Archive pour la catégorie ‘le LOSC est grand, le LOSC est beau’
Posté le 20 avril 2016 - par dbclosc
Le LOSC, meilleure équipe de coupe des années 1980 ?
Ok, ok ! C’est vrai, des fois j’ai poussé le bouchon un peu loin pour prouver que le LOSC était – déjà – la meilleure équipe française dans les années 1980 et 1990. Une fois n’est pas coutume l’interprétation de la supériorité du LOSC ne sera pas (trop) tirée par les cheveux : j’insiste, elle sera limite défendable.
Bref, ce dont je voudrais t’entretenir aujourd’hui, c’est du fait que le LOSC de Georges Heylens était la meilleure équipe de Coupe de son époque. Bon d’accord, c’est exagéré, mais tu vas voir, pas trop non plus.
Le LOSC d’Heylens, meilleure équipe de Coupe de son époque ?
Certes, me diras-tu, ça dépend des critères que l’on prend. Si l’on suppose que pour avoir ce statut, il faut avoir gagné la Coupe au moins une fois, alors, non, c’est sûr, le LOSC de Georges Heylens ne mérite pas d’être désignée comme la meilleure équipe de Coupe de son équipe. De ce point de vue, quatre équipes au moins méritent davantage de titre que Lille : Metz, Monaco, Marseille et Bordeaux, vainqueurs entre 1984 et 1989. Si l’on compte en plus les finalistes malheureux – ce qui est un comble d’être « malheureux » d’être finaliste quand on sait comment c’est dur d’y parvenir – il faut ajouter le PSG et Sochaux. Six équipes sont parvenues en finale de Coupe de France quand le LOSC n’y parvenait pas. Dur a priori de défendre qu’ils aient pu être les meilleurs. Les lillois font cependant partie des 6 équipes qui sont parvenues en demi-finales sans atteindre la finale : ce qui placerait les Lillois entre la 7ème et la 12ème place de ce point de vue, rien de très différent de ce qu’ils faisaient en championnat.
On peut alors rajouter un autre critère, celui d’avoir réussi ces performances à répétition. En effet, peut-on désigner « meilleure équipe de Coupe » sur une période de cinq ans, une équipe qui aurait gagné la Coupe une année, mais qui aurait été éliminée dès les 32ème les quatre autres éditions ? De ce point de vue, Lille est toujours loin de la tête : derrière Bordeaux (deux titres), Marseille (un titre et deux finales perdues), Monaco (un titre et une finale), Paris (1 finale et une demi-finale) et même Reims (deux demi-finales) ont fait mieux que le LOSC avec une seule demi-finale.
Mais alors, tu dois te demander où est-ce que je viens dénicher l’idée saugrenue qu’il serait « défendable » que le LOSC ait été la meilleure équipe de Coupe de l’époque. Je te l’accorde, cette thèse est vraisemblablement exagérée. Ceci étant, il me semble des plus raisonnables de dire que le LOSC a fait partie des toutes meilleures.
Une belle régularité en Coupe de France
D’abord, pour des raisons de régularité et de répétition des performances. Lille, ça n’est qu’une seule demi-finale, mais c’est deux éliminations en quart, une en huitième, et une en seizième. Lille passe donc toujours au moins un tour, aucun des vainqueurs ne pouvant se targuer d’une telle performance. Seuls quatre clubs y sont parvenus : Lille donc, Lens, le PSG et Nice. Parmi ces quatre équipes, il n’y a que Lille et Lens qui passent le stade des seizièmes à au moins quatre reprises.
Auxerre, une fois éliminé dès les 32èmes, atteint également les huitièmes à quatre reprises. Lille atteint également trois fois les quarts au cours de la période : comme Lens, Marseille et Sochaux et rien de plus. Ni Monaco, ni Bordeaux, ni Metz, pourtant vainqueurs de la Coupe pendant la période n’y parviennent. Metz a même été éliminé trois fois dès les 32èmes et une fois lors du tour suivant. Bon, allez, d’accord, admettons-le, ça n’est sans doute pas le LOSC la meilleure équipe de Coupe de la période.
Ne serait-ce que parce que Marseille, avec ses trois finales en 5 ans (dont une gagnée) semble indiscutablement devant.
Lille, dans le peloton derrière l’OM avec Monaco, Bordeaux, Sochaux et Paris
De mon point de vue, Metz est indiscutablement derrière : une Coupe d’accord, mais un seul tour passé les quatre autres années, soit sept tours passés (en comptant la victoire en finale) contre 13 à Lille. Après, Lille, Monaco, Bordeaux, Sochaux et le PSG me paraissent de très honnêtes dauphins, dans qu’on puisse en départager l’un davantage que l’autre.
Toutes ces équipes passent 13 tours en 5 ans, sauf Monaco qui en passe 14.
Si l’on se place du point de vue des « coups d’éclats », Bordeaux et ses deux titres se distingue – bien qu’il n’ait passé qu’un tour lors des trois autres éditions – comme Monaco avec un titre et une finale perdue – en dépit de seulement trois tours passés pour les trois autres éditions – et le PSG avec une finale et une demi-finale.
Du point de vue de la régularité, Sochaux et Lille sont devant. Sochaux s’arrête une fois en quart, une fois en demi, une fois en finale. Lille ne fait pas de finale, mais une demi, deux quarts et un huitième en plus. Qui de ses cinq équipes mérite le titre de dauphin de Marseille ? Je ne sais pas, j’ai juste mon avis du supporter.
Posté le 16 avril 2016 - par dbclosc
Partenaires particuliers. Ceux qui se faisaient des passes décisives sous l’ère Rudi Garcia
Je ne t’apprends sans doute rien en te disant que le LOSC de l’époque de Rudi Garcia a disposé d’éléments offensifs d’une qualité certaine. Une équipe qui marchait bien ensemble, mais, il faut le dire, il y en avait quand-même qui avaient leurs chouchous et qui faisaient davantage de passes décisives qu’à d’autres.
Viens lire ici les statistiques des passes décisives (en L1) entre Gervinho, Sow,Hazard, De Melo, Obraniak et Frau quand ils jouaient ensemble. Mais qui étaient ces « partenaires particuliers » ?
Il est pas joli mon schéma ?
Gervinho aime Moussa Sow
Ils n’ont joué qu’une saison ensemble, celle du titre, mais leur complémentarité a fait beaucoup de mal aux défenses adverses. Gervinho n’a jamais fait autant de passes décisives qu’à Moussa : 6 des 25 buts de l’avant-centre sénégalais en 2010-2011 ont en effet été marqués sur une passe décisive de l’Ivoirien. Moussa n’est d’ailleurs pas un ingrat : il réserve 2 de ses 3 passes décisives à Gervinho.
Etrangement, si Eden Hazard était le meilleur passeur lillois de l’époque, il a offert peu de caviars – on parle de passes, hein, pour le reste je sais pas – à son buteur : seulement 2 en 2010-2011 et un seul les six mois suivants, jusqu’au départ de Sow au mercato hivernal.
Hazard aime Gervinho
Les deux ont joué deux ans ensemble (2009-2011) et ont eu le temps de se rendre de bons ballons. Eden fait ainsi 8 passes décisives à Gervinho sur la seule L1, quand Gervais lui en offre 4, ce qui fait son deuxième chouchou après Moussa Sow.
Obraniak aime De Melo
L’un et l’autre étaient les supersubs du LOSC, Obraniak se montrant particulièrement décisif en coupe de France : certes en finale grâce à son but, mais déjà bien avant, offrant buts et passes à son équipe.
En L1, nul autre joueur que Tulio De Melo n’a autant bénéficié des largesses de Ludovic. L’un et l’autre joue ensemble au LOSC entre août 2008 et janvier 2012. Les mauvaises langues disent qu’ils jouaient surtout aux cartes, plus habitués à se côtoyer sur le banc que sur le terrain, mais force est de constater une certaine complémentarité entre eux quand ils étaient sur la pelouse. Malgré un faible temps de jeu commun, Ludovic offre quatre passes décisives à Tulio en L1. Tulio doit également son but en coupe 2011 contre Wasquehal à Ludo, ainsi que son but contre Sofia en Europa League en 2010.
Pourquoi donc ? Ludo excellait dans les coups-francs excentrés et les corners et Tulio adorait justement placer sa tête sur ce type d’action. Les deux étaient faits pour se trouver. Ils l’ont fait. A titre de comparaison, Gervinho et Hazard n’ont donné chacun qu’une seule passe décisive à De Melo sur a période.
Personne ne déteste Pierre-Alain
Et PAF dans tout ça ? Pierre-Alain Frau a marqué pas mal de buts avec le LOSC et pas mal de ses coéquipiers lui ont fait des passes décisives : 8 pour la seule L1. Mais aucun ne lui en a fait vraiment beaucoup. Logiquement, c’est Hazard, celui qui en fait le plus tout court qui en fait le plus à Pierre-Alain. Trois fois il est arrivé ceci : passe de Hazard et PAF ! But !
Gervinho et Obraniak ont également fait deux passes décisives à Pierre-Alain. Bref, ils ne rechignaient pas à le servir, mais ils n’entretenaient pas non plus un statut de « partenaires particuliers ».
Posté le 15 avril 2016 - par dbclosc
De quelques statistiques oubliées sur les derbys entre Lille et Lens
Comment ? Hein ? Pourquoi j’ai titré « ‘de’ quelques statistiques oubliées » et pas simplement « quelques statistiques oubliées » ? Et pourquoi d’abord je le ferais pas (d’abord bis) ? Oui, ça fait pédant, gente « De la démocratie en Amérique » de Tocqueville, mais je vois pas pourquoi Tocqueville pourrait être pédant et pas nous. C’est pas parce que, à Drogue, Bière, on est jeunes (de moins en moins), beaux (de moins en moins) et sympathiques (de moins … bon t’as compris) qu’on pourrait pas être AUSSI pédants. Dont acte.
Bref, ce dont je voudrais aujourd’hui t’entretenir, c’est donc DE quelques statistiques oubliées sur les derbys opposant notre cher LOSC adoré, chéri et tout ce que tu veux à ce bon vieux RC Lens, honni, qui nous fait bien rigoler, mais qui garde quand-même une petite touche sympathique.
Accroche-toi bien à ton slip : c’est parti !
La série de buts marqués la plus longue : 16
Le 25 mars 1951, le Lensois Ludwikowski portait la marque à 2-0 en faveur des siens lors du derby contre le LOSC. J’espère que les supporters lensois ont bien profité de ce but, parce qu’il allait alors falloir attendre longtemps avant de revoir un but lensois parmi ceux qui allaient suivre dans les derbys.
Ainsi, Dubreucq, Prevost, Lechantre, Van Cappelen, Vincent, Jensen, Van Den Hart, Lefebvre (4 fois), Baujard (csc), Plewa, Douis (2 fois) et Louis (csc) allaient marquer les 16 buts suivants en derbys, tous pour le LOSC. Kozakiewicz allait enfin libérer les siens le 9 septembre 1954.
