait confiance à sa formation et n’avait pas trop le choix. Mais c’est pas mal ! Quand je regarde les uns et des autres, il y a eu de belles carrières !

Et aujourd’hui avec ces joueurs-là, tu n’as plus de contact ?

Si ! Fred, je le revois de temps en temps. Cédric aussi quand il revient, parce qu’il est sur Gap, il est même entraîneur. Fabien, je le vois de temps en temps. Celui que je vois le plus en fait, c’est Jérôme Foulon.

Ton poste a évolué à Lille : la première année, il me semble que t’as plutôt joué milieu défensif. Parce que c’était justement Jérôme Foulon arrière droit. Et après, on t’a fixé arrière-droit, c’est bien ça ?

Jean Fernandez me faisait en effet jouer milieu de terrain, aux côtés de Roger Hitoto. Roger, c’était un mec sur qui tu pouvais compter. C’était un battant, un mec de devoir ! Il ratissait beaucoup de ballons, et était apprécié dans le vestiaire aussi ! C’est dommage, je n’ai plus de contact avec lui.

Duncker3 (2)2 août 1994 : premier match d’Arnaud Duncker à Grimonprez-Jooris sous les couleurs du LOSC, contre Strasbourg. Lille s’impose 1-0 grâce un but de… Roger Hitoto. Pour info, dans le même temps, Lens s’incline à Paris.

 

« Initialement, Cavalli ne comptait pas sur moi »


Cette saison-là, 1994-1995
, c’est particulier, c’est-à-dire qu’il y a deux saisons en une : à Grimonprez-Jooris, c’était super : on était la quatrième équipe à domicile ! Il y a eu 12 victoires à la maison, dont 10 sur le score de 1-0. Et à l’extérieur ça marchait pas : seulement 1 victoire et 8 points pris. Tu as une explication à ça ?

C’est vrai que cette année-là, on ne lâchait pas beaucoup de points à domicile. Je pense que cette année-là, on bat Monaco [Oui, 1-0, but d’Arnaud Duncker d’une belle tête plongeante !] et le PSG à domicile. Et à l’extérieur, on jouait différemment. Et ça ne marchait pas. On jouait un système, on va dire, défensif mais explosif. On avait Éric Assadourian qui allait à 3000 à l’heure devant, donc si on avait le ballon, on pouvait compter sur lui, c’était tranchant. Après, à mon époque, on n’a jamais eu de grands attaquants ! Cette saison-là, on a Clément Garcia, et Frank Farina mais sur le déclin. Donc on comptait plus sur une force collective au milieu de terrain avec Assadourian qui partait. Tandis qu’à l’extérieur, on faisait du défensif ! On n’avait pas réellement de point de chute d’attaque. À part Assad, mais il était tout seul, c’était galère !

C’est dommage, celui qui avait été recruté pour apporter du poids devant et qui avait fait une bonne préparation, c’était Christian Perez, mais qui s’est blessé lors du premier match à Lens… Il a finalement très peu joué.

Il a très peu joué alors que c’était quelqu’un qui nous aurait amené quand même un peu plus d’expérience. C’est dommage, parce que qu’on avait beaucoup à apprendre de lui. Je me souviens, deux ans auparavant, il jouait encore en équipe de France ! Il s’est blessé et n’a jamais su revenir. Manque de confiance après avec le coach, parce qu’il était particulier Fernandez ! Si t’étais pas costaud, c’était pas la peine. Fernandez l’a jeté. Je ne pense pas que Christian Pérez ait de bons souvenirs de Lille.

équipe9596

Ensuite, ta deuxième saison à Lille, 1995-1996, démarre d’une façon assez catastrophique. Là c’est une photo collective, c’est le Challenge Emile-Olivier au Stadium. On ne gagne pas avant la 10ème journée, je ne sais pas si tu te rappelles.

Exact, c’est la saison où Jean Fernandez se fait virer. Et Jean-Michel Cavalli le remplace. Cavalli me convoque dans son bureau et me dit « pour moi t’es pas titulaire. Si tu veux partir, tu pars ». Sauf que Jérôme Foulon était parti à l’intersaison. Puis Fabien Leclercq se blesse : donc on n’a plus d’arrière droit. Et finalement, Cavalli me met arrière droit, et j’ai joué toute la saison sur le côté, et même jusqu’à mon départ de Lille. Donc je n’avais pas de grosses affinités avec Cavalli, et après voilà, ça se passe sur le terrain. Je faisais le travail.

Tu avais déjà joué latéral ?

Oui, enfin tu sais, moi je suis multipostes. Sauf dans les buts ! J’ai joué à gauche, à droite, stoppeur…


« Nos qualités ? C’était se battre, chaque saison »


Sur un plan collectif, l’analyse qu’on avait faite, c’est que
l’intersaison avait été mal conduit : on avait recruté beaucoup d’anciens qui étaient finalement sur le déclin… On n’a rien contre eux personnellement, mais on ne peut pas dire que Germain, Rabat ou Simba aient laissé un grand souvenir à Lille. Quant à Frank Pingel, le Danois, la légende…

…qui s’est battu une fois avec Rabat ! Un truc de fou. On est en boîte. A l’époque, on pouvait sortir, sauf les veilles de match. On se fait un repas. Puis on va en boîte, du côté de Moulins. Et ils se mettent sur la gueule. Truc de fou ! Ils se sont foutus sur la gueule. Ils ne s’entendaient pas. Thierry Rabat, on peut dire ce qu’on veut de lui, mais c’était un professionnel. Sur le terrain, c’était un professionnel. J’aimais bien. On ne parle pas de technique là, car ces années-là, mis à part Sibierski qui avait du talent à l’époque, dis-moi qui est technique dans cette équipe ? Dindeleux était élégant. Mais techniquement, par rapport à ce qu’on voit maintenant… Hormis Sibierski qui avait les qualités requises, on savait qu’on n’allait pas jouer les cinq premières places, on savait qu’on devait se battre. C’était ça nos qualités.

Cette altercation Pingel-Rabat, est-ce que c’est significatif d’une mauvaise ambiance à l’époque ? Ce qui pourrait aussi expliquer le mauvais début de saison…

Oui, clairement. Là, je vois Meszoly sur la photo, un super mec. Et à côté, une espèce de coalition des deux Danois… Aujourd’hui c’est une époque qui est fort médiatisée, donc tu ne peux plus rien faire, même dans le couloir ! Moi je me souviens d’avoir mis une claque à Giuly ! Avec Fabien Leclercq, on lui a dit pendant le match : « tu vas voir, on va te choper là-bas ! ». En fait, quand on sortait du terrain à Grimonprez-Jooris, il y avait 3 marches à descendre, et après il n’y avait pas de caméra. C’est quand on a joué contre Lyon en Coupe de France [février 1997]. Jean-Claude [Nadon], toujours aussi froid…

Il est à Lens maintenant !

Il paniquait tout le temps ! C’était le plus ancien, il avait toujours peur ! Je ne sais pas si c’est une question de peur ou de concentration… On avait l’impression qu’on ne pouvait pas lui parler.

Tu parles pour toute sa carrière ou juste cette année-là ? Parce que cette année-là, il a pas fait un bon début de saison…

Non, non, toute sa carrière ! Laisse tomber, Jean-Claude au début était d’ une froideur ! Froid à mort ! Quand je suis arrivé de Valenciennes, il était froid ! Et puis après, on est devenus potes. Moi je rigolais dans le vestiaire, il faut rigoler ! Simba, c’est dommage… Je lui ai dit « tu fais une bicyclette au club, tu verras, tu vas être le roi du club ! Fais ça en match ! Tente, tu verras, t’auras tout le public qui sera avec toi ! ». C’était Monsieur Bicyclette quand même. Il l’a jamais fait ce con !

Après, Simba, en fin de saison, il a mis les deux buts qu’il fallait. Enfin il a mis quatre buts dans la saison, dont deux décisifs. Mais bon… C’est quand même une période où on des bons souvenirs parce qu’on était gosses, on partait pas forcément gagnants, mais quand il y avait quelque chose qui se passait sur le terrain, même une égalisation de raccroc contre Martigues à la 88e, on était contents.

Moi j’allais vers les DVE. Pour les matches à l’extérieur, on avait des places, je leur filais. Il y a un lien qui s’est créé avec les supporters. J’allais sur le parking discuter avec les gens et tout. Maintenant, t’as l’impression que tu ne peux plus les approcher. Même les gars du centre de formation. Il n’y a plus ce respect qu’on avait avant. Avant, tu bronchais pas avant avec les anciens. Tu vois, je parlais de Nadon, je le respectais. Fallait pas lui dire « t’es un enculé ! ». Tu disais ça, laisse tomber, là tu te mettais tout le monde à dos !

Boutoille Duncker 2

Février 1997, coupe de France, Lille-Lyon, avec Djezon Boutoille, le buteur du soir (voir le résumé de la rencontre plus bas). Et donc juste avant de mettre un taquet à Giuly.


En tout cas, cette saison 95-96, le maintien est acquis de justesse en fin de saison, notamment grâce à
un but improbable de Collot à Paris, je sais pas si tu te rappelles ? Le centre raté…

Merci Bernard ! Un ancien Lillois… Cette année-là, le maintien est miraculeux.

 

« En 1996-1997, on s’est laissé griser par

le bon début de saison »

Equipe9697


Et la saison suivante
nous intrigue beaucoup, encore aujourd’hui, parce qu’il y a un départ canon, complètement inattendu : au tiers du championnat, Lille est 4ème après la victoire contre Lens, avec un doublé de Collot. Après 15 journées. Et puis une deuxième partie catastrophique, et la descente à l’arrivée.

Oui, un début de saison superbe [On regarde la photo, Lille-Metz, août 1996]. Je jouais milieu de terrain ce jour-là, je me souviens [d’ailleurs, Arnaud fait la passe décisive pour Miladin Becanovic, et Lille s’impose 1-0]. Lui, Banjac, pouah… Exceptionnel ! Quand il voulait ! Il me disait « Moi aujourd’hui Arnaud, grand match ! » Je lui dis : « putain, tous les jours tu dois faire un grand match ! ». On était bien copains. C’est dommage, on a fait un super départ canon. Et on s’est effondré. Alors qu’est-ce qui s’est passé ? On s’est peut-être crus arrivés à un certain moment. Cavalli aussi s’est cru trop vite arrivé. On est 4èmes, on entend parler de Coupe d’Europe, et on s’est peut-être laissé griser. On s’est laissé griser.

Image de prévisualisation YouTube Coupe de France 1997, derniers coup d’éclat d’une triste fin de saison : en l’espace de 4 jours, le LOSC élimine Marseille puis Lyon. Arnaud est très offensif, manquant de marquer à deux reprises, mais il sait aussi revenir quand il faut sauver un ballon sur la ligne.

L’équipe ne manquait pourtant pas de qualités, parce qu’en fin de saison, il y a ces deux matchs de Coupe : contre Marseille à Valence et contre Lyon où à nouveau on retrouve l’équipe de début de saison. Mais seulement en coupe ! Par contre en championnat, c’est la cata, avec pour point d’orgue la défaite contre Montpellier 0-4 à domicile.

Catastrophe… Qu’est-ce qui s’est passé ? Bah voilà, je te le dis, on s’est cru trop vite arrivés… On parlait déjà de transferts… Moi déjà cette année-là, Lens qui me voulait parce que Foé partait à Lyon. Vas-y, je vais pas aller à Lens, je ne vais pas rejoindre Daniel Leclercq ! Les boules, ils sont champions de France ! Mais bon, non, je ne serais pas allé à Lens. On s’est cru trop arrivés parce qu’on a fait six mois, on va dire jusque décembre, fantastiques. Et après on s’est cru arrivés. C’est là où on a eu un manque d’expérience. On était trop jeunes, beaucoup trop jeunes. Il y a eu tous ces trucs… Ce garçon-là [montrant du doigt Garcion]…

Oui, David Garcion, il a été suspendu pour dopage.