Le plus longtemps sans se prendre de buts : 602 minutes
Ah ben, tiens ! C’est justement exactement la même période que la précédente ! Si Lens l’emporte donc contre Lille le 25 mars 1951 (finalement 2-1), les matches se suivront ensuite sans que les Lensois parviennent à marquer avant 602 minutes, donc par Kozakiewicz, qui réduisait la marque à 1-2 (score final : 3-3).
Entre temps, Lille s’était imposé à Bollaert à trois reprises (0-2, 0-3 et 0-2), sur son terrain deux fois (5-0 et 1-0) et fait un match nul, encore à Henri-Jooris (0-0).
Le match des victoires par plus de trois buts d’écart : Lille gagne 13 à 3 (voire 13 à 2)
Etrangement, c’est bien le RC Lens qui a réussi le plus gros carton de l’ensemble des derbys, puisque le Racing s’imposait chez lui 7-0 le 14 mai 1970. Ceci étant, on a deux bonnes raisons de contester ce résultat :
- Il a eu lieu en 1969-1970, la seule saison où les deux équipes relevaient du statut amateur. En pro, Lille n’a jamais perdu par plus de trois buts d’écarts.
- C’était il y’a 47 ans, et quand on sait qu’il n’y a eu que 906 spectateurs ce jour-là – autre record – on se dit qu’il ne doit pas y avoir beaucoup de témoins vivants : si un Lensois vous remémore ce souvenir, contestez vigoureusement et exigez de lui qu’il vous trouve un témoin oculaire. Il est peu probable qu’il le trouve.
Bref, revenons à nos cartons en pro. Lille s’impose 4-0 en 1945, 4-1 en 1949, 5-0 en 1950, 5-0 et 0-3 en 1952, 4-1 en 1958, 4-0 en 1964, 3-0 en 1966, 4-1 en 1971 puis 4-1 en 1972. Note donc que, jusque-là, Lens n’a pas encore gagné une seule fois un derby par plus de deux buts d’écart, alors que c’est déjà arrivé 10 fois à nos Dogues. Cela arrivera en 1973 (défaite 4-1 à Bollaert) puis une deuxième et dernière fois en 1982 (0-3 à Grimonprez).
Et puis après, ça n’était plus que le LOSC, encore à trois reprises : 1-4 en 1986, 4-0 en 2006, 1-4 en 2010.
Le 100ème buteur lillois : Boro Primorac
Le 11 février 1984, ce bon vieux Boro transformait un pénaltoche à la 15ème minute de jeu. Ce but, ça n’est rien de moins que le 100è du LOSC contre le RC Lens. Si l’on ne compte que les buts en pro, c’est le but suivant qui devient le 100è, et il est marqué par Didier Christophe, milieu de terrain et international A du LOSC. Ah, au fait, on avait gagné 3-1.
La famille qui scorait contre Lens : les Debreucq
On l’a déjà souligné mais le LOSC, c’est une histoire de famille. En matière de derbys, c’est l’affaire des Debreucq. Le 25 mars 1951, c’est l’international Albert Debreucq qui marquait contre Lens, réduisant la marque dans empêcher la victoire adverse (1-2). Dix-huit ans plus tard, le 30 août 1969, c’était le fils, Serge, qui marquait aussi contre le voisin lensois, cette fois pour un match nul (1-1).
Ceux qui marquaient contre Lens : Baratte, Bihel et Odemwingie
Après la guerre, Jean Baratte était le meilleur attaquant français et il jouait chez nous. Entre le 18 août 1946 et le 22 octobre 1950, Jeannot marque à neuf reprises contre le Racing, dont un doublé mémorable lors de la finale de Coupe de France remportée par Lille (3-2).
A la même époque, René Bihel montre aussi une efficacité certaine contre le voisin lensois, scorant à cinq reprises en seulement deux saisons (1944-1946). René, c’est aussi le premier lillois à marquer contre le RC Lens, après 9 minutes d’un derby remporté largement (4-0).
elle est pas choupinours, dis-moi, cette photo d’équipe du Lille 1944-45 ?
Et puis plus récemment, Peter Odemwingie est devenu le bourreau des Lensois, marquant également à 5 reprises, dont un triplé mémorable. C’était en 2006 et ça a fini à 4-0.
Bisous.
Posté le 14 avril 2016 - par dbclosc
4 février 2001 : le mauvais Rool pour Lens
Le 4 février 2001 par un froid soir d’hiver, le LOSC remporte le derby à Bollaert et confirme sa place de leader de la D1. Le buteur ? Cyril Rool, contre son camp.
Merci « Momo » : grâce à toi, j’ai chopé 3 places pour ce match, alors qu’officiellement, il n’y avait plus rien en vente : une pour mon père, une pour ma sœur, et une pour moi, bien sûr, ça aurait été con de distribuer les tickets et de rester chez moi. On s’est rendus à Lens en voiture. On s’est garés au vu de tout le monde, sur une place en centre-ville, déjà flanqués de nos maillots et de nos écharpes et, jusqu’à l’entrée de la tribune « visiteurs », personne ne nous a embêtés. À l’entrée dans le stade, il faut bien dire que c’est assez impressionnant : habitués de notre vieux Grimonprez, on se sentait tout petits. Les pylones et le toit sont si hauts qu’on aperçoit de la brume. Mais, à 1800, on sait se tenir chaud.
Crucifié. Qui c’est qui va passer une sale soirée ?
Le LOSC en leader
Ce match avait déjà un parfum particulier : une semaine plus tôt, Lille s’est imposé face à Saint-Etienne (4-1) et a pris la tête de la première division, une première depuis la saison 1953/1954, quand le club était entraîné par André Cheuva (si on met de côté les débuts de saison, qui ne comptent pas vraiment : par exemple, Lille était aussi leader le soir de la 3e journée, en août 2000). 47 ans après, revoilà le LOSC au sommet, alors que l’année civile avait mal démarré, avec 3 défaites consécutives (deux éliminations en coupes, et une défaite à Troyes). Pour un promu, l’exploit est de taille. Le LOSC se rend donc chez son rival préféré en leader même si, en raison de la programmation sur Canal + le dimanche soir, Nantes et Lyon ont profité des matches de la veille pour passer devant. Le match aller, en septembre, a débouché sur une victoire des Dogues (2-1) dans des conditions « vahidesques », avec deux buts marqués dans les 5 dernières minutes, et a largement contribué à lancer la dynamique de la saison : après des débuts marqués par l’incertitude (avec, notamment, deux défaites consécutives à Sedan puis face à Troyes), cette première victoire dans le derby a indiscutablement contribué à l’euphorie générale de cette saison 2000-2001, en marquant une sorte de passation de pouvoir, car Lens était co-leader du championnat avant de se rendre à Grimonprez ; après cette défaite le RCL n’a fait que chuter dans le classement. Si la saison lilloise est exceptionnelle et celle de Lens médiocre (les Lensois sont 11e avant ce derby de février), la prudence reste de mise : Lens reste ce club récemment champion de France (1998), vainqueur d’une coupe nationale (1999), et auteur d’un superbe parcours en coupe de l’UEFA (2000). Après 3 saisons en D2, à Lille, on sait d’où on vient. Et on se dit que la cohésion de l’équipe lilloise ne peut pas durer éternellement ; que ces joueurs sans expérience de la D1 vont craquer ; que les grosses écuries vont retrouver leur rang ; et qu’un derby, avec sa pression, est précisément le genre de match où tout peut se fissurer ; alors on se rend à Bollaert modestement, en profitant du rêve éveillé qu’on vit depuis 6 mois.
Raaaa, la Voix des sports me pique mon sous-titre !
Le RCL en loser
Et après tout, on sent que dans le camp d’en face, ça ne respire pas la sérénité. Le RCL va mal : l’objectif d’Europe est presque déjà inatteignable ; le club reste sur 6 matches sans victoire ; en milieu de semaine, Lyon est venu s’imposer en coupe de la Ligue : devant les caméras de France 3, Lens a offert une indigente prestation (1-3). L’entraîneur, Rolland Courbis, est de plus en plus contesté. À vrai dire, il n’a jamais non plus suscité une grande adhésion : peut-être que, quand il entraînait Marseille, l’argumentation accompagnant son refus de jouer à Lens un match de coupe de la Ligue a été mal perçue : « La pelouse de Bollaert à cette époque doit ressembler tellement à une banquise que je ne serais pas surpris d’y voir des pingouins ! ». Son caractère et ses méthodes d’entraînement (d’aucuns racontent qu’il est rarement présent et que les séances sont dirigées par Georges Tournay) semblent assez peu coller aux valeurs que le club tente de véhiculer depuis des années. À ce problème d’image se juxtapose une péripétie ponctuelle : dans la semaine, Gervais Martel a été arrêté en état d’ivresse au volant de son véhicule, et a passé une nuit en cellule de dégrisement. Si ça contribue à le rendre parfois sympathique, en période de crise, ça fait tâche (de vin). Quoi qu’il en soit, le RCL est au bord de la crise et le public attend du changement.
La réaction vient d’abord de l’entraîneur : première titularisation en D1 pour le jeune Mathieu Bucher, issu de la formation lensoise, comme pour galvaniser les supporters par un coup jouant sur la fibre locale. Autre méthode pour éviter la fronde du public : le tour d’honneur AVANT le match : en arrivant sur le terrain pour l’échauffement, les joueurs lensois ont probablement eu pour consigne de chauffer le public de cette manière. Vu du kop, ça nous a bien fait marrer car ça semblait traduire un manque de confiance et une relation public/équipe à reconstruire. En passant devant le parcage lillois, on ne l’a pas vu sur le coup, et ce sont les images de Canal + qui l’ont clairement montré : Cyril Rool nous a adressé un magnifique doigt d’honneur. Gardons ce geste, à s’en mordre les doigts, en tête pour la suite. Enfin, comme à l’accoutumée, Bollaert sait recevoir élégamment son voisin, avec une banderole tout le long de la tribune Delacourt en guise de provocation : « Bollaert : le temple du football nordiste ». C’est toujours mieux que les cercueils 4 ans auparavant, mais cette fois ça semble trahir un début de jalousie, après des années, en effet, de domination lensoise sur le foot nordiste. Eric Sikora, dont c’est l’anniversaire, est capitaine. Dans le tunnel des vestiaires, Laurent Paganelli veut paraître drôle et lui demande : « alors, on fête ça par une victoire ou une défaite ? » ; Sikora, cherchant lui aussi à manier humour et ironie, répond d’un air gêné « Oh, ben par une défaite ! ». Séquence d’une rare maladresse.
La compo lensoise : Warmuz – Sikora, Dumas, Pierre-Fanfan, Rool – Blanchard, Grozdic, Bejbl, Sibierski – Bucher, Diouf.
Côté lillois, sérénité et stabilité de mise : Vahid Halilhodzic reconduit la même équipe que la semaine précédente, à savoir :
Wimbée
Pichot Fahmi Cygan Ecker
N’Diaye D’Amico
Collot Cheyrou
Bakari Boutoille
L’arbitrage est assuré par M. Derrien.
Sur notre lancée
Globalement, le match est pauvre en occasions : Lille s’appuie sur un collectif bien rôdé mais reste prudent dans le camp adverse, tandis que les Lensois s’en remettent à leurs individualités ou tentent des frappes lointaines.
Dès la 6e minute, Bakari se trouve en bonne position face à Warmuz mais écrase son tir. Les Lensois réagissent 5 minutes plus tard avec un retourné de Sibierski directement sur Wimbée, exquisément placé. 16e minute, une tête de Diouf termine dans le petit filet : toute la tribune sur notre partie droite se lève, croyant que le ballon était entré. Spontanément, 3600 majeurs (1800 fois 2 hein) se tournent (Tony) vers elle : hé non, le ballon est à côté. C’est aussi pour des moments comme ceux-là qu’on aime le football. Le jeune Bucher, très discret, ne parvient pas à mettre le feu au stade (ah ah ah), mais envoie tout de même une bonne frappe à la 36e, au-dessus. Juste avant la mi-temps, Cheyrou n’exploite pas une situation intéressante en hésitant entre tir et centre pour Bakari : le ballon file à côté. La mi-temps est sifflée sur le score de 0-0, et ça nous va bien !
Dès la reprise, à la 50e minute, une ouverture approximative de Sylvain N’Diaye est mal appréciée par Pierre-Fanfan. Alors que Warmuz semble confiant sur la capacité de son défenseur à contrôler le ballon, Boutoille profite de l’hésitation et centre aux six-mètres vers Bakari et Collot. Rool se jette et marque contre son camp, prouvant qu’il se sert mieux de ses doigts que de ses pieds. Le but sur Fréquence Nord :
La suite du match n’est que faible domination stérile des lensois : Wimbée est vigilant sur les frappes lointaines de Dumas (53e), Moreira (54e), et Sibierski (69e). Et c’est même le LOSC qui aurait dû bénéficier d’un pénalty pour un accrochage entre Bakari et Pierre-Fanfan, après que Dagui, se croyant hors-jeu, balance bêtement un ballon en tribunes alors qu’il était seul face à Gugusse. Ce même Gugusse qui évite le 0-2 en repoussant la frappe de Sylvain N’Diaye (79e). Les entrées en jeu de Pignol, Sterjovski et Peyrelade ne modifient pas l’équilibre lillois. Lorsque Bruno Cheyrou, sous nos yeux, temporise auprès du poteau de corner dans les arrêts de jeu, on sait que c’est gagné : Lille s’impose à Lens pour la première fois depuis 1989, et engrange donc 6 points sur la double confrontation face à Lens. Lille conserve la tête et Lens passe 13e. L’infographie de France Football ci-dessus, sur l’excellent modèle « dissection de ballon », à laquelle nous avons ajouté notre petite touche personnelle, accable Cyril Rool. Plus haut, la feuille de match du même magazine omet de signaler que, outre le total des notes, qu’on gagne 37 à 32, on gagne aussi le total des numéros de maillot par 193 à 150, grâce à un milieu de terrain bien fourni. On a posté un résumé du match ici, et à voir ci-dessous :

Un bel after
Les supporters lillois peuvent sortir leur banderole « Messieurs les 13e, saluez votre leader ». Le stade Bollaert n’a même pas la force de siffler ses joueurs, alors qu’il l’avait fait 4 jours auparavant. Pendant plusieurs minutes, les joueurs lillois font une grosse fête devant le parcage, alors que le stade se vide. La bonne humeur est au rendez-vous : à Laurent Paganelli qui remarque que cette équipe lilloise ressemble à son entraîneur, Bruno Cheyrou répond « ben, j’espère pas physiquement… ». Même Louisette vient nous tendre un pouce depuis sa tribune, ce qui est bien plus poli qu’un majeur : malheureusement, cette démarche amicale n’est saluée que par « et Louisette, et Louisette, et Louisette est une s… ». Pas cool. Une demi-heure plus tard, seuls résonnent les « Martel, une Tourtel ! » : ça, c’est plus rigolo et davantage dans l’esprit d’un derby. En sortant du stade, les CRS nous escortent un bon moment sur un chemin excentré, histoire de s’assurer qu’on évitera de mauvaises rencontres. En passant à proximité d’habitations, on aperçoit un type assez âgé, sur le pas de sa porte, sans doute alerté par le bruit, en pyjama. Bien mal lui en a pris : tout le monde se met à chanter « Pyjama, pyjama, pyjamaaaa…!». Penaud, le type rentre chez lui. C’est aussi à la faculté à faire chanter absolument n’importe quoi qu’on reconnait les soirs de victoire. Cerise sur l’Hitoto : après une nouvelle défaite à Strasbourg 3 jours plus tard, Rolland Courbis est viré.
♫ Accroche tes mains à N’Diaye, c’est Bakari qui redémarre ♫
♫ En voiture les défenseurs, D’Amico est un footballeur ♫
Les réactions d’après-match révèlent à quel point l’équipe lilloise allie travail et plaisir. D’un côté, sa rigueur tactique, parfois critiquée, est payante, comme le souligne Pascal Cygan :
« Nous nous sommes toujours efforcés de garder en mémoire les consignes données en début de saison. Même si elles ne plaisent pas à tout le monde. Et cela a encore payé aujourd’hui. D’autant que chaque derby est une épreuve et que mentalement, c’est terrible. La pression sur les épaules est évidemment décuplée. Mais en allant porter le pressing plus haut, nous avons réussi à bousculer des Lensois volontaires et saisir l’opportunité qui s’est présentée à nous ». De l’autre, le club récolte avec bonheur les fruits du travail effectué depuis 3 saisons. Stéphane Pauwels, « coordinateur » du LOSC, explique : « même le coach n’a pas arrêté de plaisanter toute la journée ». Avec une certaine incrédulité, Djezon Boutoile déclare : « Nous avons connu une entame difficile, nous étions un peu en dedans, la plupart des gars n’avaient jamais joué devant 45 000 personnes. Les Lensois étaient obligés de gagner, nous étions venus avec l’espoir de prendre les 3 points. Sur le long terme, je ne sais pas si on peut rivaliser avec des équipes comme Lyon. On va se réunir pour faire le point, savourer ces bons moments. Ce soir, je suis vraiment heureux, notamment pour tous ces gens qui nous ont suivis ici et qui vont se lever heureux demain matin pour aller travailler ». Le LOSC est en route vers l’Europe, et les « vieux » qui avaient déjà joué à Bollaert avec le maillot lillois (Boutoille, Collot, Cygan) ont pu mesurer ce soir là l’étendue du chemin sportif accompli en quelques années.
Les dernières secondes et l’après-match, c’est ici :
Posté le 13 avril 2016 - par dbclosc
Et Junior Talleau marcha sur l’o …
Le moins que l’on puisse dire de Junior Tallo, recruté lors du dernier mercato estival, c’est qu’il n’est pas devenu le chouchou du public des ses premiers ballons. On ne bien sûr pas dire « dès ses premiers buts », puisque, précisément, si le public a pris Junior en grippe, c’est parce qu’il se montrait particulièrement maladroit devant le but (1). Embêtant pour un attaquant.
Et pourtant, il y avait des raisons d’y croire. A commencer par le fait qu’il avait été recruté par Hervé Renard et qu’on avait donc toutes les raisons de penser que ce bon Hervé savait ce qu’il faisait, lui qui a été sélectionneur de la Côte d’Ivoire et qu’il avait de ce fait eu Junior sous ses ordres. Au départ, c’est d’ailleurs lui l’avant-centre titulaire, et si l’arrivée de Benzia a un peu remis en question son statut, il a eu un temps de jeu conséquent lors de la phase aller, cumulant 8 titularisations et 6 entrées en jeu.
Mais ici, il n’est pas question de nous étaler sur l’inefficacité de Junior, bien au contraire. Ce dont on veut parler, c’est d’un joueur qui, malgré des débuts incontestablement très compliqués, commence à trouver une place plus qu’intéressante dans l’effectif lillois. Certes, c’est quand il joue moins mais, précisément, cela lui a vraisemblablement fait du bien, même si on lui souhaite de s’épanouir dès que possible comme titulaire.
Junior : le bouquet mystère d’une équipe à la peine
Junior a donc peiné dans cette équipe, elle même vraiment à la peine dans la finition en ce début de saison 2015-2016. On aurait bien du mal à trouver des arguments pour défendre la thèse d’un apport considérable de sa part au collectif lillois à cette époque, mais force est de constater qu’il s’en est pris particulièrement plein la tronche alors qu’il était alors loin d’être le seul à être en difficulté. Forcément, un avant-centre qui ne marque pas, ça se voit. Et un avant-centre qui ne marque pas, il tend à cogiter, ce qui l’aide rarement. Bref, la carrière lilloise de Junior était bien mal embarquée et son statut de « bouquet mystère » (2) apparaît quand-même un tantinet injuste ou a minima exagéré.
Junior est tel ce bouquet
Fin janvier, Junior est titulaire lors de l’étonnante déroute à domicile contre Troyes (1-3). Cela n’a sans doute pas été son pire match, mais Junior sort alors sous les sifflets. Plus de deux mois et demi plus tard, Junior n’a plus été titulaire qu’une fois, à Paris, et a connu quatre entrées en jeu (dont une en coupe de la Ligue).
Sauf que là, un détail hyper signifiant a étrangement été oublié : lors de sa sortie, Lille menait 1-0. En quelques minutes, la sortie de Junior changeait la physionomie du match.
On va trop loin pour défendre Tallo ?
Bon, ok.
Mais en tout cas, depuis, Junior a vraiment été impeccable et il me semble important d’insister là-dessus, non, les réussites qu’il a ensuite eues ne sont pas des « coups de bol » ou le seul produit de la fatigue des joueurs adverses : ce qu’a montré Tallo, il ne l’avait pas montré jusque là et, sérieusement, il a des qualités le bonhomme.
The Resurrection of Tallo : Act 1
Trois jours après le match de Troyes, Lille affronte Bordeaux en demi-finale de coupe de la Ligue et Junior débute sur le banc. Je ne m’en rappelle plus précisément, mais j’imagine que quand il entre à un peu plus de cinq minutes de la fin, même si on menait 4-1, il a dû se faire siffler par le public.
Et Junior leur a répondu de la plus belle des manières. Viens-voir comment il transperce magistralement la défense girondine avant de servir un caviar à Sofiane Boufal.
http://www.dailymotion.com/video/x3ombug
Et encore, la vidéo rend très mal hommage à la belle course de Junior.
The Resurrection of Tallo : Act 2
Junior jouera ensuite comme titulaire le match au Parc des Princes. Peut-être pas le match de l’année pour Tallo, mais le contexte idoine pour un attaquant hué par son public : 1) un déplacement ; 2) un match où personne n’attend de lui qu’il marque. Et Junior joue bien son rôle et bloque pas trop mal Kurzawa.