Il sautait plus haut que moi à la tête ! Je me demandais quoi, c’était exceptionnel ! Ce garçon était exceptionnel. Cette année-là, il était au bataillon de Joinville, avec Franck Renou. Il était au service militaire cette année-là ! On ne le voyait que le vendredi et le samedi ! En fait, il ne s’entraînait jamais.

Du coup, tu es en train de nous dire quoi ? Ça n’a jamais été très clair. Lui a toujours dit « je n’ai rien pris ».

Je dis que ses débuts étaient exceptionnels. Je ne comprenais pas qu’on ne le garde pas, parce que putain… C’est quoi ce mec-là… Je te dis, on s’est cru trop vite arrivés.

Quand on regarde, on se dit qu’il y avait quand même une belle équipe.

Et là, il y avait une putain d’ambiance, c’est ça qui est fou ! On s’entendait tous bien… Il y avait le petit groupe des Sudistes, avec Cavalli, Rabat, Collot… Et Jean-Marie Aubry faisait le lien entre tout le monde, entre jeunes et anciens. Duncker12Tiens, j’aimais bien chambrer Pascal Cygan ! Heureusement que Vahid l’a recadré stoppeur, il ne savait pas faire un centre ! Je lui disais : « je sais pas, achète deux pieds ! ». On en rigole encore quand je joue avec les anciens. Malheureusement, on a très mal fini. Autant Patrick Collot est un gars du Sud qui s’est acclimaté ici, autant Thierry Rabat ne s’est pas acclimaté. Il a été pris en grippe à la fin. C’était tendu. Je me souviens du dernier match, tout le monde le sifflait, il me dit « Je peux plus jouer Arnaud »… Je dis « vas-y, on a besoin de toi ! ». « Non, non, je peux plus jouer ». Comme quoi… Un mec avec de l’expérience quand même, qui a joué au haut niveau… Moi ça m’est arrivé de me faire siffler, l’année où on est en première division à Valenciennes, je me suis fait siffler pendant six mois, par mon public, alors que l’année d’avant, on fait une saison fantastique, on se fait applaudir dans tous les sens.

Pour quelle raison tu as été sifflé à Valenciennes ?

La raison c’est qu’une interview du Bosniaque, qui est l’adjoint de Wenger actuellement…

Boro Primorac

…Dans une interview dans la Voix du Nord, il est allé dire que j’étais son fils ! Voilà. C’est tout con. Dans un moment où on n’avait pas de résultats, où j’étais en concurrence avec Dominique Corroyer qui revenait. Quand tu te fais siffler toutes les semaines chez toi, t’as les boules. Tu le vis mal.

De manière générale, tu étais très apprécié par le public à Lille. A Valenciennes, il y a eu des périodes aussi intenses ?

Au début, jusqu’à la montée, j’étais très apprécié parce que j’étais un mec du club. Et quand je suis parti à Lille, j’avais l’impression que je ne l’étais plus. D’ailleurs on avait fait un match amical pour mon transfert, et là les gens m’ont pris en grippe parce que j’étais parti à 50 bornes de là, alors que je restais encore dans la région de Valenciennes ! Je faisais la route tous les jours pour aller sur Lille.

Il y a pas eu aussi un amical en août 95, Lille-Valenciennes, où t’es expulsé ? Une bagarre avec Carl Tourenne, qui jouait à Valenciennes… ?

Oui ! Ce jour-là je l’ai shooté. J’étais connu dans ces choses-là, c’était ma mentalité. J’ai pu me battre avec Cyril Rool à Bastia alors qu’après il venait après dans mon magasin quand il jouait à Lens. Sur le terrain, il savait que j’étais là. J’étais pas un sans-couille. Excusez-moi d’être couillu, mais je préfère dire les choses.


« La saison avec Thierry Froger, un gâchis »


Et ta dernière saison à Lille, en 1997-1998, se fait donc en D2.

Ça ne s’est pas bien passé. En 1997, je devais partir de Lille et signer à Bordeaux avec Courbis. J’ai eu des contacts en février-mars. Je l’ai eu au téléphone avec mon agent. J’étais en fin de contrat. Et moi, comme un con, parce qu’à l’époque tu signais pas des gros contrats, je dis « bah on va attendre le mois de juillet, la fin. On verra bien. » Alors qu’en mars je pouvais déjà signer ! Manque de bol pour ma tronche, Courbis se barre à Marseille ! J’étais dans les petits papiers de Courbis, mais à Bordeaux ! Pas à Marseille, parce que c’était au-dessus et ils avaient déjà ce qu’il fallait. Ça a été une erreur de ma part. Et j’ai re-signé à Lille, ça s’est fait sur un parking à Petite-Forêt avec Charly Samoy. D’ailleurs en 97-98, je n’ai pas fait une grosse saison. J’avais pris du poids, on le voit à ma gueule. J’étais pas en forme. Je ne sais pas ce que j’avais foutu, je crois que j’avais fait trop de guinzes. J’avais pris 3-4kg.

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Et sur le plan collectif ? Parce que l’objectif de montée n’est pas atteint.

L’effectif était pas mal quand tu regardes un petit peu ! Mais cette année-là, on doit être dans les trois premiers ! On l’est quasiment toute la saison, et puis tu te plantes à la fin parce que l’autre [Thierry Froger] prend des décisions de merde. On ne comprenait pas.

C’est quoi les décisions de merde ?

On a joué à Toulon, qui était dernier, dans un système de jeu qu’on n’avait pas travaillé. Donc on perd. Au retour, contre Toulon à Grimonprez, Toulon est toujours dernier, et encore un système de jeu qu’on comprenait pas. Donc on perd encore. Ce jour-là, j’étais fou. Alors qu’on était bien durant la saison, on était super bien ! On devait remonter ! Tu ne dois pas attendre Vahid pour remonter, tu dois remonter cette saison-là ! C’est honteux ce qu’il nous a fait !

Le LOSC a 6 points d’avance sur le 4e à 6 journées de la fin.

Si tu regardes, je pense qu’il nous avait écartés durant deux ou trois matchs, avec Anthony Garcia, Franck Renou, Jean-Marie Aubry… On avait perdu en coupe à Boulogne. Du coup, je suis parti une semaine voir mon pote David Régis, qui jouait à Karlsruhe. J’avais loupé une semaine, de la merde, j’en avais marre ! Aubry a eu une altercation avec lui, il a cassé la porte ! Aubry remplaçant, BOUM ! Il lui pète la porte. Ca a été loin, hein ! Il nous écarte, et l’équipe perd : il nous rappelle. Je m’en souviendrai toujours : on est dans les 3 premiers toute la saison. On doit monter. Ça a été un gâchis. Un gâchis !


« Bernard Lecomte, un homme exceptionnel »


Ce qui est vraiment étonnant, c’est que Lille ne perd que 4 fois sur les 29 premiers matches… Puis 7 fois sur les 13 derniers !

Je lui ai dit ce que je pensais : « attends, ce truc-là, on n’aurait pas pu le faire avant ? » Il faisait chier ! En plus, il n’arrêtait pas de me faire chier avec mon poids. Je passais à la balance matin, midi et soir, j’en avais marre ! Et mes problèmes de genou commençaient. J’aurais dû me faire opérer, mais j’ai été mal soigné. Donc on a souvent été dans les trois premiers, mais ça n’a pas été une bonne année. Même au niveau de l’ambiance. J’ai préféré la saison d’avant où on a galéré, où on descendus, mais franchement on s’entendait mieux.

Et au-delà de ses options tactiques, comment Thierry Froger gérait le groupe ?

Je pense que c’est sur le terrain que tu gagnes ta place, pas en allant dans le bureau de l’entraîneur.

Il y a eu une constante à Lille durant ton passage, c’est la présidence du club. Que peux-tu nous dire sur Bernard Lecomte ?

Un homme exceptionnel. C’est le sauveur du club. C’est lui qui a remis le club dans le droit chemin, économiquement. J’espère qu’on le considère. Je ne le vois pas trop. Un bonhomme, et pas que dans le football. Je sais qu’à mon mariage, il a offert des fleurs à ma femme, ça prenait tout le bar ! C’est quelqu’un proche des joueurs. Il a essayé de faire fonctionner tout à la fois : les supporters, la vie du club, la vie de l’équipe, les jeunes…Il fait partie de ces gens qui se sont impliqués pour faire revenir le LOSC. S’il y a eu cette évolution avec Vahid, c’est grâce à lui ! Sinon le club serait pas là où il est ! Pourquoi après il y a des investisseurs ? Cette période a fait que vraiment le club a décollé, parce que le fonctionnement interne du club était sain, du bas jusqu’en haut. Parce que je considère que le club, c’est tout le monde : le gens qui travaillent dans l’administration font partie du club. Bien sûr, une vie de groupe, ce n’’est pas pareil, le sportif et l’administratif. Mais ce sont des salariés du même club. Quand on allait en haut au petit restaurant de Grimonprez, tout le monde était là, à Noël, en début de saison, en fin de saison.
Peyrelade Duncker


« Je dois signer en Angleterre… et mon genou lâche »


Tu es en fin de contrat en 1998 à Lille, et là on perd un peu ta trace. Tu pars en Angleterre en fait ? Comment ça s’est passé l’intersaison ?

Pas mal de clubs de D2 française me sollicitaient, mais je ne voulais pas y aller. Par exemple, Hervé Gautier est à Laval et me demande de venir. J’avais changé d’agent, j’étais avec Bruno Satin. Il m’envoie à Ipswich, Ligue 2. Ça se passe bien, je fais une super semaine, j’ai un bel article pour mon dernier match. Il y avait une telle différence par rapport à chez nous : les stades étaient pleins pour des matches amicaux, 20 000, 25 000 personnes ! Je passe deux semaines là-bas. Et comme c’est même retransmis à la télé, mon agent me dit que Bolton veut aussi me faire passer un essai. Per Frandsen y jouait. Il était adulé ! Il jouait dans un rôle que je ne lui connaissais pas, car quand je jouais contre lui avec Valenciennes et qu’il était à Lille, il jouait n°10. C’est moi qui l’avais sur le dos ! Là, il avait le n°6. Heureusement qu’il était là, je ne parlais pas trop anglais. Je reste une semaine, mais je ne sens pas les mêmes affinités. Le groupe était un peu bizarre, le club venait de monter, il y avait beaucoup de joueurs, énormément de joueurs. Lors de mon premier entraînement, je vois un tchiot qui me pique mes pompes ! « Woh ! Rends mes pompes ! ». Et Per me dit « t’inquiète, il va te les cirer et te les ramener ». En fait, les jeunes là-bas s’occupent des chaussures. Je pensais qu’il me les chourrait ! Même les fringues, c’était les tchiots qui te les prenaient et t’avais tout… Professionnel quoi, ça commençait déjà à l’époque. Attends, au Reebok Stadium, t’avais une maternité à l’intérieur !
On fait un match contre le Celtic. Je joue. Et je me pète. Une semaine avant, ils voulaient me faire signer. Mon agent est là, ma femme est là. Et je me pète.

Le genou qui te faisait mal depuis un moment ?

Oui. Je me le pète. Retour en France. Ils m’ont laissé six mois, puis me demandent où j’en suis. Mais impossible de jouer : j’avais tibia, fémur, genou, plateau tibial… J’ai fait quatre opérations en deux ans. Au bout de six mois, je suis repassé sur le billard. J’avais 14 broches, une cicatrice comme ça de là à là, et voilà. Finalement, un an et demi de galère. Là, j’ai encore des contacts avec Bolton, mais au bout d’un moment, un an et demi comme ça, tu n’es plus le même, ne serait-ce que mentalement.

Et là, est-ce que tu te demandes si tu vas arrêter ta carrière ?