Huit jours plus tard, Lille reçoit Lyon et mène 1-0. Junior rentre à moins de dix minutes de la fin dans une ambiance délétère. Là encore, il ne joue pas pour marquer : Lille mène seulement 1-0, l’ambiance est tendue, mais Tallo joue son rôle. N’allons pas dire qu’il est devenu génial, mais ces deux matches sont franchement intéressants.
Eh ! Junior ! T’as l’eau ?
Et pourtant, il devra attendre un mois et demi et le 3 avril 2016 pour jouer à nouveau …
The Resurrection of Tallo : Act 3
Ce 3 avril, à Nantes, Junior remplace Rony Lopes à la 56ème minute, le score est alors de 1-0 pour les Dogues. D’entrée, Tallo obtient un corner. Celui-ci permettra à Amalfitano de servir Sunzu pour le 2-0. Et puis, comme ça ne lui suffit pas : comme contre Bordeaux, Junior fait la différence dans la défense nantaise avant de servir – encore idéalement – Eder : forcément, ça fait but.
http://www.dailymotion.com/video/x41pupp
Et puis il y avait eu aussi avant ce lob de la 87è sauvé sur la ligne par un défenseur (nantais, sinon ça aurait été très con de le sauver). Du solide pour Tallo.
Et puis vint le 10 avril. Junior rentre à 5 minutes de la fin quand Lille mène 3-0. Pas un gros enjeu, mais il est motivé et le montre : trois minutes après son entrée, il part en contre et sert Sidibé pour le 4-0. Observe sur cette vidéo le timing parfait de la passe.
C’est un bon p’tit, ce Junior !
Bref, depuis ce match de Troyes, c’est sûr qu’il a peu joué (moins de 150 minutes dont 90 contre le PSG) mais il a été quasi-parfait dans un rôle nouveau. Pas encore buteur certes, mais il a montré une qualité de percussion extrêmement intéressante ainsi qu’une vision de jeu qu’attestent ses trois passes décisives.
A mon navire, Junior n’est peut être pas efficace dans tous les contextes. Il s’est ainsi distingué dans des matches où Lille menait et a tiré profit de situations où il disposait d’espaces, contexte où il est sans doute plus à l’aise qu’en début de saison quand Lille devait faire le jeu. Peut-être pas un tout-terrain, mais ce que Junior nous a montré, vraiment, ça n’est pas rien. En tout cas, ce Junior là n’a rien à voir avec le maladroit qu’on a pu voir en début de saison.
En bonus : la stat improbable
Si depuis le début de saison on avait fait rentrer Tallo à 10 minutes de la fin de chaque match et qu’il avait tenu le même rythme que depuis deux mois, Junior en serait à 30 passes décisives toutes compétitions confondues (dont 25 en championnat, très loin devant les misérables 11 passes d’Ibrahimovic et de Di Maria).
-
A ce jour, Tallo n’a marqué en tout et pour tout qu’un seul but sous le maillot lillois : et encore, c’était un péno, en coupe contre la CFA de l’AC Amiens. Ah, non, c’est vrai, il a aussi marqué deux fois avec la réserve (en CFA 2), contre la réserve valenciennoise et contre Feignies, ce dernier but étant également marqué sur péno.
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En vrai, je sais qu’on dit « bouc émissaire », hein.
Posté le 11 avril 2016 - par dbclosc
Merci, Hervé ! Merci Hervé, Merci Hervé !
Bon, d’accord, jusqu’ici on a plutôt été sobres par rapport à Hervé Renard, malgré son pitoyable bilan à la tête de notre glorieuse équipe du LOSC. Mais, en même temps, ne pourrait-on pas voir les choses autrement ? N’a-t-il pas engrangé 13 points qui nous sont aujourd’hui précieux ? N’a-t-il pas coaché l’équipe vainqueuse de Troyes au premier tour de la coupe de la Ligue dont nous sommes aujourd’hui finalistes ? Et ben, donc, comme sur l’air de « Merci patron ! », chantons « merci, Hervé ! ».

Merci, Hervé ! Merci Hervé ! Quelle joie de supporter pours vous ! Ce que tu fais ici-bas, un jour Dieu te le rendra (en Bentley) !
« Je suis Hervé le renard, et j’ai horreur qu’on me confonde avec Hervé Renard ! »
Bref. Non, mais c’est vrai quoi. L’histoire qu’on voudrait te raconter. C’est l’histoire du LOSC, si ce bon vieux Hervé s’était vraiment complètement planté. Si le LOSC, lors de son départ, n’avait aucun point et avait été éliminé de la coupé de la Ligue par Troyes. Ben oui, c’est possible. Comment ça « hautement improbable » ? Ben, peut-être, mais la seconde guerre mondiale, était-ce « hautement probable » ?
(Mince, je pense que je m’enfonce avec mes illustrations issues de la seconde guerre)
Mais, bon, venons-en au but. Le LOSC, si Hervé Renard n’avait capté aucun point après 13 journées.
13ème journée : Lille est dernier, avec 0 point. Cependant, tout espoir n’est pas perdu. Lille n’est en effet qu’à 4 points de Troyes, 19ème. Hervé Renard est logiquement démis de ses fonctions.
19ème journée : c’est la trêve hivernale. Le moral est au beau fixe à Lille : Lille est 19ème avec 11 points ! Avec un peu de chance, le LOSC arrivera à grappiller les 10 points de retard qu’il a actuellement sur Reims, 17ème.
29ème journée : après sa belle victoire contre Reims (2-0), Lille revient dans la course au maintien. Avec 24 points, le LOSC passe à la 14ème place, à seulement 6 points du 17ème.
32ème journée : après 4 victoires de suite, le LOSC est maintenant à égalité avec Reims et Ajaccio avec 33 points. Lille est malheureusement encore 18ème au goal-average, sans soute la faute aux lourdes défaites sous l’ère Renard, dont celle contre Paris (0-12) et celle contre Monaco (1-9).
33ème journée : Lille sort enfin de la zone rouge grâce à sa victoire contre Monaco (4-1) et prend 2 points d’avance sur Ajaccio, son prochain adversaire.
Belle fin de saison en perspective, Lille s’apprêtant à tout jouer pour son maintien. Et tout cela pas longtemps avant la finale de la Coupe de la Ligue : Paris affrontera Troyes, qui a éliminé le LOSC d’Hervé Renard en début de saison.
C’est donc une fiction. En vrai, Hervé nous a rapporté 13 points.
Et donc :

Merci, Hervé !
Bisous.
Posté le 5 avril 2016 - par dbclosc
Les recettes de Buisine
A son insu, Jean-Luc Buisine, l’ancien défenseur du LOSC, est le parrain de nos recettes : si tu nous écoutes, tu deviendras un excellent buisinier.
J’espère être un jour le commis de Buisine
Le Carrez-Aubry
Le Carrez-Aubry tire son nom de Cédric Carrez et de Jean-Marie Aubry, ancien du LOSC dans les années 1990,
- Déposez du brie au centre de chacun des Carrez, pour que ce feuilleté soit « Aubry »
- Mettez du miel sur le brie
- Repliez la pâte sur le fromage afin de former un Carrez
- Mettez au four (préchauffé par le kop) à 180° (la moitié d’un stade) pendant un tiers de mi-temps.
Pour quatre personnes
- 1 pâte feuilletée
- 150 g de brie
- 1 cas de miel
Un soir, j’ai fait ce Carrez-Aubry à un ami. Il le Boufal en trois bouchées, et comme il avait soif, il demanda à Junior « t’as l’eau ? » On a vraiment passé une bonne Souaré.
Les (Adick) Koot de porc
En hommage à Adick Koot, une recette très simple. Les « Adick Koot de porc ».
Ingrédients (pour 2 personnes) :
- 2 Koot de porc
- 1 Vincent Hognon (oui, je sais il n’est pas de chez nous, mais bon …)
- 25 cl eau
- 1 bouillon (le 6-1 à Paris l’année dernière, par exemple, ou le 0-4 à domicile contre l’OM)
- Franck Farina
- 2 cuillères à soupe de moutarde
- 4 cuillères à soupe de crème fraîche
- sel, poivre
Préparation de la recette de Buisine :
Attention ! Ne laissez rien au Hazard !
- Dans une poêle, faire revenir Vincent Hognon émincé puis le mettre de côté dans une assiette.
- Saler et poivrer les Koot de porc et les fariner avec Frank Farina.
- Ajouter Vincent Hognon et le bouillon que s’est pris le LOSC à Paris l’année dernière (6-1) dissout dans les 25 cl d’eau. Pour l’obtenir, comme d’hab’, demandez à Junior « t’as l’eau »
- Couvrir et laisser mijoter pendant un tiers de match
- Ajouter le mélange moutarde + crème et porter à ébullition.
Pichon poché façon Djezon et riz de Dagui
Pour 2 personnes, j’ai cuit 300 grammes de riz. Très important : Dagui préconise de le faire cuire dans un bac à riz (qui s’écrit souvent « Bakari » si vous cherchez en magasin) !
Pendant la cuisson du riz (au Bakari), mettez la moitié d’une Boutoille de lait à chauffer dans une casserole pouvant contenir Laurent Pichon, avec un peu de noix de muscade râpée, du sel et du poivre. Baissez le feu juste avant l’ébullition, mettez 400 g de Laurent Pichon (ou de Bernard Gardon) coupé en morceaux dans le lait (qui vient donc d’une Boutoille). Laissez cuire à feu très doux pendant deux temps additionnels.
Versez un filet d’huile d’olive Pickeu puis quelques tours de poivre de M. Moulin et une pincée de fleur de sel sur Pichon avant de déguster.
Petite précision, nous avons adoré ce plat tel quel mais pour ceux qui aiment les plats en sauce, prévoyez en accompagnement, une petite sauce hollandaise, qui se prépare avec du beurre (dans ce cas ne pas oublier la Jean-Pierre Motte de beurre).
Ingrédients :
- 300g de riz (à cuire au Bakari)
- 1 gousse d’ail
- La moitié d’une Boutoille de lait
- un peu de noix de muscade râpée
- 400g de Pichon (ou de Bernard Gardon)
- sel, poivre, huile d’olive Pickeu
A bientôt pour de nouvelles recettes de Buisine !
Posté le 2 avril 2016 - par dbclosc
Quand Desmet était meilleur buteur de D1 (1986-1987)
Filip Desmet est plus connu pour son rôle de créateur que de buteur : il a d’ailleurs terminé meilleur passeur de D1 en 1986-1987 et encore 3ème en 1988-1989. Pendant quelques temps, Filip a même été premier au classement des buteurs.
Huitème journée de D1. Filip Desmet marque le but de la victoire contre Toulouse (1-0), ce qui lui permet de rejoindre Eric Black en tête du classement des buteurs avec 5 buts. Score étonnant pour un joueur qui ne s’est jamais montré comme un buteur : il n’a d’ailleurs marqué qu’à 4 reprises la saison précédente dans le championnat belge, un championnat beaucoup plus offensif que le championnat français de l’époque.