Je voulais continuer. Je n’avais même pas 30 ans. Mais mentalement, je n’y étais plus. Je me suis arraché pour revenir. Arraché, arraché, arraché… Je m’entraîne. J’ai sollicité Valenciennes, à l’époque ils étaient en National. Je demande à Ludo Batelli si je peux m’entraîner avec eux les six derniers mois. Et voilà, ça revient. Je fais six mois avec lui, superbes ! Je ne faisais pas partie du groupe, j’étais à côté. Et Ludo Batelli qui me dit qu’il aimerait me prendre pour la saison suivante. Et en fin de compte, Ludo se fait virer, alors qu’il a failli monter en D2 : l’accession est manquée d’un point pour une connerie, un match nul je sais pas trop où… Mais je signe quand même à Valenciennes, avec pour entraîneur Didier Ollé-Nicolle. Il y a un gros recrutement, avec pas mal de gens du coin, Emmanuel Clément-Demange.
La saison se passe. J’avais un contrat fédéral, qui est comme un contrat pro. Je jouais quasiment libéro là. On est pas mal à la trêve, mais on n’est pas dans les objectifs, être dans les trois premiers de National pour monter, vu l’équipe, vu l’argent investi. Et là, descente aux enfers aussi, parce qu’on a un entraîneur qui est con. J’étais capitaine en plus cette année-là. Je dis « écoute, reprends ton brassard si tu veux pas m’écouter », parce qu’à la trêve on est sixièmes je crois, on revenait bien parce qu’on avait fait un mauvais départ. Et après il repart en couille. J’avais deux ans de contrat, mais d’un commun accord, j’ai arrêté au bout d’un an.

 

« Une carrière de footballeur passe très vite »


Donc là on est en 2001 ?

Oui. Là j’arrête, à 31 ans. Mentalement je n’étais plus dedans. Revivre une saison comme ça… Autant j’ai supporté tout le monde, des crises de nerfs dans tous les sens, des bagarres, des joueurs qui n’avaient pas le niveau et qui jouaient, mais là stop.

Que deviens-tu alors à ce moment-là ?

Donc fin de carrière, chômage, et je suis parti jouer en Belgique, à Ath, durant une saison, en 2002-2003. Je suis ensuite allé à Tournai en 2003-2004, puis j’ai été transféré à Lessines… Vraiment un parcours en deux ans de temps : Ath, Tournai, Lessines, et de nouveau Ath parce que les clubs avaient fusionné.

Et ça c’est de la D2 ? D3 ?

3ème division. Ça se passait bien ! Les deux clubs avaient fusionné. Maintenant Tournai joue au stade Luc Varenne. Je jouais là, ils avaient ramené beaucoup de Flamands, mais ils ne s’entendaient pas avec les Wallons. D’ailleurs ils sont descendus. Moi j’étais parti à la trêve. Je suis redescendu, parce que t’as la D1, D2, la 3ème, et puis t’as la…

Provinciale.

Oui ! Et j’ai joué en Provinciale. C’était costaud, j’étais surpris ! J’ai joué n°10, j’apportais l’expérience. Ça m’allait très bien. J’y suis resté 4 ans. Et parallèlement, en 2003, j’ai lancé un magasin de chaussures de sport avec ma femme dans le Vieux-Lille.

Quand tu montes ton magasin, cette reconversion, c’est quelque chose auquel tu avais pensé quand tu étais joueur ? Ça s’anticipe comment ?

DunckerNon, ce n’était pas anticipé du tout. Quand j’ai arrêté le foot professionnel en 2001, ma fille est née. Donc je me suis occupée d’elle pendant un peu plus d’un an. Durant cette transition, j’ai passé des diplômes d’entraîneur. Et après fallait trouver quelque chose ! Pendant un an, j’ai fait des démarches. Et j’ai bénéficié de l’aide de Jacques Glassmann, pour avoir un peu de contacts. J’étais en cours de BE et j’ai arrêté parce que j’ai monté mon magasin. J’ai eu un autre projet. J’ai connu un mec sur Paris ça s’est bien goupillé. Et donc on s’est lancés avec ma femme en 2003, jusque 2011. Ça marchait bien, mais on s’est séparés, et le magasin a commencé à couler. On a essayé de le faire revenir, mais quand tu laisses un peu couler, après tu sais pas revenir.

Tu parles de la reconversion en disant que ce n’était pas quelque chose de prévu. Est-ce que durant ta carrière de joueur, on t’a sollicité, on t’a dit de penser à ta reconversion à un moment ? Aujourd’hui c’est le cas…

Oui, l’année où on est montés [1992]. Mon coéquipier Eugène Ekéké, qui a fait la coupe du monde 1990 avec le Cameroun, m’a mis en garde. Quand j’y repense… Ses paroles me restent. J’ai même l’image en tête, dans le vestiaire à Nungesser. Je faisais partie des joueurs qui restaient tard au club après l’entraînement. À l’époque, tu n’avais qu’un entraînement par jour. Je lisais le journal, je discutais avec tout le monde… Il me dit : « fais attention Arnaud, ça va très vite une carrière. Fais attention à tout ce que tu fais ». Et quand je regarde en arrière, c’est passé super vite. Quand vous me montrez ces vieilles images, j’ai des souvenirs, mais je n’en ai plus trop. Ça passe ! Quand j’ai monté mon magasin, je ne me suis que ce serait mon dernier métier. J’étais sûr que…voilà ! Voilà, la preuve ! Alors je ne dévoile pas ma vie, mais ma vie professionnelle actuellement c’est pas terrible. C’est compliqué.

Et donc après, quand il n’y a plus eu ce magasin, tu as fait quoi ?

Chômage… J’ai vécu un peu sur mes acquis. J’ai travaillé pour la mairie de Valenciennes il y a deux ans. J’ai eu une idée, je me suis présenté et j’y ai bossé sept mois, c’était la durée de ma mission, sur les commerces vacants. J’ai répertorié tous les commerces vides, et j’ai contacté tous les propriétaires. C’est une loi : au bout de deux ans, trois ans, si ton commerce est vide, la mairie peut taxer le propriétaire. Même ici sur Lille, ça commence à se faire. J’ai été pris pour ça, et ils ont récupéré quoi, 130 000 € ? Il y avait plus de 180 commerces fermés dans la région valenciennoise, mais je me suis concentré sur les 40 plus gros. C’était une bonne expérience, d’autant que j’étais souvent à l’extérieur, pendant 70-80% du temps. Et mon bureau me servait à saisir par écrit ce que j’avais répertorié, avec rapports et dossiers.

Tu m’as donné une carte il y a six mois, c’est « Arno Diffusion ».

Oui, j’ai une société de biens de services dont je ne m’occupe pas trop. Je ne pense pas que ce soit mon truc. Je faisais l’approche par rapport à des fournisseurs, je travaillais avec Cdiscount. J’essayais de trouver moins cher pour ensuite revendre et essayer de faire des marges. Mais je m’aperçois que c’est très compliqué si tu n’as pas du gros volume. Il faut du réseau, beaucoup de réseau, et c’est difficile de mener ce travail en tant que particulier. Pour le moment, c’est en stand-by.

Donc concrètement aujourd’hui, t’es en reconversion pro. Enfin tu cherches quelque chose…

Oui, je cherche. J’aimerais travailler dans le football, mais pas forcément sur le terrain. Parce que ça n’a jamais été mon objectif d’être entraîneur. J’ai pourtant mes diplômes. Je préférerais un boulot d’observation des matches par exemple, de recrutement au niveau des jeunes, parce que je pense avoir de l’expérience et des qualités pour ça.

Merci de nous avoir consacré du temps. On est très heureux de t’avoir vu. On ne sollicite que des joueurs qu’on a vraiment appréciés. Et on espère que ta situation professionnelle va s’arranger.

Faut toujours garder espoir ! Je vous offre un verre !

 

FullSizeR_7Merci à Arnaud et à Milo pour leur disponibilité (et pour les bières !)


Posté le 10 octobre 2017 - par dbclosc

Le jour de gloire d’Olufadé

Le 10 octobre 2001, Lille reçoit La Corogne pour son 3e match de poule de Ligue des Champions. Comme il le fait régulièrement en championnat de France, dont il est en tête à ce moment, le LOSC s’arrache et marque en fin de match. Le buteur est le Togolais Adekanmi Olufadé, auteur d’une splendide reprise de volée.

Ce mercredi soir au stade Félix-Bollaert se joue un match qui aurait dû avoir lieu un mois auparavant, le 12 septembre 2001. Mais les attentats la veille aux États-Unis ont incité l’UEFA à reporter les matches prévus ce jour, non sans quelques débats sur l’opportunité de cette décision : « L’UEFA souhaite exprimer sa profonde tristesse et sa stupéfaction vis-à-vis des tragiques et terribles évènements qui ont eu lieu aujourd’hui aux États-Unis. Nos pensées et nos cœurs vont à toutes les victimes de ces terrifiantes attaques et nous adressons notre compassion la plus sincère à leurs familles et leurs amis. Les matchs de la journée se dérouleront comme prévu, mais une minute de silence sera observée suite à ces évènements. L’ampleur de cette tragédie, la douleur et la tristesse dans laquelle elle nous plonge, nous force à réfléchir. L’UEFA souhaite respecter la souffrance ressentie par les familles qui ont perdu un proche en repoussant les matchs prévus cette semaine. ». Le mardi 11 septembre, les matches européens ont donc été maintenus, si bien que Nantes, engagé aussi en Ligue des Champions, et Troyes, en UEFA, ont joué (et gagné, respectivement 4-1 contre le PSV Eindhoven, et 6-1 contre Ruzomberok). C’est finalement à Manchester, le 18 septembre, que le LOSC a étrenné ses nouveaux habits de club européen pour une glorieuse et noble défaite (0-1).

 

Les joyaux de La Corogne

Après la qualification historique face à Parme durant l’été, on savait que le LOSC, novice à ce niveau et donc dans le 4e chapeau, tomberait dans un groupe relevé : les Grecs d’Olympiakos, pas les plus impressionnants mais ils connaissent la compétition ; Manchester United, champion d’Angleterre ; et les Espagnols du Deportivo La Corogne.

Le Real Club Deportivo de La Coruña est un vieux club espagnol fondé en 1906, qui ne prend son appellation actuelle qu’en 1918. Il joue dès son origine sur un terrain proche de la plage du Riazor, qui donnera son nom au stade inauguré en 1944, apparemment on savait s’amuser là-bas à l’époque. Hormis une deuxième place décrochée en 1950, le club ne fait pas particulièrement parler de lui ; durant 3 décennies, entre 1957 et 1988, il a même vivoté entre deuxième et troisième divisions. Ce n’est qu’en 1991 que le Depor retrouve l’élite espagnole, se signalant alors comme une valeur sûre du championnat : grâce à des joueurs tels que Bebeto, Mauro Silva et Adolfo Aldana, le club signe une surprenante 3e place en 1993. L’année suivante, renforcé par Donato, La Corogne manque le titre lors de la dernière journée au profit du Barça, à la différence de buts. De nouveau deuxième en 1995, La Corogne remporte son premier trophée majeur, la coupe d’Espagne, ce qui lui permet ensuite de jouer (et de remporter) la supercoupe d’Espagne. La saison 1995-1996 marque une inflexion dans les résultats du club (9e), toutefois demi-finaliste de la Coupe des coupes, sorti par le PSG. Durant 3 ans, malgré Rivaldo, le club rentre dans le rang : seulement 12e en 1998. La venue de Javier Irureta au cours de la saison 1998-1999 permet d’arracher une place en coupe UEFA.

Le Depor ressurgit avec éclat lors de la saison 1999-2000. Les Galiciens prennent la tête dès la 12e journée et ne la quittent plus. Un soir de mai 2000, 2 buts de Donato et Makaay permettent à la Corogne de battre l’Espanyol Barcelone et de devenir championne pour la première fois de son histoire. Parmi les champions les plus illustres : Nourredine Naybet, Romero, Djalminha, Flavio Conceição, Juan Fran, Mauro Silva, Roy Makaay. Et Salaheddine Bassir, bien entendu.