85/86 | KSV Waregem | 32 | 4 | ||||||
84/85 | KSV Waregem | 29 | 12 | ||||||
83/84 | KSV Waregem | 30 | 8 | ||||||
82/83 | KSV Waregem | 32 | 4 | ||||||
81/82 | KSV Waregem | 30 | 4 | ||||||
80/81 | KSV Waregem | 26 | 5 | ||||||
79/80 | KSV Waregem | 29 | 5 | ||||||
78/79 | KSV Waregem | 16 | 2 | ||||||
77/78 | KSV Waregem | 9 | 1 |
La journée suivante, Filip marque encore, cette fois lors du derby à Bollaert : Lille gagne 3 à 1, grâce à ses Belges Vandenbergh et Desmet, auteur des trois buts et des deux passes décisives lilloises. Filip occupe alors seul la tête du classement des buteurs. Match à revoir, forcément, c’est à Lens, on gagne, et nos Belges cartonnent :
Desmet accentue son avance la journée suivante en transformant son péno contre l’OM, portant son total à 7 buts, soit deux de plus que ses poursuivants. Il donne aussi la passe décisive pour Meudic, sa quatrième de la saison, se plaçant à la deuxième place de ce classement : après 10 journées, il en est à 7 buts et 4 passes.
14ème journée : Filip se fait rejoindre par le toulonnais Ramos au classement des buteurs. Deux journées plus tard, Desmet se fait même dépasser par le même Toulonnais. Filip, comme le LOSC qui enchaîne les défaites, marque le pas. Lors de la 23ème journée, il claque un doublé contre Rennes et retrouve la tête du classement des buteurs aux côtés de Ramos, avec 11 buts au compteur (En fait, il n’a pas de compteur, c’est une métaphore).
Il se dit que Desmet avait conditionné sa signature à Waregem au fait que le sponsor soit une marque de bière
Après 25 journées,Filip est toujours meilleur buteur du championnat. Ses deux passes décisives ajoutées au cours des deux derniers matches lui permettent de pointer à la seconde place du classement des passeurs également.
A l’issue de la 27ème journée, il se fait dépasser par Bernard Zénier au classement des buteurs pour ne plus jamais le rejoindre. Il finira loin de la tête, avec 13 buts, en 6ème position. Il atteint la première place du classement des passeurs pour la première fois lors de la 36ème journée pour ne plus être dépassé. Logique. Parce que Filip, c’est avant tout un passeur même si on a pu croire le contraire pendant longtemps cette saison-là. Pour revoir un lillois meilleur buteur de première division aussi longtemps il faudra attendre 24 ans, jusque 2011, avec Moussa Sow
Au LOSC, il a inscrit 28 buts et fait 20 passes décisives en trois ans. Il a aujourd’hui 57 ans et, au dernières nouvelles, il est le patron d’un café à Avelgem. N’y allez pas avant 10 heure du mat’ : il n’ouvre jamais avant, parfois pour se laisser le temps de se remettre de sa cuite de la veille. En tout cas, ça lui arrivait jusqu’à il y a peu. Pas vraiment une nouveauté post-carrière pro, d’ailleurs. Comme il le déclarait au journal « La dernière heure » en décembre 2003 : «Je n’ai jamais consenti de réel sacrifice pour le football. Je n’ai jamais respecté la moindre règle de diététique. Mais j’étais parfois superstitieux. Ainsi, la veille d’une rencontre de championnat je devais absolument ingurgiter, au cours du même repas, un… monceau de frites, une saucisse, une brochette et des carbonnades. Sous peine de rater mon match!»
Posté le 1 avril 2016 - par dbclosc
Chapeau ! Melon, et botte-lui l’cul !
Dans la seconde partie des années 1980, le LOSC a vu signer chez lui deux joueurs africains de grand talent. Le premier fût le Zaïrois Gaston Mobati, signant en 1985-1986 pour être prêté immédiatement à Montceau-les-Mines en D2, revenant en 1986 pour s’imposer en 1987/1988. Abedi Pelé arrive comme joker au mois de septembre 1988 et il animera brillamment le jeu lillois jusqu’à l’été 1990 et son retour à Marseille.
Deux joueurs au talent remarquable, auxquels, forcément, on a envie de dire « chapeau, messieurs ! ». Mais des joueurs qui ont aussi agacé, pas forcément pour les mêmes raisons. Pelé, parce qu’il avait un peu trop conscience de son talent (le « melon »),mais peut-être pas assez de ce qu’il doit aux autres dans la possibilité qu’il a eu de s’exprimer. Mobati, parce qu’il était irrégulier et qu’il avait tendance à choisir ses matches, et donc les plus importants. En résumé, « chapeau ! », melon, et botte-lui l’cul !
Chapeau !
Gaston Mobati est l’un des meilleurs joueurs africains quand il arrive au LOSC, venant tout juste de finir 9ème au classement du Ballon d’or africain, et a déjà une Coupe des champions africaine à son palmarès avec Bilima. Il fait ses débuts avec l’équipe première du LOSC contre Valenciennes lors de l’été 1986 (0-0). Ce premier match, c’était en Coupe de la Ligue, une compétition pas tout à fait officielle qui fait surtout office de préparation pour les clubs et leur permet de tester des joueurs. C’est dans cette même compétition que l’attaquant marque son premier but, égalisant contre Abbeville, avant que Pascal Plancque ne donne la victoire aux siens.
Mais, bref, en ce début de saison, Gaston ne part pas titulaire. Il faut dire que la concurrence est sévère avec Jean-Pierre Meudic et surtout Filip Desmet et Erwin Vandenbergh. En 1986-1987, Gaston marque 2 fois en 13 matches, plus, quand-même, 3 buts en 5 matches de coupe. Viens d’ailleurs voir le style Mobati sur le but qu’il marque justement cette saison-là en Coupe contre Auxerre (à partir de 0’25).
http://www.dailymotion.com/video/x8bgg6
Note au passage le commentaire quand Auxerre ouvre le score « c’est grave pour Lille ! » : rigolo quand on sait qu’on avait gagné 3-0 à l’aller.
Au cours de la phase aller de la saison suivante, il ne joue que quelques matches et ne marque pas. Mais à partir de la 20ème journée, Mobati se révèle enfin : il fait le spectacle et claque avec une belle régularité. 10 fois en un demi-championnat, ce qui en fait le meilleur buteur de D1 de la phase retour devant Papin (et je crois que Tibeuf avait marqué autant que Papin, mais faire mieux que Tibeuf ça impressionne déjà moins), et marque également 3 buts en 7 matches de Coupe. Gaston a fait le spectacle comme il savait le faire.
Gaston est beau, Gaston est merveilleux
La saison suivante, il est toujours bon quand il joue, mais il fait déjà face à une concurrence plus féroce, notamment suite à l’arrivée de Roger Boli et d’Abedi Pelé. La saison 1988-1989 débute d’ailleurs de manière royale : buteur pour la première journée à Laval, Lille reçoit l’OM de Tapie pour la journée suivante. Lille ouvre le score, mais Doaré marque contre son camp dans les arrêts de jeu ! C’est pas grave, de suite, sur une action initiée par Gaston, Vandenbergh est accroché par Huard, le gardien marseillais. Péno, transformé par Gaston !
Gaston a porté ce prestigieux maillot
Son début de saison 1989-1990 est encore satisfaisant, mais il joue de moins en moins et agace sa direction et son entraîneur. Le LOSC s’en sépare en janvier et il rejoint le club grec de l’Ethnikos le Pirée. En trois ans et demi au club, Gaston marque 19 buts en D1 plus 8 autres en Coupe. Pas mal avec la forte concurrence qui limitait son temps de jeu.
Quant à Abedi Pelé, il arrive au LOSC comme joker, pour la 12ème journée de D1. Il est prêté par Marseille, avec option d’achat qui sera bien sûr levée malgré les protestations grandiloquentes de Bernard Tapie qui dépose sans succès un recours pour récupérer sa perle ghanéenne. Abedi ne s’est pas encore imposé en Europe, mais il a déjà bien roulé sa bosse, au Ghana, au Bénin, au Qatar, en Suisse et en France, avant Marseille, à Niort puis à Mulhouse. Malgré son échec marseillais, quand il arrive, on sait que c’est une bonne pioche.
Franchement, pour ceux qui ne l’on pas vu jouer, Abedi Pelé, c’est avec Hazard le joueur le plus créatif ayant joué au LOSC. D’ailleurs, en matière de créativité, Pelé bénéficie probablement d’un contexte où les joueurs ont davantage de libertés sur le terrain. Pelé, c’était l’inattendu en permanence et c’était un régal de le voir jouer. Personnellement, les seules fois où je l’ai vu jouer avec le LOSC, c’était a posteriori dans des résumés. Je l’ai par contre vu en live avec l’OM. Et c’était quelque chose, je t’assure.
Son toucher de balle vaut à lui seul un paragraphe. C’est pour moi quelque chose d’indescriptible et d’en même temps tellement beau. Il avait une façon unique de toucher la balle (ou de ne pas la toucher) de manière toujours inattendue, avec l’endroit du pied, ou la feinte, qu’on n’imagine pas. Si j’étais coach, en matière d’efficacité, sans difficulté, je préfère Messi à Pelé. Sans rire (vraiment), en matière d’esthétisme je choisis Abedi. Et depuis 30 ans, je ne vois pas qui je pourrais lui préférer. Viens regarder ce petit montage d’ABCANZ :
On te remet ici un échantillon du talent d’Abedi avec le maillot lillois :
http://www.dailymotion.com/video/x8bbrtViens voir aussi cette vidéo (qu’on t’a déjà montrée mais sans la commenter), à partir de 0’50, qui montre bien comment Pelé a sublimé le débile jusqu’au génie.
http://www.dailymotion.com/video/x2epzlg
On se dit d’abord que Pelé fait une louche débile pour personne. Mais le génie d’Abedi, c’est que pendant que tout le monde sur le terrain se dit que cette louche est débile, il poursuit son action, récupère sa propre passe, et est à deux doigts de marquer. En pro, personne n’aurait jamais tenté cette louche débile. En amateur, certains l’auraient fait, mais sans suivre. Pelé l’a fait et a suivi. C’est sur ce genre d’action que tu te dis qu’il est unique.
Ce joueur est unique et son maillot est tunique
Nanard Tapie rachète Pelé lors de l’été 1990. En un peu moins de deux saisons, Abedi marque 16 buts en 61 matches de D1 et, surtout, il fait le spectacle chaque semaine.
Melon
Donc Pelé, c’était un sacré talent. Et il était au courant. Le melon, le gars. Pourquoi je dis ça ? Franchement, tu vois rien ? Abedi « Pelé » ? Ben oui, en fait, Pelé, c’est pas son vrai nom. Et quand ces camarades de jeu l’ont surnommé Pelé en référence au Roi brésilien du foot, Abedi ne s’est pas démonté et l’a gardé et revendiqué en pro. Avoue qu’il faut quand-même être un peu sûr de soi …
Et puis, Abedi, il s’aime bien et il ne l’a jamais caché. En 1991, il déclarait ainsi à France Foot : « à Lille, j’étais le patron. Il n’y avait aucun problème. J’aurais pu jouer gardien de but si j’avais voulu … » Non, non, franchement Abedi. Justement, t’es très bon comme milieu offensif, alors franchement, si on t’a recruté c’est pas pour te mettre dans les buts et se prendre une branlée sur tes boulettes.
Lille est un bon souvenir pour lui et c’est tant mieux. Il en parle comme le club des copains, un club où il s’est fait plaisir et a fait plaisir au public. Comme il le rappelait encore à France Foot au moment de son départ de Lille, le public avait vu son talent : « Et le public l’a bien vu. Je me régale en le régalant ». Et même quand il parle des amis qu’il a laissé à Lille, des joueurs qu’il a connu avec plaisir là-bas, il ne sait pas en parler sans caser qu’il était bien au-dessus des autres : « à Lille, où je n’ai laissé que des amis, j’étais tout seul pour asseoir le jeu. » Vandenbergh, Desmet, Mobati, Angloma et Périlleux – entre autres – apprécieront.
Et puis Pelé n’hésitait pas à rappeler qu’il méritait gagner énormément d’argent. Pour lui, c’est normal parce qu’il était « sur le terrain ». Allez, Abedi, c’est vrai, t’étais très bon, mais je te rappelle quand-même que s’il n’y a personne derrière les guichets pour vendre des places, il n’y a personne pour venir t’admirer.
Mais bon, à part ça, il faut le dire, t’étais un grand joueur, et t’as été trois fois ballon d’or africain, en 1991, 1992 et 1993.
Botte-lui l’cul !
Mais bref, revenons à Gaston. Comme indiqué précédemment, Mobati était bon, même très bon. Mais quand-même, on se dit que pour un joueur de son talent, sa période de gloire fût brève. Presque deux ans en France ont été nécessaires pour qu’on voit le vrai niveau de Gaston, et sa période de gloire n’a finalement duré qu’un an et demi tout au plus. Il va ensuite six mois en Grèce, revient brièvement en D2 française pour deux passages ratés à Guingamp puis à Beauvais.
Il ne faut certainement pas voir dans l’irrégularité de Mobati le fruit d’une « culture africaine », ce qui serait une grosse connerie. On ne peut pas pour autant nier que Gaston avait une fâcheuse tendance à « choisir ses matches ». D’où des retours assez fréquents avec la D3 où il n’était vraisemblablement pas très motivé : avec la réserve, il ne marque que 2 fois en 27 rencontres dans une division où il est en principe au-dessus du lot.
Le pire, c’est que quand il part à la mi-saison 1989-1990, les rares matches qu’il a joués n’ont pas été mauvais. Mais Gaston agace par son attitude à l’entraînement. Il a alors tout juste 28 ans et, on ne le sait pas encore, mais le haut niveau s’arrête ici pour lui. Dommage, on se dit qu’il a en partie gâché son grand talent même s’il a quand-même réussi à nous faire bien kiffer.
Gaston s’en va ensuite sur l’île de la Réunion. Il y décède d’une crise cardiaque en 1995. Il n’a pas encore 34 ans. De tout ton parcours, c’est bien sûr tes fulgurances que l’on retiendra en premier lieu.
Posté le 25 mars 2016 - par dbclosc
1996/1997 : Lille, une sacrée descente
Il y a certes le plaisir du jeu de mots, fût-il parfois un peu tiré par les cheveux, car il n’y a jamais de « bonne » descente sportive (hormis, bien entendu, en ski1). Mais celle-ci est tout de même particulièrement spectaculaire, parce que tout avait pourtant bien commencé. En résumé : un début de saison inespéré, une fin de saison désespérante, et la deuxième division à l’arrivée.
Le LOSC s’est maintenu de justesse en 1996 : on en a parlé ici. Cette nouvelle saison 1996-1997 ne s’annonce pas faramineuse. D’abord parce que la première division passe à 18 clubs en 1997/1998 : cela signifie donc qu’il y aura cette année 4 descentes. Quand on flirte avec la relégation, comme le fait le LOSC depuis des années, la diminution du nombre de clubs dans l’élite ne peut être considérée que comme une menace. Ensuite, parce qu’Antoine Sibierski, l’une des rares satisfaction de la formation lilloise, meilleur buteur lillois de l’exercice précédent en inscrivant un tiers des buts de l’équipe (9 sur 27) est parti à Auxerre. Enfin, parce que le LOSC traîne encore une dette de 18 millions (de francs), son recrutement est encadré par la Direction nationale de contrôle de gestion (DNCG). Celle-ci n’a autorisé que le réinvestissement partiel du montant du transfert de Sibierski, 35% de 8 millions, soit environ 2,8 millions. Après les renouvellements de contrats et le recrutement de Bojan Banjac, il reste une enveloppe de 1,5 à 2 millions pour trouver un avant-entre voire un libéro. Jusqu’à la fin du mercato, l’été lillois est marqué par la recherche d’une perle rare… Les noms de Petar Puaça, Joël Tiéhi ou Viktor Belkin ont été avancés… mais personne ne vient. D’autant qu’en faisant venir un de ceux-là, il aurait fallu lâcher un joueur hors CEE (trois sont autorisés à l’époque : Bojan Banjac, Miladin Becanovic et Geza Meszoly sont déjà là). Au contraire, Lille est contraint d’alléger sa masse salariale : Germain, Périlleux, Simba et Nadon sont invités à quitter le club. Bref, comme le résume L’Équipe, visionnaire, en août 1996 lorsque son « tour des France des clubs » s’arrête à Lille, le LOSC est « sous la menace ». D’ailleurs, les matches amicaux sont catastrophiques : le dernier d’entre eux, contre le PSG à une semaine de la reprise du championnat se solde par un 0-4 à Grimonprez. Les objectifs sont donc modestes : l’un d’eux consiste à « marquer davantage » : merci coach !
L’Équipe, 1er août 1996.
En prime, une interview de Rabat. On sent que la confiance règne !
Coincé niveau recrutement, le LOSC mise donc sur son centre de formation : outre Fabien Leclercq, presque déjà un « ancien », Cédric Carrez, Frédéric Dindeleux et Djezon Boutoille partent comme titulaires. Thierry Rabat est appelé à jouer un cran plus haut, au milieu. Faute de pouvoir acheter un attaquant efficace, Miladin Becanovic est conservé. Hormis Banjac, l’intersaison ne permet à Lille que d’attirer des joueurs en fin de contrat et un prêt. Ce n’est qu’à la faveur de l’automne que de nouvelles solutions apparaissent : Franck Renou, en manque de temps de jeu à Nantes, arrive comme joker.
Anthony Garcia : milieu offensif confirmé de Beauvais en D2, cela faisait quelques temps que son nom apparaissait du côté de Lille. Recruté pour a priori jouer les doublures, il prend part à 25 matches et laisse le souvenir d’un joueur assez technique, auteur notamment d’un joli but contre Nice en début de saison, mais un peu lent et sans doute trop juste pour la D1.
David Garcion : quand on le voit jouer la première fois, on se demande bien comment Lille est parvenu à se le faire prêter par Nantes. Certes, à Nantes, l’avenir à court terme est bouché pour lui. Mais on n’est que Lille. Rapide, puissant, doté d’une lourde frappe, auteur d’un but sensationnel à Montpellier (13e journée) Garcion a impressionné durant la première partie de saison, durant laquelle il a formé avec Becanovic, Banjac et Boutoille une redoutable attaque. À l’image de l’équipe, il s’est progressivement éteint et a terminé la saison avec une sale histoire de dopage aux anabolisants (une première dans le football français) qui l’a suspendu pour de longs mois. On te renvoie à cette interview du médecin du LOSC Jean-Daniel Escande par Les cahiers du foot. Après Lille et cette suspension, Garcion a malheureusement connu une carrière sans grand relief.
Gilles Hampartzoumian : arrivé de Cannes avant de repartir à Cannes, il n’a pas laissé un grand souvenir. Ni bon, ni mauvais, gaucher, c’est un joueur moyen style « petit gros ». Il prend part à 28 matches. Davantage connu pour posséder l’un des patronymes les plus longs de la D1, avant que Rabesandratana ne se fasse connaître, il fait partie du groupe de joueurs ayant été contrôlés positifs au cannabis lors de la saison précédente (avec, notamment, Dieng, Paille et Barthez). « En qualités intrinsèques, j’étais aussi fort que Thuram » prétend-il. Non, je t’assure, je pense qu’on l’aurait remarqué. Ou alors il faut nous expliquer pourquoi tu n’as montré que l’extrinsèque. Là où t’es sûr de le battre, c’est au Scrabble® : tu fais 30 points. En plus de l’herbe, un bon gros melon donc.
Bojan Banjac : il y a un grand mystère sur son recrutement. Jean-Michel Cavalli prétend qu’il le suit depuis longtemps, de l’époque où il était stagiaire à Monaco. Les mauvaises langues disent qu’il a été recruté à la va-vite, en regardant la confrontation entre Guingamp et l’équipe serbe de Zemun en Intertoto, pour en outre apporter un soutien moral à Becanovic… Pour la petite anecdote, je me rappelle que sur 3615 LOSC (si, si…), il y avait en ce temps une rubrique questions/réponses dans laquelle un minitelnaute, qui avait vu Guingamp/Zemun, avait signalé la technique de ce meneur de jeu, et indiquaient aux dirigeants qu’ils seraient bien avisés de se renseigner. J’ignore qui répondait côté LOSC, mais j’ai lu un truc, en substance, « on l’a vu, on se renseigne ». Quoi qu’il en soit, Banjac est un vrai n°10, axial, technique, qui donne des ballons propres. On lui reprochera juste un physique fragile et un manque d’efficacité devant le but.
Pegguy Arphexad : après le transfert de Jean-Claude Nadon à Lens, le LOSC obtient le prêt du lensois Pegguy Arphexad, comme quoi les relations entre les deux clubs savent être cordiales quand il faut aider le voisin dans la dèche. Enfin, aider… À son arrivée à Lille, Arphexad représente 211 minutes en D1 obtenues à la faveur de la grave blessure de Guillaume Warmuz au printemps 1996, et déjà 6 buts encaissés. Avec Lille, 180 minutes en D1, 9 buts encaissés (5 à Marseille, 4 contre Strasbourg) et une précieuse contribution à l’enlisement de l’équipe : bravo l’artiste ! Allez, tout de même un super match de coupe contre Lyon : va lire et écouter plus bas.
Franck Renou : comme écrit plus haut, la perle rare que l’on n’a pas recrutée en été arrive comme joker en septembre, comme Becanovic un an auparavant. Ce n’est certes pas un nom ronflant2, mais c’est une bonne surprise : barré par la concurrence à Nantes, où il a été formé, il a connu des sélections chez les jeunes, et a marqué quelques buts après des entrées en jeu avec le FC Nantes, notamment le but (insuffisant) de la victoire contre la Juventus en demi-finale retour de Ligue des champions. Petit, rapide, on l’aime bien.