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L’arrivée de Javier Irureta sur le banc fait vivre au club sa période de gloire, durant 5 saisons : champion en 2000, vice-champion en 2001, 3e en 2002 ; vainqueur de la coupe d’Espagne en 2002 ; vainqueur de la supercoupe d’Espagne en 2000 et 2002 ; demi-finaliste de la Ligue des Champions en 2004, éliminé par Porto (0-0 ; 0-1), après avoir effectué une remontada en quart contre le Milan AC : battus 1-4 à San Siro à l’aller, les Espagnols s’imposent 4-0 au retour. C’est donc dans cette période dorée, dont on peut trouver pas mal de similitudes avec le LOSC au même moment, que les Espagnols se déplacent à Lille le 10 octobre 2001. Avec une nouvelle philosophie depuis 2 ans : « hispanifier » le Depor. En 1995, ils y avait 20 joueurs étrangers et cela avait été considéré, à tort ou à raison, comme la raison des moindres performances du club. Poiur Irureta, « ce n’est pas une question d’ostracisme. Simplement une question d’entente, de convivialité, d’automatismes, de références communes. A qualité égale, je choisis toujours un Espagnol. Les résultats me donnent raison ». Avec Diego Tristan, Valeron et Victor comme leaders techniques.

 

Ça plane pour Lille

Du côté du LOSC, dans la foulée de 2 saisons exceptionnelles (celle-ci et celle-là) suite à l’arrivée de Vahid Halilhodzic, c’est l’euphorie. En championnat, Lille est en tête et est toujours invaincu, après avoir pourtant concédé l’ouverture du score à 5 reprises en 9 journées ! L’équipe confirme ainsi d’incroyables qualités d’abnégation au point qu’il en est presque comique de la voir renouveler d’improbables scénarios : égalisation à Lens à la 87e, victoires à domicile après avoir été mené contre Lorient, Montpellier et Bastia, avec des buts vainqueurs inscrits dans les arrêts de jeu pour ces deux dernières rencontres, victoire miraculeuse à Troyes. En championnat, Lille a marqué 13 fois, et tous les buts ont été marqués en deuxième mi-temps. Le but le plus précoce ? Cheyrou contre Lorient : 54e…
10 jours avant de recevoir La Corogne, Lille a remis ça : mené 0-1 par Sedan, l’équipe égalise à la 78e minute par Adekamni Olufadé, et revient des Ardennes avec 1 point. Les deux buts du match :

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Dagui Bakari s’est imposé comme titulaire indiscutable, la recrue-phare de l’été est le Marocain Bassir, et Mile Sterjovski a prouvé son efficacité depuis un an : Adékanmi Olufadé n’est pas le plus connu des attaquants lillois. À tel point que nous ne savons pas vraiment quel est son prénom : Adekanmi, Adékamni, Adékambi…Olufadé3 Les sources divergent. En revanche, tout le monde s’accorde sur « Olufadé ». Né en 1980 au Togo, Olufadé a été formé dans son pays et a pas mal bourlingué. ♫ À 17 ans, il a quitté sa proviiiiinnncheuuuu ♫, pour Metz : « je suis arrivé en plein hiver. J’ai découvert le sens du mot froid ! ». Un coup d’épée dans l’eau : frigorifié, il revient à Lomé 3 mois plus tard. Après quelques expériences en Suisse, en Côte d’Ivoire, en Espagne, puis au Portugal (« C’est clair, il y a des clubs où je n’aurais pas dû aller. Certains managers n’ont pas beaucoup de scrupules »), Adekanmi pose ses valises en Belgique.

1Loin de nous l’idée perfide d’instiller le doute. On a trouvé ça sur icilome.com, qu’on imagine bien renseigné

Six mois avant son arrivée à Lille, il débarque en Jupiler League, à Lokeren, qui est alors 9ème après 18 journées. Si l’équipe reste sur 3 victoires consécutives à son arrivée, elle a fait preuves de carences assez béantes, encaissant notamment un 0-8 à Anderlecht 3 mois auparavant.

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Adékamni-nmi-kambi réussit une excellente demi-saison puisque sur les 13 derniers matches, dont il ne manque que 30 minutes, il inscrit 7 buts. Dès son deuxième match, il plante un doublé contre Bruges, qui gagnait alors quasiment tout (17 v, 1n, 1d avant le match). Lokeren finit la saison en boulet de canon, termine par une victoire 5-0 au Standard de Liège, et se classe finalement 4e.

3

C’est fort de ce bilan très satisfaisant qu’Obi-wan-Kenobi signe pour 4 ans au LOSC au cours de l’été 2001. Son début de saison est à la fois modeste et encourageant : titulaire à une seule reprise (contre Montpellier, juste avant le match retour contre Parme), il entre en jeu 7 fois en championnat et 2 fois en Ligue des Champions, et participe au feu d’artifice des fins de match vahidesques, scorant donc pour la première fois à Sedan. Il est de nouveau remplaçant contre La Corogne.

 

Château en Espagne

C’est surprenant, mais ce match oppose les deux équipes de tête dans ce groupe, puisque Lille a battu Olympiakos le Pirée (3-1) lors de la deuxième journée, pendant que les Espagnols, auteurs d’un surprenant nul à domicile lors du premier match (2-2), battaient les Anglais (2-1). On a donc La Corogne devant avec 4 points, Lille 2e avec 3 points (+1), Manchester 3e avec 3 points (0), et Olympiakos 4e avec 1 point (-1). Puisque rien ni personne ne semble arrêter ces Lillois, on se prend à rêver d’une qualification pour le tour suivant… Halilhodzic, seulement privé de Djezon Boutoille, aligne son équipe-type, avec Sterjovski et Bakari devant.

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Sur le banc : Bassir, Olufadé, Rafael, Murati, Malicki, Collot, Delpierre.

Comme lors des confrontations européennes précédentes, Lille n’est nullement submergé ni même simplement dominé. Ce sont même plutôt les Dogues qui portent le danger sur le but de Molina. Dès la 9e minute, Cheyrou passe dans l’axe pour Bakari, qui met du temps à contrôler mais parvient tout de même à frapper, au dessus. Le match aurait pu prendre une autre tournure si l’arbitre avait logiquement expulsé Naybet qui, à la 18e minute, piétine Sterjovski. Le Marocain s’en sort avec… un coup-franc en sa faveur. Le match est globalement équilibré et les équipes se rendent coup pour coup : à la 24e minute, Sterjovski frappe trop mollement sur Molina ; dans la minute, Pandiani réalise une volée du gauche au ras du piquet de Wimbée. À la 36e, Fran récupère une balle dans les 30 mètres lillois, transmet à Pandiani qui se retrouve face à Wimbée. Gêné par Ecker, il s’excentre et Wimbée sort superbement dans es pieds. Le ballon n’est pas perdu pour les Espagnols, mais c’était sans compter sur Fernando, qui décide de foncer dans un joueur adverse et de vite se relever, sous les yeux de l’arbitre, qui y voit quelque chose de tout à fait régulier : Lille récupère le ballon. Dans la continuité de l’action, Cheyrou sert Bakari, qui frappe en pivot et manque la lucarne pour quelque centimètres. Juste avant la pause, Emerson réussit un sombrero sur Pichot avant de frapper dans le petit filet. 0-0 à la mi-temps, c’est très bien !

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Dès la reprise, La Corogne ouvre la marque. Parti du milieu de terrain, Valeron traverse toute la défense lilloise, profite de l’appel de Pandiani pour s’ouvrir le chemin du but et trompe Greg Wimbée, à ras de terre. Superbe action individuelle, et voilà enfin un but encaissé par Lille qui semble signifier ce qui le sépare du très haut niveau : jamais on n’aurait encaissé un but pareil en championnat.

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Mais Lille ne lâche pas : à la 53e, sur un centre d’Ecker, Dagui rate sa reprise aux 6 mètres. 30 secondes plus tard, Landrin frappe aux 18 mètres mais Molina repousse. La seconde période est plus fermée mais, comme d’habitude, les changements offensifs vont perturber l’adversaire. Landrin, Sterjovski et Cheyrou sortent, Bassir, l’ancien de La Corogne, Olufadé et Murati entrent, et c’est encore eul’bazar. Conditionné à des fins de match épique, le public pousse de plus en plus, même quand Greg s’apprête à tirer un coup de pied de but. Les coups-francs s’accumulent : sur l’un d’eux, Murati met en retrait à Fahmi qui dévisse et ne trouve pas le cadre. Le gardien, Molina, envoie un 6 mètres en touche et excite le public.

L’égalisation survient à la 87e : tout part d’une relance de Greg Wimbée vers Murati. Sans solution immédiate, il trouve Cygan légèrement en retrait. Pascal oriente à droite vers Pichot, dont la passe vers Olufadé casse une première ligne espagnole. Le Togolais contrôle bien et oriente vers Cygan, qui a passé la ligne médiane : il passe devant vers Bassir qui, fort heureusement, ne touche pas le ballon, ce qui permet à Bakari, dos au but, d’ajuster une petite remise en retrait à Olufadé aux 20 mètres, qui prend le temps d’armer après un rebond : pleine lucarne ! À chaque fois, on se dit que le LOSC va tomber sur un os, va finir par ne plus pouvoir rivaliser, et que le jour de la fin l’ascension sera alors arrivé ; mais monter les échelons de la hiérarchie footballistique ne change pas cette équipe : en D2, en D1, puis en ligue des Champions, elle plie parfois, mais pousse, attaque, et finit par marquer en fin de match grâce à un inconnu, face à des adversaires débordés.

Olufadé Corogne

Le LOSC pousse encore modérément pour arracher 3 points, mais hormis un dernier corner obtenu par Ecker et une séquence de panique dans les 6 mètres espagnols, il ne se passe plus grand chose : La Corogne ne boira pas le Galice jusqu’à la lie. Les deux équipes se séparent sur le score de 1-1. La fin du match à revivre dans la vidéo ci-dessous :

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Adékanmi Olufadé n’a plus jamais marqué pour le LOSC. En championnat, il n’est plus réapparu que 3 fois, par exemple 3 jours après, contre Nantes, où Lille gagne grâce à un but marqué à la… 93e minute, lui et Bakari étant entrés en jeu juste avant. Il apparaît aussi une dernière fois en Ligue des Champions, en étant titulaire au Pirée1.

http://droguebierecomplotlosc.unblog.fr/files/2017/10/losc_2000_et_2001.mp3 Le but sur Fréquence Nord, l’occasion de rappeler que la dyslexie se soigne

Retour en Belgique

La suite de son parcours est à l’image de ses débuts : chaotique et modeste. Claude Puel ne comptant pas sur lui, il quitte le LOSC en août 2002, même si on le voit sur les premières photos officielles du club lors de la saison 2002-2003, réalisées tôt en raison de la coupe Intertoto (on ne voit pas Manchev, qui n’est pas encore arrivé).

 - Lille - 17.07.2002 - photo officielle et portraits - LOSC -

Olufadé est prêté à Nice, où il joue 18 fois, donc 5 fois en tant que titulaire. Il y inscrit 2 buts, contre Marseille et à Auxerre. Pas de quoi donner envie à l’OGCN de le garder. Il est ensuite prêté à Charleroi en 2003-2004, où il inscrit 7 buts en 24 matches. À l’issue de cette saison, il est de retour à Lille et prend même part à une partie de la préparation du LOSC. En juillet 2004, il dispute un match amical contre Wasquehal, remporté 3-0 par le LOSC (buts de Fauvergue, Raynier et Audel ! L’équipe était composée des joueurs qui n’avaient pas joué en Intertoto à Minsk), sur 3 passes décisives d’Olufadé ! Voilà pourquoi on trouve des photos et des traces biographiques pas très claires sur son passage au LOSC pendant cette période : Olufadé n’est resté à Lille que quelques jours en 2004, et a finalement résilié son contrat le 30 août.