On pourrait presque ajouter Miladin Becanovic à la liste des recrues, tant l’intersaison a transformé le joueur. On y vient.
L’équipe-type correspond peu ou prou à la première photo de l’article (équipe du premier match de la saison contre Metz, le 10 août 1996), à deux exceptions près : Pascal Cygan joue peu, Fabien Leclercq est le défenseur latéral qui joue le plus (à droite ou à gauche), tandis que Duncker a pu jouer au milieu. Ensuite, à partir d’octobre, Patrick Collot retrouve une place de titulaire, soit à la place de Boutoille, blessé en automne, soit de Banjac ou de Garcion, pour faire tourner. Si Patrick Collot manque le début de saison, c’est parce qu’il a vécu un drame personnel : durant l’été, son épouse est accidentellement décédée ; on remarque sur la photo que les joueurs portent un brassard noir pour lui rendre hommage. Collot retrouve les terrains fin septembre à Strasbourg, et est titularisé pour la première fois de la saison le 11 octobre contre Nantes.
Voici donc l’effectif de la saison :
Photo prise en intérieur. Décor ajouté ensuite. Le problème, c’est que ça se voit.
Allez, de gauche à droite :
Premier rang : David Garcion, Patrick Collot, Djezon Boutoille, Jean-Michel Cavalli, Bernard Lecomte, Miladin Becanovic, Franck Renou, Denis Abed, Marc Cuvelier
Deuxième rang : Robert Santens, Philippe Levenard, David Coulibaly, Roger Hitoto, Frédéric Dindeleux, Paul Marchioni, Jean-Noël Dusé, Fabien Leclercq, Thierry Rabat, Bojan Banjac, Michel Gérard, Jean-Daniel Escande
Troisième rang : Grégory Legrand, Gilles Hampartzoumian, Pascal Cygan, Cédric Carrez, Jean-Marie Aubry, Arnaud Duncker, Geza Meszoly, Anthony Garcia, Pegguy Arphexad.
Du spectacle à Lille !
Le début de saison est superbe. La victoire inaugurale contre Metz grâce à un but de Becanovic sur un centre d’Arnaud Duncker est déjà un événement, puisque le LOSC se retrouve logiquement dans la première moitié de classement, ce qui n’était pas arrivé depuis deux ans. Début septembre, Lille est tranquillement 8e, en ayant gagné 3 de ses 4 matches à domicile, et en y inscrivant 3 buts à deux reprises, soit autant de fois que sur les deux saisons précédentes réunies (Rennes 3-1 et Nice 3-2, où Becanovic marque un but invraisemblable en longeant la ligne de but). Lors de la 12e journée, contre Nantes en octobre, Becanovic inscrit le 12e but du LOSC à domicile… et égale donc le total de la saison 1995/1996, total dépassé quelques minutes plus tard avec un but de Franck Renou. Comme on l’a déjà exposé dans cet article, Becanovic est en état de grâce en ce début de saison : un temps meilleur buteur du championnat, il est délesté du surpoids qui l’avait fait manquer son essai à Nantes à l’été 1995. Aminci, il est enfin devenu le joueur promis à son arrivée à Lille : jusque là lourd et pataud, il est désormais vif, disponible et, surtout, buteur. Son entente avec Banjac saute aux yeux et, avec la complicité de Garcion et de Boutoille, il est après 14 journées le joueur le plus décisif de la D1, avec 9 buts et 4 passes décisives. Message personnel : sur l’une de nos pages Facebook, Miladin Becanovic salue tous les Lillois.
Ah c’est autre chose que Simba/Pingel
But de Becanovic contre Guingamp, sur pénalty, lors de la 6 journée, depuis Fréquence Nord
Si la première moitié de saison est aussi marquée par de sévères défaites qu’on peut a posteriori prendre comme de sérieux avertissements (0-3 à Bordeaux, 0-3 à Strasbourg, 1-4 contre Monaco), globalement, on a le sentiment que l’équipe a passé un cap : elle ne perd que contre les équipes supposées plus fortes qu’elle (les trois précités plus Auxerre et Paris), leur tient parfois tête (un superbe 3-3 contre Nantes, 1-1 contre Lyon), prend des points à l’extérieur chez ses concurrents directs (0-0 à Bastia, 2-2 à Nancy, 0-0 au Havre, victoires 1-0 à Cannes et à Montpellier), tout en prenant des points à Grimonprez (victoires contre Metz, Rennes, Nice, Caen, nuls contre Guingamp, Marseille), avec un jeu parfois très fluide, en témoigne ce but de Djezon Boutoille contre Caen :
Faut dire que sur l’action, y a un mec aussi fort que Thuram
Après ce match, Anne-Sophie Roquette est sévèrement tancée par Bernard Lecomte. Le motif ? Avoir crié « Youpi ! On est toujours devant Lens ! » à l’issue du match. En soi, cela n’est pas bien grave, car d’une part c’est vrai, et d’autre part on peut encore dire à peu près ce qu’on veut dans ce pays. Le problème est qu’elle a dit ça dans le micro, que celui-ci était branché, et qu’il y avait encore des milliers de gens dans le stade. Maladresse mise à part, tout ceci est amusant et montre tout de même que quelque chose change. Et puisqu’on parle de nos voisins, venons-en au point d’orgue de ces matches aller (tiens, c’est aussi le point d’orgue de la saison) : mercredi 6 novembre 1996, 16e journée : le LOSC écrase Lens 2-1 grâce à un doublé de Patrick Collot, de nouveau buteur un mois après son retour. Cette victoire, rapidement dessinée en première mi-temps (Lens n’a pu réduire l’écart qu’à la dernière minute) est une performance rare dans les années 1990 : si Lille avait battu Lens en mai 1995, c’était lors d’un match sans enjeu lors de la dernière journée, et ce derby avait un peu compté pour du beurre. Il faut remonter alors au 11 février 1989 pour une victoire lilloise « à la régulière » : 1-2 à Lens grâce à Angloma et Wallemme contre son camp3. Grande joie sportive donc, et grande émotion collective pour le buteur du soir, ovationné par le public.
32e minute : Patrick Collot inscrit son deuxième but contre Lens
Après ce match, Lille est 4e ! À moins de la moitié du championnat, Lille a déjà marqué 2/3 de ses points et 70% de son total de buts de l’année précédente. Un classement inespéré pour une équipe qui a commencé la saison sans avant-centre (du moins, c’est ce qu’on croyait), qui n’est pas parvenue à faire signer des inconnus, qui a dû renoncer à faire venir un défenseur d’expérience, et qui, en raison de faibles moyens financiers, a dû se rabattre sur des joueurs comme Garcion et Banjac dont on ne savait pas grand chose. À l’arrivée, si la jeune défense encaisse pas mal de buts (17e défense après ce match contre Lens), la 7e attaque, loin des standards des années précédentes, compense largement les quelques errements derrière. Le LOSC gagne un match sur deux, les joueurs offensifs marquent (Abed, Becanovic, Boutoille, Collot, Garcia, Garcion ont tous marqué ; seul manque Banjac, toutefois très influent sur le jeu) ; Hitoto et Rabat forment un duo de récupérateurs efficace ; Arnaud Duncker est intenable et multiplie les montées côté droit. Sur l’ensemble des matches aller, l’affluence dépasse à six reprises les 10 000 spectateurs. Tout va bien.
Ça sent donc enfin la saison tranquille… Qui peut imaginer à ce moment là que sur les 22 matches qui restent, nous ne prendrons plus que 9 points ?
Le LOSC dans la lumière
Les bons résultats amènent une nouveauté : on parle désormais du LOSC dans la presse nationale. Dans L’Équipe, dans France Football, dans Onze Mondial, les articles et les photos foisonnent ; ça n’a l’air de rien mais, pour les gamins que nous étions, on était bien contents et fiers. Tout cela en plus d’un « magazine du LOSC » de 16 pages désormais distribué gratuitement à tous les spectateurs (et pas seulement aux abonnés) : on avait de quoi remplir nos agendas et nos murs de chambre avec de belles illustrations.
Au milieu du magazine, la présentation de l’effectif adverse, et le petit portrait de chaque joueur du LOSC. Absolument charmant. Au milieu de la page centrale, les paroles de la chanson « Le LOSC en avant » (M. Bareul / A. Camelia), diffusée durant l’échauffement, à la mi-temps, puis après le match. Car le LOSC édite un CD de dix titres, parmi lesquels on trouve les succès « Ah les Rouges et Blancs », « Trois pas en avant » ou « Allez le LOSC ». Ci-contre, la couverture du disque. Ma Maman disait que le passage « Le LOSC est beau, le LOSC est grand, tu portes nos couleurs comme on porte un enfant », c’était débile, mais elle n’a jamais trop suivi le foot.
Outre cet album, le club développe à cette période un merchandising que l’on n’avait pas connu avec cette ampleur jusque là : à côté des traditionnelles photos de joueurs, des fanions, des casquettes, du petit maillot pour la bagnole, arrivent une écharpe (ça faisait des années qu’on n’en trouvait pas de neuves : « Fiers d’être Lillois » d’un côté sur fond rouge, « en avant le LOSC » sur fond bleu de l’autre), des t.shirt (dont le fameux « Tremblez gardiens, Becanovic va encore frapper », que l’un de nous a glorieusement acheté), des sent-bon, des pulls, des oreillers… Malheureusement, cette année-là, le LOSC ne renouvelle pas les pog’s. Difficile de savoir si le merchandising est la conséquence des bons résultats ou si les produits qui déferlent en ce début de saison ont été conçus bien en amont, mais voilà le stade désormais doté d’un petit préfabriqué en bas de la tribune « Premières » dans lequel acheter toutes ces bricoles.
Des matches retour catastrophiques
Revenons au terrain. Après la victoire dans le derby, les matches aller se poursuivent avec une défaite à Paris (1-3, avec un nouveau but de Patrick Collot sur une grossière erreur de Lama, un peu comme l’année précédente, avec cette fois une frappe venant de l’axe, merci Bernard !) suivie de deux nuls honorables, l’un à domicile, l’autre à l’extérieur, qui permettent ainsi d’achever la première partie de saison à la 8e place avec 28 points, et surtout 10 points d’avance sur Montpellier, 17e et premier relégable. Il reste 19 matches pour prendre 14 points, en prenant pour objectif le seuil considéré comme vital de 42 points4. En attendant, il reste 4 matches à jouer avant la trêve hivernale, et les ennuis vont progressivement s’installer. Pour commencer la série retour, 3 défaites consécutives : face à Auxerre (0-1), à Rennes (0-2), et face au Bastia de Frédéric Antonetti, troisième à ce moment là : le superbe but de Garcion sur une passe lobée de Collot ne suffit pas (1-2). Pour terminer l’année, un nul chez le dernier niçois, grâce à Roger Hitoto reprenant un coup-franc sur le poteau de Garcion, ne suffit pas à sauver les apparences : l’équipe tourne beaucoup moins bien. En prime, c’est lors de ce match que David Garcion est contrôlé positif à l’issue d’un contrôle antidopage. À la trêve, le LOSC est rentré dans le rang au niveau du classement (13e), mais il possède encore une solide avance de 7 points sur le 17e ; de ce point de vue, il y a de quoi être optimiste sur la capacité du club à se maintenir tranquillement : à titre de comparaisons, le maintien a été possible les 4 saisons précédentes en étant successivement 16e, 16e, 14e puis 18e à la trêve.