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Il part au Qatar. 2 saisons qui lui permettent de se maintenir en sélection, et même de participer à la coupe du monde 2006 : il entre en jeu contre la France, mais son équipe est éliminée dès le premier tour. Il retourne alors là où il a le mieux réussi : en Belgique. Il joue 4 saisons à La Gantoise de 2006 à 2010, mais son temps de jeu et ses performances s’amenuisent à mesure que le temps passe : 27 matches, 15 buts la première saison, puis 25/9, 16/9, 2/0. En 2010, il tente un dernier coup à Charleroi, mais il ne joue que 5 bouts de match, ne marque pas, et Charleroi descend.
Au total, en Jupi League, son bilan est de 111 matchs joués, 47 buts marqués et 20 passes décisives délivrées. En sélection togolaise, il a marqué 19 fois en 45 sélections. Ces stats en font un joueur pas dégueulasse, mais bien loin d’avoir réitéré sa performance d’octobre 2001, qui reste un moment d’exception.

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Go to Togo

Après sa carrière de footballeur, il a lancé une académie de football au Togo, le « Centre de Développement Sportif Olufadé », dont le point d’orgue est l’organisation régulière du tournoi « Olufadé cup ». Il a également entraîné Gomido de Kpalimé, le Stella Club d’Adjamey, et a été directeur technique de Anges de Notsè, l’année où le club a remporté le titre de champion. Aux dernières nouvelles, il a pris en main en septembre 2016 le club de Semassi de Sokodé, après que le précédent entraîneur, Maurice Noutsoudjin, a été tabassé par des supporters du club. L’équipe a terminé 2e en 2017, puis 3e en 2018. Lors de l’été 2018, il a pris les commandes du Dynamic Togolais. Avec les « robots rouges », il a terminé 4e, alors que l’équipe était en tête en mars. En coupe, l’équipe a été éliminée par l’Etoile filante en quarts de finale. On ne sait pas trop s’il est encore là-bas : cet été 2019, il a participé à un match de gala avec les légendes du Togo.

Olufadé-Adekanmi

FC Notes :

1 Au Pirée de la hanche, ouais !


Posté le 6 octobre 2017 - par dbclosc

Dušan, Savić, son oeuvrć

A l’été 1983, le LOSC fait vraisemblablement un gros coup sur le marché des transferts en enrôlant Dušan Savić. Ce dernier est international yougoslave, soit un « Brésilien de l’Europe », ce qui est en soit plutôt le genre d’information qui nous donne un a priori positif, comme plus tard, le fait de savoir que Meszöly était hongrois nous donnait plutôt un a priori négatif. On a en plus d’autres raisons, propres à ce qu’on a vu en D1 la saison précédente : le meilleur buteur de la saison précédente n’est autre que Vahid Halilhodzic et rien ne peut alors laisser penser que ce dernier soit meilleur que le nouvel avant-centre lillois.

Dušan Savić débute en première division yougoslave à l’âge de 18 ans, au sein du prestigieux club de l’Étoile Rouge de Belgrade. Le jeune avant-centre qui se révèle alors a pour partenaire d’attaque Stanislav Karasi, une référence qui nous parle, puisque le Yougoslave a enflammé les tribunes d’Henri Jooris puis de Grimonprez-Jooris pendant trois ans : fantasque, parfois aussi flippant que Jack Nicholson dans Shining, Staniv n’en a pas moins laissé l’image d’un joueur incroyablement talentueux. Si Dušan débute au cours de la saison 1973/1974, il est alors la doublure de Karasi, scorant déjà 6 fois en seulement 9 matches. Dès la saison suivante, il forme un duo détonnant aux côtés de Zoran Filipovic, autre jeune espoir yougoslave de deux ans son aîné, mais tardant à confirmer : titulaire avec l’Étoile Rouge à 17 ans, international à 6 reprises à 18 ans, celui-ci venait pourtant de passer les trois dernières saisons sur le banc. Le duo fonctionne : Filipovic marque 14 fois en D1, Savić 20 fois, terminant déjà meilleur buteur du championnat national.

La Yougoslavie, n’est pas la seule à découvrir « Dule ». Cette saison-là, l’Étoile Rouge fait un parcours remarquable en Coupe des Coupes. Pourtant, l’aventure a failli finir très vite : battu à Salonique par le PAOK au match aller du premier tour, l’Étoile arrache la prolongation par Petrovic avant de l’emporter en prolongation grâce à Dušan Savić. Au tour suivant, les Yougoslaves ont un tirage facile : les Luxembourgeois de l’Avenir Beggen, battus à l’aller (6-1) comme au retour (5-1).

Mais, c’est en quart de finale que l’Étoile Rouge fait son exploit : battus par le Real à Madrid, l’Étoile remonte son retard au match retour. Aux tirs aux buts, les Y>ougoslaves se qualifient face au futur champion d’Espagne, Dušan Savić transformant notamment sa tentative (6-5). Le parcours de l’Étoile s’arrête en demi. Battus à l’aller sur le terrain des Hongrois de Ferencvaros, Savić et ses co-équipiers conservent cependant l’espoir grâce au but de leur avant-centre (2-1). Ils croient pouvoir refaire le coup du Real, égalisant sur les deux matches grâce à Filipovic (77è, 2-1) avant de concéder six minutes plus tard un pénalty par Megyesi (83è, 2-2).
A moins de 20 ans, Dušan Savić est déjà une star, avec déjà un titre de meilleur buteur de D1 et une demi-finale de coupe à son palmarès. Le 31 mai, Dušan connaît aussi sa première sélection avec la Yougoslavie, lors d’une victoire (3-0) contre les Pays-Bas, au cours de laquelle il inscrit un but. Sa carrière semble bien partie.

Un concurrent nommé Vahid

Au poste d’avant-centre de la sélection yougoslave, Dule a de la concurrence. On ne te parlera pas ici en détail de l’ensemble de celle-ci, mais surtout de l’un d’entre eux qu’on connaît bien à Lille : un certain Vahid Halilhodzic. En 1975, le Bosniaque semble cependant en retard sur Dušan Savić. De trois ans son aîné, Vahid n’a jamais été sélectionné avec la Yougoslavie. Il est cependant désormais l’avant-centre du Velez Mostar, valeur montante du football yougoslave : quatrièmes en 1975, les Bosniaques ont terminé deuxièmes les deux précédentes saisons. La saison passée, le club a également réalisé un parcours étonnant en coupe de l’UEFA, dont il a atteint les quarts de finale, après avoir éliminé le Spartak Moscou, le Rapid Vienne et Derby County avant d’échouer contre Twente.

savic 3Un enfant sorti d’une pub Kinder, Dusan le regard tourné vers un avenir radieux, et un vieux moustachu qui ressemble à Manolo de Tintin et les Picaros

Savić ne perd pour sa part pas son efficacité les trois années suivantes, tenant à un rythme d’un but tous les deux matches (30 buts en 60 matches de D1 de 1975 à 1978). Quand il joue. Il connaît ainsi quelques pépins physiques lui faisant rater la moitié des matches de son équipe sur la période. Titulaire en puissance au sein de la sélection, ses blessures l’empêchent de s’y inscrire dans la continuité. Halilhodzic en profite pour se présenter comme une alternative crédible : deuxième buteur de D1 en 1976 (19 buts), auteur de 28 autres buts les deux saisons suivantes, il connaît ses premières capes internationales en 1976. Il devient même l’avant-centre titulaire avec la Yougoslavie en 1978, marquant quatre fois en sélection sur l’année.

Les deux joueurs jouent même ensemble. La première fois, c’est le 4 octobre 1978 lors d’un match contre l’Espagne en éliminatoires du championnat d’Europe (1-2). Vahid, titulaire et buteur, se voit ainsi rejoindre sur le terrain par Dule, entré en jeu à la 66è. La deuxième, et dernière fois, c’est un peu plus d’un mois plus tard contre la Grèce en match amical, les deux débutant la rencontre. L’association a alors bien fonctionné, la Yougoslavie s’imposant largement (4-1) grâce à un triplé du futur entraîneur du LOSC et à une unité de son futur avant-centre. Cette saison, Halilhodzic perd sa place en sélection quand Savić semble s’y imposer au cours d’une saison mémorable : meilleur buteur du championnat (24 buts), il est finaliste de la coupe de l’UEFA avec l’Étoile Rouge (battue par Mönchengladbach), compétition au cours de laquelle il inscrit 5 nouveaux buts, dont l’un, entré dans la légende yougos, à Highbury contre Arsenal. Regarde-moi ça :

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Les deux poursuivent leurs parcours respectifs de buteurs. Vahid s’en va pour Nantes, en 1981. Dule, lui, reste un an et demi de plus.

Débuts en fanfare et triplé le plus rapide de l’histoire

Le départ de Yougoslavie de Dule a lieu en janvier 1983. Il s’en va alors à Gijon, en Liga, contre qui il avait d’ailleurs joué jadis en compétitions européennes. Sa demi-saison espagnole est modeste : 3 buts en 13 matches de championnat. Gijon et Dule décident de ne pas poursuivre l’aventure ensemble. Pas une mauvaise nouvelle pour tout le monde après tout : c’est à Lille qu’il signe !

L’avant-saison est porteuse de belles promesses. Juste avant la reprise, lors du traditionnel tournoi de la CUDL, c’est Savić qui donne la victoire au LOSC en demi-finale (1-0) contre la Pologne troisième de la dernière coupe du Monde. En finale, Lille est confronté au Racing. C’est encore le LOSC qui l’emporte (3-2) grâce à un doublé de son avant-centre.

savic bièreComme un signe prémonitoire du nom de ce blog, Savic, arrivé à Lille, se paie une bière. Bientôt, la photo où il prend de la drogue, puis celle où il fomente un complot.

En championnat, les débuts de Savić sont bons avec en point d’orgue son triplé contre Toulon lors de la 10ème journée : buteur une première fois sur pénalty (10è), Dule marque très vite ses deuxième et troisième buts (13è et 16è) enterrant les espoirs toulonnais au bout d’un quart d’heure, pour une victoire finale par 4 à 2. Bizarrement, lorsque l’on recherche des informations sur les triplés les plus rapides de l’histoire, on ne trouve aucune mention de celui-ci, alors que, selon les informations que nous avons trouvées, Savić aurait bien battu là le record du championnat de France jusqu’à ce qu’un autre Lillois, Matt Moussilou, ne vienne le battre près de 22 ans plus tard.

En effet, nous ne trouvons aucune source contestant que ce triplé aurait été établi en six minutes. Et pourtant, bizarrement, les recherches sur les triplés les plus rapides de l’histoire indiquent que le prédécesseur de Moussilou (triplé en 5 minutes) était Jérémy Ménez (en 2005 également) lequel aurait alors réalisé cette performance en 7 minutes, c’est à dire dans un temps plus long que Dule. Les articles sur la question laissent pourtant penser que le problème ne vienne pas du fait que les recherches ne seraient pas remontées assez loin dans le temps : on trouve ainsi mentionné que, en 2005, Ménez vient égaler ce record censé être jusque là détenu par un autre yougoslave, Sokrat Mojsov (Rennes), depuis le 21 novembre 1971, lors d’un match contre Reims (4-1).

Bref, notre conclusion : jusqu’à preuve du contraire, c’est bien Dušan Savić qui détenait le record du triplé le plus rapide du championnat de France jusqu’à ce que Matt ne vienne le détrôner. Cet oubli est encore une énième preuve du complot. D’ailleurs, les articles de 2005 ne mentionnent pas non plus le triplé de Bakayoko avec Montpellier contre Lille en 1997, en six minutes, preuve d’une volonté évidente de cacher le lien entre rapidité des hat-trick et le LOSC.

Savić fait donc des débuts en fanfare. Il est alors troisième du classement des buteurs et il est encore quatrième après la sixième journée (avec 9 buts), confirmant qu’il est peut-être bien le buteur « capable de marquer entre 15 et 20 buts » dont Jean-Michel Larqué parle dans Onze et que le LOSC attend. Il forme en outre un duo d’attaque redoutable avec l’ancien Brestois Bernard Bureau, lui auteur de 6 buts. Lille est alors 8ème avec la 4ème attaque. Le jeune Rey a en outre montré qu’il était une alternative crédible en attaque lors de sa performance au Parc des Princes (doublé et passe décisive lors de la victoire 4-5), et le tout est bien épaulé par Roger Ricort, les frères Plancque et Pascal Guion. Dule est en outre le « Yougo » le plus efficace du championnat, ayant pour l’instant inscrit deux unités de plus que Vahid, son ancien concurrent du Velez Mostar.

savic 2

Malheureusement, la suite n’est pas tout à fait du même niveau. Savić confirme ainsi son rôle important à Nîmes, où ses deux passes décisives permettent à Lille de prendre le point du match nul (2-2, 18ème journée). Savić ne marque ensuite plus que trois fois et, surtout, pas le moindre but au cours des dix dernières journées. Ça n’est pourtant pas faute de temps de jeu, l’avant-centre ne ratant pas une seule minute sur la période. Il met fin à sa période de disette lors de la 2ème journée de la saison suivante lors d’un doublé (24è et 60è) contre Paris, mettant fin à 1023 minutes sans marquer (1).

Sa saison 1984/1985 est d’ailleurs en trompe-l’œil et masque les fortes fluctuations des performances de l’attaquant. Ainsi, après la seizième journée, Savić a certes marqué 6 fois, mais 4 de ses réalisations ont été réalisées sur pénalty, soit alors un bilan famélique de deux buts inscrits dans le jeu sur les 26 dernières rencontres auxquels on ne peut ajouter que deux passes décisives (2). Il retrouve en revanche ensuite un semblant d’efficacité, inscrivant ensuite 7 buts (aucun pénalty) en 19 rencontres en D1 et 3 en 9 matches de coupe, contribuant au beau parcours lillois dans cette compétition, achevé en demi-finales. C’est notamment lui qui, de la tête, inscrit dans le temps additionnel le but qui qualifie les Dogues en demi-finale.

En 1985, Savić est cependant prié de s’en aller, prêté qu’il est à Cannes, où il est définitivement transféré la saison suivante. En quatre saisons sur la Croisette, le buteur inscrira 40 buts.

Savić, encore une star en Serbić

Suivant un point de vue contemporain, on aurait tendance à oublier que les écarts de niveau entre championnats nationaux n’ont pas toujours été tels qu’aujourd’hui et donc, que si les actuels cinq meilleurs championnats étaient déjà parmi les meilleurs dans les années 1970-1980, d’autres pouvaient alors largement les concurrencer : à l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, l’Angleterre et la France, il fallait alors ajouter l’URSS, la Belgique, les Pays-Bas, le Portugal, l’Écosse, et donc la Yougoslavie.

Suivant un autre point de vue, celui-ci « ethnocentré », on a également tendance à oublier que, sur les jugements que l’on peut porter sur les performances des joueurs étrangers ayant joué en France, celles de leurs expériences passées ont tout autant de valeur que celles réalisées en première division hexagonale. A ce titre, si Vahid Halilhodzic a davantage marqué les esprits dans le championnat français que Dušan Savić, ce dernier s’est en revanche davantage distingué dans l’élite yougoslave.

Ainsi, si Vahid a pour lui des performances françaises très nettement supérieures à celles de Savić, puisqu’il marque 101 fois en 181 matches de D1 (0,56 but/match) contre seulement 41 buts en 122 rencontres de D1 pour Dule (0,34/match), les moyennes cumulant élites yougoslave et française sont en revanche très voisines (0,53 pour Vahid et 0,50 pour Dule). Si le futur coach lillois peut revendiquer deux titres de meilleur buteur en France, celui qui fût l’avant-centre des Dogues fût également deux fois meilleur buteur, lui en Yougoslavie. En compétitions européennes, c’est d’ailleurs Savić qui présente – et très nettement – les meilleures statistiques : il marque en effet 20 fois en 41 matches européens quand Halilhodzic se contente de 5 buts en 16 apparitions. La mémoire française retient donc le Bosniaque, mais l’ex-Yougoslavie se souvient sans doute plus du Serbe.

D’ailleurs, phénomène amusant, l’ancienne star du Marakana – le stade de l’Étoile Rouge – est devenue depuis une icône dont on retrouve de nombreuses références dans les productions artistiques serbes. C’est d’abord en 1997, dans le film The Wounds de Srdan Dragojevic. En l’occurrence, une scène où deux personnages rendent un bel hommage à l’ancien buteur de l’Étoile en chantant « Duuuule Savic » alors qu’ils copulent avec des prostitués.

En 1999, c’est le célèbre groupe serbe Prljavi Inspektor Blaža i Kljunovi qui lui rend un hommage vibrant, dans la chanson intitulée sobrement « Dule Savic ». Enfin, nous supposons qu’il s’agit d’un hommage même si, nous l’avouons honteusement, nous avons séché nos cours de Serbe pendant notre jeunesse et n’avons pas tout compris au texte. A toi de te faire un avis sur pièce :

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En 2000, Savic joue même son propre rôle dans la comédie Munje ! Réalisée paar Radivoj Andric. Dans une scène, alors que les héros évoquent le célèbre but de Dule contre Arsenal à Highbury en 1979, ce dernier apparaît soudainement, donne semble-t-il des conseils de vie étranges et bizarroïdes aux protagonistes avant de s’en aller dans la nuit. Après avoir lu cet article, parle autour de toi de Dule et de son fameux triplé lillois, peut-être t’apparaîtra-t-il.

Enfin, Dule a aussi été directeur sportif de l’Étoile Rouge de 1998 à 2005, nouvelle preuve qu’il n’avait pas été oublié là-bas. Au cours de cette période, son club remporte trois nouveaux titres de champion et quatre coupes de Serbie, ajoutant encore au palmarès de Dule. A ce jour, il reste le deuxième buteur de l’histoire de l’Étoile, derrière Bora Kostić, soit le meilleur buteur sur le dernier demi-siècle.

Après, face moins glorieuse de Dušan : il est l’inventeur du complot contre le LOSC à retardement. On en a déjà parlé, encore plus vicieux que ces ex qui nous en veulent, lesquels nous marquent des buts après leur départ, Dule a enfanté Vujadin dans la seule intention qu’il nous marque un but, comme il l’a fait 25 ans après le départ de son papa.

  1. C’est d’ailleurs son efficacité globale qui est alors en question : si son dernier but remontait à 1023 minutes, sa dernière passe décisive n’était pas beaucoup plus récente puisqu’elle remontait à 874 minutes.

  2. Encore ce comptage ne retient-il pas les quatre matches de la coupe de la Ligue 1984/1985, disputés pendant l’été 1984, tous joués par Savić, et au cours desquels il ne marque aucun but ni ne réalise de passe décisive.


Posté le 14 septembre 2017 - par dbclosc

Vahid Halilhodzic, tombé du ciel

Le 14 septembre 1998, Vahid Halilhodzic devient l’entraîneur du LOSC. Une star du foot yougoslave des années 1970, du foot français dans les années 1980, ensuite profondément marquée par la guerre dans son pays. On ne le sait pas encore, mais il constitue la meilleure recrue du club depuis des décennies, tant son empreinte dans tous les domaines sera forte. Pourtant, quelques heures avant l’officialisation de sa prise de fonction, le président Bernard Lecomte ne connaissait même pas son nom.

6e journée de D2, 12 septembre 1998 : le LOSC se rend à Beauvais, dernier avec 2 points. Les Lillois sont à peine mieux lotis avec 5 points : seulement 2 buts marqués, une défaite inaugurale contre Guingamp, 2 nuls à Niort puis contre Caen, une victoire dans le derby à Wasquehal, et une nouvelle défaite à domicile, contre Cannes, dans un climat franchement hostile où les plaques de plexiglas ont volé et où les grillages de Grimonprez-Jooris ont tremblé. Chahuté par le public, et même violenté quelques jours avant à l’entraînement, l’entraîneur, Thierry Froger, est plus que jamais menacé. Le président Bernard Lecomte lui avait donné deux ans pour remonter : le jeu proposé, les circonstances de la fin de saison précédente, et le début de cette saison ont considérablement réduit l’horizon d’attente de tout le monde : en cas de résultat négatif à Beauvais, c’en sera fini de l’aventure de Thierry Froger à Lille. Bernard Lecomte indique même la veille du match à Pierre Dréossi, directeur sportif du club, qu’il lui reviendra alors de prendre en main l’équipe.

Adieu Thierry Froger

Ce samedi soir, au stade Pierre Brisson de Beauvais, Jacques Vendroux présente son émission Inter Football – une émission consacrée au football pour France inter, comme son nom l’indique – depuis les tribunes. À ses côtés, Dominique Bathenay, dont on soupçonne qu’il ne soit pas là par hasard : voilà presque 2 ans que l’ancienne gloire des Verts est sans club à entraîner. Quelques rangs en contrebas, on aperçoit Vahid Halilhodzic, accompagné de Miroslav Popovic, un ami. Sur le terrain, la prestation du LOSC est meilleure que lors de ses dernières sorties, et la Voix du Nord souligne que les joueurs semblent vouloir sauver leur entraîneur. Mais le LOSC s’incline encore. Comme il l’avait envisagé, Bernard Lecomte signifie dans les vestiaires à son entraîneur que son sort est désormais scellé : « Je suis désolé pour lui. C’est un garçon que j’aime bien, qui a beaucoup de qualités. La décision est douloureuse, lourde sur le plan humain. La survie de l’équipe est en jeu. Dans la situation actuelle, on ne pouvait pas faire autrement. Je pense que c’était la bonne décision. Le public ne lui a pas pardonné l’échec de la saison dernière. On l’attendait, et ce premier match fut terrible avec cette tribune vidée de ses supporters. Quand vous faîtes la rentrée des classes et que, dès le premier jour, on vous dit que vous êtes un cancre, c’est dur ! ». Oui enfin, il sait qu’il a redoublé, quand même.

11« Comment ça, viré ? OK, on a perdu, mais 0-1 seulement, contre des Picards déchaînés ! »

Mais la donne a changé par rapport à ce que le Président envisageait la veille. Avant le match, Jacques Vendroux, dont on se demandera toujours si l’étiquette de journaliste n’est pas une couverture pour ses activités de lobbyiste multicartes mondain en Nord-Pas-de-Calais, et vas-y que je suis le petit-neveu du Général De Gaulle, a signalé à Bernard Lecomte la présence de Vahid Halilhodzic : « il m’avait déjà soufflé quelques noms, mais cela ne m’avait pas convaincu, confie Lecomte. Quand enfin il m’a appris que Vahid Halilhodzic était au stade, qu’il était au chômage, j’avoue que cela ne m’a pas dit grand chose… ». Et ben alors, Nanard ? Il est vrai que Lecomte est davantage arrivé dans le foot pour ses qualités de gestionnaire d’entreprise que pour consacrer sa passion du football, mais tout de même. Alors rafraîchissons-nous la mémoire.