1997, année de la défaite
Quand arrive l’année 1997, il faut se rendre à l’évidence : le LOSC ne sait plus gagner, et a même toutes les peines du monde à prendre des points et à marquer des buts. Les cinq premiers matches de l’année n’apportent qu’un pénible point, pris à domicile contre Bordeaux (0-0). Sinon, défaites à Guingamp, à Caen, et roustes à Marseille (1-5) puis contre Strasbourg (2-4), avec Pegguy Arphexad, vraiment pas irréprochable, dans les buts suite à la blessure de Jean-Marie Aubry en coupe contre Marseille. S’implante alors la poisse caractéristique des équipes à qui rien ne sourit :
_les blessures : Becanovic manque 3 matches de championnat et 2 de coupe de France entre fin janvier et fin février. Roger Hitoto se blesse gravement en équipe nationale du Zaïre. Dans la mesure où les matches de coupe ont été bien négociés (voir plus bas), ce n’est certes pas une explication suffisante à cette mauvaise série en championnat.
_le but-gag : par exemple, le deuxième but strasbourgeois, sur une frappe toute pourrie de François Keller (frère de Marc) qu’Arphexad laisse filer sous son ventre.
_le scénario de merde : le 8 mars 1997, 28e journée, Lille se rend à Caen, un relégable : une bonne occasion de prendre des points, non ? C’était sans compter sur le magnifique engagement des Lillois : cagades en série, perte de balle stupide de Rabat, intervention foireuse de Dindeleux, et but de Frédéric Née après 14 secondes. Défaite 1-0. Ce soir-là, Lille est relégable pour la première fois de la saison.
_le record contre son camp : 31e journée, Lille reçoit Montpellier, pas loin devant au classement : une bonne occasion de prendre des points, non ? C’était sans compter sur la passivité de la défense lilloise qui, ce soir-là, permet à Ibrahima Bakayoko (IBRAHIMA BAKAYOKO !) d’inscrire un triplé en 6 minutes et d’établir un nouveau record en championnat de France. Défaite 0-4. Par bonheur, Matt Moussilou a en partie lavé l’affront en faisant du triplé le plus rapide de France un record lillois 8 ans plus tard, quand on a explosé Istres 8-0. Jean-Michel Cavalli ne résiste pas à cette défaite : Charles Samoy, est nommé « manager de l’équipe professionnelle » et, sur sa proposition, Hervé Gauthier, responsable du centre de formation et de l’équipe de National 2, prend la tête de l’équipe première. Ça ne changera pas grand chose.
Seule éclaircie en championnat de la phase retour, avant le changement d’entraîneur : une victoire, la seule, à domicile face à un concurrent direct, Nancy, acquise de haute lutte : Becanovic ouvre le score en première mi-temps, mais Dindeleux est expulsé dès la 53e minute. Le LOSC tient bon et marque même un deuxième grâce à Banjac (enfin !). Au cours de ce match, Becanovic a réussi une espèce de roulette à la Zidane qui l’a fait éliminer 3 nancéiens. Seul face à Wimbée aux six mètres, il a ensuite tiré à côté. Cette victoire permet de sortir de la zone de relégation pour une journée (au détriment des Lensois).
Humilations en série et bouquet final à Bollaert
La fin du championnat est un long chemin de croix. Lille repasse 17e dès la journée suivante en raison d’une défaite à Nantes. Puis défaite à Monaco : sais-tu ce qu’il s’est passé dans ce match ? Sonny Anderson a tiré un pénalty. Et comme tu sais qu’il rate tous ses pénaltys contre Lille, ça a préservé pendant un temps le 0-0. David Garcion joue son dernier match contre Montpellier, avant sa suspension.
Le match décisif survient lors de la 33e journée : Lille reçoit Cannes. Si Lille est 17e, il est loin d’être largué. Devant, Lens, Rennes et Le Havre ne sont qu’à 2 points ; Cannes à 3. C’est le match qu’il faut gagner. Cannes marque en première mi-temps ; Becanovic manque un pénalty mais égalise dans la minute suivante ; mais finalement Cannes s’impose en marquant à la 86e. Cette fois ça semble bel et bien foutu : si Le Havre reste à deux points devant, les autres sont au moins à 5 points, et si le LOSC est incapable de battre Cannes chez lui, une équipe qu’elle avait battue au match aller en jouant à 10 contre 11 pendant une mi-temps, on ne voit plus trop ce qui peut le sauver.
34e journée : autant le LOSC affichait une mine radieuse en recevant le derby à l’aller, autant le retour à Lens s’apparente à une cérémonie funèbre. Lille, bien sûr, est en grand danger, mais Lens n’est qu’un poil mieux loti. « Une dramatique à Bollaert » titre La voix du Nord. Ce match est un sale souvenir pour les supporters lillois qui l’ont vécu : non seulement parce que, sportivement, le LOSC faisait un pas de plus vers la D2 en perdant 1-0 à cause d’un but de Philippe Brunel, cet ennemi de l’intérieur, mais aussi parce que l’accueil des Lensois a été particulièrement hostile. Quelques jours avant, le président lensois, Gervais Martel, déclare dans France Football qu’ « il n’y a plus la place pour deux (…) Bientôt, il n’y aura plus qu’un seul club dans la région. Lille est peut être condamné à devenir une filiale de Lens »5. Puis le public brandit des cercueils en carton. Sur l’un d’eux on peut lire : « La SPA en deuil, les Dogues Lillois en D2 ». Le LOSC passe 18e. 11 ans plus tard, le scénario sera inversé, puisque Lille enverra quasiment le RCL en Ligue 2 en le battant 2-1 lors de la 37e journée.
Le Havre, 16e, n’est toujours que trois points devant… Mais c’est le PSG qui débarque à Grimonprez, et s’impose (0-1). Lille prend un point à Lyon (avec Jean-Marie Stéphanopoli, Christophe Landrin et Frédéric Machado titulaires), et n’est toujours pas officiellement relégué au soir de la 36 journée : Rennes, 16e, est 5 points devant. Les autres sont hors d’atteinte. C’est donc le 17 mai, sous l’orage contre Le Havre, que Lille retrouve la Division 2 qu’il avait quittée 19 ans auparavant. Un nul 2-2 et un dernier but de Becanovic, avant une ultime défaite à Metz (0-1).
Classement retour : si on part de la fin, le LOSC est largement premier
Les coupes
En coupe de la ligue, Lille est éliminé à Toulon (D2) dès les 16e. 1-2, avec un but de Boutoille en fin de match. Il ne semble pas nécessaire de revenir sur ce match, sauf pour dire qu’il a été joué en décembre 1996, avec l’équipe-type, au moment où la dégringolade commençait.
En coupe de France, Lille a été éliminé en 1/8 de finale, après avoir joué contre 3 clubs de D1. D’abord, Marseille en 32e : on a largement parlé ici de ce match judiciaire et sportif. Quatre jours après arrivait Lyon. Un match gagné 1-0 grâce à un but de Boutoille, au cours d’un match riche en occasions, et une fin de match débridée où brille Arphexad, et où Leclercq sauve encore sur la ligne. Sur les contres, Lille manque le break. Ci-dessous, quelques actions de ce match commentées par Olivier Hamoir sur Fréquence Nord.
L’équipe laisse filer le 8e contre Montpellier à la maison : 0-3. L’urgence est désormais ailleurs.
Évolution du classement de Lille. Source : site de Fabien Torre
Épilogue
Il reste difficile de trouver des explications rationnelles à une telle différence de niveau et de résultats au cours d’une même saison. On peine à croire qu’un club professionnel ait eu un problème de préparation physique. L’avant-saison (comme c’était le cas depuis quelques années) avait été marqué par la volonté d’assainir le club financièrement, priorité absolue sous peine de voir le club disparaître. Résultat, le LOSC n’a pu recruter que des joueurs irréguliers : brillants un temps, décevants un autre. Si ces problèmes financiers, connus, ont pu souder le groupe en début de saison, la perspective des deux années à venir, encore marquées du sceau de « l’effort financier » a peut-être finalement lassé certains joueurs qui savaient qu’ils ne seraient de toute façon pas conservés, Division 1 ou pas. Les seuls « anciens » Rabat, Hitoto et Collot n’ont pas suffi à compenser les départs successifs de joueurs-cadres et d’expérience comme Thierry Bonalair, Per Frandsen, Eric Assadourian, Jacob Friis-Hansen ou Jean-Claude Nadon pour encadrer un groupe très jeune. On peut interroger l’opportunité de faire revenir Charles Samoy, sans responsabilités sportives au haut niveau depuis près de 10 ans. On peut se demander quelle était l’ambiance au sein de l’équipe : Samoy a déclaré qu’il n’avait « jamais vu un groupe où les joueurs s’entendaient aussi mal. C’était l’enfer du Nord6 ». On peut enfin se demander si le départ canon de cette saison 1996/1997 n’a pas été paradoxalement contre-productif : pour des joueurs habitués à jouer le bas de tableau, cette situation inédite a pu provoquer un relâchement plus ou moins conscient ; des efforts considérables ont été investis sur d’autres aspects comme les matches de coupe contre Marseille et Lyon, avec à la clé des belles performances non rééditées en championnat, comme si celui-ci était désormais délaissé, le maintien étant considéré comme une formalité. Au moment de se remobiliser, il était trop tard.
Quoi qu’il en soit, cette saison 1996/1997 est l’une des dernières étapes d’un cycle entamé au milieu des années 1980, quand le LOSC achetait des joueurs au rendement aléatoire. Résultat, une dette faramineuse, une valse d’entraîneurs, des résultats médiocres (hormis en 1989 et en 1991), un public clairsemé. À l’arrivée du président Bernard Lecomte en 1993, la priorité a été portée sur la résorption de la dette de 70 millions de francs, au détriment de l’aspect sportif. Saison après saison, le club a été remis à flots, au prix de la descente en 1997. Sans doute un mal nécessaire, voire un mal pour un bien, quand on connaît la suite.
FC Notes :
1 Devinette : Monsieur et Madame Ski sont alcooliques, que boivent-ils ?
Réponse : Six bières, parce que Sibierski.
2 Contrairement à Sommeil, ou Tudor.
3 Notons qu’entre les victoires lilloises de 1989 et de 1996, Lens n’a gagné que 2 derbies : en avril 1992 et en septembre 1995. Sinon, que des nuls et un bref passage de Lens en D2.
4 Avec 4 descentes, il est difficile de savoir si 42 points sont suffisants. Dans les faits, en fin de saison, le premier non-relégable (Rennes) se maintiendra avec 40 points.
5 Bien vu !
6 Légendes du Foot, Lille, la saga du LOSC, n°4, 2001, p. 54.