 

Mostar du ballon rond

Vahid Halilhodzic est né en 1952 en Bosnie-Herzégovine, l’une des Républiques fédérées constituant la Yougoslavie. Il intègre en 1968 le Velez Mostar, dans la capitale de l’Herzégovine. C’est d’abord le grand frère Halilhodzic, Salem, qui est repéré par les dirigeants de Mostar. Mais Vahid s’y impose, d’abord dans l’équipe Junior (1968-1971), puis durant 9 saisons à la pointe de l’attaque en D1 (après un prêt durant la saison 1971-1972 au Neretva Metković), durant lesquelles ses qualités de buteur permettent au club d’atténuer la toute-puissance de l’Hajduk Split et de l’Étoile Rouge de Belgrade. Il y côtoie notamment Boro Primorac, qui signera plus tard à Lille. Mostar est en plein essor : alors que Vahid marque encore peu en 1973 puis en 1974 (9 matches et 1 but en 1973 ; 24 matches et 6 buts en 1974 : ne jouait-il que des bouts de matches ou était -il ailier ?), le Velez termine 2e du championnat (manquant même le titre en 1974 à la différence de buts). C’est à partir de la saison 1974-1975 qu’il s’impose comme titulaire, avec 16 buts inscrits en championnat, et un quart de finale d’UEFA en 1975 : si les Yougoslaves s’imposent 1-0 à l’aller, ils s’inclinent 0-2 au retour aux Pays-Bas, contre Twente, futur finaliste. Il devient international la saison suivante.

La réussite de Mostar dépasse le seul cadre sportif : située aux croisements de diverses cultures, la ville est considérée comme un lieu de passage et de rencontre des hommes. Symbolisée par son pont, construit par les Ottomans au XVIe siècle au-dessus du fleuve Neretva (Mostar signifie d’ailleurs littéralement « stari most », « vieux pont »), Mostar emmène à l’ouest du côté de la mer Adriatique, de l’Europe et du monde latin, et à l’est vers Sarajevo, le monde slave et oriental, des pays de confession musulmane. L’équipe du Velez reflète cette diversité : elle est composée de serbes, de croates et de bosniens, catholiques, musulmans. Au début des années 1970, le Bosnien Bajević, le Croate Marić et le Serbe Vladić, tous trois nés à Mostar, sont la fierté du Velez.

 12Le Vieux pont de Mostar en 1974 (Photo Jean-Pierre Bazard sur wikipédia).

Vahid Halilhodzic a joué 208 matches de D1 en Yougoslavie et a inscrit 106 buts. Si l’on ajoute à ces statistiques les coupes, les chiffres diffèrent selon les sources, mais Vahid Halilhodzic aurait joué, championnat et coupe compris, entre 220 et 230 matches, pour un total de 115 à 120 buts marqués. De quoi être fortement sollicité. Vahid Halilhodzic ne quitte pourtant son pays qu’en 1981, à l’âge de 29 ans, pour la raison suivante : les nationaux ont l’interdiction de s’exiler avant l’âge de 28 ans, selon la loi alors en vigueur en Yougoslavie mise en place par Tito, tout juste décédé en 1980, et ce pour empêcher l’exode des meilleurs footballeurs. Vahid franchit le pas juste après avoir obtenu un premier trophée majeur au printemps : grâce à une victoire 3-2 contre le Zeljeznicar Sarajevo, match au cours duquel il inscrit un doublé, il remporte la coupe de Yougoslavie. Direction la France, à Nantes, sur les conseils du stéphannois Ivan Curkovic, natif de Mostar.

13Vahid avec le maillot de Mostar en 1975. Joie de vivre et félicité.

 

Buteur de Nantes

Vahid prend la place du buteur nantais Éric Pécoud, parti du côté de Monaco. Sous les ordres de Jean Vincent, autre ancienne gloire losciste, la première saison de Vahid en France est décevante. Il tarde à marquer : 14son premier but tombe le 16 septembre 1981, en 32e de coupe de l’UEFA, contre Lokeren, entraîné par ce bon vieux Robert Waseige. Il marque dès la 2e minute mais est expulsé pour avoir bousculé un adversaire qu’il accuse de lui avoir mordu le doigt. Nantes est éliminé par les Belges. En championnat, il marque pour la première fois le 3 octobre 1981, contre Lens : quel bel homme ! Mais seuls 7 buts ponctuent cette première saison sur les bords de l’Erdre, je suis bien content d’être parvenu à caser cette expression de merdre. Parallèlement, Vahid brille cette saison là en équipe nationale : si ses performances avec la Yougoslavie ont été intermittentes tout au long de sa carrière, il se qualifie cette saison-là pour la coupe du monde 1982 et participe à deux matches lors de la phase finale en Espagne, où son pays est éliminé au premier tour.

À son retour à Nantes, après avoir hésité à quitter le club, l’arrivée de Jean-Claude Suaudeau lui permet de s’intégrer davantage au collectif nantais. C’est un succès : Vahid inscrit 27 buts (dont celui de la victoire contre le LOSC le 29 mars 1983, ça c’est pas bien), décrochant le titre de meilleur buteur du championnat, Nantes est champion et se hisse en finale de coupe de France. Lors des 3 saisons suivantes, « Vaha » inscrit respectivement 13, 28 (de nouveau meilleur buteur) et 18 buts avec les Nantais en championnat (avec 2 autres buts contre Lille le 24 mai 1985 puis le 21 décembre 1985, non vraiment ce n’est pas bien). De manière plus anecdotique mais tout de même historique, Vahid Halilhodzic, à l’occasion du match Nantes-Monaco le 9 novembre 1984, est le premier buteur d’un match de championnat de France retransmis en direct par Canal + : Nantes s’impose 1-0 grâce à une tête Halilhodzic sur un centre de Touré (à 9’15 dans la vidéo ci-dessous).

Image de prévisualisation YouTube Quelques buts de Vahid avec Nantes. Si vous ne le connaissez pas timide en interview, allez voir, c’est une expérience surprenante

151983, Vahid est un canari tout jaune

À 34 ans, Vahid accepte de rejoindre le PSG en 1986. Il y inscrit encore 8 buts en 18 matches (encore un contre Lille, le 29 août 1986), mais préfère rompre son contrat et mettre un terme à sa carrière de joueur à la fin de l’hiver, très marqué par le décès de sa mère en août, et souhaitant rester auprès de son père, mourant. Avec 101 buts marqués, Vahid Halilhodzic est à ce jour le 81e meilleur buteur de l’histoire du championnat de France de première division ; le 20e si l’on considère la moyenne de buts marqués par match (0,56). Derrière Jean Baratte, tout de même (169 buts ; 0,6 but par match).

16Avec le maillot du PSG, en compagnie d’Alain Couriol


La Yougoslavie et Mostar déchirées

Au printemps 1987, il est de retour à Mostar avec son épouse et ses enfants, où il investit et s’investit dans un bar, dans un restaurant, et dans un magasin de vêtements. Vahid est riche et célèbre. Mieux : c’est une idole à Mostar, depuis la coupe gagnée en 1981. En 1990, le Velez l’appelle pour occuper un poste de manager général. Tout lui sourit. Mais la guerre éclate en Yougoslavie à partir de 1991. Le championnat est suspendu. Vahid, Bosnien musulman1, et Diana (Dijana), une Croate catholique dont la mère est Serbe, vivent dans un quartier croate de cette ville multiculturelle. Vahid se rappelle : « Mostar, c’était une ville spéciale, très belle et tellement mélangée. Les gens vivaient ensemble, sans tensions, catholiques, musulmans, orthodoxes… ». Les tensions s’accroissent et Vahid est un symbole à abattre. Les amis et coéquipiers d’hier sont désormais ennemis, selon leurs appartenances religieuses, culturelles et communautaires. Le chef de l’extrême-droite croate à Mostar est le dénommé Jadranko Topic : pendant 6 ans, il a été l’un des compères d’attaque de Vahid au Velez Mostar.

17L’équipe de Mostar en 1975. Assis, à gauche, Jadranko Topic dont le parti HDZ tentera 18 ans plus tard d’assassiner Vahid Halilhodzic, son voisin sur cette photo. Debout, vers la droite, on reconnaît Boro Primorac.

Pendant plusieurs mois, Vahid reste sur place, tentant de mettre son aura au service du secours de civils, quelles que soient leurs origines. Avant que l’on en vienne à des moments plus tragiques, permettons-nous un petit moment de détente avec ce souvenir relaté par Vahid dans Le Parisien : « Un soir, à Mostar, j’ai entendu une fusillade près de ma maison. Je suis allé voir le rond-point où se déroulait l’action. D’un côté, il y avait les soldats de l’armée fédérale, un commando spécial, qui venait faire de la provocation. De l’autre, il y avait des voitures de police. J’étais au milieu de la fusillade. Derrière des platanes de 200 ans d’âge, des soldats me pointaient avec des fusils. Il y avait une sale odeur de poudre. Moi, je me retourne vers eux et je leur lance : ‘Mais, merde, que foutez-vous là, fascistes ?’ Un barbu sort de derrière un platane. Il me dit : ‘N’approche pas !’ Et me menace : ‘Encore un pas et t’es mort’. Je suis retourné chez moi. Ma femme et mes enfants pleuraient. Lors de la fusillade, les balles ont touché ma maison. Un responsable du contre-espionnage m’avait donné un pistolet pour me défendre. Je l’ai pris et je l’ai rangé dans ma ceinture, dans mon dos. Je suis ressorti pour juger de la situation et je me suis accroupi derrière un muret. J’ai voulu reprendre mon arme et le coup est parti. La balle a traversé les reins pour sortir derrière une cuisse. La seule et dernière fois que j’ai tiré de ma vie, c’est sur moi, dans mon cul ».

18Serial buteur ou serial killeur, il faut choisir

Fin 1992, c’en est trop : le stade où il a brillé avec le Velez a été transformé en lieu de transit, à l’instar du stade national de Santiago au Chili : des milliers de musulmans y sont faits prisonniers avant d’être envoyés en camps de concentration. Vahid ne peut plus rien faire pour sa ville, et sa vie est de plus en plus menacée. Il décide d’envoyer ses enfants et son épouse en sécurité, en France, et ne les voit pas pendant plusieurs mois. Même le pont de Mostar, le symbole, qui avait résisté jusqu’alors à tous les conflits, est dynamité le 8 novembre 1993. On en avait parlé déjà dans cet article, mais reprenons le témoignage de Vahid que nous avons relaté : « j’ai vu le fascisme de mes yeux. Pendant un an et demi. J’ai vu des atrocités, des choses que l’on croyait réservées aux livres d’histoire. J’ai affronté directement les fascistes. Devant eux, sans armes. Je leur ai tourné le dos. Je suis fier de mon rôle pendant cette guerre, parce que j’ai sauvé des milliers de gens. Pendant les bombardements, j’organisais des convois pour aller mettre les femmes et les enfants en sécurité, au bord de la mer. J’ai mis ma vie en danger ». Au printemps 1993, le club de Beauvais, en D2 française, lui fait une proposition pour devenir entraîneur. Vahid accepte, après s’être demandé :

 

« Et si j’osais Beauvais ? »

Cette opportunité lui sauve la vie : « quand le club de Beauvais m’a embauché comme entraîneur, je suis parti pour Paris un jeudi après-midi. Le samedi, à six heures du matin, les fascistes venaient me chercher pour me tuer. Leur plan ? C’était de me couper la tête et de l’exposer sur le rond-point de la ville. Premier sur la liste. Beauvais m’a tout simplement sauvé la vie. Ils ont tout détruit : ma maison, mes souvenirs, mes photos. Ils ont essayé d’immoler par le feu mes beaux-parents, heureusement que des voisins sont venus les libérer. Ils ont abattu le palmier, arraché mes rosiers. Ils ont tué Astor, mon chien, mes enfants y étaient très attachés. Je me demande comment je suis sorti vivant de cette guerre. Mais j’ai perdu en une journée tout mon travail de vingt ans. Parce que j’étais musulman, riche et célèbre, ils ont bombardé ma maison et ma vie. Et encore, je n’ai perdu que des choses matérielles. J’ai plus pleuré quand j’ai vu le pont détruit que pour ma maison. Ceux qui ont eu leur femme, leur fille, violées, ou leur frère égorgé, ceux qui ont beaucoup perdu dans cette guerre… Je peux comprendre qu’ils aient la haine. Je n’oublierai jamais. Et à certains, je ne pardonnerai jamais. Mais je ne peux pas consacrer ma vie à la haine. Je ne veux pas être victime de la haine ».

19José Bové, une pipe au football

6 ans après son départ, Vahid Halilhodzic est de retour en France, contraint, forcé, meurtri. Sportivement, les Beauvaisiens réalisent deux tiers de championnat superbes : à l’issue de la 27e journée (sur 42), ils pointent à la 6e place, à 4 points de la 3e (avec la victoire à 2 points). Vahid a sous ses ordres deux futurs lillois : Anthony Garcia et Mohammed Camara. Ci-dessous le résumé d’un déplacement à Nancy, en août 1993, avec la réaction de Vahid :

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La fin de saison est bien plus laborieuse puisque l’ASBO adopte un parcours de relégable, et termine finalement 16e. Mais l’impression sur la saison est globalement bonne pour un club aux si petits moyens. France Football le désigne 2e meilleur entraîneur de deuxième division : pas mal pour un 16e… À la surprise générale, il quitte pourtant le club au bout d’une année, sans demander d’indemnité, déçu par le manque d’ambition du club : « ça ne m’intéresse pas de jouer les seconds rôles » justifie-t-il.
Mais Vahid n’a pas de plan. Le souvenir de la guerre le hante. Son épouse, Diana, prend un travail à l’OPAC (Office Public d’Aménagement et de Construction) de l’Oise pour faire vivre le foyer. Dans l’équipe magazine du 20 octobre 2001, elle revient sur cette période : « le midi, je rentrais à la maison et je le voyais affalé sur le canapé. Résigné, effondré. Bien sûr, le malheur est insupportable. Évidemment, le souvenir de notre vie dorée était difficile à évacuer. Je comprenais aussi toute la haine qui pouvait habiter mon mari après avoir vécu de si près la guerre, la mort, l’injustice ». Des amis lui prêtent de l’argent. Durant 3 ans, Vahid se sent humilié, seul et abandonné (« cette période est la plus dure de ma vie. Plus dure que la guerre ») : il peste de ne voir aucune offre arriver du côté de Nantes, où ses anciens dirigeants et coéquipiers tiennent le club et connaissent sa situation. Après cet épisode dépressif, animé par une immense ambition et un irrésistible besoin de reconnaissance, Vahid entame un tour d’Europe, de la Juve au Barça, du Bayern à l’Ajax, de Dortmund à Parme, pour comprendre comment gagnent ceux qui dominent le continent. Il est même reçu à sa demande par Marcello Lippi, Louis Van Gaal, et Omar Hitzfeld.

 

Vahid se (Thierry) rabat sur le Maroc

 En 1997, il reçoit un coup de fil du fidèle Henri Michel, son ancien coéquipier de Nantes. Henri Michel est sélectionneur du Maroc et sait ce qui se trame dans les club nationaux : le Raja Casablanca cherche un entraîneur, et Henri Michel a soufflé aux dirigeants le nom de Vahid. Même s’il reste sur 2 titres nationaux, le Raja court après sa gloire passée : depuis la victoire en Ligue des champions en 1989, personne n’a fait long feu ici. Le club est à la peine en championnat (11 points de retard sur le leader) et est mal embarqué en Ligue des Champions africaine : il est 3e du groupe avec 5 points de retard sur le leader, Primeiro de Agosto (Angola). Le coach Alexandru Moldovan (aucun lien) est viré ; après un bref intérim de Abdellah El Ammari, Vahid accepte le défi : c’est la fin de 3 années de chômage.

Halilhodzic arrive la veille d’un match de Ligue des champions en octobre 1997. Deux victoires plus tard et un heureux concours de circonstances, le Raja Casablanca prend la tête du groupe pour un but supplémentaire par rapport au 2e, et va jouer la finale sur un match aller/retour contre les Ghanéens d’Obuasi Golfields2 ! L’équipe marocaine s’incline à l’aller 0-1. Invraisemblable : pour le retour, en raison des blessés, des suspendus, et des non-qualifiés pour la compétition, « Ouahid » ne dispose que de 11 joueurs valides (Halilhodzic, lol) et met alors en place un système inédit, où les joueurs ne jouent même pas à leur poste. En l’absence de Khalif, le défenseur Abdelilah Fahmi est promu capitaine de l’équipe. Devant des spectateurs hystériques (et obéliques, re-lol) et dans une ambiance tendue sur le terrain, le Raja ouvre le score par Nazir, d’une reprise dans les 6 mètres à la 78e minute. Les Marocains tiennent leur victoire : égalité sur l’ensemble des deux matches. Une séance de tirs aux buts, sans prolongation, va alors déterminer le nom du vainqueur : le Raja l’emporte 5-4 et devient champion d’Afrique.

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20La fameuse équipe « Valides Halilhodzic ». Abdel Fahmi et son brassard bleu, debout, à droite.

Quelques mois plus tard, avec une seule défaite depuis l’arrivée de Vahid, le Raja Casablanca est champion du Maroc, avec… 14 points d’avance sur son dauphin. Vahid savoure sa réussite, mais il voit son avenir en Europe. Les demandes désespérées de ses joueurs n’y changeront rien. Sa famille, restée à Beauvais, l’attend. Été 1998, Vahid est de retour dans l’Oise. Désormais sollicité, il multiplie les déplacements. C’est au retour de l’un d’eux, le 11 septembre 1998, qu’il décide d’assister au match qui se déroulera à deux pas de chez lui le lendemain : Beauvais recevra le LOSC.

Voilà, Bernard Lecomte, qui se trouve ce samedi soir dans les tribunes du stade Pierre Brisson.

 

Un hasard bien organisé

En fait, Pierre Dréossi n’est pas très chaud pour reprendre l’équipe. Ayant aussi appris la présence de Vahid Halilhodzic, il va lui-même chercher l’entraîneur et le présente à Bernard Lecomte. Rendez-vous est fixé le lendemain entre les deux hommes au domicile du président.
Ainsi résume-t-on bien souvent la rencontre ente Vahid et le LOSC : d’heureux aléas. Mais est-il vraiment là par hasard ? Miroslav Popovic est depuis des mois le meilleur VRP de son ami Vahid, notamment auprès des journalistes, pour promouvoir ses qualités et rappeler qu’il est disposé à étudier toute proposition. L’ouvrage de Jaoui et Rosso affirme en outre qu’il s’est déjà chargé d’envoyer un CV au LOSC, entre autres clubs, quelques mois auparavant. De là à penser que Vahid avait flairé une bonne opportunité au regard de la situation du LOSC et de Thierry Froger et qu’il aurait été bon qu’il pointe son nez, il n’y a qu’un pas que nous n’hésitons pas à franchir.

21Vahid a retrouvé sa casquette d’entraîneur

Dimanche 13 septembre à 16h, Vahid Halilhodzic, accompagné de son épouse Diana et de son agent Bernard Quesnel, se rend à La Madeleine chez Bernard Lecomte. Les négociations sont âpres : Lecomte est rapidement séduit, mais Vahid rechigne à s’engager en D2, et aux conditions financières proposées par Lecomte. Finalement, après 4 heures d’échanges, tout le monde est d’accord : le LOSC tient son 8e entraîneur depuis 1992. Celui-là restera plus longtemps que ses prédécesseurs. Bernard Lecomte ne le sait pas encore, mais il a trouvé celui qui lui permettra de partir l’esprit serein dans 18 mois. Lui a redressé le club financièrement, Vahid le fera sportivement.

 

« J’ai trouvé un club traumatisé »

Dès le lundi 14 au matin, Vahid est le premier arrivé au stade. En fin de semaine, Le Mans se présentera à Grimonprez-Jooris. Le LOSC n’a toujours pas gagné à domicile : « les joueurs m’ont dit qu’ils avaient une trouille énorme vis-à-vis de ce stade maudit. Ça, c’est dans la tête. C’est à nous et à personne d’autre d’en faire un avantage ». Les premiers titres de la presse régionale témoignent du discours musclé que Vahid Halilhodzic dit avoir transmis aux joueurs et d’une première conférence de presse offensive. Déjà, les maîtres-mots travail, rigueur, discipline fleurissent : « j’ai demandé aux joueurs : ‘est-ce que vous avez honte d’être 17e ? Si vous n’avez pas honte dans la situation actuelle, c’est dangereux pour le club’. J’ai voulu les provoquer. Habitant à Beauvais, j’ai assisté au match samedi. On ne peut pas juger sur un match, mais sur ce que j’ai vu, j’ai trouvé que l’équipe manquait de hargne. Défensivement, je leur ai dit que j’avais l’impression de voir des filles. J’ai voulu leur donner la rage. La volonté de vaincre, la hargne, c’est ce qui leur a manqué après le but. J’ai trouvé un club traumatisé, des joueurs aux dirigeants. Et pourtant, sur ce que j’ai pu voir, il y a des qualités. Des garçons comme Pickeu, Boutoille ou Lobé ont montré par le passé qu’ils savaient marquer. Alors, pourquoi ça ne marche pas cette année ? Que se passe-t-il dans ce club ? Avec moi, ils vont souffrir. Je suis très exigeant, mais je le suis avec moi-même. Tous ensemble, on peut sortir de cette crise ».

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Vahid Halilhodzic reçoit les joueurs un par un, les laisse se réunir entre eux, puis réunit durant 40 minutes les défenseurs, durant 40 minutes les milieux, durant 40 minutes les attaquants : « je veux que chacun sache que porter le maillot du LOSC implique des responsabilités. Tout ne peut pas se faire en une semaine. Il faut de la patience. Mais je crois qu’il était important de bousculer les choses ». À l’entraînement, Vahid révèle son style : il interrompt les exercices, participe au jeu, appelle les joueurs par leurs noms de famille, les prend à part.

24Vahid Halilhodzic lors de son premier entraînement à Lille

Samedi 19 septembre, 22h. Pour la première d’Halilhodzic, Le LOSC n’a pris qu’un point. Mais déjà, pointent quelques indices de ce que sera ce LOSC sauce Vahid : l’équipe, menée 1-3 à 10 minutes de la fin, arrache le nul dans les arrêts de jeu. C’est encore laborieux mais un brin d’espoir a désormais surgi.
3 ans plus tard, jour pour jour, le LOSC de Vahid rumine sur d’autres types de problèmes : la veille, il s’est incliné à la dernière minute à Manchester United, pour son premier match de Ligue des Champions.

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Bonus :

Nous avons mis en ligne un documentaire intitulé « Sur les traces de Vahid », réalisé par la rédaction de France 3 Nord Pas-de-Calais, et diffusé en juin 2001.

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FC Notes :

1 Il serait plus juste d’écrire que Vahid est de « culture musulmane ». A notre connaissance, il n’a jamais revendiqué de croyance et, a fortiori, de pratique religieuse, se distançant même de toute forme d’engagement, y compris politique.

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L’organisation de la Ligue des champions africaine ne ressemble pas vraiment à ce que l’on connaît en Europe. Il n’a pas suffi au Raja de sortir d’une phase de groupe pour se retrouver en finale. Il y avait eu précédemment 2 matches aller/retour (et, pour d’autres équipes, un tour préliminaire) qui avaient permis au Raja de se retrouver avec les 8 meilleures équipes africaines, réparties en 2 groupes de 4.


Voici les références des ouvrages et articles utilisés outre les liens fournis directement dans le texte :
Laurent Jaoui et Lionel Rosso, Coach Vahid: Une vie comme un roman, Calmann-Levy, 2006
Deux articles fort bien documentés de Old School Panini, l’un sur Vahid Halilhodzic, l’autre sur le Velez Mostar 1976.
« Le bonheur muet de Vahid Halilhodzic », article dans France Football du 16 décembre 1997, suite à la victoire du Raja en finale de Ligue des champions, par Frank Simon.
Articles de La Voix du Nord, semaine du 14 septembre 1998

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